CENTRE NATIONAL D'ETUDES SPATIALES

Groupe d'Etudes des Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés

Toulouse, le 2 avril 1981
N° 097 CT/GEPAN


 

NOTE D'INFORMATION N°2


 

Les études de Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés aux Etats-Unis

1ère Partie : "L'énigme des OVNI"

( M.S. Smith - 9.3.1976 )




TABLE DES MATIÈRES

Présentation

INTRODUCTION

1. QU'EST-CE QU'UN OVNI ?
     A. DÉFINITIONS
     B. DESSINS D'APRÈS LES TÉMOINS
     C. TYPES DE RENCONTRES

2. CRÉDIBILITÉ DES TÉMOINS
     A. FACTEURS SOCIOLOGIQUES ET PSYCHOLOGIQUES
     B. AUTRES FACTEURS LIMITATIFS DES TÉMOINS
     C. COURBE D'ÉTRANGETÉ-PROBABILITÉ

3. POINT - CONTREPOINT
     A. NON VALIDITÉ PROBABLE DE L'HYPOTHÈSE EXTRATERRESTRE
     B. LA SOIT-DISANT DISCRÉTION DE L'AIR FORCE ET LES DISSIMULATIONS
     C. FARCES ET CRÉDIBILITÉ DES TÉMOINS
     D. INTÉRÊTS POSSIBLES POUR LA SCIENCE DE L'ÉTUDE DES OVNI

4. RÉCITS PRÉCÉDANT 1947
     A. OBSERVATIONS BIBLIQUES
     B. AUTRES RAPPORTS ANCIENS
     C. LA VAGUE DE 1896
     D. LA VAGUE EUROPÉENNE D'APRÈS-GUERRE

5. RAPPORTS ET ACTIVITÉS DE 1947 A 1969
     A. Aux ETATS-UNIS
       A1. Kenneth ARNOLD et la vague de 1947
       A2. Implications de l'US AIR FORCE (1948-69)
         a) Projets SIGN et GRUDGE (1948-52)
         b) La commission ROBERTSON et le projet BLUE BOOK (1952-53)
         c) Le rapport spécial n°14 et le rapport O'Brian : projet BLUE BOOK (1953-66)
         d) Le rapport CONDON et la fin de l'intérêt porté par l'US AIR FORCE (1967- 69)
       A3. Intérêt porté par le Congrès
         a) Auditions de la Commission parlementaire des Armées (1966)
         b) Auditions de la Commission parlementaire de la Science et de l'Astronautique (1968)
       A4. Organismes privés
         a) AFRO
         b) NICAP
         c) CUFOS
         d) MUFON
         e) AIAA
     B. RAPPORTS NON AMÉRICAINS 'ET COOPÉRATION INTERNATIONALE
       A1. BRÉSIL
       A2. UNION SOVIÉTIQUE
       A3. Coopération internationale

6. OBSERVATIONS DE 1970 A 1975
     A. LA VAGUE DE 1973
     B. MUTILATIONS ANIMALES
     C. MÉTAMORPHOSES HUMAINES INDIVIDUELLES

7. RESUME

ANNEXES

A - RÉSUMÉS DE CAS CHOISIS
     1. 7 janvier 1948 (MANTELL - Type 1)
     2. 24 juillet 1948 (EASTERN AIRLINES - Type 1)
     3. 10 septembre 1951 (FORT MONMOUTH, New Jersey - Type 1)
     4. 2 juillet 1952 (TREMONTON, Utah - Type 1)
     5. 19-20 juillet et 26 juillet 1952 (WASHINGTON DC - Type 1)
     6. 17 juillet 1954 (RB 47 SOUTH CENTRAL US - Type 1)
     7. 19 septembre 1961 (Rencontre HILL, Zeta Retuculi - Type 3)
     8. 24 avril 1964 (SOCORRO, Nouveau Mexique - Type 2)
     9. 3 mars 1971 (Rentrée de ZOND IV - Type 1)
     10. 2 novembre 1971 (DELPHOS, Kansas - Type 2)

B - ASTRONAUTES DE L'ANTIQUITÉ ET LE TRIANGLE DES BERMUDES
     1. Astronautes de l'antiquité
     2. Le triangle de Bermudes

C - TEXTE DE LA LETTRE DE Robert LOW à E. James ARCHER ET Thurston E. MANNING CONCERNANT LE RAPPORT OVNI DU COLORADO




CHAPITRE V
- RAPPORTS ET ACTIVITÉS DE 1947 A 1969

A. Aux ETATS-UNIS

1. Kenneth Arnold et la vague de 1947.

En 1947 aux Etats-Unis se produisit une série d'observations d'OVNI qui sont considérées comme étant le début de l'ère moderne de l'OVNI dans ce pays. Dans ce domaine, l'observation la plus souvent citée est celle de Kenneth Arnold en juin, quoique ce ne fut pas le seul rapport.
Ted Bloecher écrivit une analyse étendue de "la vague de 1947", et cita 853 cas d'observations qui se produisirent cet été là, principalement dans le Nord-Ouest. Le volume a été discrètement publié en 1967 sous le titre Rapport sur la vague d'OVNI de 1947.

Le 24 juin 1947, Kenneth Arnold, un vendeur d'équipements contre le feu, de Boise, Idaho, se rendait à bord de son avion privé, de Chehalis à Yakima, ( état de Washington ), et sur le chemin, décida de rechercher sur les pentes du Mont Rainier un avion au sol qui avait été signalé manquant depuis plusieurs jours. Arnold était un pilote expérimenté qui avait plus de 4 000 heures de vol au-dessus des montagnes et était un pilote de secours aérien, en même temps que l'assistant du shérif du Comté d'Ada.

Vers 15 h environ, Arnold s'approchait du mont Rainier par l'Ouest, et un éclair de lumière attira son attention comme si quelque chose s'était reflété dans un miroir. Il regarda autour de lui et vit neuf objets s'approchant rapidement de la montagne suivante cap au Sud. Comme il s'approchait, il vit que ces objets étaient plats en forme de disque, et que leur formation s'étalait verticalement en diagonale couvrant environ huit kilomètres.
Utilisant les sommets du mont Rainier et du Mont Adams comme points de référence, il évalua leur vitesse à environ 2 800 km/heure. Tolérant un certain degré d'erreur, il retira environ 800 km/h, donnant aux objets une vitesse supérieure à 1 600 km/h. En 1947, le seul objet qui pouvait se déplacer aussi rapidement était une fusée et Arnold était certain que ce qu'il avait vu n'en était pas une. Les objets faisaient des embardées à l'approche des sommets de la montagne et Arnold décrit leurs mouvements comme "une soucoupe flottant au-dessus de l'eau", ce qui provoqua l'appellation "soucoupe volante" par les media, nom malheureusement mal approprié et qui est toujours en vigueur aujourd'hui.

A son arrivée à Yakima, Arnold raconta immédiatement son histoire au Directeur général du Central Aircraft Al Baxter, et celle-ci fit rapidement le tour de l'aéroport. De cette manière, quand Arnold atteignit l'étape suivante de sa route, Pendleton, Oregon, une presse sceptique l'attendait. Découvrant alors qu'il était bien considéré dans la communauté, et qu'il avait de l'expérience en tant que pilote, la presse changea rapidement d'attitude et raconta l'incident comme une histoire sérieuse. Bloecher raconte que parmi les 150 journaux sur l'affaire, pratiquement tous racontèrent l'histoire et la plupart en première page.

