CENTRE NATIONAL D'ETUDES SPATIALES
Groupe d'Etudes des Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés
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Toulouse, le 2 avril 1981 N° 097 CT/GEPAN
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NOTE D'INFORMATION N°2
Les études de Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés aux Etats-Unis
1ère Partie : "L'énigme des OVNI"
( M.S. Smith - 9.3.1976 )
Présentation
INTRODUCTION
1. QU'EST-CE QU'UN OVNI ?
A. DÉFINITIONS
B. DESSINS D'APRÈS LES TÉMOINS
C. TYPES DE RENCONTRES
2. CRÉDIBILITÉ DES TÉMOINS
A. FACTEURS SOCIOLOGIQUES ET PSYCHOLOGIQUES
B. AUTRES FACTEURS LIMITATIFS DES TÉMOINS
C. COURBE D'ÉTRANGETÉ-PROBABILITÉ
3. POINT - CONTREPOINT
A. NON VALIDITÉ PROBABLE DE L'HYPOTHÈSE
EXTRATERRESTRE
B. LA SOIT-DISANT DISCRÉTION DE L'AIR FORCE ET LES
DISSIMULATIONS
C. FARCES ET CRÉDIBILITÉ DES TÉMOINS
D. INTÉRÊTS POSSIBLES POUR LA SCIENCE DE L'ÉTUDE DES
OVNI
4. RÉCITS PRÉCÉDANT 1947
A. OBSERVATIONS BIBLIQUES
B. AUTRES RAPPORTS ANCIENS
C. LA VAGUE DE 1896
D. LA VAGUE EUROPÉENNE D'APRÈS-GUERRE
5. RAPPORTS ET ACTIVITÉS DE 1947 A 1969
A. Aux ETATS-UNIS
A1. Kenneth ARNOLD et la vague de 1947
A2. Implications de l'US AIR FORCE (1948-69)
a) Projets SIGN et GRUDGE (1948-52)
b) La commission ROBERTSON et le projet BLUE BOOK
(1952-53)
c) Le rapport spécial n°14 et le rapport O'Brian : projet
BLUE BOOK (1953-66)
d) Le rapport CONDON et la fin de l'intérêt porté par l'US
AIR FORCE (1967- 69)
A3. Intérêt porté par le Congrès
a) Auditions de la Commission parlementaire des Armées
(1966)
b) Auditions de la Commission parlementaire de la
Science et de l'Astronautique (1968)
A4. Organismes privés
a) AFRO
b) NICAP
c) CUFOS
d) MUFON
e) AIAA
B. RAPPORTS NON AMÉRICAINS 'ET COOPÉRATION
INTERNATIONALE
A1. BRÉSIL
A2. UNION SOVIÉTIQUE
A3. Coopération internationale
6. OBSERVATIONS DE 1970 A 1975
A. LA VAGUE DE 1973
B. MUTILATIONS ANIMALES
C. MÉTAMORPHOSES HUMAINES INDIVIDUELLES
7. RESUME
ANNEXES
A - RÉSUMÉS DE CAS CHOISIS
1. 7 janvier 1948 (MANTELL - Type 1)
2. 24 juillet 1948 (EASTERN AIRLINES - Type 1)
3. 10 septembre 1951 (FORT MONMOUTH, New Jersey - Type 1)
4. 2 juillet 1952 (TREMONTON, Utah - Type 1)
5. 19-20 juillet et 26 juillet 1952 (WASHINGTON DC - Type 1)
6. 17 juillet 1954 (RB 47 SOUTH CENTRAL US - Type 1)
7. 19 septembre 1961 (Rencontre HILL, Zeta Retuculi - Type 3)
8. 24 avril 1964 (SOCORRO, Nouveau Mexique - Type 2)
9. 3 mars 1971 (Rentrée de ZOND IV - Type 1)
10. 2 novembre 1971 (DELPHOS, Kansas - Type 2)
B - ASTRONAUTES DE L'ANTIQUITÉ ET LE TRIANGLE DES BERMUDES
1. Astronautes de l'antiquité
2. Le triangle de Bermudes
C - TEXTE DE LA LETTRE DE Robert LOW à E. James ARCHER ET
Thurston E. MANNING CONCERNANT LE RAPPORT OVNI DU COLORADO
CHAPITRE V - RAPPORTS ET ACTIVITÉS DE 1947 A 1969
A. Aux ETATS-UNIS
1. Kenneth Arnold et la vague de 1947.
En 1947 aux Etats-Unis se produisit une série d'observations d'OVNI qui sont
considérées comme étant le début de l'ère moderne de l'OVNI dans ce pays.
Dans ce domaine, l'observation la plus souvent citée est celle de Kenneth
Arnold en juin, quoique ce ne fut pas le seul rapport.
Ted Bloecher écrivit une analyse étendue de "la vague de 1947", et cita
853 cas d'observations qui se produisirent cet été là, principalement
dans le Nord-Ouest. Le volume a été discrètement publié en 1967 sous le
titre Rapport sur la vague d'OVNI de 1947.
Le 24 juin 1947, Kenneth Arnold, un vendeur d'équipements contre le feu, de
Boise, Idaho, se rendait à bord de son avion privé, de Chehalis à Yakima,
( état de Washington ), et sur le chemin, décida de rechercher sur les pentes du
Mont Rainier un avion au sol qui avait été signalé manquant depuis plusieurs
jours. Arnold était un pilote expérimenté qui avait plus de 4 000 heures de vol
au-dessus des montagnes et était un pilote de secours aérien, en même
temps que l'assistant du shérif du Comté d'Ada.
Vers 15 h environ, Arnold s'approchait du mont Rainier par l'Ouest, et un éclair
de lumière attira son attention comme si quelque chose s'était reflété dans un
miroir. Il regarda autour de lui et vit neuf objets s'approchant rapidement de la
montagne suivante cap au Sud. Comme il s'approchait, il vit que ces objets
étaient plats en forme de disque, et que leur formation s'étalait verticalement
en diagonale couvrant environ huit kilomètres.
Utilisant les sommets du mont Rainier et du Mont Adams comme points de
référence, il évalua leur vitesse à environ 2 800 km/heure. Tolérant un
certain degré d'erreur, il retira environ 800 km/h, donnant aux objets
une vitesse supérieure à 1 600 km/h. En 1947, le seul objet qui pouvait se
déplacer aussi rapidement était une fusée et Arnold était certain que ce qu'il
avait vu n'en était pas une. Les objets faisaient des embardées à l'approche
des sommets de la montagne et Arnold décrit leurs mouvements comme
"une soucoupe flottant au-dessus de l'eau", ce qui provoqua l'appellation
"soucoupe volante" par les media, nom malheureusement mal approprié et qui
est toujours en vigueur aujourd'hui.
A son arrivée à Yakima, Arnold raconta immédiatement son histoire au
Directeur général du Central Aircraft Al Baxter, et celle-ci fit rapidement le tour
de l'aéroport. De cette manière, quand Arnold atteignit l'étape suivante de sa
route, Pendleton, Oregon, une presse sceptique l'attendait. Découvrant alors
qu'il était bien considéré dans la communauté, et qu'il avait de l'expérience en
tant que pilote, la presse changea rapidement d'attitude et raconta l'incident
comme une histoire sérieuse. Bloecher raconte que parmi les 150 journaux sur
l'affaire, pratiquement tous racontèrent l'histoire et la plupart en première
page.
En dépit de la controverse évidente et des investigations menées sur cette
observation, celle-ci n'a pas été encore résolue à l'heure actuelle. L'explication
officielle de l'Air Force est que cela a été un mirage dans lequel le sommet
des montagnes semblait être suspendu au-dessus de la montagne, mirage
provoqué par une nappe d'air chaud. Cependant, J. Allen Hynek, dans son
enquête pour l'Air Force conclut que c'était probablement une escadrille
d'avions. Il trouva qu'il y avait des incohérences dans les données fournies par
Arnold, ce qui contribuait à mettre en doute ses calculs. Arnold disait que les
objets étaient à une distance de 33 à 41 kilomètres de là et que leur taille était
d'environ de 14 à 16 mètres. Hynek note qu'un objet de cette taille ne peut pas
être résolu par l'œil humain à cette distance ce qui tendrait à conclure que
l'estimation de distance faite par Arnold était fausse. Cela signifierait
que les objets étaient plus près du pilote et qu'ils se déplaçaient à une
vitesse subsonique, parfaitement compatible avec la vitesse des avions
de 1947.
Bloecher conteste les arguments de Hynek en faisant ressortir que Arnold a
utilisé des points de références fixes pour déterminer la distance, ce qui
impliquerait que seule l'estimation de la taille était incorrecte. On devra noter
cependant que Bloecher, dans un rapport précédent, établit que Arnold avait
certainement mal identifié les sommets des montagnes.
Il commença à les chronométrer lorsque le premier objet réapparut de derrière
le pic le plus éloigné du flanc Sud-Ouest du Mont Rainier. ( Il identifia plus tard
ce sommet comme étant Goat Rocks mais c'était probablement une erreur car
Goat Rocks est à peu près à mi-chemin entre le Mont Rainier et le Mont
Adams ).(59)
On peut en conclure que l'estimation de la distance peut être également mise
en question, ce qui laisse toujours ce cas non résolu. Comme on a dit
précédemment, l'Air Force n'accepta pas non plus l'explication de Hynek, ou
alors ils auraient dû classer l'affaire "avion possible".
2. Implications de l'US AIR FORCE (1948-1969)
Dans la fin des années 40, une grande crainte provoquée ( ou entretenue ) par
les observations d'OVNI, était que ceux ci soient de nouveaux avions ou de
nouvelles armes secrètes testées par l'ennemi en prévision d'une autre
guerre. A la suite de quoi, l'Air Force se vit confier la responsabilité des
investigations sur ces observations, afin de déterminer si il existait une
menace pour la Sécurité Nationale. L'Air Force commença à être impliquée au
début de 1948 avec le projet Sign, qui fut rebaptisé Projet Grudge, et mis en
oeuvre ultérieurement sous le nom de Projet Blue Book. Au total, l'Air Force
garda des dossiers sur une période de 21 ans ( 1948-1969 ) et a reçu plus de
12 000 rapports. Leur conclusion finale est que bien que certains dossiers
restent non identifiés il n'y avait pas d'armes ennemies ou de vaisseaux
extra-terrestres mais seulement des objets naturels ou conventionnels qui
n'ont pas pu être identifiés par suite d'informations insuffisantes.
a. Projets SIGN et GRUDGE (1948-1952)
Les nombreux rapports d'observation de 1947 provoquèrent une prise de
conscience de la nation, et l'Air Force prit en mains la situation.
Quand le cas Thomas Mantell se produisit ( il mourut alors qu'il pourchassait
un OVNI dans son avion de l'Air Force - voir Annexe ), l'Air Force était prête à
débuter ses investigations.
Le projet SIGN fut placé sous la juridiction de l'Intelligence Division de l'Air
Force Air Material Command à Wright Field, Ohio ( c'est maintenant
Wright-Patterson Air Force Base ). Cette division a été ultérieurement
rebaptisée Air Technical Intelligence Center ( ATIC ) et fut la base pour les
investigations sur les OVNI jusqu'en 1966 où la responsabilité des
investigations fut transférée à un service nouvellement crée, le Foreign
Technology Division. Sa fonction était de "collecter, collationner, évaluer et
distribuer aux agences et contractants concernés du gouvernement toutes les
informations concernant les observations et les phénomènes que l'on pourrait
considérer comme ayant un impact sur la sécurité nationale".
La grande variété d'opinions sur les OVNI et leurs origines existaient déjà en
1948, lorsque l'attention fut d'abord focalisée sur leur origine. Il y avait ceux qui
les considéraient comme des objets conventionnels, et ceux qui pensaient que
c'était des véhicules extraterrestres. Les membres de ce dernier groupe
tenaient les rênes du pouvoir le projet SIGN durant les premiers mois, et après
l'incident de l'Eastern Airlines ( voir Annexe ) ils publièrent une "Estimation
de la situation" dans laquelle ils concluaient que les OVNI étaient des
vaisseaux venus d'Outre-Monde. Le Général Hoyt S. Vandenberg, alors chef
d'état major, rejeta cependant ce rapport, en raison du peu de preuves à
l'appui de cette théorie. Le rapport a été classé Top Secret. (60) et après
l'action de Vandenberg, toutes les copies ont été détruites.
Ce manque d'approbation conduisit à une ré-organisation du projet SIGN, et
ceux qui pensaient que les OVNI étaient des objets conventionnels prirent la
tête. En février 1949 l'Air Force annonça que le nom classifié "SIGN" avait été
compromis de telle sorte qu'il était changé pour le nom de projet "GRUDGE"
( rancune - et ils insistèrent sur le fait qu'il n'y avait aucune relation entre le
nom et le projet ), et le groupe "SIGN" publia un dernier rapport. Le
changement de politique est facilement mis en évidence par les
recommandations du groupe qui dit entre autre :
L'activité future de ce projet devra être conduite au niveau minimum
nécessaire pour enregistrer, récapituler et évaluer les données reçues sur les
futures observation et pour terminer les investigations spécifiques qui sont en
cours actuellement. Quand et si un nombre suffisant d'incidents sont résolus
pour indiquer que ces observations ne représentent pas un danger pour la
sécurité de la nation, les activités particulières de ce projet à cette activité
pourront être terminées. Les investigations futures sur des rapports seront
traitées sur une base de routine comme tous les autres travaux de
renseignements. (61).
