CENTRE NATIONAL D'ETUDES SPATIALES

Groupe d'Etudes des Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés

Toulouse, le 26 octobre 1981
N° 256 CT/GEPAN


 

NOTE TECHNIQUE
N° 8


 

Enquête GEPAN n° 79/06

 




Table des matières

AVANT PROPOS

CHAPITRE 1 : PREMIERS ÉLÉMENTS D'ENQUETE

CHAPITRE 2 : ANALYSE DES DISCOURS ET COMPORTEMENTS DES TÉMOINS

CHAPITRE 3 : DESCRIPTION DU PHÉNOMÈNE D'APRÈS UNE ÉTUDE CRITIQUE DES TÉMOIGNAGES DE ROSINE ET LUCILLE

CHAPITRE 4 : ÉTUDE DE LA TRACE

CHAPITRE 5 : DONNÉES COMPLÉMENTAIRES

CHAPITRE 6 : CONCLUSIONS

ANNEXE 1 : APPLICATION D'UN MODÈLE THÉORIQUE DE LA PERCEPTION

ANNEXE 2 : LES PROCÉDURES DE REPÉRAGE DIRECTIONNEL - DISCUSSION ET PROPOSITION DE RECHERCHE

ANNEXE 3 : RECONSTITUTION DU PHÉNOMÈNE FONDÉE SUR L'HYPOTHÈSE D'UN OBJET PHYSIQUE UNIQUE

ANNEXE 4 : EXPÉRIENCES SUR LES PROPRIÉTÉS MÉCANIQUES D'UN TISSU HERBEUX

 


LISTE DES FIGURES

  • CROQUIS N° 1.1. - PLAN GENERAL 1/5 000
  • CROQUIS N° 1.2. - SCHÉMA DES LIEUX
  • CROQUIS N° 1.3. - CROQUIS RÉALISE PAR ROSINE LE 2 DÉCEMBRE 1979 LORS DE SON AUDITION A LA GENDARMERIE
  • FIGURE N° 3.1. - PLAN D' ENSEMBLE DES LIEUX
  • FIGURE N° 3.2. - PLAN DE DÉTAIL
  • FIGURE N° 3.3. - TRAJECTOIRE DU PHÉNOMÈNE EN VOL VU DE P1 DESSINE PAR ROSINE LE 29 NOVEMBRE 1979
  • FIGURE N° 3.4. - POSITION ET DIMENSION DU PHENOMENE EN VOL VU DE P1 INDIQUÉES PAR ROSINE LE 24.01.81
  • FIGURE N° 3.5. - PHOTOGRAPHIE PRISE DE P1 ( MAISON DE ROSINE ) DANS LA DIRECTION D'OBSERVATION DU PHENOMENE AU SOL
  • FIGURE N° 3.6. - PHOTOGRAPHIE PRISE DE P2 ( MARCHE DE PIERRE ) DANS LA DIRECTION D'OBSERVATION DU PHÉNOMÈNE AU SOL
  • FIGURE N° 3.7. - PHOTOGRAPHIE PRISE DE P3 ( PIED GAUCHE DU PORTIQUE DE LA BALANCOIRE ) DANS LA DIRECTION D'OBSERVATION DU PHÉNOMÈNE AU SOL
  • FIGURE N° 3.8. - PHOTOGRAPHIE PRISE DE P3 ( PIED DROIT DU PORTIQUE DE LA BALANCOIRE ) DANS LA DIRECTION DE LA TRACE O
  • FIGURE N° 3.9. - PHOTOGRAPHIE PRISE DE P4 ( MAISON DE LUCILLE ) DANS LA DIRECTION D'OBSERVATION DU PHÉNOMÈNE AU SOL
  • FIGURE N° 3.10A - DESSINS DU PHENOMENE EN VOL VU DE P1 PAR ROSINE
  • FIGURE N° 3-10B - DESSIN EFFECTUE PAR LES ENQUÊTEURS DU GEPAN LE 29.11.79
  • FIGURE N° 3.11 - TEST DE CHOIX D'UNE FORME
  • FIGURE N° 3.12 - TEST DE CHOIX POUR LES FEUX PÉRIPHÉRIQUES
  • FIGURE N° 3.13 - TEST DÉTERMINATION DIMENSIONS ANGULAIRES
  • FIGURE N° 3.14 - DESSIN DU PHÉNOMÈNE AU SOL VU DE P3 EFFECTUE PAR ROSINE LE 29.11.79
  • FIGURE N° 3.15 - POSITION ET DIMENSION DU PHENOMENE AU SOL VU DE P3 INDIQUEES PAR ROSINE LE 24.01.81
  • FIGURE N° 4.1. - COUPE VERTICALE DE LA PENTE DU TERRAIN
  • FIGURE N° 4.2. - VUE GENERALE
  • FIGURE N° 4.3. - VUE RAPPROCHÉE, VERS L'ÉTANG
  • FIGURE N° 4.4. - HERBES EN SPIRALES AU SOMMET DE LA TRACE
  • DESSIN N° 4.5. - ÉVALUATION DES DIMENSIONS DE LA TRACE
  • DESSIN N° 4.6. - ZONE DE LA TRACE - REPÉRAGE DES ELEMENTS PARTICULIERS
  • DESSIN N° 4.7. - PROFIL DE LA TRACE
  • DESSIN N° 4.8. - POSITION DES PRÉLÈVEMENTS SUR LA ZONE
  • FIGURE N° A3.1 - DÉTERMINATION DE L'ALTITUDE H D'UN OBSTACLE M
  • FIGURE N° A3.2 - REPRÉSENTATION TRIDIMENSIONNELLE DES LIEUX EN FAUSSE PERSPECTIVE
  • FIGURE N° A3.3 - DETERMINATION PAR TRIANGULATION DE LA POSITION DE L'OBJET A L'ARRÊT
  • FIGURE N° A3.4 - PROJECTION DES OBSTACLES AU SOL SUR LE PLAN VERTICAL V PASSANT PAR LA DIRECTION DE FIN D'OBSERVATION DE L'OBJET EN VOL
  • FIGURE N° A3.5 - DIAGRAMME INDIQUANT LES DIMENSIONS ANGULAIRES AUTORISEES POUR s ( AU SOL ) ET v ( EN VOL )
  • FIGURE N° A3.6 - STRUCTURE HYPOTHÉTIQUE DE L'OBJET D'APRES LA DESCRIPTION DE ROSINE
  • FIGURE N° A3.7 - RECONSTITUTION DE LA TRAJECTOIRE

 


AVANT PROPOS

( A . Esterle )

L'enquête 79/06 se distingue par le fait que les informations disponibles sont de nature différente. Les témoignages d'observations, intervenant dans un contexte très particulier ( celui de la fin de 1979 - voir enquête 79/07 ) sont associés à des traces physiques ( herbes couchées ) restées sur le sol pendant plusieurs jours.