En dépit de la controverse évidente et des investigations menées sur cette observation, celle-ci n'a pas été encore résolue à l'heure actuelle. L'explication officielle de l'Air Force est que cela a été un mirage dans lequel le sommet des montagnes semblait être suspendu au-dessus de la montagne, mirage provoqué par une nappe d'air chaud. Cependant, J. Allen Hynek, dans son enquête pour l'Air Force conclut que c'était probablement une escadrille d'avions. Il trouva qu'il y avait des incohérences dans les données fournies par Arnold, ce qui contribuait à mettre en doute ses calculs. Arnold disait que les objets étaient à une distance de 33 à 41 kilomètres de là et que leur taille était d'environ de 14 à 16 mètres. Hynek note qu'un objet de cette taille ne peut pas être résolu par l'œil humain à cette distance ce qui tendrait à conclure que l'estimation de distance faite par Arnold était fausse. Cela signifierait que les objets étaient plus près du pilote et qu'ils se déplaçaient à une vitesse subsonique, parfaitement compatible avec la vitesse des avions de 1947.

Bloecher conteste les arguments de Hynek en faisant ressortir que Arnold a utilisé des points de références fixes pour déterminer la distance, ce qui impliquerait que seule l'estimation de la taille était incorrecte. On devra noter cependant que Bloecher, dans un rapport précédent, établit que Arnold avait certainement mal identifié les sommets des montagnes.

Il commença à les chronométrer lorsque le premier objet réapparut de derrière le pic le plus éloigné du flanc Sud-Ouest du Mont Rainier. ( Il identifia plus tard ce sommet comme étant Goat Rocks mais c'était probablement une erreur car Goat Rocks est à peu près à mi-chemin entre le Mont Rainier et le Mont Adams ).(59)

On peut en conclure que l'estimation de la distance peut être également mise en question, ce qui laisse toujours ce cas non résolu. Comme on a dit précédemment, l'Air Force n'accepta pas non plus l'explication de Hynek, ou alors ils auraient dû classer l'affaire "avion possible".

2. Implications de l'US AIR FORCE (1948-1969)

Dans la fin des années 40, une grande crainte provoquée ( ou entretenue ) par les observations d'OVNI, était que ceux ci soient de nouveaux avions ou de nouvelles armes secrètes testées par l'ennemi en prévision d'une autre guerre. A la suite de quoi, l'Air Force se vit confier la responsabilité des investigations sur ces observations, afin de déterminer si il existait une menace pour la Sécurité Nationale. L'Air Force commença à être impliquée au début de 1948 avec le projet Sign, qui fut rebaptisé Projet Grudge, et mis en oeuvre ultérieurement sous le nom de Projet Blue Book. Au total, l'Air Force garda des dossiers sur une période de 21 ans ( 1948-1969 ) et a reçu plus de 12 000 rapports. Leur conclusion finale est que bien que certains dossiers restent non identifiés il n'y avait pas d'armes ennemies ou de vaisseaux extra-terrestres mais seulement des objets naturels ou conventionnels qui n'ont pas pu être identifiés par suite d'informations insuffisantes.

a. Projets SIGN et GRUDGE (1948-1952)

Les nombreux rapports d'observation de 1947 provoquèrent une prise de conscience de la nation, et l'Air Force prit en mains la situation. Quand le cas Thomas Mantell se produisit ( il mourut alors qu'il pourchassait un OVNI dans son avion de l'Air Force - voir Annexe ), l'Air Force était prête à débuter ses investigations.

Le projet SIGN fut placé sous la juridiction de l'Intelligence Division de l'Air Force Air Material Command à Wright Field, Ohio ( c'est maintenant Wright-Patterson Air Force Base ). Cette division a été ultérieurement rebaptisée Air Technical Intelligence Center ( ATIC ) et fut la base pour les investigations sur les OVNI jusqu'en 1966 où la responsabilité des investigations fut transférée à un service nouvellement crée, le Foreign Technology Division. Sa fonction était de "collecter, collationner, évaluer et distribuer aux agences et contractants concernés du gouvernement toutes les informations concernant les observations et les phénomènes que l'on pourrait considérer comme ayant un impact sur la sécurité nationale".

La grande variété d'opinions sur les OVNI et leurs origines existaient déjà en 1948, lorsque l'attention fut d'abord focalisée sur leur origine. Il y avait ceux qui les considéraient comme des objets conventionnels, et ceux qui pensaient que c'était des véhicules extraterrestres. Les membres de ce dernier groupe tenaient les rênes du pouvoir le projet SIGN durant les premiers mois, et après l'incident de l'Eastern Airlines ( voir Annexe ) ils publièrent une "Estimation de la situation" dans laquelle ils concluaient que les OVNI étaient des vaisseaux venus d'Outre-Monde. Le Général Hoyt S. Vandenberg, alors chef d'état major, rejeta cependant ce rapport, en raison du peu de preuves à l'appui de cette théorie. Le rapport a été classé Top Secret. (60) et après l'action de Vandenberg, toutes les copies ont été détruites.

Ce manque d'approbation conduisit à une ré-organisation du projet SIGN, et ceux qui pensaient que les OVNI étaient des objets conventionnels prirent la tête. En février 1949 l'Air Force annonça que le nom classifié "SIGN" avait été compromis de telle sorte qu'il était changé pour le nom de projet "GRUDGE" ( rancune - et ils insistèrent sur le fait qu'il n'y avait aucune relation entre le nom et le projet ), et le groupe "SIGN" publia un dernier rapport. Le changement de politique est facilement mis en évidence par les recommandations du groupe qui dit entre autre :

L'activité future de ce projet devra être conduite au niveau minimum nécessaire pour enregistrer, récapituler et évaluer les données reçues sur les futures observation et pour terminer les investigations spécifiques qui sont en cours actuellement. Quand et si un nombre suffisant d'incidents sont résolus pour indiquer que ces observations ne représentent pas un danger pour la sécurité de la nation, les activités particulières de ce projet à cette activité pourront être terminées. Les investigations futures sur des rapports seront traitées sur une base de routine comme tous les autres travaux de renseignements. (61).

En dépit des controverses existantes et du manque de consensus interne, le projet SIGN a été bien mené. Ils ont rapidement identifié le problème du "Rapport Signal sur Bruit" et ont pris des mesures pour le prendre en compte. Le Docteur J. Allen Hynek, un astronome de l'Université de l'Etat de l'Ohio ( maintenant à l'Université du NorthWestern ) et l'Air Weather Service ont été engagés pour identifier parmi les rapports ceux qui étaient clairement des objets astronomiques ou des ballons météo ( et il y en eut un grand pourcentage ). Le problème majeur des dirigeants du projet fut leur inexpérience à déterminer quel cas devait faire l'objet d'une étude ultérieure.

Comme elle n'était pas familiarisée avec le phénomène, la Direction du Projet perdit énormément de temps sur des observations qui étaient de toute évidence des avions, des météores, ou des plaisanteries. Elle perdit également beaucoup de temps en examinant la vie privée des témoins pour voir s'ils étaient dignes de confiance. SIGN faisait régulièrement le point avec les bureaux appropriée du FBI, avait accès aux dossiers des criminels et des éléments subversifs fournis par la police, et le personnel interrogeait les collègues de bureau, les amis et les relations des témoins. Cependant, le personnel de SIGN fit un effort louable en considérant que ces premières observations contenaient habituellement trop peu d'informations sur lesquelles on puisse baser un jugement et que l'Air Force n'avait pas de méthodes standardisées pour faire le compte-rendu d'observations (62).