En dépit des controverses existantes et du manque de consensus interne, le
projet SIGN a été bien mené. Ils ont rapidement identifié le problème du
"Rapport Signal sur Bruit" et ont pris des mesures pour le prendre en compte.
Le Docteur J. Allen Hynek, un astronome de l'Université de l'Etat de l'Ohio
( maintenant à l'Université du NorthWestern ) et l'Air Weather Service ont été
engagés pour identifier parmi les rapports ceux qui étaient clairement des
objets astronomiques ou des ballons météo ( et il y en eut un grand
pourcentage ). Le problème majeur des dirigeants du projet fut leur
inexpérience à déterminer quel cas devait faire l'objet d'une étude ultérieure.
Comme elle n'était pas familiarisée avec le phénomène, la Direction du Projet
perdit énormément de temps sur des observations qui étaient de toute
évidence des avions, des météores, ou des plaisanteries. Elle perdit
également beaucoup de temps en examinant la vie privée des témoins pour
voir s'ils étaient dignes de confiance. SIGN faisait régulièrement le point avec
les bureaux appropriée du FBI, avait accès aux dossiers des criminels et des
éléments subversifs fournis par la police, et le personnel interrogeait les
collègues de bureau, les amis et les relations des témoins. Cependant, le
personnel de SIGN fit un effort louable en considérant que ces premières
observations contenaient habituellement trop peu d'informations sur lesquelles
on puisse baser un jugement et que l'Air Force n'avait pas de méthodes
standardisées pour faire le compte-rendu d'observations (62).
L'Air Force continua ses investigations sur les OVNI avec le projet GRUDGE
même après que les gens impliqués furent convaincus qu'il n'y avait aucune
nature hostile ou militaire dans ces phénomènes. L'Air Force désirait
conserver le contrôle des investigations sur les rapports, ce qui
évitait à la communauté scientifique de conduire leurs propres études, du fait
que tous les "bons" rapports étaient détenus et classifiés par l'Air Force. De
cette manière, l'Air Force aiguisa la nature de la controverse pour les 21
années pendant lesquelles elle fut impliquée, le projet GRUDGE était décidé à
expliquer chaque observation.
Ruppelt rapporte que l'Air Force, pour contribuer à la démystification des
OVNI accorda la permission à Sidney Shallet du Saturday Evening Post
d'avoir accès à leurs dossiers pour un article sur le sujet. Il voulait
s'assurer que l'article exposerait le problème OVNI comme une perte de
temps.
Comme un officier des relations publiques me le dit plus tard, "nous avons
perdu un sacré temps". "Tous les écrivains qui s'intéressaient aux histoires de
soucoupes avaient fait leurs propres enquêtes sur les observations et nous
n'arrivions pas à les convaincre qu'ils s'étaient trompés..."
J'ai souvent entendu, de la part des militaires et des civils, que l'Air Force avait
dit à Shallet exactement ce qu'il raconte dans son article - amusez-vous avec
les OVNI - n'écrivez rien - ne suggérez rien qui pourrait laisser penser qu'il y a
quelque chose d'étranger dans nos cieux.
Je ne pense pas que ce soit le cas. Je pense qu'il a juste raconté l'histoire des
OVNI comme on le lui a raconté, mais raconté par le projet GRUDGE. (63).
L'article parut mais produisit l'effet inverse à celui escompté par l'Air Force.
Des phrases telles que "la plus complète et la plus fertile absurdité et "la
grande peur des soucoupes volantes" étaient destinées à convaincre les
lecteurs qu'il n'y avait rien de vrai avec les rapports sur les OVNI, mais dans
les quelques jours qui suivirent la publication, il y eut une recrudescence de
témoignages d'OVNI. Certains attribuèrent cela au fait que Shallet avait
reconnu que certains cas restaient inexpliqués, tandis que d'autres pensent
que ce phénomène était dû à la suspicion qu i entourait les méthodes
d'investigation de l'Air Force. Dans tous les cas, le projet GRUDGE fut noyé
sous un déluge de comptes-rendus.
Ceci pourtant ne les découragea pas, et seulement six mois plus tard, le projet
GRUDGE fournit son rapport final. Commentant 244 cas, et en dépit de leurs
efforts soutenus pour les expliquer tous, ( et suivant les dires d'une manière
hautement spéculative dans de nombreux cas ), 23 % des cas restèrent
inexpliqués. Pour ces cas, GRUDGE déclara "pour les observations d'Objets
Volants Non Identifiés, il y a suffisamment d'explications psychologiques pour
permettre une explication plausible à ces comptes-rendus ne pouvant être
expliqués d'une autre manière". En d'autres termes, les cas.qui ne purent être
identifiés furent considérés comme ayant été motivés psychologiquement et
un point c'est tout. Ils conclurent en disant que les investigations sur les OVNI
devaient être réduites uniquement à des rapports qui "laissaient clairement
indiquer des applications techniques réalistes" afin de les soumettre à l'ATIC.
Ils suggérèrent cependant que la Psychological Warfare Division soit informée
des résultats de l'étude, car si l'ennemi plaçait simultanément une série
d'objets aériens au-dessus des Etats-Unis et que débutaient des rumeurs
qu'il y avait des vaisseaux extra-terrestres, il pourrait s'ensuivre une
hystérie de masse. Quoi que beaucoup pensent que le projet GRUDGE se
termina après la publication du rapport final, il continua en fait de fonctionner
bien que d'une manière réduite, pendant encore deux ans.
En dépit de ses efforts pour démystifier les comptes-rendus, l'intérêt du public
continua et les articles de magazines proliférèrent ; de même que les livres
écrits par des auteurs tels que le Major Donald Keyhoe, qui fut plus tard
président du NICAP.
En 1951, le capitaine Edward Ruppelt fut placé à la tète de GRUDGE et il
apporta un sang nouveau au projet, car il n'était pas convaincu comme son
prédécesseur que les OVNI étaient une étude sans valeur. Il engagea
formellement Hynek en tant que consultant, et suite à ces efforts, le personnel
et le budget du projet furent augmentés. Il reconnu que beaucoup de pilotes
de l'Air Force n'étaient pas enclins à faire des comptes-rendus d'observations
d'OVNI par crainte du ridicule, et il fit en sorte que de nouvelles consignes
soient données, et des formulaires standards de comptes-rendus furent
disponibles. L'Air Force Letter 200-5 enjoint à chaque base de l'Air Force dans
le monde de télégraphier immédiatement toutes informations sur une
observation d'OVNI à Ruppelt à ATIC et aux autres commandements de l'Air
Force, avec un rapport complet envoyé ultérieurement à ATIC. En 1952,
GRUDGE était un projet très bien organisé.
b. La Commission ROBERTSON et le projet BLUE BOOK ( 1952-1953 )
1952 fut une grande année pour les comptes-rendus sur les OVNI, avec un
record de 1 501 comptes-rendus dans cette seule année. Une des plus
importantes, ne serait-ce que pour son emplacement, se produisit à
Washington, D.C. ( voir Annexe ). Il y eut un regain d'intérêt de la part de l'Air
Force et GRUDGE passa de l'état de projet à celui d'une organisation séparée
appelée Project BLUE BOOK. Le budget et le personnel de Ruppelt
continuèrent d'augmenter, de même que le nombre d'observations, et il mit au
point une méthode pour recevoir des rapports mensuels sur l'état des
comptes-rendus en cours d'investigation. Il instruisit les officiers supérieurs de
l'Air Defense Command sur l'utilisation de leurs caméra-radars ( environ 30 sur
le territoire des Etats-Unis ) pour faciliter la détection des OVNI, et passa un
contrat avec Battelle Memorial Institute , pour la réalisation d'une analyse
statistique sur les caractéristiques des OVNI. Il redonna entièrement vie au
projet.
Au début de 1953 ATIC croula sous les rapports. De nouveau, l'opinion fut
divisée. Certains sceptiques commencèrent a croire à l'hypothèse
d'extra-terrestres tandis que d'autres s'ancrèrent davantage dans leurs
convictions "d'objets conventionnels". Sans préjuger de ce qu'étaient les
OVNI, l'Air Force décida que le nombre des rapports devait être
considérablement réduit pour diminuer l'inquiétude des masses, si bien qu'il
demanda à la CIA de créer un jury de scientifiques de haut niveau pour
étudier le problème. Ce groupe fut présidé par le Dr H.P. Robertson, et il est
donc habituellement connu sous le nom de Commisson Robertson.
Quoi qu'une version expurgée de ce rapport soit disponible depuis de
nombreuses années, c'est seulement en décembre 1974 que la CIA a
finalement déclassifié le rapport et en a rendu les doubles disponibles.
On a finalement pu identifier les membres de cette commission ainsi que leurs
affiliations et leur domaine respectif d'expertise :
Dr. H.P. Robertson, California Institute of Technology, Physics and
weapons systems
Dr. Luis W. Alvarez, University of California, Physics and radar
Dr. Lloyd V. Berkner, Associated Universities, Inc., geophysics
Dr. Samuel Goudsmit, Brookhaven National Laboratories, atomic
structure
Dr. Thornton Page, Johns Hopkins University, astronomy and
astrophysics.
En plus de ces cinq membres de la Commission, les autres participants
comprenaient :
Dr. J. Allen Hynek, Ohio State University, astronomy
Mr. Frederick C. Durant, III, Arthur D. Little, Inc., rockets and guided
missiles ( en tant que rapporteur de la Commission )
Brig. Gen. William M. Garland, Commanding General, ATIC scientific
and technical intelligence
Dr. H. Marshall Chadwell, Assistant Director, O/SI, CIA
Mr. Ralph L. Clark, Deputy Assistant Director, O/SI, CIA
Mr. Philip G. Strong, CIA.
Après avoir étudié 75 rapports d'OVNI, la Commission conclut qu'il n'y avait
aucune évidence de "menaces physiques directes sur la sécurité nationale", et
que "l'accentuation ininterrompue des rapports sur ces phénomènes, dans ces
temps troublés, se traduisait par une menace pour le fonctionnement bien
organisé des organes protecteurs du corps politique", ils recommandaient jar
conséquent :
-
que les agences nationales de sécurité prennent immédiatement des
mesures pour sortir les objets volants non identifiés du statut particulier dans
lequel ils avaient été classés ce qui leur retirait cette aura de mystère qu'ils
avaient malheureusement acquise ;
-
que les agences nationales de sécurité mettent en place des règles
d'informations, d'entraînement et d'éducation du public pour préparer les
systèmes de protection du pays sur le plan matériel et psychologique a
reconnaître plus promptement et à réagir plus efficacement à de vraies
indications d'intention ou d'action hostile.
Pour atteindre ces objectifs, ils proposaient un programme d'explications
publiques pour entraîner les gens à identifier correctement les objets connus,
en même temps qu'un effort de démystification concernant l'intérêt manifesté
par les classes inférieures. Selon eux, ils étaient impressionnes par le manque
de données solides dans la majorité des cas, ainsi que par "le manque de
suites rapides données à ces affaires dû principalement à la taille modeste et
aux moyens limités de la section ATIC concernée". En effet, ils suggéraient
que le projet de l'Air Force se poursuive à son niveau actuel, avec seulement
un changement de tendance pour passer de la détermination de la nature des
OVNI, à convaincre le public qu'il n'y avait rien d'anormal dans le ciel. (64).
Tous ceux qui étaient en relation avec la Commission ne furent cependant pas
d'accord avec cette recommandation. Hynek n'était officiellement pas un
membre de la Commission et par conséquent, on ne lui demanda pas de
signer le rapport final, mais il déclara que de toutes façons il ne l'aurait pas
signé, car il considérait comme non raisonnable que la Commission puisse
tirer une conclusion sur les OVNI en quatre jours, alors qu'il avait passé
lui-même plus de quatre années à étudier ce phénomène. (65)
L'effet de ce rapport fut significatif. Une fois encore, l'Air Force changea sa
position, et maintenant qu'il semblait sûr que les OVNI n'étaient pas une
menace pour la sécurité nationale, les rapports sur les OVNI devaient servir à
éduquer le public, ce qui était également le but du projet BLUE BOOK.
L'Air Force pouvait maintenant dire qu'un groupe indépendant et impartial
de scientifiques n'avait trouvé aucune évidence de visites d'extraterrestres ou
d'armes ennemies.