L'étude des discours et comportements des témoins, les différentes tentatives de reconstitution, les analyses physiques des traces font appel à des techniques foncièrement différentes qui furent développées indépendamment, chaque enquêteur se consacrant à son domaine de prédilection.
Après une introduction générale aux données brutes du cas, ces différentes études sont exposées par leurs auteurs respectifs, qui, bien entendu, assument seul la responsabilité de leur argumentation. L'ensemble peut paraître un peu disparate, mais y gagne par là même en diversité, qui est un critère de richesse dans la réflexion.

Un autre intérêt de ce cas est que, pour les différentes démarches suivies, ( appréciation des témoignages, recortstitution, analyses physiques ), les méthodes et les techniques expérimentales qui ont été utilisées ont atteint leurs limites sans pouvoir fournir de réponses pleinement satisfaisantes. Cependant, à chaque fois de nouvelles méthodes ont pu être envisagées, et, bien qu'elles n'aient pu être vérifiées et testées quant à leur signification véritable, elles ont permis d'aller un peu plus loin dans le dépouillement des informations recueillies. Ces tentatives de prolongement sont présentées à la suite des chapitres, dans les différentes annexes.

En dehors du cas lui-même, cette enquête, en raison des réflexions méthodologiques qu'elle a entraînées, valait donc à notre sens la peine d'être présentée en Note Technique.

 




 

CHAPITRE 1

PREMIERS ELEMENTS D'ENQUETE

( Th. AGUADO, M. JIMENEZ, J.P. PENOT, J.P. ROSPARS, J.J. VELASCO )

Sommaire :

  • 1. - présentation du cas

  • 2. - Chronologie

  • 3. - Témoignages

    • 3.1. - Compte-rendu du Gendarme SIMON et du Capitaine THEO

    • 3.2. - Discours recueillis le 29.11.79 par le GEPAN auprès de Rosine et Lucille

    • 3.3. - Auditions auprès de la gendarmerie à partir du 2 décembre 79

    • 3.4. - Compte-rendu des conversations enregistrées en février 81

    • 3.5. - Premières remarques

 

1. PRÉSENTATION DU CAS

Nous reproduisons ici, sous forme banalisée, la présentation des événements tels qu'ils apparaissent dans le procès-verbal rédigé par la brigade de Gendarmerie de V1.

 

- EXPOSE DES FAITS -

Le 27 novembre 79 , à 17 h 30, au bureau de notre brigade, nous recevons un appel téléphonique émanant d'une femme qui, paraissant affolée, ne se présente pas. Cette personne nous indique qu'une soucoupe volante s'est posée à l'Etang "T". Elle ne nous indique aucun autre renseignement complémentaire et demande notre intervention, ainsi que celle des sapeurs pompiers du Centre de secours de V1.

Nous nous rendons immédiatement au lieu-dit "Etang T", commune de V3. Nous sommes rejoints, peu après, par les sapeurs pompiers du Centre de secours de V1. Sur les lieux, ne constatant rien de spécial, nous prenons contact avec M. Urbain, propriétaire de la ferme située en bordure de l'étang. Cette personne, qui demeure dans la dite ferme, parait surprise de notre intervention. Sur notre demande, M. Urbain nous affirme ne rien avoir remarqué de spécial dans les environs.

Pensant que nous avons été victimes d'un canular, nous rejoignons notre Unité.

Ce même jour, vers 18 h 30, nous recevons un second appel téléphonique émanant, cette fois-ci, de Mme Cécile, demeurant au lieu-dit "L1", commune de V3. Cette personne nous informe que sa fille, Rosine, est toute affolée car elle vient de voir une soucoupe volante qui s'est posée vers l'étang T.
Mme Cécile nous précise que le premier appel téléphonique concernant cette affaire, émanait de Mme Lucile, demeurant à proximité du domicile de notre interlocutrice.

Nous nous rendons immédiatement au domicile de Mme Cécile. La fille de cette personne nous raconte qu'elle a aperçu, vers 17 h 15, dans un pré situé entre le chemin départemental n° CD1 et l'étang T, un engin posé avec une silhouette humaine se trouvant à côté de cet engin.

Nous demandons à la petite Rosine de nous conduire à l'endroit où, d'après elle, se serait posé l'engin. Accompagnée de son père, ainsi que de nous même elle se rend à l'endroit où elle aurait aperçu l'engin, ainsi que la silhouette humaine. Sur place, nous remarquons, à un endroit bien délimité une anomalie dans la position de l'herbe du champ dans lequel nous a amené la petite Rosine.

 

- CONSTATATIONS ET MESURES PRISES -

A) Etat des lieux :

Le champ dans lequel se serait posé l'objet volant non identifié est situé au lieu-dit "Étang T". Il se trouve en bordure du chemin départemental n° 1, reliant l'agglomération de V1 à l'agglomération de V5 ( à gauche de celui-ci dans le sens V1-V5 ) ; sur la commune de V3.

Ce champ est bordé, du côté opposé au chemin départemental, par l'étang T. Sur la gauche, se trouve un chemin de terre conduisant à la ferme de T. ( voir croquis 1.1 ).

La partie du champ se trouvant en bordure du chemin départemental n° 1 est cultivable et des tiges de maïs coupé couvrent cette partie du champ qui est relativement plane.