L'Air Force continua ses investigations sur les OVNI avec le projet GRUDGE même après que les gens impliqués furent convaincus qu'il n'y avait aucune nature hostile ou militaire dans ces phénomènes. L'Air Force désirait conserver le contrôle des investigations sur les rapports, ce qui évitait à la communauté scientifique de conduire leurs propres études, du fait que tous les "bons" rapports étaient détenus et classifiés par l'Air Force. De cette manière, l'Air Force aiguisa la nature de la controverse pour les 21 années pendant lesquelles elle fut impliquée, le projet GRUDGE était décidé à expliquer chaque observation.

Ruppelt rapporte que l'Air Force, pour contribuer à la démystification des OVNI accorda la permission à Sidney Shallet du Saturday Evening Post d'avoir accès à leurs dossiers pour un article sur le sujet. Il voulait s'assurer que l'article exposerait le problème OVNI comme une perte de temps.

Comme un officier des relations publiques me le dit plus tard, "nous avons perdu un sacré temps". "Tous les écrivains qui s'intéressaient aux histoires de soucoupes avaient fait leurs propres enquêtes sur les observations et nous n'arrivions pas à les convaincre qu'ils s'étaient trompés..."
J'ai souvent entendu, de la part des militaires et des civils, que l'Air Force avait dit à Shallet exactement ce qu'il raconte dans son article - amusez-vous avec les OVNI - n'écrivez rien - ne suggérez rien qui pourrait laisser penser qu'il y a quelque chose d'étranger dans nos cieux.
Je ne pense pas que ce soit le cas. Je pense qu'il a juste raconté l'histoire des OVNI comme on le lui a raconté, mais raconté par le projet GRUDGE.
(63).

L'article parut mais produisit l'effet inverse à celui escompté par l'Air Force. Des phrases telles que "la plus complète et la plus fertile absurdité et "la grande peur des soucoupes volantes" étaient destinées à convaincre les lecteurs qu'il n'y avait rien de vrai avec les rapports sur les OVNI, mais dans les quelques jours qui suivirent la publication, il y eut une recrudescence de témoignages d'OVNI. Certains attribuèrent cela au fait que Shallet avait reconnu que certains cas restaient inexpliqués, tandis que d'autres pensent que ce phénomène était dû à la suspicion qu i entourait les méthodes d'investigation de l'Air Force. Dans tous les cas, le projet GRUDGE fut noyé sous un déluge de comptes-rendus.

Ceci pourtant ne les découragea pas, et seulement six mois plus tard, le projet GRUDGE fournit son rapport final. Commentant 244 cas, et en dépit de leurs efforts soutenus pour les expliquer tous, ( et suivant les dires d'une manière hautement spéculative dans de nombreux cas ), 23 % des cas restèrent inexpliqués. Pour ces cas, GRUDGE déclara "pour les observations d'Objets Volants Non Identifiés, il y a suffisamment d'explications psychologiques pour permettre une explication plausible à ces comptes-rendus ne pouvant être expliqués d'une autre manière". En d'autres termes, les cas.qui ne purent être identifiés furent considérés comme ayant été motivés psychologiquement et un point c'est tout. Ils conclurent en disant que les investigations sur les OVNI devaient être réduites uniquement à des rapports qui "laissaient clairement indiquer des applications techniques réalistes" afin de les soumettre à l'ATIC.
Ils suggérèrent cependant que la Psychological Warfare Division soit informée des résultats de l'étude, car si l'ennemi plaçait simultanément une série d'objets aériens au-dessus des Etats-Unis et que débutaient des rumeurs qu'il y avait des vaisseaux extra-terrestres, il pourrait s'ensuivre une hystérie de masse. Quoi que beaucoup pensent que le projet GRUDGE se termina après la publication du rapport final, il continua en fait de fonctionner bien que d'une manière réduite, pendant encore deux ans.
En dépit de ses efforts pour démystifier les comptes-rendus, l'intérêt du public continua et les articles de magazines proliférèrent ; de même que les livres écrits par des auteurs tels que le Major Donald Keyhoe, qui fut plus tard président du NICAP.

En 1951, le capitaine Edward Ruppelt fut placé à la tète de GRUDGE et il apporta un sang nouveau au projet, car il n'était pas convaincu comme son prédécesseur que les OVNI étaient une étude sans valeur. Il engagea formellement Hynek en tant que consultant, et suite à ces efforts, le personnel et le budget du projet furent augmentés. Il reconnu que beaucoup de pilotes de l'Air Force n'étaient pas enclins à faire des comptes-rendus d'observations d'OVNI par crainte du ridicule, et il fit en sorte que de nouvelles consignes soient données, et des formulaires standards de comptes-rendus furent disponibles. L'Air Force Letter 200-5 enjoint à chaque base de l'Air Force dans le monde de télégraphier immédiatement toutes informations sur une observation d'OVNI à Ruppelt à ATIC et aux autres commandements de l'Air Force, avec un rapport complet envoyé ultérieurement à ATIC. En 1952, GRUDGE était un projet très bien organisé.

b. La Commission ROBERTSON et le projet BLUE BOOK ( 1952-1953 )

1952 fut une grande année pour les comptes-rendus sur les OVNI, avec un record de 1 501 comptes-rendus dans cette seule année. Une des plus importantes, ne serait-ce que pour son emplacement, se produisit à Washington, D.C. ( voir Annexe ). Il y eut un regain d'intérêt de la part de l'Air Force et GRUDGE passa de l'état de projet à celui d'une organisation séparée appelée Project BLUE BOOK. Le budget et le personnel de Ruppelt continuèrent d'augmenter, de même que le nombre d'observations, et il mit au point une méthode pour recevoir des rapports mensuels sur l'état des comptes-rendus en cours d'investigation. Il instruisit les officiers supérieurs de l'Air Defense Command sur l'utilisation de leurs caméra-radars ( environ 30 sur le territoire des Etats-Unis ) pour faciliter la détection des OVNI, et passa un contrat avec Battelle Memorial Institute , pour la réalisation d'une analyse statistique sur les caractéristiques des OVNI. Il redonna entièrement vie au projet.

Au début de 1953 ATIC croula sous les rapports. De nouveau, l'opinion fut divisée. Certains sceptiques commencèrent a croire à l'hypothèse d'extra-terrestres tandis que d'autres s'ancrèrent davantage dans leurs convictions "d'objets conventionnels". Sans préjuger de ce qu'étaient les OVNI, l'Air Force décida que le nombre des rapports devait être considérablement réduit pour diminuer l'inquiétude des masses, si bien qu'il demanda à la CIA de créer un jury de scientifiques de haut niveau pour étudier le problème. Ce groupe fut présidé par le Dr H.P. Robertson, et il est donc habituellement connu sous le nom de Commisson Robertson.

Quoi qu'une version expurgée de ce rapport soit disponible depuis de nombreuses années, c'est seulement en décembre 1974 que la CIA a finalement déclassifié le rapport et en a rendu les doubles disponibles.
On a finalement pu identifier les membres de cette commission ainsi que leurs affiliations et leur domaine respectif d'expertise :

Dr. H.P. Robertson, California Institute of Technology, Physics and weapons systems

Dr. Luis W. Alvarez, University of California, Physics and radar

Dr. Lloyd V. Berkner, Associated Universities, Inc., geophysics

Dr. Samuel Goudsmit, Brookhaven National Laboratories, atomic structure

Dr. Thornton Page, Johns Hopkins University, astronomy and astrophysics.