Cependant, contrairement aux recommandations de la Commission, le
personnel et le budget du BLUE BOOK commencèrent à diminuer. Le rapport
statistique de Battelle, fut finalement terminé et corrobora la position de la
Commission sur le fait qu'il n'y avait aucune évidence de menace ( ce rapport
fut classé ultérieurement sous le nom de Special Report n° 14 - voir
ci-dessous ). C'est ainsi qu'au moment où Ruppelt quitta le projet et l'Air Force
en août 1953, il restait seul avec deux assistants.
En attendant un remplaçant, le projet fut dirigé par l'aviateur de première
classe, Max Futch.
c. Le rapport spécial n° 14 et le rapport O'Brien : Projet, Blue Book ( 1953-1966 )
1953-1966 fut une période de relations publiques pour Blue Book. Il s'occupa
de tâches d'éducation publique sur la "vraie" nature des OVNI, et il essaya de
contre-balancer l'intérêt soulevé par des gens qui croyaient aux OVNI tels que
le Major Keyhoe. En réponse à un des livres de Keyhoe, La Conspiration des
Soucoupes Volantes ( 1955 ), l'Air Force sortit ses atouts , l'étude statistique de
Battelle maintenant appelée Rapport Spécial n° 14.
Keyhoe avait créé un malaise public quand il publia les consignes de l'Air
Force qui prohibait la divulgation des rapports sur les OVNI au public
( Air-Force Regulation 200-2 ), et qui faisait que la divulgation d'observations
décrites dans JANAP ( Joint Army-Navy-Air Force-Publication ) tombait dans
les 146 formes d'actes criminels. L'AFR 200-2 suggérait également que tous
rapports d'OVNI devaient être résolus par tous les moyens possibles. Comme
il fallait s'y attendre, Keyhoe et certaines factions de l'Air Force ne furent pas
d'accord avec la teneur des paragraphes suivants.
Les activités de l'Air Force doivent réduire au minimum le pourcentage de
phénomènes non identifiés. Jusqu'ici l'analyse n'a expliqué que quelques unes
des observations ayant fait l'objet de comptes-rendus. Les observations non
expliquées sont traitées statistiquement comme phénomènes non identifiés. Si
l'on avait eu des données plus rapides, plus détaillées, plus objectives, sur ces
phénomènes inconnus, on aurait probablement pu les expliquer. Cependant,
du fait qu'il y a implication de facteurs humains et du fait que les analyses
d'observations d'OVNI dépendent principalement de l'impression personnelle
et de l'interprétation des observateurs, plutôt que de données scientifiques
précises ou de faits obtenus dans des conditions contrôlées l'élimination de
tous les cas non identifiés n'est guère possible.
AFR 80-17.
B-4. Réponse à l'intérêt public.
Le secrétaire du Bureau d'Informations de l'Air Force ( SAF-01 ) maintient le
contact avec le public et la presse sur tous les aspects du programme OVNI et
des activités qui y sont liés. Les individus privés ou les organisations désirant
obtenir des interviews de l'Air-Force, des mises au courant, des cours ou des
discussions privées sur les OVNI seront informés qu'ils doivent adresser leurs
demandes au Bureau SAF-01. Tous les membres de l'Air Force qui n'ont pas
de relations officielles avec les investigations sur les OVNI devront limiter au
maximum leurs actions ou commentaires sur les rapports d'OVNI pouvant
tromper ou conduire le public à considérer ses opinions comme des résultats
officiels de l'Air-Force.
AFR 80-17.
Condon maintient que ceux qui critiquèrent ses instruction avaient mal
interprété les paragraphes, que le premier ne suggérait en aucune façon de
faire des spéculations sur la nature de l'observation, simplement que
l'investigation sur un rapport devait être prise au sérieux et faite d'une manière
approfondie. Il maintient également que le second était simplement une
méthode "pour limiter la circulation d'histoire extravagante et de rapports
prématurés avant qu'une investigation soit terminée". (66).
Pour réagir contre ces charges, l'Air Force utilisa l'étude Battelle. Leur
attribution, initialisée par Ruppelt, était de déterminer si quelque chose dans
les airs "était significatif de développement technologique inconnu dans ce
pays", et de construire un modèle de soucoupes volantes à partir des
données. Les chercheurs rapportèrent qu'ils n'avaient pu, ni inventer un
modèle de soucoupes volantes, ni trouver d'évidences physiques qu'elles
existent ; rien ne les y incitait dans les données.
David Saunders, qui fut plus tard un membre du groupe Colorado qui produisit
le rapport Condon, déclara que tous ceux qui travaillèrent à cette étude le
firent de telles manières qu'ils minimisèrent la possibilité de trouver quelque
chose de significatif.
Ce rapport de 100 000 dollars payés par le contribuable sortit en mai 1955 et
eut la prétention d'être un traitement statistique sophistiqué de toutes les
données se trouvant dans les dossiers jusqu'à la fin de 1952 période à
laquelle l'Air Force fournissait encore beaucoup d'entrées intéressantes. Le
rapport contient plus de 200 tables remplies de chiffres. Il utilise également
une règle statistique élémentaire connue sous le nom de méthodes de KI-2
pour prêter foi à son argument primaire. Je fus surpris par le fait que même la
formule utilisée pour le calcul des moindres carrés n'était pas bonne. Et avec
une régularité remarquable, celui qui faisait ces statistiques combinait les
catégories de telle sorte qu'il minimisait ses chances de trouver quoi que ce
soit de significatif. (67).
De nouveau, l'Air Force s'était trompée sur la réaction du public. Au lieu
d'apaiser la controverse, ce rapport l'activa encore plus, spécialement quand il
fut critiqué par Ruppelt lui-même. Le groupe déclara que "la probabilité pour
qu'un des phénomènes INCONNUS examiné dans cette étude soit une
soucoupe volante est extrêmement faible, puisque les rapports les plus
complets et les plus fiables sur les données actuelles... n'aboutissent pas à
déterminer même un modèle grossier...". Ruppelt riposte en disant que
l'Institut n'a pas été engagé pour expliquer les rapports non identifiés ou pour
résoudre le problème des OVNI, mais simplement pour déterminer si des
développements technologiques inconnus étaient évidents dans leur
mouvement.
Néanmoins, l'Air Force utilisa le rapport spécial n° 14 comme fondement de
leurs doctrines officielles pendant de nombreuses années, ce qui leur permet
encore de dire que le problème a été étudié scientifiquement et que la
conclusion que l'on peut en tirer est que les OVNI ne sont pas des
extra-terrestres. Lorsqu'il y eut d'autres directeurs du Blue Book, l'éducation
du public devient le mot clef et des investigations furent laissées à des
organisations privées d'OVNI qui commencèrent à fleurir.
Mais leur campagne de relations publiques n'était pas très efficace. De plus
en plus de gens commencèrent à penser que l'Air Force voulait dissimuler
quelque chose, et qu'ils avaient en fait la preuve que la Terre avait été visitée
par des extraterrestres. Deux facteurs contribuant à cette théorie étaient que
premièrement, l'Air Force refusait toujours aux média l'accès à leurs dossiers,
et deuxièmement que ceux qui connaissaient les activités du Blue Book ne
pouvaient pas croire qu'une opération d'aussi faible priorité, avec un aussi
pauvre budget, avec aussi peu de personnel, puisse réellement effectuer des
investigations sur les rapports avec toute l'ampleur que l'Air Force réclamait
elle-même. Ils pensaient donc que le Blue Book était une couverture pour une
équipe d'investigations de plus haut niveau. Hynek se porte en faux contre
cette théorie, en citant la rapidité avec laquelle on remplaçait les directeurs du
Blue Book. Lorsque Ruppelt partit, le Projet fut dirigé par le Capitaine Harden,
le Capitaine Gregory, le Major Friend et le Major Quintanilla. Il déclare
également :
Toute mon association avec le Blue Book montra clairement que le projet
s'intéressa rarement au côté scientifique du problème OVNI. Il ne s'était
certainement pas posé la question de savoir qu'est ce que l'on pouvait
considérer comme problème central dans le phénomène OVNI : y avait-il un
processus physique ou psychologique ou même paranormal qui était à la base
de ces rapports qui arrivaient à passer à travers les examens sévères et qui
restaient toujours de véritable énigmes ?
Un tel manque d'intérêt n'implique aucune charge de "dissimulation" ; c'est
simplement parce qu'ils ne s'en souciaient pas. (68).
Pendant la période se situant entre la sortie du rapport spécial n° 14 ( 1955 ) et
le rapport O'Brien ( 1966 ) un des problèmes majeurs du Blue Book était que le
congrès voulait les entendre sur ce qu'ils étaient en train de faire. Pour éviter
cela, chaque fois qu'un membre du congrès voulait aborder le sujet avec l'Air
Force, on lui faisait une conférence particulière dans laquelle l'Air Force
arrivait à le convaincre qu'une audition n'aurait comme résultat que de donner
à penser à la population qu'il y avait quelque chose derrière les OVNI. Arrivé à
ce point, le membre du congrès félicitait généralement l'Air Force pour sa
conduite dans ce domaine et décidait de ne pas tenir d'audition. (69).
Une de ces conférences fut tenue pour un sous-comité et non pas pour un
membre individuel du congrès. En 1958, la Chambre des Représentants
mit en place un Comité Choisi pour l'Astronautique et l'Exploration de
l'Espace. ( Ce comité fut appelé plus tard Comité pour les Sciences et
l'Astronautique et est appelé aujourd'hui Science et Technologie ). Ce comité
devait se pencher sur la question de savoir ce qu'il ressortirait de l'exploration
de l'espace. Le Député John Mc Cormack ( Démocrate du Massachusetts )
présida le sous-comité sur les phénomènes atmosphériques et décida de tenir
des auditions pendant une semaine sur les OVNI. Le 8 août il appela
Françis Arcier, conseiller scientifique en chef de l'Air Force, le Capitaine
Gregory ( chef du Blue Book à cette période ), les Majors Best et Byrne
du service de renseignements de l'Air Force, et les Majors Brower et Tacker
du Bureau d'Informations Publiques. Mc Cormack annonça au début de la
session que ce n'était pas officiellement une audition, et en fait il n'y avait
aucun sténographe présent. Les enregistrements cités par David Jacobs
(Controverse OVNI en Amérique, 160-162) viennent apparemment des
participants de l'Air Force eux mêmes et ne sont pas une transcription
officielle de la réunion (70).
A la fin de cette journée, le Député Mc Cormack annonça qu'il était satisfait de
la façon dont l'Air Force avait traité ce sujet et qu 'il n'y aurait pas d'audition
officielle. L'Air Force une fois de plus évita la publicité.
Le répit fut cependant de courte durée, et en 1960, ils furent de nouveau
appelés au Capitole. David Jacobs rapporte que trois comités, House Armed
Forces, House Science and Astronautics and Senate Preparedness,
écoutèrent un exposé de l'Air Force sous la présidence du Député Smart.
C'est une erreur. Seuls, les membres du comité étaient présents à l'exposé,
ce qui retire beaucoup à l'importance que lui donne le résumé de Jacobs. Il
déclare que "les gens du Congrès ont pour la première fois exprimé leur
insatisfaction du programme OVNI, et qu'ils ont suggéré des étapes pour
remédier à la situation". En fait, Smart était un membre de l'état-major du
House Armed Services Committee ( et non pas Armed Forces ) ( son prénom
était Robert, et non pas Richard ) et les autres participants cités par Jacobs
( Spencer Beresford - et non pas Bereford, Richard Hines, et Frank Hammill -
et non pas Hammit ) faisaient partie du personnel du Comité pour les Sciences
et l'Astronautique. Il n'y a ainsi aucune indication que des membres du Senate
Preparedness Committee aient participé à cette conférence, et Jacobs ne cite
personne de ce comité (71).
Quoique les membres de ces comités n'aient pas été aussi satisfaits que
Mc Cormak de l'action de l'Air Force, il y eut peu de changements dans le
Blue Book. En 1963, l'intérêt du congrès diminua considérablement, ceci se
poursuivit jusqu'en 1964.
En 1965, les choses se présentèrent différemment.
Pendant 17ans, de 1947 à 1964 la controverse OVNI fit rage entre les parties
directement intéressées - l'Air Force d'un côté et les groupes ufologiques
privés de l'autre. La presse, le public, et le congrès furent impliqués
sporadiquement, mais pour eux, le sujet OVNI et la controverse sur le
phénomène ne furent que d'un intérêt passager... Mais la période de 1965 à
1967 fut un tournant dans la controverse. Ceux qui se tenaient à la limite de la
controverse furent activement engagée dans celle-ci. La presse, le public, le
congrès et la communauté scientifique entrèrent tous dans le débat sur les
OVNI. Le résultat fut que l'Air Force rendit finalement son monopole sur
l'étude des OVNI et demanda à une université d'étudier le phénomène
(72).
A la fin de 1965, l'ATIC avait reçu 887 rapports. Les média recommencèrent à
faire des comptes-rendus sur les OVNI, augmentant la connaissance du
public, et Hynek suggéra qu'une autre commission de scientifiques ré-étudie
la situation et le statut du Blue Book. Le résultat fut la création du Comité Ad-
Hoc pour la révision du projet Blue Book, ce comité fut dirigé par le Dr. Brian
O'Brien ( et fut appelé le rapport O'Brien ).