La seconde partie du champ sur laquelle se serait posé l'objet volant non identifié, est en forte déclivité vers l'étang T. Cette partie du champ est recouverte par de l'herbe folle et quelques arbustes ont pris racine en divers endroits du terrain. Cette partie du champ est inculte et n'a jamais été cultivée du fait de sa forte déclivité.

Les habitations des deux témoins des faits sont situées en face du champ mentionné ci-dessus, à droite du chemin départemental n° 1 ( sens V1 V5 ). Ces habitations sont surélevées, par rapport au chemin départemental et au champ sur lequel se serait posé l'objet volant non identifié. Une ligne électrique à haute tension passe à proximité des habitations, à droite de ces dernières, lorsque l'on regarde les maisons en face. Cette ligne électrique suit une dires N-0 / S-E ( voir croquis n° 1.2 ).

B) Constatations :

A l'endroit du champ indiqué par la petite Rosine,, nous constatons que l'herbe est couchée en direction de l'étang T. L'herbe couchée forme un ovale orienté N-S, dont l'extrémité Sud ne serait pas fermée. L'extrémité N de cette trace est située à une distance de 2,60 m du bord de la partie cultivée du champ.

L'ovale mesure 2,10 m de longueur, 1,20 m de largeur dans sa partie la plus large, et 0,80 m de largeur à la naissance de l'arc de cercle.

L'extrémité Nord de cet ovale se termine par un arc de cercle, d'une largeur de 0,10 m. Cet arc de cercle est composé d'herbe drue donnant l'impression que cette herbe a été aspirée.

Il est à noter que l'herbe formant un ovale est orientée uniformément vers le sud, soit, vers l'étang T. Nous remarquons également qu'en aucun endroit, l'herbe n'a été brûlée.

Le lendemain, 28 novembre 1979, à 8 h 30, le Gendarme Simon et le Capitaine des pompiers Théo, se rendent à nouveau sur les lieux où ce dernier procède, à l'aide d'un compteur Geiger, à la mesure d'une éventuelle radioactivité à l'emplacement des traces observées. Le résultat est négatif.
( Fin de l'extrait du P.V. de la brigade de V1 )

 

 

2. Chronologie

Ce même-Jour, le 28 novembre 79, vers 11 h 00, la brigade de V1 informe sa Compagnie qui transmet le message à la Direction de la Gendarmerie à Paris. Vers 16 h 15 , le GEPAN reçoit un appel téléphonique de son correspondant à la Gendarmerie qui lui demande de se mettre, le plus rapidement possible, en contact avec la brigade de V1.

Différents membres du GEPAN se réunissent pour prendre connaissance :

  • du télex résumant l'affaire,

  • des éléments complémentaires recueillis directement auprès du Gendarme Simon qui s'occupe du cas.

Une action est alors décidée. Il est demandé au Gendarme Simon d'assurer la sauvegarde des traces existantes et de pourvoir à la recherche de différents matériels dont pourrait avoir besoin l'équipe du GEPAN.

L'équipe d'intervention se met en route le soir même, vers 20 h 00 et se présente à la brigade de V1, le 29 novembre 79, vers 9 h 00.

La matinée est consacrée au quadrillage de la zone des traces et au relevé de toutes les données physiques nécessaires à la tentative d'identification. De nombreux prélèvements ( par carottage et en vrac ) sont effectués.

Après le déjeuner consacré à l'audition du Gendarme Simon et du Capitaine de pompiers Théo, l'équipe se rend, vers 14 h 00, chez Rosine dont elle recueille le récit. Toutes les mesures physiques indispensables sont relevées au fur et à mesure de la reconstitution qui a lieu sur le terrain et en temps réel.

Enfin, vers 18 h 30, Mme Lucile ( le deuxième témoin ) reçoit chez elle l'équipe du GEPAN qui procède à son audition et enregistre les données relatives à son observation depuis la porte-fenêtre de sa cuisine.

De retour à Toulouse, la collecte des données complémentaires commence auprès :

  • des services administratifs pour l'obtention des plans cadastraux,

  • de la Météorologie nationale ( renseignements à partir de la veille de l'observation et jusqu'au jour du prélèvement des échantillons ),

  • de l'EDF ( nature et possibilités de défection des lignes haute tension qui foisonnent dans le secteur ),

  • de l'Armée de l'Air pour essayer d'établir la probabilité d'un survol de la zone par des hélicoptères ou des avions militaires,

  • des centres de lâchers de ballons météorologiques ou scientifiques,

  • des clubs locaux d'aviation légère, d'aéromodélisme, de delta-plane, etc...

  • de l'Aviation civile ( Aéroport de Lyon et Aéroport de Grenoble ).

Parallèlement, étaient entreprises les analyses en laboratoire concernant les échantillons de traces et les études consécutives aux données recueillies lors des reconstitutions. Ces études nécessitèrent un retour sur les lieux un an après afin de préciser certaines mesures dans l'environnement. A cette occasion, le GEPAN entendit parler d'autres témoins éventuels des événements du 27/10/79. Sur les trois pistes indiquée une seule se révéla sérieuse et le témoignage fut recueilli par téléphone en février 1981.

3. Témoignages

Signalons la complexité particulière de cette affaire où les discours des témoins se sont développés en 5 phases successives :

  • le 27 novembre au soir, narration orale ( sans transcription ) de Rosine et Lucile auprès du gendarme Simon qui en fera un compte rendu oral aux membres du GEPAN, le sur-lendemain à midi,

  • le 29 novembre, enregistrement sur bande magnétique, par le GEPAN, des discours de Rosine et Lucile,

  • le 2 décembre, audition de Rosine et Lucile par la Gendarmerie de V1 et rédaction du procès-verbal,

  • en février 1981*, enregistrement des appels téléphoniques aux autres témoins éventuels.

Nous présentons donc ces différents discours dans l'ordre de leur occurrences.

* En janvier 81, un complément d'enquête fut fait sur place pour préciser certains éléments de description de l'environnement et de reconstitution des événements. A cette occasion, les témoins-fournirent quelques éléments de témoignage, trop dispersés cependant pour être transcrits ici ; ils seront cités, à l'occasion, dans les chapitres 4 et 5.