En plus de ces cinq membres de la Commission, les autres participants comprenaient :

Dr. J. Allen Hynek, Ohio State University, astronomy

Mr. Frederick C. Durant, III, Arthur D. Little, Inc., rockets and guided missiles ( en tant que rapporteur de la Commission )

Brig. Gen. William M. Garland, Commanding General, ATIC scientific and technical intelligence

Dr. H. Marshall Chadwell, Assistant Director, O/SI, CIA

Mr. Ralph L. Clark, Deputy Assistant Director, O/SI, CIA

Mr. Philip G. Strong, CIA.

Après avoir étudié 75 rapports d'OVNI, la Commission conclut qu'il n'y avait aucune évidence de "menaces physiques directes sur la sécurité nationale", et que "l'accentuation ininterrompue des rapports sur ces phénomènes, dans ces temps troublés, se traduisait par une menace pour le fonctionnement bien organisé des organes protecteurs du corps politique", ils recommandaient jar conséquent :

  1. que les agences nationales de sécurité prennent immédiatement des mesures pour sortir les objets volants non identifiés du statut particulier dans lequel ils avaient été classés ce qui leur retirait cette aura de mystère qu'ils avaient malheureusement acquise ;

  2. que les agences nationales de sécurité mettent en place des règles d'informations, d'entraînement et d'éducation du public pour préparer les systèmes de protection du pays sur le plan matériel et psychologique a reconnaître plus promptement et à réagir plus efficacement à de vraies indications d'intention ou d'action hostile.

Pour atteindre ces objectifs, ils proposaient un programme d'explications publiques pour entraîner les gens à identifier correctement les objets connus, en même temps qu'un effort de démystification concernant l'intérêt manifesté par les classes inférieures. Selon eux, ils étaient impressionnes par le manque de données solides dans la majorité des cas, ainsi que par "le manque de suites rapides données à ces affaires dû principalement à la taille modeste et aux moyens limités de la section ATIC concernée". En effet, ils suggéraient que le projet de l'Air Force se poursuive à son niveau actuel, avec seulement un changement de tendance pour passer de la détermination de la nature des OVNI, à convaincre le public qu'il n'y avait rien d'anormal dans le ciel. (64).

Tous ceux qui étaient en relation avec la Commission ne furent cependant pas d'accord avec cette recommandation. Hynek n'était officiellement pas un membre de la Commission et par conséquent, on ne lui demanda pas de signer le rapport final, mais il déclara que de toutes façons il ne l'aurait pas signé, car il considérait comme non raisonnable que la Commission puisse tirer une conclusion sur les OVNI en quatre jours, alors qu'il avait passé lui-même plus de quatre années à étudier ce phénomène. (65)

L'effet de ce rapport fut significatif. Une fois encore, l'Air Force changea sa position, et maintenant qu'il semblait sûr que les OVNI n'étaient pas une menace pour la sécurité nationale, les rapports sur les OVNI devaient servir à éduquer le public, ce qui était également le but du projet BLUE BOOK.

L'Air Force pouvait maintenant dire qu'un groupe indépendant et impartial de scientifiques n'avait trouvé aucune évidence de visites d'extraterrestres ou d'armes ennemies.

Cependant, contrairement aux recommandations de la Commission, le personnel et le budget du BLUE BOOK commencèrent à diminuer. Le rapport statistique de Battelle, fut finalement terminé et corrobora la position de la Commission sur le fait qu'il n'y avait aucune évidence de menace ( ce rapport fut classé ultérieurement sous le nom de Special Report n° 14 - voir ci-dessous ). C'est ainsi qu'au moment où Ruppelt quitta le projet et l'Air Force en août 1953, il restait seul avec deux assistants.
En attendant un remplaçant, le projet fut dirigé par l'aviateur de première classe, Max Futch.

c. Le rapport spécial n° 14 et le rapport O'Brien : Projet, Blue Book ( 1953-1966 )

1953-1966 fut une période de relations publiques pour Blue Book. Il s'occupa de tâches d'éducation publique sur la "vraie" nature des OVNI, et il essaya de contre-balancer l'intérêt soulevé par des gens qui croyaient aux OVNI tels que le Major Keyhoe. En réponse à un des livres de Keyhoe, La Conspiration des Soucoupes Volantes ( 1955 ), l'Air Force sortit ses atouts , l'étude statistique de Battelle maintenant appelée Rapport Spécial n° 14.

Keyhoe avait créé un malaise public quand il publia les consignes de l'Air Force qui prohibait la divulgation des rapports sur les OVNI au public ( Air-Force Regulation 200-2 ), et qui faisait que la divulgation d'observations décrites dans JANAP ( Joint Army-Navy-Air Force-Publication ) tombait dans les 146 formes d'actes criminels. L'AFR 200-2 suggérait également que tous rapports d'OVNI devaient être résolus par tous les moyens possibles. Comme il fallait s'y attendre, Keyhoe et certaines factions de l'Air Force ne furent pas d'accord avec la teneur des paragraphes suivants.

Les activités de l'Air Force doivent réduire au minimum le pourcentage de phénomènes non identifiés. Jusqu'ici l'analyse n'a expliqué que quelques unes des observations ayant fait l'objet de comptes-rendus. Les observations non expliquées sont traitées statistiquement comme phénomènes non identifiés. Si l'on avait eu des données plus rapides, plus détaillées, plus objectives, sur ces phénomènes inconnus, on aurait probablement pu les expliquer. Cependant, du fait qu'il y a implication de facteurs humains et du fait que les analyses d'observations d'OVNI dépendent principalement de l'impression personnelle et de l'interprétation des observateurs, plutôt que de données scientifiques précises ou de faits obtenus dans des conditions contrôlées l'élimination de tous les cas non identifiés n'est guère possible.

AFR 80-17.

B-4. Réponse à l'intérêt public.
Le secrétaire du Bureau d'Informations de l'Air Force ( SAF-01 ) maintient le contact avec le public et la presse sur tous les aspects du programme OVNI et des activités qui y sont liés. Les individus privés ou les organisations désirant obtenir des interviews de l'Air-Force, des mises au courant, des cours ou des discussions privées sur les OVNI seront informés qu'ils doivent adresser leurs demandes au Bureau SAF-01. Tous les membres de l'Air Force qui n'ont pas de relations officielles avec les investigations sur les OVNI devront limiter au maximum leurs actions ou commentaires sur les rapports d'OVNI pouvant tromper ou conduire le public à considérer ses opinions comme des résultats officiels de l'Air-Force.

AFR 80-17.

Condon maintient que ceux qui critiquèrent ses instruction avaient mal interprété les paragraphes, que le premier ne suggérait en aucune façon de faire des spéculations sur la nature de l'observation, simplement que l'investigation sur un rapport devait être prise au sérieux et faite d'une manière approfondie. Il maintient également que le second était simplement une méthode "pour limiter la circulation d'histoire extravagante et de rapports prématurés avant qu'une investigation soit terminée". (66).

Pour réagir contre ces charges, l'Air Force utilisa l'étude Battelle. Leur attribution, initialisée par Ruppelt, était de déterminer si quelque chose dans les airs "était significatif de développement technologique inconnu dans ce pays", et de construire un modèle de soucoupes volantes à partir des données. Les chercheurs rapportèrent qu'ils n'avaient pu, ni inventer un modèle de soucoupes volantes, ni trouver d'évidences physiques qu'elles existent ; rien ne les y incitait dans les données.
David Saunders, qui fut plus tard un membre du groupe Colorado qui produisit le rapport Condon, déclara que tous ceux qui travaillèrent à cette étude le firent de telles manières qu'ils minimisèrent la possibilité de trouver quelque chose de significatif.