Avec O'Brien ( un physicien ), la commission était composée de la manière
suivante : Dr. Launor F. Carter, psychologue, du System Development
Corporation ; Dr. Jess Orlansky, psychologue, de l'Institut for Defense
Analyses ; Dr. Richard Porter, ingénieur électricien ; le Dr. Carl Sagan,
astronome et scientifique spatial, Smithsonian Astrophysical Observatory ; et
Dr. Willis H. Ware, ingénieur électricien de RAND Corporation. Tous, excepté
Sagan, étaient membres de l'Air Force Scientific Advisory Board.
Ils se réunirent une seule journée, le 3 février 1966, réexaminant le Rapport et
la Commission Robertson et furent mis au courant par celui qui était alors à la
tête du Blue Book, le Major Quintanilla, et par le personnel de l'Air Force's
Foreign Technology Division ( une division nouvellement créée qui avait pris la
responsabilité des investigations sur les OVNI ). En mars, le groupe O'Brien
sortit son rapport.
Leur analyse de la situation fut très similaire à celle du rapport Robertson. Ils
déclarèrent de nouveau que les cas qui étaient restés non identifiés l'étaient
seulement par suite du manque d'informations pour les résoudre, et citèrent le
fait que même parmi les centaines d'astronomes constamment en train de
surveiller et de photographier le ciel, il n'y avait eu aucun enregistrement sur
un OVNI. Ils admirent que les ressources de Blue Book étaient très pauvres,
( à cette époque, il n'y avait qu'un officier un sergent et un secrétaire ), mais
que l'effort était bien organisé.
Plutôt que de dissoudre le Blue Book, la commission O'Brien recommanda de
le renforcer... "Il y avait toujours la possibilité que l'analyse de nouvelles
observations puisse fournir quelques compléments de connaissance
scientifique ayant de l'intérêt pour l'Air Force. Le comité recommanda que le
programme actuel soit étoffé de manière à fournir la possibilité d'investigations
scientifiques pour des observations choisies, investigations plus détaillées et
plus poussées qu'elles n'avaient pu l'être à ce jour (73).
d. Le rapport CONDON et la fin de l'intérêt porté par l'US AIR FORCE ( 1967-1969 )
Suivre les recommandations de la commission n'était pas chose facile. Les
OVNI n'étaient pas considérés comme un sujet d'investigation de valeur par
de nombreux "scientifiques impartiaux" ( une exigence de l'Air Force
demandait à ce que l'on élimine de ces investigations les ufologues tels que
Hynek, et Mc Donald ) ou par les universités. L'Air Force fut repoussée tour à
tour par M.I.T., Harvard, par l'Université de Caroline du Nord et par l'Université
de Californie avant que l'Université du Colorado accepte la tâche. Certains
disent que le Colorado accepta uniquement parce qu'ils avaient besoin du
contrat du gouvernement, contrat d'un montant de 500 000 dollars à la fin du
projet. Les conditions pour le partage des fonds furent modifiées de sorte que
le Colorado n'eut à payer qu'un dollar.
Pour diriger le projet, ils trouvèrent un physicien éminent et respecté, le Dr.
Edward U. Condon, et il y eut également une controverse afin de savoir
pourquoi il avait accepté la tâche. Beaucoup de ses collègues de travail
avaient refusé, ne serait-ce que pour des raisons de manque de temps à
consacrer à ce projet ( et Condon lui-même n'y consacra que la moitié de son
temps ). Il le déclara lui-même que c'était parce qu'on avait fait appel à son
sens du devoir car l'Air Force l'avait réclamé personnellement pour diriger le
projet, et qu'après quelques discussions avec ses collègues, il avait décidé de
l'accepter. Il ajouta ceci : "Si j'avais pu connaître l'étendue de l'engagement
émotionnel de ceux qui croient aux OVNI ainsi que les extrémités auxquelles
leurs croyances les conduisent , je n'aurai probablement jamais accepté
l'étude". (74).
Avec Condon, les principaux investigateurs étaient Stuart W. Cook
( psychologue ), Franklin E. Roach ( astrophysicien ), David Saunders
( psychologue ), ainsi que William Scott ( psychologue ) cité comme principal
co-investigateur, Robert Low, assistant du Doyen de la Graduate School
nommé coordinateur du projet, ainsi que cinq associés de recherches Norman
E. Levine ( Ph.D., Engineering ), Ronald I. Presnell ( M.S., Engineering ), Gerald
M. Rothberg ( Ph.D., Physics ), Herbert J. Strentz ( M.A., Journalism ), et James
E. Wadworth ( B.A., Behavioral Sciences ).
Le choix de Condon sembla plaire à la fois aux croyants et aux incroyants, car
tous étaient convaincus de son impartialité et son désir de ne pas être
influencé par l'opinion populaire. Pendant l'ère de Mc Carthy, il fut traité de
communiste et plutôt que de subir passivement, il demanda une audition et tint
tête à la presse. Il fut alors lavé de tous soupçons (75).
Cependant, peu après que le projet commença à travailler en octobre 1966,
des doutes commencèrent à se faire jour quant à son impartialité,
particulièrement quant à l'impartialité de Condon. En janvier 1967, Condon
déclara dans un discours que le gouvernement devrait se débarrasser de
cette affaire d'OVNI et que le phénomène lui-même n'était strictement rien.
Des discours ultérieurs et des interviews firent encore plus état de cette
attitude négative (76).
La situation s'aggrava encore en juillet 1966 quand
deux membres du projet, Saunders et Levine, découvrirent un mémorandum
écrit par le coordinateur du projet,Low, le 9 août 1966, peu avant que le projet
ne démarre. Dans ce mémorandum, Low donne quelques informations sur la
manière dont devrait être conduit le projet et écrit :
Notre étude devrait être conduite presque exclusivement par des
non-croyants, qui, quoique ils n'arriveraient pas à prouver un résultat négatif,
pourraient ajouter et le feraient probablement un volume impressionnant
d'évidence qu'il n'y a aucune réalité dans les observations. Je pense que le
"truc" serait de décrire au public le projet de cette manière, de telle sorte qu'il
apparaîtrait comme une étude totalement objective, mais pour la communauté
scientifique, présenterait l'image d'un groupe de non-croyants essayant de
faire de leur mieux pour être objectifs, mais n'ayant pratiquement aucune
chance de trouver une soucoupe volante (77).
Saunders et Levine furent extrêmement blessés par la suggestion du "truc" et
envoyèrent une copie de la lettre au Président du NICAP, Donald Keyhoe.
Keyhoe retransmit une copie au docteur James Mc Donald, un ufologue de
l'Université d'Arizona, qui en fit état à Low dans sa lettre de juin 1969. Low
reçut la lettre de Mc Donald le 6 février et on raconte qu'il fut furieux. Il
rapporta l'affaire à Condon qui accusa Saunders et Levine d'avoir volé la lettre
et qu'ils n'avaient pas à l'envoyer à l'extérieur du projet. Saunders et Levine
furent immédiatement licenciés pour insubordination. Deux semaines après,
l'assistante administrative de Low, Mary Louise Armstrong, démissionna
déclarant que la morale était très basse à l'intérieur du projet et que les
participants n'avaient pas confiance dans la direction de Low.
L'histoire complète de cet incident a été écrite par John Fuller pour un
magazine (78) et créa un véritable tumulte à l'intérieur de la communauté
académique et dans le Congrès, quoique les réactions du public furent
atténuées. NICAP et APRO, qui avaient fourni à l'équipe Condon des rapports
et des investigations préliminaires effectués par leurs membres, de même
qu'ils avaient rendu d'autres services éminents, supprimèrent leurs aides au
comité. Au congrès, le représentant J. Edward Roush de l'Indiana organisa
des auditions devant le House Science and Astronautics Committee sur les
OVNI, bien que le comité Condon lui-même ne fut pas consulté, car il ne
tombait pas sous la juridiction de ce comité ( voir section suivante ).
Condon déclara qu'il n'était pas au courant de l'existence du mémorandum
jusqu'à la lettre de Mc Donald en février 1968, bien après que le projet eut
démarré et par conséquent, il n'eut aucun effet sur sa mise en oeuvre (79).
Saunders lui-même, émit une deuxième idée quant à la part de Condon dans
cette lettre. Il supposa, comme Condon était mentionné, que celui-ci était au
courant, mais admit que Condon avait pu ne pas l'être et que, s'il l'avait été, il
aurait contrôlé différemment la situation (80). Certains critiquèrent Saunders et
Levine pour avoir envoyé la lettre au NICAP plutôt qu'au responsable Air
Force du contrat.
Au moment où ils publièrent leur étude, le 1er juin 1968, le résultat des
dissensions continuelles à l'intérieur du groupe fit qu'une ombre de suspicion
avait déjà recouvert leurs recommandations finales.
Ceci peut avoir incité Condon à envoyer le rapport à l'Académie Nationale
des Sciences pour examen avant publication, et celle-ci donna officiellement
son approbation à ce rapport.
La Commission de l'Académie Nationale des Sciences comprenait 11
scientifiques sans expérience précédente dans le domaine OVNI et leurs
examens provoqua bientôt plus de controverses que le rapport lui-même. Ils
trouvèrent que l'approche, la méthodologie et les conclusions de ce travail,
étaient très satisfaisantes :
Notre opinion est, que le champ de l'étude était bien adapté à son propos :
une étude scientifique du phénomène OVNI.
Nous pensons que la méthodologie et l'approche ont été bien choisis, en
accord avec les standards reconnus d'investigation scientifique.
Nous sommes d'accord avec les évaluations et les recommandations.
Nous sommes unanimes à penser que ceci fut un effort crédible pour
appliquer objectivement les techniques scientifiques à la solution du problème
OVNI ... Bien que des études ultérieures d'aspects particuliers du sujet ( par
exemple le phénomène atmosphérique ) puissent être utiles, une étude des
OVNI, en général, n'est pas une voie très prometteuse pour augmenter la
compréhension scientifique de phénomènes. Basée sur la connaissance
actuelle, l'explication la plus improbable des OVNIS est l'hypothèse de visites
par des êtres extra-terrestres intelligents. (81)
La conclusion principale du rapport Condon, telle qu'elle est faite par Condon,
dans son résumé, est la suivante :
Notre conclusion générale est qu'il n'y a rien eu, dans l'étude des OVNI de ces
vingt-et-une dernières années, d'apporté à la connaissance scientifique. Un
examen attentif du dossier qui était à notre disposition nous conduit à conclure
qu'une étude extensive ultérieure des OVNI ne saurait être justifié par la
perspective de faire avancer la science (82).
Cependant, une seule page après, il ajoute :
Les scientifiques ne sont pas des gens qui respectent l'autorité. Notre
conclusion que l'étude des rapports sur les OVNI ne fera pas progresser la
science, ne sera pas acceptée sans critique par les scientifiques. Elle n'a pas
à l'être et nous ne souhaitons pas qu'elle le soit. Pour les scientifiques, nous
souhaitons que la présentation analytique détaillée de ce que nous étions à
même de faire et de ce que nous ne pouvions pas faire contribuera à leur
décision d'accepter ou non, nos conclusions. Nous souhaitons que les détails
de ces rapports aident d'autres scientifiques à identifier les problèmes et les
difficultés auxquels ils auront à faire face...
Nous pensons donc que toutes les agences du Gouvernement Fédéral ainsi
que les fondations privées, doivent être prêtes à considérer les propositions
de recherches sur les OVNI, au même titre que les autres propositions qui leur
sont soumises sans préjugé et sans parti pris. Bien que nous ne pensons pas,
à l'heure actuelle, que quelque chose de valable débouche de telles
recherches, chaque cas particulier doit être examiné attentivement selon ses
propres mérites (83).
Hynek qualifie cela de : "chef d'œuvre dans la manière de jeter un os politique
à ronger aux chiens critiques. Une déclaration aussi peu sincère peut être
difficilement imaginée, et sûrement que le Docteur Condon, qui est un maître
dans le domaine politico-scientifique, serait le premier à le reconnaître comme
tel." (84). Ou Condon était réellement tortueux, ou il voulu simplement attirer
l'attention sur le fait qu'il n'était qu'un comité et que tout le monde peut faire
des erreurs ; ce n'est en fait qu'une question d'opinion.
Outre le fait de trouver des fautes dans les cas qui ont été choisis pour être
étudiés ( certains se plaignent qu'aucune tendance n'ait pu être établie, bien
que la plupart des cas soient des cas récents ) et en plus de la méthodologie
scientifique utilisée, la critique semble portée sur la participation de Condon à
l'étude. Parmi les 23 chapitres, il en écrivit un seul, qui parlait des aspects
historiques de l'implication de l'Air Force. Il écrivit le résumé et les
conclusions, mais ceci ne semble pas cadrer avec ce que les autres
participants ont écrit dans le reste du livre.