3.1. COMPTE RENDU DU GENDARME SIMON ET DU CAPITAINE THEO*

* Les phrases soulignées sont des transcriptions intégrales des paroles des interlocuteurs.

Le compte-rendu suivant est un résumé du récit du gendarme Simon et des remarques du Capitaine de Pompiers Théo qui ont été enregistrés sur cassette. Il a été composé à partir du contenu de l'enregistrement fait par le GEPAN, le 29 novembre 79, vers 12 h 00.

               

"L'affaire commence le 21 novembre 79, à 11 h 30. Nous recevons un appel téléphonique anonyme nous signalant "une soucoupe volante" à l'étang T et demandant l'intervention de la Gendarmerie et des pompiers.

Automatiquement, nous pensons qu'il s'agit de la ferme qui se trouve en bordure de l'étang, et 10 min après nous sommes sur place. Les occupants de la ferme sont étonnés de nous voir arriver car ils n'ont strictement rien vu.

Je tiens à préciser que lorsque nous sommes arrivés, une grosse lampe électrique était branchée à l'extérieur de la ferme, mais je ne pense pas qu'elle soit visible depuis la route départementale.

Vers 19 h 00, Mme Cécile nous téléphone pour nous dire que sa fille Rosine avait observé une soucoupe volante avec des lampes rouges autour et qu'il y avait "un bonhomme" à proximité.

Rosine se trouvait seule avec son petit frère ( 1 an ), et elle écoutait des disques. Elle s'apprêtait à en changer un lorsqu'elle entend un bruit, un sifflement plus exactement. Elle voit un engin arriver à travers la porte-fenêtre de la salle à manger**. Il vient du Nord et descend en oblique, très rapidement, jusqu'à hauteur des lignes à haute-tension. La vitesse de cette lumière l'intrique, et elle sort.

L'engin est posé. Affolée, Rosine prend son petit frère dans les bras et se dirige vers la maison qui se trouve près de la sienne. Il n'y a personne. C'est en revenant, près de la balançoire, qu'elle voit "le bonhomme" habillé d'argent.

Le soir même, Rosine dit avoir vu la porte par laquelle il était sorti. Le lendemain, elle affirme ne pas l'avoir vu descendre et ne pas avoir vu de porte. Lors de la première audition, il a été rapporté que la silhouette a fait le tour de l'engin, alors qu'ensuite Rosine déclare ne pas l'avoir vu marcher. De même, Rosine le lendemain de l'observation, n'est plus du tout sûre d'avoir vu le casque qu'elle avait mentionné la veille.

Elle repasse devant sa maison et se rend chez Mme Lucile à qui elle raconte son histoire. Mme Lucile n'a jamais vu un enfant aussi affolé, aussi traumatisé. A son avis, il n'est pas possible, lorsque l'on a vu l'état dans lequel se trouvait Rosine, de penser que phénomène était inventif.
Mme Lucile panique à son tour et ferme ses volets. A travers les persiennes, elle voit une lueur rougeâtre, et entend un sifflement qu'elle ne peut identifier. Personne n'a vu l'engin décoller.

Lors de notre première rencontre avec la gamine, à son domicile, nous lui demandons de nous montrer l'endroit où elle pense que l'engin s'est posé. Après quelques hésitations, elle accepte de nous accompagner. Elle nous désigne un certain périmètre et, à la lueur des lampes électriques, nous découvrons les traces dans l'herbe.

Nous ne voyons la forme des traces que le lendemain. C'est une ellipse assez bien formée par rapport à l'herbe couchée, le grand axe étant dirigé selon la pente. L'herbe est couchée en direction de l'étang et il n'y a pas de trace de combustion. C'est net tout autour".

** Il s'agit là probablement d'une erreur du Gendarme. Tous les autres éléments d'information ( témoignage direct, reconstitution ) montrent que Rosine était dans sa cuisine.

3.2. DISCOURS RECUEILLIS LE 29.11.79 PAR LE GEPAN AUPRES DE ROSINE & LUCILE

Comme pour le compte-rendu du Gendarme Simon, nous avons résumé les déclarations de Rosine et Lucile, tout en utilisant, autant que possible, les termes employés par elles.

3.2.1. Récit de Mlle Rosine

               

"Ma mère était allée chercher mon frère et puis à la pharmacie. Elle m'a dit de mettre des disques et de m'amuser avec mon petit frère dans la cuisine.

Quand mon disque a été fini, j'ai entendu un bruit et j'ai vu quelque chose dans le ciel, avec des lampes. C'était rond. Je l'ai vu au-dessus et derrière Ies arbres, mais devant la montagne. C'était gros comme quatre fois la Lune. II y avait beaucoup de lampes rouges et blanches qui brillaient et il me semble qu'elles clignotaient.

Je suis sortie par le garage et j'ai couru vers la maison voisine. C'est à la balançoire que j'ai vu la soucoupe, au fond entre le poteau et la haie. Elle était posée. Puis, j'ai vu le bonhomme. Il était à droite de l'engin et il ne bougeait pas. Il était moyen. Il était habillé d'une salopette, de la couleur de la Lune, lumineuse comme les feux d'une voiture. J'ai pensé que c' était... ben, j'ai pensé à des bonhommes qui vivent dans le ciel parce que ça ressemblait pareil à ce que l'on voit à la télé.

Il m'a fait peur, mais je ne sais pas pourquoi car j'ai pas très bien vu. J'ai couru chez ma voisine mais c'était éteint il n'y avait personne.

Je suis repartie, mon petit frère dans les bras. Je sui passée derrière ma maison et je suis allée en galopant à travers le champ de maïs, chez l'autre voisine ( Mme Lucile ). Je ne suis pas tombée mais j'ai perdu mes pantoufles.

J'ai traversé la haie en sautant le fil barbelé et lorsque je suis arrivée sur la terrasse, je voyais la lueur. J'ai tapé au carreau de la porte fenêtre de la cuisine où se trouvait Mme Lucile.