Ce rapport de 100 000 dollars payés par le contribuable sortit en mai 1955 et eut la prétention d'être un traitement statistique sophistiqué de toutes les données se trouvant dans les dossiers jusqu'à la fin de 1952 période à laquelle l'Air Force fournissait encore beaucoup d'entrées intéressantes. Le rapport contient plus de 200 tables remplies de chiffres. Il utilise également une règle statistique élémentaire connue sous le nom de méthodes de KI-2 pour prêter foi à son argument primaire. Je fus surpris par le fait que même la formule utilisée pour le calcul des moindres carrés n'était pas bonne. Et avec une régularité remarquable, celui qui faisait ces statistiques combinait les catégories de telle sorte qu'il minimisait ses chances de trouver quoi que ce soit de significatif. (67).

De nouveau, l'Air Force s'était trompée sur la réaction du public. Au lieu d'apaiser la controverse, ce rapport l'activa encore plus, spécialement quand il fut critiqué par Ruppelt lui-même. Le groupe déclara que "la probabilité pour qu'un des phénomènes INCONNUS examiné dans cette étude soit une soucoupe volante est extrêmement faible, puisque les rapports les plus complets et les plus fiables sur les données actuelles... n'aboutissent pas à déterminer même un modèle grossier...".
Ruppelt riposte en disant que l'Institut n'a pas été engagé pour expliquer les rapports non identifiés ou pour résoudre le problème des OVNI, mais simplement pour déterminer si des développements technologiques inconnus étaient évidents dans leur mouvement.

Néanmoins, l'Air Force utilisa le rapport spécial n° 14 comme fondement de leurs doctrines officielles pendant de nombreuses années, ce qui leur permet encore de dire que le problème a été étudié scientifiquement et que la conclusion que l'on peut en tirer est que les OVNI ne sont pas des extra-terrestres. Lorsqu'il y eut d'autres directeurs du Blue Book, l'éducation du public devient le mot clef et des investigations furent laissées à des organisations privées d'OVNI qui commencèrent à fleurir.

Mais leur campagne de relations publiques n'était pas très efficace. De plus en plus de gens commencèrent à penser que l'Air Force voulait dissimuler quelque chose, et qu'ils avaient en fait la preuve que la Terre avait été visitée par des extraterrestres. Deux facteurs contribuant à cette théorie étaient que premièrement, l'Air Force refusait toujours aux média l'accès à leurs dossiers, et deuxièmement que ceux qui connaissaient les activités du Blue Book ne pouvaient pas croire qu'une opération d'aussi faible priorité, avec un aussi pauvre budget, avec aussi peu de personnel, puisse réellement effectuer des investigations sur les rapports avec toute l'ampleur que l'Air Force réclamait elle-même. Ils pensaient donc que le Blue Book était une couverture pour une équipe d'investigations de plus haut niveau. Hynek se porte en faux contre cette théorie, en citant la rapidité avec laquelle on remplaçait les directeurs du Blue Book. Lorsque Ruppelt partit, le Projet fut dirigé par le Capitaine Harden, le Capitaine Gregory, le Major Friend et le Major Quintanilla. Il déclare également :

Toute mon association avec le Blue Book montra clairement que le projet s'intéressa rarement au côté scientifique du problème OVNI. Il ne s'était certainement pas posé la question de savoir qu'est ce que l'on pouvait considérer comme problème central dans le phénomène OVNI : y avait-il un processus physique ou psychologique ou même paranormal qui était à la base de ces rapports qui arrivaient à passer à travers les examens sévères et qui restaient toujours de véritable énigmes ?
Un tel manque d'intérêt n'implique aucune charge de "dissimulation" ; c'est simplement parce qu'ils ne s'en souciaient pas.
(68).

Pendant la période se situant entre la sortie du rapport spécial n° 14 ( 1955 ) et le rapport O'Brien ( 1966 ) un des problèmes majeurs du Blue Book était que le congrès voulait les entendre sur ce qu'ils étaient en train de faire. Pour éviter cela, chaque fois qu'un membre du congrès voulait aborder le sujet avec l'Air Force, on lui faisait une conférence particulière dans laquelle l'Air Force arrivait à le convaincre qu'une audition n'aurait comme résultat que de donner à penser à la population qu'il y avait quelque chose derrière les OVNI. Arrivé à ce point, le membre du congrès félicitait généralement l'Air Force pour sa conduite dans ce domaine et décidait de ne pas tenir d'audition. (69).

Une de ces conférences fut tenue pour un sous-comité et non pas pour un membre individuel du congrès. En 1958, la Chambre des Représentants mit en place un Comité Choisi pour l'Astronautique et l'Exploration de l'Espace. ( Ce comité fut appelé plus tard Comité pour les Sciences et l'Astronautique et est appelé aujourd'hui Science et Technologie ). Ce comité devait se pencher sur la question de savoir ce qu'il ressortirait de l'exploration de l'espace. Le Député John Mc Cormack ( Démocrate du Massachusetts ) présida le sous-comité sur les phénomènes atmosphériques et décida de tenir des auditions pendant une semaine sur les OVNI. Le 8 août il appela Françis Arcier, conseiller scientifique en chef de l'Air Force, le Capitaine Gregory ( chef du Blue Book à cette période ), les Majors Best et Byrne du service de renseignements de l'Air Force, et les Majors Brower et Tacker du Bureau d'Informations Publiques. Mc Cormack annonça au début de la session que ce n'était pas officiellement une audition, et en fait il n'y avait aucun sténographe présent. Les enregistrements cités par David Jacobs (Controverse OVNI en Amérique, 160-162) viennent apparemment des participants de l'Air Force eux mêmes et ne sont pas une transcription officielle de la réunion (70).

A la fin de cette journée, le Député Mc Cormack annonça qu'il était satisfait de la façon dont l'Air Force avait traité ce sujet et qu 'il n'y aurait pas d'audition officielle. L'Air Force une fois de plus évita la publicité.

Le répit fut cependant de courte durée, et en 1960, ils furent de nouveau appelés au Capitole. David Jacobs rapporte que trois comités, House Armed Forces, House Science and Astronautics and Senate Preparedness, écoutèrent un exposé de l'Air Force sous la présidence du Député Smart. C'est une erreur. Seuls, les membres du comité étaient présents à l'exposé, ce qui retire beaucoup à l'importance que lui donne le résumé de Jacobs. Il déclare que "les gens du Congrès ont pour la première fois exprimé leur insatisfaction du programme OVNI, et qu'ils ont suggéré des étapes pour remédier à la situation". En fait, Smart était un membre de l'état-major du House Armed Services Committee ( et non pas Armed Forces ) ( son prénom était Robert, et non pas Richard ) et les autres participants cités par Jacobs ( Spencer Beresford - et non pas Bereford, Richard Hines, et Frank Hammill -  et non pas Hammit ) faisaient partie du personnel du Comité pour les Sciences et l'Astronautique. Il n'y a ainsi aucune indication que des membres du Senate Preparedness Committee aient participé à cette conférence, et Jacobs ne cite personne de ce comité (71).

Quoique les membres de ces comités n'aient pas été aussi satisfaits que Mc Cormak de l'action de l'Air Force, il y eut peu de changements dans le Blue Book. En 1963, l'intérêt du congrès diminua considérablement, ceci se poursuivit jusqu'en 1964.