Pour comprendre le rapport Condon, qui est difficile à lire, en partie à cause
de son organisation on doit d'abord étudier le rapport en bloc. Il ne suffit pas
de lire les résumés, du genre de ceux écrits par Sullivan et par Condon, ou les
résumés des résumés sur lesquels semblent compter une grande majorité de
lecteurs et de médias de la presse. Il a des différences dans les opinions et
les conclusions tirées par les auteurs des différents chapitres et il y a des
différences entre celles-ci et le résumé de Condon. Toutes les conclusions
contenues dans le rapport lui-même, ne sont pas intégralement reflétées dans
le résumé de Condon.
Le chapitre de Condon, résumé de l'étude, contient plus que son titre ne
l'indique. Il reflète beaucoup de ses conclusions personnelles ; une des
raisons qui fit que Condon fut prié de diriger le projet, est sans aucun doute,
son habileté à faire des jugements de valeur. On est heureux d'obtenir le
jugement de quelqu'un de si expérimenté et de si respecté ; mais on a pas
besoin d'être d'accord avec. (85).
En fait, quoiqu'il y eut beaucoup de critiques du rapport Condon dans la
communauté scientifique, le public accepta généralement la conclusion de
Condon sur le fait qu'il n'y avait aucun intérêt à continuer l'étude de ce
problème. L'Air Force utilisa ce raisonnement pour supprimer le projet Blue
Book, en décembre 1969, et depuis lors, on ne porte aucun intérêt officiel au
sujet. Le rapport Condon est, pour le moins un travail extensif de références
sur les OVNI.
3. Intérêt porté par le Congrès
Par suite peut-être de la nature controversée du sujet, le Congrès a été
quelque peu réticent à entrer dans le processus des déclarations ou des
auditions relatives aux Objets Volants Non Identifiés.
Cependant, en 1960, l'intérêt national était si intense que deux comités
de la Chambre des Représentants tinrent des auditions pour en apprendre
plus sur le sujet et pour modérer les inquiétudes de leurs électeurs.
La première audition eut lieu en 1966 par le Armed Services Committee, la
seconde en 1968 par le Science and Astronautics Committee. Leurs buts
étaient de servir de forum, mais non de résoudre la question.
a) audition devant la Commission parlementaire des Armées (1966)
Ainsi que le laisse supposer son nom, l'intérêt principal de ces auditions, était
l'implication de l'Air Force dans les OVNI, du projet Sign jusqu'au projet Blue
Book. Les seuls témoins appelés, étaient de l'Air Force : Le secrétaire Harold
Brown, le Général Mc Connell, le Major Hector Quintanilla, Jr., et le Docteur J.
Allen Hyneck, consultant dans le Projet.
Dans son témoignage, le Secrétaire Brown expliqua les méthodes utilisées
par l'Air Force pour étudier les rapports sur les OVNI et annonça que parmi les
10 147 cas ayant fait l'objet de comptes-rendus de 1947 à 1965, 9 501 ont été
identifiés. Il _blank, que bien que l'Air Force n'ait identifié aucune menace pour
la sécurité nationale, ni trouvé aucune évidence de véhicule extra-terrestre, ils
continuaient leurs investigations sur les rapports sans parti pris.
Dans un rapport spécial du Comité Ad Hoc du Bureau de Conseil Scientifique
de l'U.S. Air Force, concernant le Review Project Blue Book ( parfois appelé le
rapport Brian O'Brien ) présenté avec le témoignage du Secrétaire, on déclare
que 646 observations non identifiées "sont simplement celles pour lesquelles
l'information disponible ne fournit pas une base adéquate pour une analyse"
(86).
Le rapport suggéra que l'Air Force augmente les ressources disponibles, de
telle sorte que des investigations scientifiques sur des observations choisies
puissent être traitées dans cette étude. Les rapports seraient disponibles sur
demande et feraient l'objet d'une large circulation parmi les membres du
Congrès et parmi les autres personnes publiques.
Lorsque le Président de la Commission Intérieure des Armées lui demanda si
quelqu'un pensait que les OVNI venaient de l'extérieur du système solaire, le
secrétaire Brown répondit :
Je ne connais personne dans notre organisation, soit du côté scientifique, soit
du côté direction, ou simplement parmi les gens ayant une connaissance
détaillée de ce problème qui croit que les OVNI viennent de source
extra-terrestre (87).
Le Docteur Hynek fut le suivant à témoigner, et en réponse à une accusation,
qu'il était un "pantin" de l'Air Force dans ce domaine, il lut une déclaration "qui
n'était certainement pas dictée par l'Air Force".
Admettant que durant ses 20 années d'association avec les OVNI, le sujet
semblait "complètement ridicule... comme quelque marotte ou quelque manie
qui durerait pendant des mois," Hynek annonça qu'il avait choisi 20 cas
encore non identifiés pour une étude ultérieure afin d'illustrer que personne
n'ignorait le fait qu'il y ait encore des cas non résolus. Il répéta également une
recommandation qu'il faisait depuis 13 ans, à savoir que le Projet Blue Book
ne pouvait pas étudier tous les rapports aussi étroitement qu'ils auraient dû
l'être et qu'un groupe de civils aurait dû être engagé.
A une question du Comité, venue du Député Nedzi ( Démocrate du Michigan )
concernant les observations dans les autres pays, on lui répondit que l'Air
Force ne s'occupait que des observations sur le territoire américain et que
personne dans les autres pays ne poursuivait des investigations sur les
rapports d'OVNI. Hynek suggéra qu'il y eut un échange d'idées entre les
scientifiques américains et ceux des autres pays.
Le Président répondit qu'un effort international n'agrandirait pas la banque
de données fondamentales et pourrait dégrader la qualité de ces données,
en prenant exemple de la difficulté qu'il y avait dans ce pays à obtenir des
détails.
En général, les membres du Comité exprimèrent leur incrédulité quant aux
véhicules extra-terrestres et leur confiance dans l'Air Force et envers le
Docteur Hynek. Le Député Hebert ( Démocrate de la Louisiane )
demanda si le Docteur Hynek s'était entretenu avec Ray Walston sur le sujet
( Monsieur Walston était à l'époque en train de faire le portrait d'un Martien à la
télévision ).
b) Audition devant la Commission parlementaire de la Science et de l'Astronautique (1968)
En dépit de l'assurance renouvelée par les Commissions Intérieures des
Armées, la controverse sur les OVNI continua, et en 1968, une nouvelle série
d'auditions fut entamée cette fois, par la Commission Intérieure des Sciences
et de l'Astronautique. Ces auditions furent menées d'une manière opposée à
celles de 1966, en ce sens qu'il n'y eut aucun représentant de l'Air Force
appelé, mais les autres témoins n'étaient pas autorisés à commenter le Projet
Blue Book, car la Commission n'estimait pas que les activités de l'Air Force
tombaient sous sa juridiction. (88)
Six personnes présentèrent des témoignages et six autres préparèrent des
déclarations pour les minutes. Pour des problèmes de place, on ne citera
ci-dessous que des témoignages oraux, quoiqu'il est recommandé de lire les
six déclarations, car c'est important pour la compréhension complète.
DR J. ALLEN HYNECK, DEPARTMENT OF ASTRONOMIE,
NORTHWESTERN UNIVERSITY
Il faut souligner qu'il apparût comme un "citoyen privé et comme un
scientifique et non pas comme un représentant de l'Air Force". Hynek expliqua
de nouveau que quoiqu'à l'origine il ne porta aucun intérêt au sujet, son
implication dans les OVNI le conduisit en fin de compte à porter un intérêt
certain à quelques-uns de ces rapports.
Quoique certains de ces rapports sont de toute évidence une mauvaise
interprétation de phénomènes naturels, certains contiennent des informations
difficilement explicables et d'un intérêt scientifique certain. Hynek posa la
question suivante : "De quel droit pouvons-nous sommairement ignorer le
témoignage des témoins et pouvons-nous en conclure qu'ils se sont trompés
ou que ce sont de simples menteurs ? Traiterions-nous de la même façon ces
gens s'ils étaient en train de témoigner devant un Tribunal sous la foi du
serment, sur des sujets plus terre-à-terre ?" (89).
Hynek souligna que le problème le plus crucial pour un scientifique qui
examine le sujet, est le manque de données solides. "Le matériau de base
publiquement disponible, dans presque tous les cas, se compose de récits
sensationnels et non documentés de ce qu'a pu être en réalité l'évènement."
(90)
Il signale également plusieurs erreurs de conception au sujet des OVNI : seuls
les fanatiques du sujet font des comptes-rendus d'observations ; personne de
scientifiquement entraîné n'a fait de tels comptes-rendus ; les OVNI ne sont
jamais vus de très près ; ils n'ont jamais été détectés par le radar ; ils n'ont
jamais été enregistrés par des caméras scientifiques (91). Toutes ces
déclarations sont fausses.
Déclarant : "Je ne pense pas que je puisse être baptisé de "croyant aux
soucoupes volantes" - ma participation à la mêlée OVNI du Michigan devrait
suffire à bannir une telle idée - mais je pourrais l'être ... Les signes continuent
de mettre en évidence un mystère qui a besoin d'être résolu ; il fit les
recommandations suivantes :
Que le Congrès mette en place un bureau d'enquêtes spécifiques sur les
OVNI pour étudier les cas qui tombent sous cette définition ( voir chapitre 1 de
ce rapport ).
-
Que les Etats-Unis élargissent la coopération à l'extérieur des Etats-Unis
pour se donner les moyens d'échange d'information internationaux sur ce
sujet.
PR JAMES E. MACDONALD, DEPARTMENT OF METEOROLOY,
UNIVERSITY OF ARIZONA
Le Professeur MacDonald expliqua que le grand intérêt pour les OVNI débuta
avec une visite au Projet Blue Book à la base aérienne de Wright-Patterson en
1966. Dans les deux ans consacrés à cette étude "j'ai interrogé plusieurs
centaines de témoins sur des cas choisis, et je suis abasourdi par ce que j'ai
trouvé" (92).
Il fut appelé par la Commission pour parler de témoins, car c'était
son domaine d'expertise, à la fois aux Etats-Unis et à l'étranger.
Il souligna que, contrairement à ce qu'on pense, ceux qui font des rapports sur
les OVNI, ne sont généralement pas intéressés par la publicité. Par exemple,
en Australie : "Les gens ne consentent absolument pas à vous raconter
quoique ce soit au sujet d'une observation d'OVNI, leurs relations seraient
effrayées et penseraient "que quelque chose ne tourne pas rond chez eux".
Vous rencontrez cela très souvent. Les gens sont très réticents à rapporter ce
qu'ils ont vu."(93)
Une autre caractéristique ... est la tendance ... à se tourner tout d'abord, non
pas vers l'hypothèse, que ce qu'il est en train de voir est un vaisseau spatial,
mais plutôt, qu'il est en train de voir une ambulance ... ou un hélicoptère ... On
examine d'abord l'interprétation conventionnelle, c'est alors que le témoin sort
... et réalise que la chose est arrêtée au milieu des airs et qu'elle fait marche
arrière. (94)
McDonald fait également référence à la nature fluctuante des observations ou
des vagues d'observations, mais suggère que c'est simplement parce que les
médias ne donnent que sporadiquement une large diffusion à l'information. Il
cite un cas récent où l'observation a été faite par plus de cent témoins et qui
n'a reçu qu'une courte colonne dans un journal local. "Le couvercle du ridicule
tient l'information hors de vue".
McDonald tourne ensuite son attention vers une théorie récemment épousée
par Philip Klass quiest que les OVNI sont en fait de la foudre en boule,
phénomène physique. McDonald souligne que, Pendant le Projet Grudge, l'Air
Force avait conclu que " de la foudre en boule ne peut pas expliquer ces
observations " et tombe d'accord avec cette déclaration :
Un des éléments les plus caractéristiques du plasma est sa très courte durée
de vie et son excessive instabilité ... Il est déraisonnable de suggérer que des
conditions de temps clair peuvent parfois créer et conserver des plasmas
persistants pendant plusieurs minutes, ainsi que tromper des pilotes ayant
18 000 heures de vol, de telle sorte qu'ils arrivent à penser qu'ils voient des
disques avec des dômes rouge et blanc... (95).
Il conclut ceci : "Les OVNI sont une réalité et nous ne savons pas ce que
c'est... La possibilité que ce soit des engins extra-terrestres que nous devons
surveiller de par leur technologie avancée, est une possibilité que je prends au
sérieux." Il tombe complètement d'accord avec Hynek pour recommander
qu'une large étude soit menée et qu'une coopération internationale soit
établie. Dans sa déclaration écrite, il développa son témoignage oral et cita de
nombreux cas où il y a eu des contacts radars, de multiples témoins, des
observations de jour, etc... Ceci pour contredire certaines théories tendant à
démontrer que ces faits ne se sont jamais produits.