Elle m'a fait entrer et je lui ai dit : "il y a une soucoupe là-bas. Elle n'a pas vu de soucoupe mais elle a entendu le bruit et ça faisait une lumière.

Elle a eu très peur, elle a tout fermé et je n'ai pas pu voir de quel côté elle s'en allait".

3.2.2. Récit de Mme Lucile

               

"La petite a tapé, je l'ai fait entrer et elle m'a raconté ça : une soucoupe là qui se posait en face. "J'ai peur, j'ai peur, j'ai peur", elle faisait que répéter et le petit frère faisait rien que de pleurer.

Alors moi, je me suis affolée, j'ai rouvert la porte-fenêtre et j'ai fermé le volet. C'est à ce moment là que j'ai vu la lumière, au fond entre les deux poteaux. C'était au sol. Ca brillait mais ça n'éblouissait pas. Moi, je trouve que ça tirait un peu sur la couleur jaune des phares. Mais ça a tellement été vite fait, hein !

Je n'ai pas entendu de bruit, les voitures passaient sans arrêt.

Je ne connaissais pas la petite de tête, de vue seulement, de loin… et comme de loin, je n'y vois rien ! Sans lunettes, je vois flou. Normalement, je porte des lunettes pour regarder de près lorsque je tricote, par exemple, et des lunettes de loin lorsque je sors.

Ce soir là je tricotait, mais je pose toujours mes lunettes lorsque quelqu'un vient. Ce qui fait que lorsque j'ai regardé dehors, je n'avais pas de lunettes car je n'ai pas eu le temps de les mettre et je n'y ai même pas pensé.

La petite avait peur qu'on enlève sa maman qui allait rentrer. Lorsqu'elle entendu la voiture, elle m'a demandé de lui téléphoner pour la prévenir. Elle m'a pris l'appareil des mains et c'est elle qui parlait à sa mère. Elle lui disait de s'enfermer.

Lorsque sa mère est venue la chercher, il était environ 18 h.

Ce soir là, j'ai pris mes pastilles pour dormir. Ce sont des calmants pour les nerfs que je prends très irrégulièrement, uniquement lorsque ça ne va pas".

3.3. AUDITIONS AUPRES DE LA GENDARMERIE A PARTIR DU 2 DECEMBRE 79

3.3.1. Audition de Rosine ( le 2.12.79 )

Extrait du procès-verbal :

               

"Le 27 novembre 79, vers 17 h 15, je me trouvais en compagnie de mon petit frère qui est âgé d'un an, à la maison. Je me trouvais dans la cuisine. Je m'amusais avec mon petit frère et, pendant ce temps, j'écoutais des disques. Le disque se trouvant sur mon électrophone venant de se terminer, je me suis levée pour le changer. A ce moment, j'ai regardé par la fenêtre.

Tout d'un coup, j'ai vu passer dans le ciel une chose qui avait une forme ronde. Cette chose venait de la direction du Nord et se dirigeait vers l'étang T.

Cette chose était ronde et avait des lampes blanches et rouges tout le tour. Ces lampes ne clignotaient pas, elles étaient fixes. Ces lampes étaient disposées alternativement, une rouge, une blanche. L'ensemble de la chose était brillant, de couleur blanche. Je ne puis vous dire si cette chose avait des fenêtres. La chose volait à une hauteur de 2 m 50 environ. La chose ne volait pas tellement vite, toutefois, je ne puis dire à combien. La chose volait légèrement en oblique, c'est à dire qu'elle descendait vers la Terre. Cet engin faisait un bruit léger. Un peu le bruit que fait une moissonneuse-batteuse lorsqu'elle roule.

Voyant cela, je suis sortie, avec mon petit frère et suis partie vers une pierre qui se trouve à gauche de ma maison*. Je suis montée sur cette pierre et j'ai aperçu la chose qui avait atterri. Je précise que je n'ai pas vu l'engin atterrir, car le temps que je sorte de chez moi, et que je me rende sur la pierre, l'engin s'était déjà posé. Lorsque j'ai vu la chose posée, elle avait toujours les lumières allumées et rien n'était changé, par rapport au moment où je l'avais vu en l'air. Elle émettait toujours le même bruit. Je me suis déplacée pour aller vers la balançoire. Pendant ce déplacement, je voyais toujours l'engin.

L'engin au sol était toujours très brillant. Je n'ai rien vu de particulier sur le pourtour de l'engin. Je ne puis absolument pas indiquer les dimensions qu'avait la chose.

Lorsque je suis arrivée près de la balançoire, j'ai vu près de l'engin, un bonhomme. Ce bonhomme était tout à côté de l'engin.
Il était de la taille de mon papa, soit 1,65 m, environ. Je ne pense pas l'avoir vu en entier. Le vêtement que portait ce bonhomme était brillant, de couleur blanche. C'était le vêtement par lui-même qui brillait . Je ne peux donner aucune autre précision sur ce vêtement. Je n'ai pas vu la tête de ce bonhomme, ce qui m'a frappée c'est qu'il était tout brillant. J'ignore si ce bonhomme marchait ou ce qu'il faisait. Il me semble qu'il me faisait face. Je n'ai vu personne d'autre dans les environs. Je ne puis dire par où est sorti ce bonhomme, car je n'ai vu aucune issue sur l'engin. Je ne peux pas dire s'il tenait quelque chose dans les mains car je n'ai pas vu celles-ci.

Pendant ce temps, l'engin était absolument immobile. J'ai vu ce bonhomme pendant environ 5 secondes. Durant ce laps de temps, il n'a fait aucun geste.

Ensuite, je suis partie chez Mme Lucile et je n'ai plus rien vu. Pendant le temps que je me suis rendue chez elle, j'entendais toujours le bruit de l'engin. De temps en temps, je regardais vers l'engin, je le voyais un peu, mais je voyais surtout la lumière. Le bonhomme, je ne le voyais plus. A ce moment-là, j'avais toujours mon petit frère, je le portais.