En 1965, les choses se présentèrent différemment.
Pendant 17ans, de 1947 à 1964 la controverse OVNI fit rage entre les parties directement intéressées - l'Air Force d'un côté et les groupes ufologiques privés de l'autre. La presse, le public, et le congrès furent impliqués sporadiquement, mais pour eux, le sujet OVNI et la controverse sur le phénomène ne furent que d'un intérêt passager... Mais la période de 1965 à 1967 fut un tournant dans la controverse. Ceux qui se tenaient à la limite de la controverse furent activement engagée dans celle-ci. La presse, le public, le congrès et la communauté scientifique entrèrent tous dans le débat sur les OVNI. Le résultat fut que l'Air Force rendit finalement son monopole sur l'étude des OVNI et demanda à une université d'étudier le phénomène
(72).

A la fin de 1965, l'ATIC avait reçu 887 rapports. Les média recommencèrent à faire des comptes-rendus sur les OVNI, augmentant la connaissance du public, et Hynek suggéra qu'une autre commission de scientifiques ré-étudie la situation et le statut du Blue Book. Le résultat fut la création du Comité Ad- Hoc pour la révision du projet Blue Book, ce comité fut dirigé par le Dr. Brian O'Brien ( et fut appelé le rapport O'Brien ).

Avec O'Brien ( un physicien ), la commission était composée de la manière suivante : Dr. Launor F. Carter, psychologue, du System Development Corporation ; Dr. Jess Orlansky, psychologue, de l'Institut for Defense Analyses ; Dr. Richard Porter, ingénieur électricien ; le Dr. Carl Sagan, astronome et scientifique spatial, Smithsonian Astrophysical Observatory ; et Dr. Willis H. Ware, ingénieur électricien de RAND Corporation. Tous, excepté Sagan, étaient membres de l'Air Force Scientific Advisory Board.

Ils se réunirent une seule journée, le 3 février 1966, réexaminant le Rapport et la Commission Robertson et furent mis au courant par celui qui était alors à la tête du Blue Book, le Major Quintanilla, et par le personnel de l'Air Force's Foreign Technology Division ( une division nouvellement créée qui avait pris la responsabilité des investigations sur les OVNI ). En mars, le groupe O'Brien sortit son rapport.

Leur analyse de la situation fut très similaire à celle du rapport Robertson. Ils déclarèrent de nouveau que les cas qui étaient restés non identifiés l'étaient seulement par suite du manque d'informations pour les résoudre, et citèrent le fait que même parmi les centaines d'astronomes constamment en train de surveiller et de photographier le ciel, il n'y avait eu aucun enregistrement sur un OVNI. Ils admirent que les ressources de Blue Book étaient très pauvres, ( à cette époque, il n'y avait qu'un officier un sergent et un secrétaire ), mais que l'effort était bien organisé.

Plutôt que de dissoudre le Blue Book, la commission O'Brien recommanda de le renforcer... "Il y avait toujours la possibilité que l'analyse de nouvelles observations puisse fournir quelques compléments de connaissance scientifique ayant de l'intérêt pour l'Air Force. Le comité recommanda que le programme actuel soit étoffé de manière à fournir la possibilité d'investigations scientifiques pour des observations choisies, investigations plus détaillées et plus poussées qu'elles n'avaient pu l'être à ce jour (73).

d. Le rapport CONDON et la fin de l'intérêt porté par l'US AIR FORCE ( 1967-1969 )

Suivre les recommandations de la commission n'était pas chose facile. Les OVNI n'étaient pas considérés comme un sujet d'investigation de valeur par de nombreux "scientifiques impartiaux" ( une exigence de l'Air Force demandait à ce que l'on élimine de ces investigations les ufologues tels que Hynek, et Mc Donald ) ou par les universités. L'Air Force fut repoussée tour à tour par M.I.T., Harvard, par l'Université de Caroline du Nord et par l'Université de Californie avant que l'Université du Colorado accepte la tâche. Certains disent que le Colorado accepta uniquement parce qu'ils avaient besoin du contrat du gouvernement, contrat d'un montant de 500 000 dollars à la fin du projet. Les conditions pour le partage des fonds furent modifiées de sorte que le Colorado n'eut à payer qu'un dollar.

Pour diriger le projet, ils trouvèrent un physicien éminent et respecté, le Dr. Edward U. Condon, et il y eut également une controverse afin de savoir pourquoi il avait accepté la tâche. Beaucoup de ses collègues de travail avaient refusé, ne serait-ce que pour des raisons de manque de temps à consacrer à ce projet ( et Condon lui-même n'y consacra que la moitié de son temps ). Il le déclara lui-même que c'était parce qu'on avait fait appel à son sens du devoir car l'Air Force l'avait réclamé personnellement pour diriger le projet, et qu'après quelques discussions avec ses collègues, il avait décidé de l'accepter. Il ajouta ceci : "Si j'avais pu connaître l'étendue de l'engagement émotionnel de ceux qui croient aux OVNI ainsi que les extrémités auxquelles leurs croyances les conduisent , je n'aurai probablement jamais accepté l'étude". (74).

Avec Condon, les principaux investigateurs étaient Stuart W. Cook ( psychologue ), Franklin E. Roach ( astrophysicien ), David Saunders ( psychologue ), ainsi que William Scott ( psychologue ) cité comme principal co-investigateur, Robert Low, assistant du Doyen de la Graduate School nommé coordinateur du projet, ainsi que cinq associés de recherches Norman E. Levine ( Ph.D., Engineering ), Ronald I. Presnell ( M.S., Engineering ), Gerald M. Rothberg ( Ph.D., Physics ), Herbert J. Strentz ( M.A., Journalism ), et James E. Wadworth ( B.A., Behavioral Sciences ).

Le choix de Condon sembla plaire à la fois aux croyants et aux incroyants, car tous étaient convaincus de son impartialité et son désir de ne pas être influencé par l'opinion populaire. Pendant l'ère de Mc Carthy, il fut traité de communiste et plutôt que de subir passivement, il demanda une audition et tint tête à la presse. Il fut alors lavé de tous soupçons (75).

Cependant, peu après que le projet commença à travailler en octobre 1966, des doutes commencèrent à se faire jour quant à son impartialité, particulièrement quant à l'impartialité de Condon. En janvier 1967, Condon déclara dans un discours que le gouvernement devrait se débarrasser de cette affaire d'OVNI et que le phénomène lui-même n'était strictement rien. Des discours ultérieurs et des interviews firent encore plus état de cette attitude négative (76). La situation s'aggrava encore en juillet 1966 quand deux membres du projet, Saunders et Levine, découvrirent un mémorandum écrit par le coordinateur du projet,Low, le 9 août 1966, peu avant que le projet ne démarre. Dans ce mémorandum, Low donne quelques informations sur la manière dont devrait être conduit le projet et écrit :

Notre étude devrait être conduite presque exclusivement par des non-croyants, qui, quoique ils n'arriveraient pas à prouver un résultat négatif, pourraient ajouter et le feraient probablement un volume impressionnant d'évidence qu'il n'y a aucune réalité dans les observations. Je pense que le "truc" serait de décrire au public le projet de cette manière, de telle sorte qu'il apparaîtrait comme une étude totalement objective, mais pour la communauté scientifique, présenterait l'image d'un groupe de non-croyants essayant de faire de leur mieux pour être objectifs, mais n'ayant pratiquement aucune chance de trouver une soucoupe volante (77).