DR CARL SAGAN, ASSOCIATE PROFESSOR OF ASTRONOMY, CENTER
FOR RADIOPHYSICS AND SPACE RESEARCH, CORNELL UNIVERSITY
On demanda au Dr. Sagan de témoigner sur la possibilité d'une vie
extra-terrestre ( voir chapitre 3 ). Il est un des principaux partisans de
l'existence d'intelligence extra-terrestre, et également, un des principaux
sceptiques sur le fait que les OVNI puissent être des vaisseaux spatiaux
pilotés par d'autres êtres.
Il expliqua les difficultés qu'il y avait à détecter la vie sur la terre et à
communiquer avec d'autres civilisations de l'univers si, en fait, elles existent.
( Pour informations complémentaires sur le sujet, voir possibilité de vie
intelligente quelque part dans l'Univers, House Committee on Science and
Technology, November 1975 ).
Sagan déclara que rien dans la physique n'interdisait des voyages
interstellaires, bien que nous ne pouvons probablement pas connaître tous les
problèmes qui s'y rattachent. Il demande cependant : "d'avoir des preuves
extrêmement convaincantes d'une technologie avancée dans les OVNI avant
de les accepter". Il déclara qu'il avait toujours été sans parti pris, mais qu'il
existe de nombreux facteurs émotionnels qui font que les gens sont croyants
ou non-croyants.
Il y a des individus qui souhaitent fortement croire que les OVNI sont d'origine
intelligente extra-terrestre ... Les choses sont tellement mauvaises ici-bas, que
peut-être, quelqu'un là haut souhaiterait venir et nous sauver de
nous-mêmes... Il y a également des facteurs émotionnels prédisposant dans
d'autres directions : des gens qui souhaitent ardemment ne pas croire que les
OVNI sont d'origine extra-terrestre, car ce serait aller à l'encontre de notre
conception qui veut que nous soyons le sommet de la création. (96)
Sagan pense que pour justifier une investigation du genre de celle proposée
par Hynek, il est nécessaire d'avoir des preuves solides même si ce genre
d'étude contribuerait probablement à l'étude de la physique atmosphérique et
de la psychologie. Il recommande que si le Congrès est sérieusement
intéressé par l'étude de vie extra-terrestre, il devrait soutenir les programmes
Mariner et Voyager de la NASA et les programmes de radio-astronomie du
National Science Foundation, plutôt que les OVNI.
DR ROBERT L. HALL, DEPARTMENT OF SOCIOLOGY, UNIVERSITY OF ILLINOIS
S'intéressant aux OVNI pour la partie purement psychologique Hall
commença par examiner l'hystérie de masse. Il est intimement convaincu que
certains cas proviennent de "l'hystérie collective".
Une fois que les gens sont sensibilisés à l'existence de certaines sortes de
phénomènes ... quand il y a une situation ambiguë réclamant une explication,
qu'il y avait de l'émotion et de l'anxiété associées à cette situation résultant de
son incertitude, se trouvent réunies les conditions que nous avons observées
répétitivement comme conduisant à ce que j'appellerai "nouvelles
improvisées" (97).
Il cite différents facteurs qui permettent de déterminer si la contagion
hystérique est à l'origine : réputation du témoin, qualité et détail du rapport,
correction ; s'il existe des motivations de distorsion ou de prévarication ; s'il y a
connaissance au préalable des faits rapportés ; s'il y a plusieurs témoins, si
l'observation a été faite à travers différents moyens ( visuels en même temps
que radar, par exemple ) et ainsi de suite. Il en conclut que l'on peut
parfaitement appliquer les critères ci-dessus à un certain nombre de cas, et
que par conséquent, toutes les observations d'OVNI ne peuvent être
attribuées à l'hystérie collective. Il note également que le phénomène
d'assimilation ( essayant d'expliquer l'évènement en termes conventionnels
avant d'en tirer la conclusion que c'est un OVNI ) est contraire à l'hystérie
collective dans laquelle les gens veulent voir des objets étranges.
Hall conclut que pour les cas ayant une base solide "l'hystérie collective est
hautement improbable".
DR JAMES A. HARDER, ASSOCIATE PROFESSOR OF CIVIL ENGINEERING,
UNIVERSITY OF CALIFORNIA AT BERKELEY
Le Docteur Harder fut appelé à témoigner sur les systèmes de propulsion
nécessaires pour les voyages interstellaires et sur le type de manœuvre que
les témoins étaient supposés avoir vu. Dans l'opinion d'Harder : "Sur la base
des données et sur les règles ordinaires d'évidence, telles qu'elles seraient
appliquées dans les Tribunaux Civils et Criminels, la réalité physique des
OVNI a été prouvée au-delà d'un doute raisonnable." (98)
En partant de cette base, Harder parla des systèmes possibles de propulsion
qui pourrait accomplir ces incroyables manœuvres à ces grandes vitesses et
sans bruit, car de nombreux rapports ne font pas mention de bruit. Un cas qui
se produisit en 1960 en Californie fut utilisé comme exemple. L'OVNI fut
observé par deux officiers de police et un chimiste de l'Université de
Californie. Lorsqu'il aperçut l'objet à travers ses lunettes polarisées, le
chimiste _blank qu'une série d'anneaux apparurent autour de l'objet. Harder
conclut que c'était dû à des perturbations atmosphériques d'un champ
magnétique du type de celui d'un système de propulsion.
Il fit remarquer qu'à l'heure actuelle, l'utilisation de champs magnétiques pour
la propulsion était impossible, car chaque fois que l'on crée un pôle Nord, on
crée également un pôle Sud, ce qui a pour, effet de supprimer tout avantage.
Il suggéra cependant que les OVNI pourraient utiliser les champs de
gravitation d'une manière qui nous était inconnue.
Sa conclusion est que l'étude des OVNI peut apporter quelque chose de
valable pour notre civilisation. "Dans les phénomènes OVNI, nous avons
la démonstration de secrets scientifiques que nous ne connaissons pas
nous-mêmes. Il me semble que ce serait une erreur d'ignorer leur existence."
La discussion s'orienta alors sur ce que pouvait être un morceau d'OVNI,
découvert au Brésil. Après de nombreux tests dans ce pays et aux Etats-Unis,
le matériau qui la constituait, s'avéra être du magnésium pur peu ordinaire.
Harder pense que si l'on cherchait d'autres pièces de vaisseaux spatiaux, on
en trouverait facilement. Cependant, aucun effort concerté n'est entrepris, ce
qui limite singulièrement les possibilités de succès. Il suggéra un programme
en trois points pour obtenir plus de données scientifiques dans le problème
des OVNI :
- Constituer un réseau d'avertissement rapide ;
- Rassembler tous les instruments qui pourraient être envoyés sur les lieux
d'une observation d'OVNI avec un préavis très court ;
- Coopérer avec l'Air Force pour la logistique et le transport rapide de ces
instruments.
DR ROBERT M. L. BAKER, JR., SENIOR SCIENTIST, COMPUTER
SCIENCE CORPORATION AND DEPARTMENT OF ENGINEERING,
UNIVERSITY OF CALIFORNIA AT LOS ANGELES
En commençant son témoignage sur un problème de sémantique, le Dr Baker
cita sa préférence pour le terme de : "Observation d'un phénomène
anomalistique " ( OPA ; en anglais AOP anomalistic observational phenomena )
plutôt que l'appellation : objet volant non identifié, et ce pour un besoin de
clarté. Certains "OVNI" n'ont pas été vus du tout en train de voler, et on peut
même se poser la question si ce sont ou non des "objets".
Il raconta alors que le début de son intérêt pour les OPA, débuta en 1954
alors qu'il était à Douglas Aircraft Company. Il avait vu plusieurs films envoyés
chez Douglas à fin d'analyse par l'Air Technical Intelligence Center, et fut
convaincu que les objets photographiés n'étaient pas des phénomènes
naturels.
Baker décrivit alors les problèmes rencontrés dans la collecte de données
pour pouvoir être analysées sur calculateur, signalant l'insuffisance du
matériel de détection. Il travailla uniquement sur des données concrètes, telles
que des photographies permanentes plutôt que sur des données moins
solides du type observations visuelles. Ainsi, le radar sensible capable de
détecter un OPA est fondamental. Dans la liste des moyens de poursuites
fournie, Baker n'en considère qu'un seul comme adéquat, mais ne peut en
discuter, par suite de sa nature confidentielle.
Bien qu'il pense que le phénomène ne soit pas naturel, il n'est pas enclin à
dire que ce sont des extra-terrestres et réclame un programme de recherches.
Personnellement, je pense que pour mon compte, il est prématuré de convenir
que ces données pus ou moins consistantes obligeraient la communauté
scientifique à accorder une plus-value à l'hypothèse suivant laquelle les
observations anomalistiques proviennent de manifestations d'êtres
extra-terrestres ... Le bénéfice potentiel pour la science d'un tel projet de
recherches ne devrait pas s'appliquer seulement à la détection d'une vie
extra-terrestre intelligente, mais devrait se justifier également par la possibilité
d'obtenir de nouvelles informations sur des phénomènes mal compris, tels que
la foudre en boule... (99).
Il recommanda la mise en place d'un groupe de travail pluridisciplinaire spécial
pour obtenir des données concrètes et des données plus flous à partir d'un
système de senseurs conçu spécialement pour ce propos, qui pourrait être un
radar.
De plus, on devrait mettre en place un système de senseurs de surveillance
infra-rouge dans l'espace et utilisant de grandes longueurs d'ondes. Il suggère
également que des études "technologiques et de prévision de modèles de
comportement" soient entreprises pour évaluer quel genre de vie
extra-terrestre pourrait y ressembler, et qu'une étude soit faite sur les
problèmes médicaux et psychiatriques afin de déterminer la crédibilité du
témoin.
Déclarations écrites
Comme nous l'avons mentionné précédemment, des déclarations écrites ont
été fournies par six autres personnes. Ces déclarations ont été faites par les
auteurs dont les noms suivent :
Dr. Donald Menzel, Harvard College Observatory
Dr. R. Leo Sprinkle, Division of Counseling and Testing, University of Wyoming
Dr. Garry C. Henderson, Senior Research Scientist, Space Sciences, General Dynamics
Mr. Stanton T. Friedman, Westinghouse Astronuclear Laboratory
Dr. Roger N. Shepard, Department of Psychology, Stanford University
Dr. Frank R. Salisbury, Head, Plant Science Department, Utah State University
4. Organisations privées
Bien que la responsabilité officielle des investigations sur les OVNI fut confiée
à l'U.S. Air Force, beaucoup pensèrent que le problème ne recevrait pas toute
l'attention sérieuse nécessaire et ils formèrent donc leurs propres organismes.
Ils jouèrent un rôle important dans l'étude des OVNI depuis 1952 quand le
premier organisme fut créé dans ce pays, et leur importance n'a fait que
croître depuis la dissolution du Projet Blue Book en 1969. Il y a maintenant
des endroits particuliers où l'on peut faire le compte-rendu d'une observation
avec l'espoir de la voir sérieusement étudiée.
Durant des années, un grand nombre de ces groupes se sont constitués et ont
été dissous, à la fois aux États-Unis et à l'étranger, mais nous n'en étudierons
ici que cinq : les deux groupes principaux américains existent depuis 1950,
APRO ( Aerial Phenomena Research Organization ) et NICAP ( National
Investigations Committee on Aerial Phenomena ) le groupe récemment
constitué CUFOS ( Center for UFO Studies ) ; le MUFON ( Mutual UFO
Network ) ; et l'American Institute of Aeronautics and Astronautics, une
association professionnelle d'engineering qui a créé des groupes pour étudier
le sujet.
a) APRO
L'Aerial Phenomena Research Organization fut le premier groupe OVNI créé
aux Etats-Unis. Fondé en 1952 par un couple du Winsconsin, Coral et Jim
Lorenzen, l'APRO se trouve maintenant en Arizona et réunit environ 3 000
membres. Il y eut une évolution certaine dans les orientations de ce groupe
pendant ces 23 années d'opération, avec un creux qui se produisit juste après
la sortie du Rapport Condon. Comme le nombre de ses membres diminuait,
l'APRO changea d'orientation passant de la collecte de rapports au traitement
des rapports eux-mêmes : mise sur ordinateur, synthèse, et analyse. Pour
faciliter cette tâche, ils se dotèrent de consultants scientifiques dans des
domaines tels que la métallurgie, la pathologie des plantes et la psychiatrie.
Leurs 45 consultants sont catalogués en 4 catégories : science biologique,
science médicale, science physique et science sociale.