Pendant tout le temps de l'observation, je n'ai rien eu de spécial du point de vue physique. J'ai eu peur au moment où j'ai aperçu le bonhomme. Lorsque je l'ai vu, j'ai pensé qu'il allait venir nous prendre, c'est pour cela que j'ai eu peur.

La veille, je n'avais pas regardé, à la télévision, l'émission sur les OVNI. C'est la première fois que je vois des choses comme cela".

* Vraisemblablement il s'agit d'une erreur de transcription. Cette pierre ne se trouve pas près de la maison de Rosine, mais près de la maison voisine et de la balançoire ( voir chap. 3 ).

3.3.2. Audition de Mme Cécile ( mère de Rosine ) 2 décembre 79

Extrait du procès-verbal :

               

"Mardi 27 novembxe 79, vers 16 h 45, j'ai quitté mon domicile pour me rendre à V1 faire des courses. A la maison, se trouvaient ma fille Rosine âgée de 13 ans et le dernier de mes fils âgé d'un an.

Je suis rentrée au domicile familial vers 17 h 30 et j'ai eu la surprise de constater que tous les volets étaient fermés chez moi*. La lumière était éteinte. Je suis allée derrière la maison pour constater les même faits et c'est à ce moment-là que je me suis vraiment demandée ce qui s'était passé.

En entrant à l'intérieur, j'ai entendu le téléphone sonner. C'était ma voisine qui m'appelait pour me dire que ma fille s'était réfugiée chez elle est elle avait vu une soucoupe volante. Rosine m'a parlé au téléphone pour me dire de ne pas rester à la maison ; que la soucoupe allait m'enlever. Ne comprenant plus rien à ce qui se passait, je me suis rendue chez cette voisine où se trouvait donc ma fille.

J'ai pu constater que Mme Lucile avait aussi peur que ma fille. Tous étaient dans le noir complet et personne ne voulait que j'éclaire et que je sorte de l'habitat. Aussitôt, devant une telle situation, j'ai fait appel à mon époux travaillant à V1. En notre compagnie, ma fille nous a raconté ses mésaventures ; à savoir qu'elle avait vu arriver une grosse soucoupe volante venant de derrière notre maison. Prise d'affolement, elle s'est rendue chez une première voisine absente. C'est en voulant se rendre chez Mme Lucile qu'elle a vu une deuxième fois la soucoupe avec une personne en combinaison argentée. Elle m'a donné la description de cette soucoupe volante.

Je précise que ma fille ne voulait plus revenir à la maison ; elle voulait rester chez Mme Lucile. Finalement, nous nous sommes décidés à revenir et c'est de chez moi qu'il a été fait appel à vos services.

Je peux vous affirmer que ma fille a été complètement bouleversée de ce qu'elle a vu. Depuis le 27 novembre, elle ne veut plus coucher seule et elle dort avec son autre frère. Peu après les faits elle ne voulait plus aller à l'école. Depuis cette affaire, tous les soirs, quand vient la nuit, elle veut que je ferme les volets. Elle me suit partout. Elle n'est plus dans un état normal.

Elle ne soufre pas physiquement, mais elle n'a pas un comportement normal. Je veux dire, par là, qu'elle ne m'aide plus à la maison. Il faut lui indiquer ce qu'elle doit faire. Son petit frère, présent au moment des faits, n'a pas de modification dans son comportement.

Ma fille ne s'est jamais intéressée à de tels phénomènes. Je dois ajouter qu'elle ne lit pratiquement jamais. La veille, dans l'après-midi, elle n'a pas regardé la télévision où vous m'apprenez qu'il y avait un débat sur les OVNI. Par ailleurs, elle ne se serait jamais intéressée à de telles affaires.

Ma fille, à ma connaissance, est une élève studieuse. Elle ne sort jamais de la maison où elle apprend ses leçons. Pour moi, il ne fait aucun doute que ma fille a vu quelque chose d'inexplicable.

Elle n'est pas d'un caractère à mentir. Elle m'a donné la description de la soucoupe et du personnage. Elle a fait les même déclarations à vos services. J'ai oublié de vous dire que, lorsqu'elle s'est réfugiée chez la voisine, elle portait son petit frère. Que dans sa course et l'affolement, elle a perdu une de ses pantoufles qui a été découverte le lendemain. Je ne vois rien d'autre à vous dire sur cette affaire en espérant que ma fille ne tardera pas à avoir un comportement normal".

* Renseignements pris auprès de Mme Cécile, il s'agit là d'une erreur de transcription. Lorsqu'elle est rentrée chez elle, les volets étaient ouverts mais les lumières éteintes.

 

CROQUIS N° 1.3.

Croquis réalisé par Rosine le 2 décembre 1979, lors de son audition par la Gendarmerie

 

3.3.3. Audition de Mme Lucile ( 11 décembre 79 )

Extrait du procès-verbal :

               

"Le 27 novembre 79, vers 17 h 30, me trouvant seule à mon domicile, j'ai vu arriver la petite Rosine tenant son petit frère dans les bras. Rosine a frappé aux carreaux de la porte-fenêtre de ma cuisine, afin que je lui ouvre, ce que j'ai fait immédiatement.

Aussitôt que Rosine est rentrée dans la cuisine, j'ai refermé la porte-fenêtre. Je précise que les volets étaient fermés aux 2/3. C'est à ce moment que Rosine m'a expliqué qu'elle avait peur et qu'une soucoupe volante venait de se poser dans le pré en face de l'étang T.

Rosine était dans un complet état d'affolement et de frayeur. J'ai essayé de raisonner Rosine, mais je n'ai pu y parvenir. J'ai également fermé complètement les volets de la porte-fenêtre de la cuisine. C'est à ce moment que j'ai entendu un sifflement. J'ai également aperçu une lueur blanchâtre à l'endroit indiqué par Rosine. Cette lueur semblait verticale. C'est tout ce que j'ai vu, ensuite, j'ai téléphoné à vos services.

Je précise que la peur que j'ai eu provient, non pas des faits que je n'ai pas vus, mais de l'affolement de Rosine. Il est à noter que c'était la première fois que Rosine mettait les pieds chez moi. Elle n'était jamais venue à mon domicile auparavant.