Saunders et Levine furent extrêmement blessés par la suggestion du "truc" et envoyèrent une copie de la lettre au Président du NICAP, Donald Keyhoe. Keyhoe retransmit une copie au docteur James Mc Donald, un ufologue de l'Université d'Arizona, qui en fit état à Low dans sa lettre de juin 1969. Low reçut la lettre de Mc Donald le 6 février et on raconte qu'il fut furieux. Il rapporta l'affaire à Condon qui accusa Saunders et Levine d'avoir volé la lettre et qu'ils n'avaient pas à l'envoyer à l'extérieur du projet. Saunders et Levine furent immédiatement licenciés pour insubordination. Deux semaines après, l'assistante administrative de Low, Mary Louise Armstrong, démissionna déclarant que la morale était très basse à l'intérieur du projet et que les participants n'avaient pas confiance dans la direction de Low.

L'histoire complète de cet incident a été écrite par John Fuller pour un magazine (78) et créa un véritable tumulte à l'intérieur de la communauté académique et dans le Congrès, quoique les réactions du public furent atténuées. NICAP et APRO, qui avaient fourni à l'équipe Condon des rapports et des investigations préliminaires effectués par leurs membres, de même qu'ils avaient rendu d'autres services éminents, supprimèrent leurs aides au comité. Au congrès, le représentant J. Edward Roush de l'Indiana organisa des auditions devant le House Science and Astronautics Committee sur les OVNI, bien que le comité Condon lui-même ne fut pas consulté, car il ne tombait pas sous la juridiction de ce comité ( voir section suivante ).

Condon déclara qu'il n'était pas au courant de l'existence du mémorandum jusqu'à la lettre de Mc Donald en février 1968, bien après que le projet eut démarré et par conséquent, il n'eut aucun effet sur sa mise en oeuvre (79). Saunders lui-même, émit une deuxième idée quant à la part de Condon dans cette lettre. Il supposa, comme Condon était mentionné, que celui-ci était au courant, mais admit que Condon avait pu ne pas l'être et que, s'il l'avait été, il aurait contrôlé différemment la situation (80). Certains critiquèrent Saunders et Levine pour avoir envoyé la lettre au NICAP plutôt qu'au responsable Air Force du contrat.

Au moment où ils publièrent leur étude, le 1er juin 1968, le résultat des dissensions continuelles à l'intérieur du groupe fit qu'une ombre de suspicion avait déjà recouvert leurs recommandations finales.
Ceci peut avoir incité Condon à envoyer le rapport à l'Académie Nationale des Sciences pour examen avant publication, et celle-ci donna officiellement son approbation à ce rapport.

La Commission de l'Académie Nationale des Sciences comprenait 11 scientifiques sans expérience précédente dans le domaine OVNI et leurs examens provoqua bientôt plus de controverses que le rapport lui-même. Ils trouvèrent que l'approche, la méthodologie et les conclusions de ce travail, étaient très satisfaisantes :

Notre opinion est, que le champ de l'étude était bien adapté à son propos : une étude scientifique du phénomène OVNI.

Nous pensons que la méthodologie et l'approche ont été bien choisis, en accord avec les standards reconnus d'investigation scientifique.

Nous sommes d'accord avec les évaluations et les recommandations.

Nous sommes unanimes à penser que ceci fut un effort crédible pour appliquer objectivement les techniques scientifiques à la solution du problème OVNI ... Bien que des études ultérieures d'aspects particuliers du sujet ( par exemple le phénomène atmosphérique ) puissent être utiles, une étude des OVNI, en général, n'est pas une voie très prometteuse pour augmenter la compréhension scientifique de phénomènes. Basée sur la connaissance actuelle, l'explication la plus improbable des OVNIS est l'hypothèse de visites par des êtres extra-terrestres intelligents. (81)

La conclusion principale du rapport Condon, telle qu'elle est faite par Condon, dans son résumé, est la suivante :

Notre conclusion générale est qu'il n'y a rien eu, dans l'étude des OVNI de ces vingt-et-une dernières années, d'apporté à la connaissance scientifique. Un examen attentif du dossier qui était à notre disposition nous conduit à conclure qu'une étude extensive ultérieure des OVNI ne saurait être justifié par la perspective de faire avancer la science (82).

Cependant, une seule page après, il ajoute :

Les scientifiques ne sont pas des gens qui respectent l'autorité. Notre conclusion que l'étude des rapports sur les OVNI ne fera pas progresser la science, ne sera pas acceptée sans critique par les scientifiques. Elle n'a pas à l'être et nous ne souhaitons pas qu'elle le soit. Pour les scientifiques, nous souhaitons que la présentation analytique détaillée de ce que nous étions à même de faire et de ce que nous ne pouvions pas faire contribuera à leur décision d'accepter ou non, nos conclusions. Nous souhaitons que les détails de ces rapports aident d'autres scientifiques à identifier les problèmes et les difficultés auxquels ils auront à faire face...

Nous pensons donc que toutes les agences du Gouvernement Fédéral ainsi que les fondations privées, doivent être prêtes à considérer les propositions de recherches sur les OVNI, au même titre que les autres propositions qui leur sont soumises sans préjugé et sans parti pris. Bien que nous ne pensons pas, à l'heure actuelle, que quelque chose de valable débouche de telles recherches, chaque cas particulier doit être examiné attentivement selon ses propres mérites (83).

Hynek qualifie cela de : "chef d'œuvre dans la manière de jeter un os politique à ronger aux chiens critiques. Une déclaration aussi peu sincère peut être difficilement imaginée, et sûrement que le Docteur Condon, qui est un maître dans le domaine politico-scientifique, serait le premier à le reconnaître comme tel." (84). Ou Condon était réellement tortueux, ou il voulu simplement attirer l'attention sur le fait qu'il n'était qu'un comité et que tout le monde peut faire des erreurs ; ce n'est en fait qu'une question d'opinion.

Outre le fait de trouver des fautes dans les cas qui ont été choisis pour être étudiés ( certains se plaignent qu'aucune tendance n'ait pu être établie, bien que la plupart des cas soient des cas récents ) et en plus de la méthodologie scientifique utilisée, la critique semble portée sur la participation de Condon à l'étude. Parmi les 23 chapitres, il en écrivit un seul, qui parlait des aspects historiques de l'implication de l'Air Force. Il écrivit le résumé et les conclusions, mais ceci ne semble pas cadrer avec ce que les autres participants ont écrit dans le reste du livre.

Pour comprendre le rapport Condon, qui est difficile à lire, en partie à cause de son organisation on doit d'abord étudier le rapport en bloc. Il ne suffit pas de lire les résumés, du genre de ceux écrits par Sullivan et par Condon, ou les résumés des résumés sur lesquels semblent compter une grande majorité de lecteurs et de médias de la presse. Il a des différences dans les opinions et les conclusions tirées par les auteurs des différents chapitres et il y a des différences entre celles-ci et le résumé de Condon. Toutes les conclusions contenues dans le rapport lui-même, ne sont pas intégralement reflétées dans le résumé de Condon.

Le chapitre de Condon, résumé de l'étude, contient plus que son titre ne l'indique. Il reflète beaucoup de ses conclusions personnelles ; une des raisons qui fit que Condon fut prié de diriger le projet, est sans aucun doute, son habileté à faire des jugements de valeur. On est heureux d'obtenir le jugement de quelqu'un de si expérimenté et de si respecté ; mais on a pas besoin d'être d'accord avec. (85).