L'APRO publie un article bi-mensuel, l'APRO Bulletin, et patronne
occasionnellement des symposiums et publie leurs délibérations. Les deux
plus récents furent le Symposium APRO UFO du 15 juin 1974 à Pottstown, en
Pensylvanie et l'Eastern UFO Symposium à Baltimore, le 23 janvier 1971. Les
Lorenzens, ont écrit plusieurs livres séparément ou conjointement, et sont en
train actuellement d'en corriger un. On peut contacter l'APRO à l'adresse
suivante : 3910 R. Kleindale Road, Tuscon, Arizona 85712 ; Tél (602)
793-1825.
b) NICAP
Le National Investigations Committee on Aerial Phenomena fut formé en 1956
par le Major Donald Keyhoe, depuis longtemps un croyant dans l'hypothèse
extra-terrestre, et dans une conspiration montée par Air Force : ( conspiration
qui, selon les dires, peut être établie dans une certaine mesure ). Installée à
l'origine à Washington, D.C., l'organisation s'est depuis déplacée dans la
banlieue, dans le Maryland, et en 1973, Keyhoe céda sa place à John Acuff
qui dirige actuellement le NICAP.
Comme l'APRO, leur principal but fut de collecter les rapports sur les OVNI et
de mener des investigations sur un petit nombre d'entre elles, quoique eux-
mêmes n'en tirent pas des conclusions définitives. Leurs buts officiels sont
"l'investigation scientifique et la recherche de comptes-rendus sur les objets
volants non identifiés et encourager les autorités responsables à rendre
compte au public de toutes les informations que le gouvernement a
accumulé." Le nombre de ses membres est actuellement de 4 000.
En plus de sa publication mensuelle, l'UFO Investigator, le NICAP a publié
différents documents dont The UFO Evidence ( 1964 ) et UFOS's : A New Look
( 1969 ) dans lesquels, il résume et commente les auditions tenues par le
House Committee on Science and Astronautics. Parmi leurs dirigeants, on
trouve le parlementaire J. Edward Roush, qui organisa ses auditions de la
Chambre et, le sénateur Barry Goldwater.
Des informations complémentaires sur le NICAP, peuvent être obtenues à
l'adresse suivante : NICAP, Suite 23, 3535 University Blvd, West, Kensington,
Maryland 20785. Tel (301) 949-1267. *
c) CUFOS
Organisé à la fin de 1973, le Center for UFO Studies ( CUFOS ) est très
différent des autres organisations ci-dessus. Plutôt qu'un groupe de membres,
le CUFOS est un noyau de 26 scientifiques s'intéressant aux OVNI et prêts à
dépenser un peu de leur temps pour mener des investigations et discuter de
ce sujet. Il fut fondé par J. Allen Hynek, astronome de l'Université du
Nord-Ouest, qui figure abondamment dans ce rapport comme quelqu'un qui
s'est penché sur le problème OVNI depuis 1948. Il mit en place le CUFOS
avec les objectifs suivants : ( 1 ) être un endroit où les gens pourraient venir
raconter leurs expériences sur les OVNI, sans crainte du ridicule et en sachant
que l'on donnerait à leurs rapports toute l'attention scientifique nécessaire ; ( 2 )
continuer une étude approfondie de ces rapports ; ( 3 ) être une source
d'informations digne de confiance pour les écoles, les universités, les
organisations scientifiques et pour le public général ( 4 ) participer à et orienter
l'étude internationale du phénomène ; et ( 5 ) aider à coordonner les efforts des
chercheurs.
Ce bureau est assisté sur le terrain par les enquêteurs du Mutual UFO
Network ( voir ci-dessous ). Le CUFOS garde sur calculateur la liste de tous les
cas OVNI qui lui ont été soumis, ainsi que les autres cas ayant eu lieu dans le
passé, actuellement ce fichier comporte plus de 50 000 cas. Ils ont un libre
appel téléphonique avec tous les services de police du pays, de telle sorte
qu'une observation d'OVNI puisse être relayée de l'observateur au CUFOS, à
travers la police locale pour une investigation éventuelle. Environ 80 % des
cas, peuvent être expliqués par un phénomène naturel, mais ceux qui restent
non identifiés, font l'objet d'une investigation ultérieure.
CUFOS est une organisation sans but lucratif et exempté de taxes qui travaille
à partir de donations individuelles de gens qui sont intéressés par les
investigations sur les cas d'OVNI. Les participants reçoivent des copies des
publications du Centre, ainsi que des informations sur les livres traitant de ce
sujet, qui peuvent être achetés par l'intermédiaire de CUFOS. On peut obtenir
des informations complémentaires à l'adresse suivante : Center for UFO
Studies, 924 Chicago Avenue, Illinois 60202 ; Tel (312) 491-1870.
d) MUFON
Le Mutual UFO Network fut fondé le 31 mai 1969 pour répondre à quatre
questions sur les OVNI : est-ce que ce sont des vaisseaux extraterrestres, et
si oui, quelle est leur méthode de propulsion, d'où viennent-t-ils, et que
peut-on apprendre des êtres qui les pilotent ?
L'organisation est divisée en trois niveaux de directeurs le coordinateur
général, le Directeur Walter Andrus ; des directeurs d'états ; et des directeurs
de section par état. Le recrutement est fait uniquement sur invitation de l'un de
ces directeurs, si bien que "seuls des gens qualifiés, compétents et sincères
peuvent être admis." Actuellement, il y a 1 000 de ces membres.
Quand J. Allen Hynek créa le CUFOS ( voir ci-dessus ), le MUFON prêta
volontairement le service de 800 investigateurs-terrains, pour soutenir les
efforts de CUFOS. Il continue actuellement de réaliser cette fonction. Il publie
un magazine, Skylook, ainsi que les délibérations du Symposium annuel
MUFON. Ils publièrent en 1971, le Manuel de l'Investigateur Terrain pour
l'étude des OVNI, qui fut mis à jour en 1975, par Raymond Fowler.
On peut contacter MUFON, à l'adresse suivante : 103 Oldtowne Road,
Seguin, Texas 78115 ; Tel (512) 379-9216. Pour les souscriptions à Skylook,
écrire à l'adresse suivante : Skylook Magazine, 26 Edgewood Drive, Quincy,
Illinois 62301.
e) A.I.A.A.
L'American Institute of Aeronautics and Astronautics est une organisation
professionnelle d'environ 25 000 membres composés de scientifiques de
l'aérospatiale et d'ingénieurs. Parmi leurs nombreuses commissions et
sous-commissions techniques, ils ont constitué un groupe s'occupant des
OVNI. En 1967, ils créèrent une sous-commission sous la responsabilité du
Space and Atmospheric Sciences Committee, pour prospecter ce domaine.
Jusqu'à sa dissolution en 1974, la sous-commission continua d'attirer
l'attention de ses membres nationaux sur ce problème à travers des articles
dans le magazine : Institute's magazine Astronautics and Aeronautics, mais à
aucun instant ils ne tirèrent des conclusions sur la nature réelle des OVNI. En
1970, dans une déclaration des membres de la sous-commission (100), ils
constatèrent que le problème le plus insurmontable dans les OVNI est le
manque des données tangibles ainsi que le manque d'analyse de ce qui est
disponible. Ils considèrent que le Rapport Condon était assez raisonnable
dans sa tentative d'appréhender le problème et ils notent que le résumé de
Condon reflète plus son impression personnelle de la situation qu'un résumé
du Rapport.
Six mois plus tard, la sous-commission publia un autre article
(101) présentant
l'exemple d'un cas choisi pour lequel les membres pourraient tirer leurs
propres conclusions, suivi deux mois plus tard par un deuxième cas.
(102). Il
n'y eut plus grand chose de publié par la sous-commission après cela, jusqu'à
sa dissolution en 1974.
Début 1975, décision fut prise de réorganiser un groupe qui s'occuperait des
OVNI, bien qu'il n'eut pas le statut de sous-commission.
C'est ainsi que fut créé le AIAA Study Group on Anomalous Phenomena sous
la direction de Peter Sturrock de Standford. A la date de ce rapport, le
groupe est toujours en place, mais son chef, le Docteur Sturrock, est
très étroitement impliqué dans le problème OVNI. En 1974, il consulta
les membres de l'AIAA de la région de SAN FRANCISCO pour déterminer
combien d'entre eux avaient vu quelque chose que l'on pourrait appeler
OVNI et s'ils considéraient les OVNI comme un évènement scientifiquement
significatif. 36 % des questionnaires furent retournés ( 423 sur 1 175 )
mais "les réponses ne montrent aucun consensus concernant la nature
d'une importance scientifique du phénomène OVNI" (103).
En août 1974, Sturrock organisa une session sur les civilisations
extra-terrestres à Stanford, pour parler non seulement des OVNI, mais encore
plus généralement de l'éventualité d'une autre forme de vie quelque part dans
l'univers. Il y eut deux camps dans la conférence, le groupe A qui discuta de la
possibilité théorique d'intelligence extraterrestre en termes de physique,
astronomie et de biologie, et le groupe B qui s'intéressait plus spécifiquement
aux OVNI. Les délibérations de cette conférence furent publiées vers 1975
(104) et fit apparaître qu'aucun consensus réel ne fut atteint par les deux
groupes ; le groupe A considère traditionnellement les OVNI comme n'étant
pas un phénomène.
Sturrock réalisa une évaluation du Rapport Condon en 1974 (105) et en 1975,
il organisa un symposium sur les OVNI, à la 13ème Conférence annuelle des
Sciences Aérospatiales de l'AIAA à Pasadena, Californie. Les documents
présentés à la réunion, furent les suivants : The Emerging Picture of the UFO
Phenomenon ( J.A. Hynek ) ; Toward the Identification of UFO Patterns ( C.
Poher and J. Vallee ) ; Statistical Analysis of UFO Data ( R.D. Saunders ) ; UFO
Photographic Evidence ( F.A. Beckman ) ; UFO Group Trace Analyses ( Ted
Phillips ), and UFO and Science--Response and Responsibility ( P.P. Kuettner,
qui était le précédent président du Sous Comité OVNI de l'AIAA ).
En plus des activités du groupe Sturrock, une réunion n'ayant pas de rapport
avec ce groupe fut tenue par la section AIAA de Los Angeles en Septembre
1975. Comme toutes les réunions tenues par les sections de l'AIAA sur
différents sujets et durant toute l'année, une réunion sur les OVNI eut lieu
durant une journée provoquant l'intérêt de nombreux membres. Selon les
dires, la participation fut bonne avec plus de deux cents participants. Les
documents présentés à cette conférence furent : On the Problem of UFO
Hypothesis ( J.A. Hynek ) Testing the Extraterrestrial Hypothesis ( Robert Wood,
AIAA member and organizer of this meeting ) ; The Psycho-Physical Nature of
UFO Reality - A Speculative Framework ( Jacques Vallée ) ; A Scientific
Approach to the Flying Saucer Behavior ( Stanton Friedman ) ; Horses Under
the Hood ( James McCampbell ) ; Astronomers on UFOs : Reason or
Rhetoric ? ( Alvin Lawson ) ; and New Technology Related to UFOs and Their
Origins ( Niels Sorenson ).
Le Docteur Sturrock rapporte que des efforts sont actuellement en cours pour
finaliser la participation à ce groupe d'étude et que quelques activités ont déjà
pris place. Il espère avoir un groupe en pleine opération à l'été 1976. Des
informations complémentaires peuvent être obtenues à l'adresse suivante :
Dr. Peter A. Sturrock, Institute for Plasma Research and Applied Physics,
Stanford University, Via Crespi, ERL 306, Stanford, California 94305; Tél
(415) 497-1438.
B. RAPPORTS NON AMERICAINS ET COOPÉRATION INTERNATIONALE
Ainsi qu'on l'a dit précédemment, la plupart des observations avant 1947, ont
été faites en Europe, à l'exception de la vague de dirigeables de 1896 ,qui
constitua un chapitre important dans l'histoire OVNI des États-Unis. La
première partie de ce chapitre fut consacrée aux observations américaines
seulement, mais l'Amérique ne fut certainement pas le seul pays à constater
le phénomène. Les OVNI ont été vus dans des pays aussi disséminés que la
France, l'Australie, la Scandinavie, l'Espagne la Nouvelle-Guinée. Une étude
d'ensemble des OVNI à travers le monde demanderait trop de place dans ce
rapport, si bien que nous n'étudierons ci-dessous que le cas de deux pays.
Les deux raisons géographiques choisies le furent pour des raisons
différentes. La première, le Brésil, est choisi parce que c'est le seul cas bien
documenté de "fragments d'OVNI", ce cas se produisit en 1957, et l'étude se
poursuit pour déterminer leur origine.
D'autres cas se sont également produits dans ce pays, et il y existe un
intérêt suffisant pour que l'APRO y ait des représentants, et récemment
le Docteur Hynek fit un discours devant leurs deux Chambres des
Représentant.
L'Union Soviétique est choisie du fait que sa superficie couvre une très
grande zone géographique et que, selon les dires, il y a eu beaucoup
d'observations. En fait, certains prétendent que le fameux météorite
Tunguska était en fait un OVNI.