Rosine m'a également déclaré avoir vu un bonhomme sortir de la soucoupe volante. Elle m'a précisé que ce bonhomme était argenté. C'est tout ce que je puis vous dire, concernant cette affaire".

3.3.4. compléments d'enquête de la brigade de V1

La brigade de V1 a interrogé Anatole co-propriétaire avec Urbain de la ferme située prés de l'étang T et qui utilise un phare de voiture pour éclairer l'extérieur de sa maison.

Ce phare était allumé le 27 novembre, vers 17 h 30 et, vu depuis les habitations de Rosine et Lucile, se trouve approximativement dans la direction de la trace ( croquis n° 12 ). La brigade a aussi interrogé Bertrand, propriétaire du champ de mais. Nous fournissons les extraits des procès-verbaux correspondants :

               

"Le 27 novembre, lors de notre première intervention, nous avions constaté que le propriétaire de la ferme située en bordure de l'étang T, M. Anatole, avait ce soir-là, afin de travailler à l'extérieur, branché un gros phare de véhicule émettant une lumière jaune, sur une latte de bois.

Ce phare était visible du Chemin Département n° 1, le 11.12.79 à la nuit tombante. Nous demandons à M. Anatole de rebrancher le phare qu'il avait le 27 novembre et de le replacer dans la même position.

Nous nous sommes ensuite rendus chez Rosine et chez Mme Lucile. Nous avons demandé à ces deux personnes si la lueur aperçue le soir du 27 novembre correspondait à la lueur émise par le projecteur de M. Anatole. Ces deux personnes nous ont répondu par la négative.

Le 6 décembre 79, vers 17 h 05, nous contactons M. Bertrand demeurant au hameau de V4, commune de V3. Cette personne exploite le champ dans lequel se serait posé l'objet volant non identifié. Sur notre demande, M. Bertrand nous affirme ne rien avoir posé au cours des jours précédents, à l'emplacement où se serait posé l'engin. Cette personne nous précise oralement, que vue la déclivité que présente le terrain, à l'emplacement où se seraient déroulés les faits, aucun objet roulant ne pourrait rester sur place".

3.4. COMPTE RENDU DES CONVERSATIONS ENREGISTREES EN FÉVRIER 81

3.4.1. Conversation avec Catherine

Catherine a une cinquantaine d'années et habite assez loin ( voir croquis 1.1 ). Elle nous dit avoir vu une lueur inattendue, qui s'est promenée un bon moment... c'était pas tout à fait comme un éclair... sa couleur, était indéfinissable.

La forme de cette lueur est ronde :
comme une rondelle, un rond... de la forme d'un couvercle.

La taille apparente de cette lueur est considérée par le témoin comme relativement importante ; toutefois, pas si gros qu'un avion, même pas si gros qu'un hélicoptère, oh là là, non !
( cette personne voit souvent des hélicoptères survoler les lignes électriques dans la région ).

Interrogée sur la distance apparente, elle parle en fait de celle de la trace ( dont elle connait l'existence ) : de chez moi, ça fait déjà assez loin... Cette lueur est partie : s'est levée assez haut... comme une étoile filante... tout droit sur la droite... dans la direction de V7 ( vers l' O-S-O ).

Catherine se trouvait, au moment de l'observation, sur le perron de son pavillon et revenait de voir une amie qu'elle visite tous les mardi ( elle se souvient du jour mais pas de la date exacte ).

La distance la séparant de l'endroit de la trace est de 500 m approximativement. Le perron est orienté vers la colline qui domine l'étang T. Mais, le champ de vision n'est pas dégagé : on ne voit pas bien, parce qu'il y a des arbres.

La durée de l'observation est estimée très courte : ça n'a pas duré une seconde. L'heure de l'observation est estimée entre 17 h 45 et 17 h 50. Peu après son observation, le mari de Catherine est arrivé à la maison et a parlé de l'observation de Rosine. Catherine a fait le rapport avec son observation et en a parlé à son mari : moi, je me suis dit, c'est bien cette chose que j'ai vu partir quoi !

Immédiatement après, Catherine est allée sur l'endroit de la trace mais tout le monde était déjà parti.
Par la suite, Catherine en a parlé autour d'elle, des particuliers sont venus la questionner mais elle n'a pas reçu la visite des journalistes.

Bien qu'elle ne soit pas rentrée en contact avec la famille de Rosine, ( des gens qu'elle ne fréquente pas tellement ), Catherine connaît très bien des données du problème : le nom de Rosine, son affolement, l'intervention des pompiers, l'endroit, etc...

En particulier, elle nous dit de la trace que ça a bien fait la rondelle, et du témoignage de Rosine :
elle a bien dit : comme un couvercle qui lui est passé au-dessus de la tête.

Au moment de notre appel, Catherine n'a pas d'interprétation du phénomène observé, qu'elle continue à considérer anormal parce que c'était pas un temps orageux.

3.4.2. Conversation avec Yolande

La fille de Catherine ayant indiqué que quelqu'un de la famille de Yolande avait observé quelque chose, nous essayons de joindre téléphoniquement cette famille.

La mère de Yolande est absente jusqu'à midi. Yolande ( 10 ans ) nous répond. Le soir de l'observation, seul son frère ( 17 ans ) était à la maison ( il s'agit de la maison voisine de celle de Rosine ( cf. croquis 1.1 ) ). Il écoutait de la musique. Il n'a rien vu, ni rien entendu.

Les autres membres de la famille ( dont Yolande ) étaient absents personne n'a donc rien vu.

Elle connaît la petite Rosine mais elles ne se fréquentent pas. Yolande souhaitait lui poser des questions, mais Rosine n'a pas répondu... Selon Yolande, le maïs n'a pas repoussé dans le champ à proximité du site d'atterrissage.

3.4.3. Conversation avec Anatole

Deux couples d'amis vivent à la ferme près de l'étang T : Urbain et Anatole ( voir croquis 1.1. ).

Le soir du 27 novembre 79, Anatole, seul à la ferme, travaillait dehors. Il faisait de la menuiserie ( volets ). Il avait installé un projecteur ( 1000 W ) sur un chevron, dirigé contre le mur où il travaillait.

Durant son travail il a déplacé "peut-être" le chevron. Il travaillait avec une scie circulaire électrique et portait peut-être un pantalon de travail blanc ( Anatole est un ancien carreleur ) mais pas de veste blanche.

Anatole travaillait devant le mur de la ferme qui est orienté vers l'ouest. Depuis cet endroit, on distingue les perrons des maisons qui surplombent l'étang ( elles sont à 250 m environ ). La haie, en contrebas des perrons ( les maisons sont surélevées à cause des garages souterrains ) est peu visible.

Les gendarmes sont venus lui demander s'il avait vu quelque chose s'il n'avait rien vu, ni rien entendu. C'était peut-être le premier jour qu'il utilisait le projecteur ( peut- être le deuxième ? ) qui était branché, avec une rallonge, sur un autre bâtiment. Peu après, l'électricité étant installée dans ce bâtiment, il ne l'utilise plus.

A la date de l'observation, l'étang appartenait encore à René. C'est un étang privé où l'on pêche. Il n'y a pas de barque. A cette date, la barque du propriétaire ( généralement attachée avec un cadenas ) n'était plus en place ( le propriétaire l'avait emmenée ).

Il se peut qu'on pêche ou qu'on chasse ( le canard ) en fraude. Ce soir-là Anatole n'a vu personne. Ils habitent cette ferme depuis juillet 1979. En 1980, Anatole et Urbain ont acheté à René l'Etang T et la friche qui le borde ( mais pas l'emplacement de la trace ), et l'ont transformée en pâture pour des chevaux.

3.4.4. Conversation avec René

En novembre 79, René est propriétaire de l'étang T et du terrain qui descend du champ de maïs vers l'étang. Il habite dans une petit village à une vingtaine de km à l'est de V1. Depuis cette époque, il a vendu l'étang à Anatole et Urbain, ainsi que la portion du terrain en contre-bas de la trace. Le maïs planté dans le champ a, selon René qui en a discuté avec le propriétaire, parfaitement poussé et aucun indice d'anomalie n'est apparu.

En novembre 79, la pèche était interdite sur l'étang privé mais René reconnaît que des braconniers y péchaient parfois. Un ami à lui qui faisait fonction de garde-pêche n'a rien remarqué le 27 novembre ( cet ami habite à l'autre bout de l'étang ). Par ailleurs, le frère de René avait l'habitude de laisser sa barque amarrée du printemps à l'automne. Elle n'y était plus en novembre.

A titre personnel, René rapporte que les voisins de l'étang semblent douter de la véracité des observations de Rosine ( qu'il n'a pas rencontrée ). "Ils en parlent en souriant…"

3.4.5. Contact avec une personne anonyme

Le GEPAN ayant eu connaissance indirectement de l'existence d'un éventuel témoin complémentaire, nous essayons de prendre contact avec lui par l'intermédiaire de la personne qui nous l'avait signalé.

La correspondance échangée à ce sujet nous permit seulement d'apprendre que le témoin se trouvait cet après-midi là sur la colline qui borde l'étang ( rive opposée aux maisons des témoins ) et a observé une "lueur face au ciel".

Ce témoin a voulu rester anonyme et aucun autre renseignement n'a pu être obtenu. Devant une telle minceur d'information, ce témoignage ne sera pas discuté dans la suite.

3.5. PREMIERES REMARQUES

Tous ces témoignages appellent quelques remarques :

  • Tout d'abord, trois personnes seulement fournissent des témoignages décrivant des phénomènes lumineux susceptibles d'être étudiés. Par contre, deux personnes au moins ( le frère de Yolande et Anatole ) se trouvaient à proximité mais n'ont rien entendu et rien vu ( le frère de Yolande parce qu'il écoutait des disques chez lui - mais Rosine aussi -, et Anatole parce qu'il travaillait dehors à proximité d'une lampe de 1000 W, qu'il faisait face au mur de sa maison - direction opposée à celle de l'observation - et qu'il utilisait une scie électrique ) ;

  • Ensuite, il faut noter qu'à aucun moment deux personnes n'ont observé en même temps : il n'y a pas recouvrement des observations. Plus précisément, Rosine a observé deux fois ( depuis sa cuisine puis dehors )*, Lucile a observé une fois ( en présence de Rosine et en fermant ses volets mais sans que Rosine observe à ce moment-là ) et Catherine a observé une fois hors de la présence de Rosine et Lucile et apparemment après leurs propres observations.
    Compte tenu de la trace dans l'herbe observée ultérieurement, nous avons donc là 5 éléments* d'informations bien distincts dont il serait arbitraire de considérer à priori qu'ils relèveraient d'un seul phénomène unique. Une des difficultés principales de ce cas résidera donc dans la possibilité d'établir si oui ou non ces cinq éléments d'informations sont liés entre eux ;

    * Jusqu'au 29.11.79, Rosine dit n'avoir observé qu'une fois hors de chez elle ( balançoire ). Dans le P.V. ( 2.12.79 ), elle fait état d'une autre observation en montant sur une pierre. En janvier 81, la reconstitution indiquera que cette pierre est proche de la balançoire.

  • Dans l'esprit des témoins, ces informations ( observations et traces ) sont évidemment liés. Cependant, une certaine prudence s'impose du fait que Rosine et Lucile ont vécu leur observation sous l'emprise d'une forte émotion et que leurs témoignages ont subit des variations évidentes dés les premiers jours ; quant à Catherine, son témoignage recueilli un an après se réfère à ce qu'elle croit être le témoignage de Rosine et le dessin de la trace, mais avec quelques erreurs flagrantes ;

  • Au vu de ces remarques, il s'impose donc de commencer par examiner les discours et les comportements des différents témoins afin d'essayer d'en faire une appréciation relative et qui ne pourra être que probabiliste. Signalons que cette partie de l'analyse prend dans ce cas une importance inhabituelle, à la mesure de la complexité des éléments d'information.




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