1. Brésil
De nombreux sceptiques ont dit que la seule, façon de pouvoir accepter
l'hypothèse extra-terrestre, serait d'en voir un et de l'examiner morceau par
morceau afin de déterminer s'il avait pu être fabriqué sur la Terre. Il se
produisit donc une grande excitation en 1957, quand un OVNI supposé
explosa au-dessus de Ubatuba, Brésil. On ramassa quelques-uns des
fragments et on les donna au représentant de l'APRO, le Docteur Olava
Fontes. Il les apporta au Laboratoire de Production Minérale, dépendant du
Ministère de l'Agriculture du Brésil et certains morceaux furent ultérieurement
envoyés à l'U.S. Air Force pour analyse. Les résultats montrèrent une très
forte teneur en magnésium, et les déclarations originales faisaient état d'une
pureté telle qu'il n'avait pu être fabriqué sur la Terre et que, par conséquent, il
venait de l'espace lointain.
Mais les tests américains montrèrent que, bien que l'échantillon soit
véritablement très pur, il n'était pas plus pur que certains échantillons
fabriqués par Dow Chemical Company. Le fait le plus intéressant qu'ils
trouvèrent, était que les impuretés qui étaient présentes étaient différentes de
celles des échantillons de Dow. En particulier, le pourcentage de strontium
( Sr ) était très fort, et Dow déclara qu'il ne mettait jamais de strontium dans
leurs échantillons commerciaux. Des investigations ultérieures, réalisées par
la Commission Condon révélèrent que depuis 1940, on faisait des
expériences avec le magnésium et des échantillons contenant de 0,1 % à
40 % de strontium avaient été produits. Ils en conclurent donc que la
technologie de 1957 était capable de fabriquer ce type de magnésium, et qu'il
n'y avait aucune raison de croire que cela venait d'un autre monde
(106).
Depuis lors deux métallurgistes de l'APRO, les Docteurs Walter Walker et
Robert Johnson, trouvèrent que le métal avait été solidifié de telle manière
que les grains partaient dans une seule direction. Ils déclarèrent qu'aucune
étude dans la direction des grains n'avait eu lieu avant 1957, ce qui fait que
l'origine des fragments est toujours en question (107).
Un autre cas d'OVNI eut lieu au Brésil, cinq années plus tôt, près de Rio de
Janeiro et il est également rapporté par le Docteur Fontes. Selon le rapport
officiel, un photographe et un journaliste du magazine O Cruzerio, étaient de
service à 16h 30, le 7 mai 1952 et soudain, ils virent ce qui semblait être un
avion volant latéralement. Le photographe prit 5 photos en environ 60
secondes, l'Armée de l'Air analysa les photographies et conclut que, compte
tenu des distances et des altitudes, ce ne pouvait pas être une farce.
Lorsque l'équipe Condon se pencha sur le cas ( bien qu'ils dirent qu'ils ne
l'examinèrent pas complètement, car ce qu'ils avaient était un rapport de
troisième main ), ils trouvèrent une incompatibilité signalée par Donald Menzel
et L.G.Boyd. Dans l'une des photos ( pièce n° 20 du Rapport Condon ) le
disque est éclairé par la gauche, tandis que le côté de la montagne est éclairé
par la droite. Menzel et Boyd cataloguèrent ce cas comme une farce, tandis
que le Rapport Condon déclara simplement qu'il existait une incohérence
interne, ce qui laisse le cas ouvert.
2. Union Soviétique
Le Docteur Felix Zigel du Moscow Aviation Institute semble être le chef de file
des ufologues en URSS. En 1968, il publia un des premiers articles
soviétiques sur les OVNI qui parut à l'Ouest, dans Soviet Life, un magazine
russe publié à destination des Etats-Unis. Dans cet article il décrit plusieurs
observations soviétiques, dont voici un exemple :
Il y eut plus d'un rapport en provenance d'astronomes de la Station
d'Astrophysique de Montagne, dépendant de l'Académie des Sciences
d'URSS, située à environ 20 kilomètres de Kislovodsk, dans le Caucase.
En juillet 1967 la station reçut des lettres de journaux locaux faisant état du vol
d'un étrange croissant rougeâtre à travers le ciel à environ 21h 20 le 17 juillet.
Très tôt, le matin du 18 juillet 1967, l'astronome H. I. Potter ... _blank une
étrange formation sur le ciel clair et étoilé à 2h 50, heure de Moscou.. Un
nuage blanc apparut dans un site d'environ 20°, son diamètre était le double
de celui de la lune mais sa face était beaucoup moins brillante.
Le nuage lui-même était d'une couleur blanc laiteuse avec un noyau
rouge-rosé clairement discernable près de son extrémité nord. Le nuage
grossit et devint plus pâle. Quelques minutes plus tard, la partie blanche du
nuage disparut complètement, mais le noyau rougeâtre subsista ...
A 20h 40, le 8 août 1967, à la même station, l'astronome Anatoli Sazanov
observa un objet volant inhabituel. Sa forme était celle d'un croissant
assymétrique avec sa face convexe tournée dans la direction de son
mouvement. Il observa derrière les pointes du croissant, des rubans étroits
légèrement lumineux ressemblant aux traînées de condensation d'un avion à
réaction. Le diamètre de l'objet était les deux tiers de celui de la lune, et il était
moins brillant que celle-ci. Il était jaune avec une teinte rougeâtre.
(108).
Un des évènements les plus fascinants que l'on peut trouver dans l'histoire
écrite, est le météorite de Tunguska ( ou encore Tunguski ) qui atterrit en
Sibérie en 1908. Bien que beaucoup l'appellent météorite, personne n'est
certain de ce que cela était réellement.
En plein jour, le 30 juin 1908, des centaines de personnes virent un objet
s'écraser dans les bois de la Sibérie, près de la rivière Tunguska. Les arbres
furent rasés dans un rayon de 65 kms, à partir du centre de l'impact "leurs
sommets pointant radicalement par rapport à l'épicentre. Les témoins
ressentirent une très forte chaleur sur leur peau. Les objets de métal, près du
point d'impact, fondirent... Des ondes barométriques entourèrent le globe. Des
perturbations magnétiques se produisirent sur de nombreux continents.
L'énergie libérée ... est estimée entre 1016 et 1017 joules ( qui est la gamme
d'énergie libérée par une bombe à hydrogène )." (109)
On ne découvrit pas de cratère au point d'impact et certains pensent que
l'objet explosa à 10 kilomètres du sol bien que d'autres disent qu'un cratère se
forma, mais il fut immédiatement rempli avec de l'eau. (110)
Le Rapport Condon suggère cinq explications, deux, ayant trait à l'impact
d'une comète, deux ayant trait à l'impact d'un météore, et la cinquième
proposant un météorite d'antimatière. Ils en conclurent que c'était
probablement une comète bien qu'ils admirent que l'hypothèse de l'antimatière
était extrêmement attrayante. En 1968, Zigel suggéra encore une autre
hypothèse qui ne fut pas retenue par le groupe Condon : l'explosion d'un
engin extra-terrestre. Il déclara que, si c'était une comète, elle aurait dû être
remarquée par les astronomes bien longtemps avant son impact sur la Terre il
prétend également que l'objet changea de direction peu avant son impact ;
une comète ne ferait pas cela. Il en conclut donc que c'était un OVNI mais
comme nous l'avons mentionné plus tôt, le dossier n'a jamais été refermé.
Les UFOlogues d'Union Soviétique, eurent à faire face à beaucoup de
problèmes rencontrés par leurs homologues américains, mais peut-être
encore à un degré plus important. Il n'y a aucune organisation privée du type
APRO ou NICAP, et leur Armée de l'Air, pour autant qu'on en sache, n'a rien
de similaire à Blue Book, qui avait au moins le mérite de servir de point de
rassemblement pour les rapports.
Le fait qu'il n'y eut pas en Russie de réactions au sujet jusqu'en 1960 a ses
raisons. La première d'entre elles est que, les autorités russes juste après la
seconde guerre mondiale ( la période de guerre froide ) pensait que les
rapports sur les OVNI en provenance soit de l'étranger soit de chez eux
étaient liée à des tactiques de guerre psychologique puisque ces récits
mystérieux et sensationnels semblaient n'avoir d'autres buts que de créer de
l'inquiétude et de la peur parmi les gens. La seconde cause ... est que les
autorités russes, de même que leurs collègues de l'Ouest, ne savaient pas
quoi faire pour démystifier ces récits ou faire le silence dessus. Pour cette
raison le livre du Docteur Donald Menzel écrit aux Etats-Unis en 1953 fut
publié en grande série en version russe seulement en 1962… Le livre de
Menzel a été férocement attaqué, encore qu'en Russie il bénéficia de plus de
"respect" qu'il n'en inspira dans son propre pays. (111)
Le parallèle entre les réactions officielles soviétiques et américaines est assez
amusant. Juste comme cela se produisait pendant la seconde guerre
mondiale avec les "foo fighters", guerre pendant laquelle les trois pays
principaux firent tous des rapports, dans lesquels ils affirmèrent tous que
c'était des armes ennemies, la réaction russe sur les OVNI fut très similaire à
la nôtre.
En effet, on peut dire que la situation OVNI en Russie, semble être assez
identique à celle qui existe chez nous. La population et quelques scientifiques
sont intéressés, mais il n'y a aucun support officiel.
Dans ce domaine, les Etats-Unis sont dans une meilleure position, car la
liberté de la presse qui figure dans la Constitution autorise de nombreuses
publications sur le sujet. En Russie, sans le support du gouvernement, il y a
peu de choses écrites et les publications ne reçoivent pas de publicité.
Les deux parties ont néanmoins droit à la parole, et six mois après le travail de
Zigel, qui fut publié dans le Soviet Life, le point de vue opposé fut donné dans
Soviet Science in the News.
... trois éminents scientifiques Soviétiques, E. Mustel, D. Martynov et V.
Leshkovstev, déclarèrent qu'il n'y avait aucun fait nouveau permettant de
soutenir l'existence des OVNI. Les astronomes dirent-ils n'en virent pas, les
scientifiques qui étudient l'atmosphère terrestre n'en virent pas, et les forces
de défense anti-aérienne n'en virent pas. Tous les objets passant au-dessus
du territoire soviétique sont reconnus, soit par les scientifiques, soit par les
forces de défense. Ces trois scientifiques continuèrent en disant que, s'il y
avait réellement des OVNI, les scientifiques auraient la primeur des
informations sur ces objets. Le Bureau de la Division de Physique Générale et
Appliquée de l'Académie des Sciences écouta récemment un rapport ... Que
la vogue des OVNI avait tous les signes extérieurs de "sensation
anti-scientifique" et que ces conjectures n'avaient "aucune base scientifique"
et que les objets observés avaient une nature très bien connue.
(112)
De nouveau, les similarités sont étonnantes, Zigel cite des cas où les
astronomes ont vu des OVNI et la déclaration opposée est que les
astronomes n'en ont jamais vu.
3. Coopération internationale
Ainsi qu'on a pu le lire dans les sections précédentes de ce rapport, beaucoup
d'UFOlogues américains ont réclamé une coopération internationale et
particulièrement, durant les auditions du Congrès, pour fixer des tendances
mondiales du problème OVNI. En 1967, le Dr James McDonald porta l'affaire
devant le Groupe pour les Affaires sur l'Espace Lointain des Nation-Unies.
Bien que n'étant au courant d'aucune action entreprise Nations -Unies. cette
commission des Nations-Unies, Drew Pearson & Jack Anderson remarquèrent
l'intervention de McDonald, et particulièrement parce qu'elle se situa au milieu
de 1967, pendant la guerre du Moyen-Orient, et ils déclarèrent dans un article
intitulé "Les OVNI, un des grands soucis de U Thant" :
Il est intéressant de constater que U Thant a confié à des amis qu'il considère
les OVNI comme le problème le plus important auquel ont eu à faire face les
Nations-Unies depuis la guerre au Vietnam. U Thant fit cette déclaration avant
la guerre au Proche-Orient si bien que l'on ne sait pas comment il apprécia ce
dernier incident international vis-à-vis du problème OVNI
(113).
Dans son discours devant la Commission des Affaires pour l'Espace Lointain,
McDonald insista sur le fait que sa conviction que l'explication des OVNI en
termes de véhicules extraterrestres était la plus plausible, ce n'était qu'une
hypothèse, et qu'un effort international était nécessaire pour examiner le sujet.
Il cita la nécessité de "supprimer la crainte du ridicule qui, d'une manière
évidente, empêchait beaucoup de gens de témoigner de leurs observations."
En résumé, il dit ceci :
''J'exhorte l'organisation des Nations-Unies à engager immédiatement une
étude sur le problème OVNI, éventuellement par la Commission des Affaires
sur l'Espace Lointain. Je souhaite que tous les membres des Nations-Unies
soient encouragés à créer dans leurs propres pays des commissions
d'examen et d'études sur les observations OVNI ...
Je ne connais aucun problème scientifique actuel dont le caractère soit plus
intrinsèquement international que ce problème sur la nature et l'origine des
Objets Volants Non Identifiés. Il paraît donc indispensable de s'assurer de la
participation des Nation-Unies dans l'étude de ce problème, dont l'importance
globale peut être réellement énorme. (114)
SUITE...
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