En fait, quoiqu'il y eut beaucoup de critiques du rapport Condon dans la communauté scientifique, le public accepta généralement la conclusion de Condon sur le fait qu'il n'y avait aucun intérêt à continuer l'étude de ce problème. L'Air Force utilisa ce raisonnement pour supprimer le projet Blue Book, en décembre 1969, et depuis lors, on ne porte aucun intérêt officiel au sujet. Le rapport Condon est, pour le moins un travail extensif de références sur les OVNI.

3. Intérêt porté par le Congrès

Par suite peut-être de la nature controversée du sujet, le Congrès a été quelque peu réticent à entrer dans le processus des déclarations ou des auditions relatives aux Objets Volants Non Identifiés.
Cependant, en 1960, l'intérêt national était si intense que deux comités de la Chambre des Représentants tinrent des auditions pour en apprendre plus sur le sujet et pour modérer les inquiétudes de leurs électeurs.
La première audition eut lieu en 1966 par le Armed Services Committee, la seconde en 1968 par le Science and Astronautics Committee. Leurs buts étaient de servir de forum, mais non de résoudre la question.

a) audition devant la Commission parlementaire des Armées (1966)

Ainsi que le laisse supposer son nom, l'intérêt principal de ces auditions, était l'implication de l'Air Force dans les OVNI, du projet Sign jusqu'au projet Blue Book. Les seuls témoins appelés, étaient de l'Air Force : Le secrétaire Harold Brown, le Général Mc Connell, le Major Hector Quintanilla, Jr., et le Docteur J. Allen Hyneck, consultant dans le Projet.

Dans son témoignage, le Secrétaire Brown expliqua les méthodes utilisées par l'Air Force pour étudier les rapports sur les OVNI et annonça que parmi les 10 147 cas ayant fait l'objet de comptes-rendus de 1947 à 1965, 9 501 ont été identifiés. Il _blank, que bien que l'Air Force n'ait identifié aucune menace pour la sécurité nationale, ni trouvé aucune évidence de véhicule extra-terrestre, ils continuaient leurs investigations sur les rapports sans parti pris.

Dans un rapport spécial du Comité Ad Hoc du Bureau de Conseil Scientifique de l'U.S. Air Force, concernant le Review Project Blue Book ( parfois appelé le rapport Brian O'Brien ) présenté avec le témoignage du Secrétaire, on déclare que 646 observations non identifiées "sont simplement celles pour lesquelles l'information disponible ne fournit pas une base adéquate pour une analyse" (86).

Le rapport suggéra que l'Air Force augmente les ressources disponibles, de telle sorte que des investigations scientifiques sur des observations choisies puissent être traitées dans cette étude. Les rapports seraient disponibles sur demande et feraient l'objet d'une large circulation parmi les membres du Congrès et parmi les autres personnes publiques.

Lorsque le Président de la Commission Intérieure des Armées lui demanda si quelqu'un pensait que les OVNI venaient de l'extérieur du système solaire, le secrétaire Brown répondit :

Je ne connais personne dans notre organisation, soit du côté scientifique, soit du côté direction, ou simplement parmi les gens ayant une connaissance détaillée de ce problème qui croit que les OVNI viennent de source extra-terrestre (87).

Le Docteur Hynek fut le suivant à témoigner, et en réponse à une accusation, qu'il était un "pantin" de l'Air Force dans ce domaine, il lut une déclaration "qui n'était certainement pas dictée par l'Air Force".

Admettant que durant ses 20 années d'association avec les OVNI, le sujet semblait "complètement ridicule... comme quelque marotte ou quelque manie qui durerait pendant des mois," Hynek annonça qu'il avait choisi 20 cas encore non identifiés pour une étude ultérieure afin d'illustrer que personne n'ignorait le fait qu'il y ait encore des cas non résolus. Il répéta également une recommandation qu'il faisait depuis 13 ans, à savoir que le Projet Blue Book ne pouvait pas étudier tous les rapports aussi étroitement qu'ils auraient dû l'être et qu'un groupe de civils aurait dû être engagé.

A une question du Comité, venue du Député Nedzi ( Démocrate du Michigan ) concernant les observations dans les autres pays, on lui répondit que l'Air Force ne s'occupait que des observations sur le territoire américain et que personne dans les autres pays ne poursuivait des investigations sur les rapports d'OVNI. Hynek suggéra qu'il y eut un échange d'idées entre les scientifiques américains et ceux des autres pays.
Le Président répondit qu'un effort international n'agrandirait pas la banque de données fondamentales et pourrait dégrader la qualité de ces données, en prenant exemple de la difficulté qu'il y avait dans ce pays à obtenir des détails.

En général, les membres du Comité exprimèrent leur incrédulité quant aux véhicules extra-terrestres et leur confiance dans l'Air Force et envers le Docteur Hynek. Le Député Hebert ( Démocrate de la Louisiane ) demanda si le Docteur Hynek s'était entretenu avec Ray Walston sur le sujet ( Monsieur Walston était à l'époque en train de faire le portrait d'un Martien à la télévision ).

b) Audition devant la Commission parlementaire de la Science et de l'Astronautique (1968)

En dépit de l'assurance renouvelée par les Commissions Intérieures des Armées, la controverse sur les OVNI continua, et en 1968, une nouvelle série d'auditions fut entamée cette fois, par la Commission Intérieure des Sciences et de l'Astronautique. Ces auditions furent menées d'une manière opposée à celles de 1966, en ce sens qu'il n'y eut aucun représentant de l'Air Force appelé, mais les autres témoins n'étaient pas autorisés à commenter le Projet Blue Book, car la Commission n'estimait pas que les activités de l'Air Force tombaient sous sa juridiction. (88)

Six personnes présentèrent des témoignages et six autres préparèrent des déclarations pour les minutes. Pour des problèmes de place, on ne citera ci-dessous que des témoignages oraux, quoiqu'il est recommandé de lire les six déclarations, car c'est important pour la compréhension complète.

DR J. ALLEN HYNECK, DEPARTMENT OF ASTRONOMIE,
NORTHWESTERN UNIVERSITY

Il faut souligner qu'il apparût comme un "citoyen privé et comme un scientifique et non pas comme un représentant de l'Air Force". Hynek expliqua de nouveau que quoiqu'à l'origine il ne porta aucun intérêt au sujet, son implication dans les OVNI le conduisit en fin de compte à porter un intérêt certain à quelques-uns de ces rapports.

Quoique certains de ces rapports sont de toute évidence une mauvaise interprétation de phénomènes naturels, certains contiennent des informations difficilement explicables et d'un intérêt scientifique certain. Hynek posa la question suivante : "De quel droit pouvons-nous sommairement ignorer le témoignage des témoins et pouvons-nous en conclure qu'ils se sont trompés ou que ce sont de simples menteurs ? Traiterions-nous de la même façon ces gens s'ils étaient en train de témoigner devant un Tribunal sous la foi du serment, sur des sujets plus terre-à-terre ?" (89).

Hynek souligna que le problème le plus crucial pour un scientifique qui examine le sujet, est le manque de données solides. "Le matériau de base publiquement disponible, dans presque tous les cas, se compose de récits sensationnels et non documentés de ce qu'a pu être en réalité l'évènement." (90)

Il signale également plusieurs erreurs de conception au sujet des OVNI : seuls les fanatiques du sujet font des comptes-rendus d'observations ; personne de scientifiquement entraîné n'a fait de tels comptes-rendus ; les OVNI ne sont jamais vus de très près ; ils n'ont jamais été détectés par le radar ; ils n'ont jamais été enregistrés par des caméras scientifiques (91). Toutes ces déclarations sont fausses.

Déclarant : "Je ne pense pas que je puisse être baptisé de "croyant aux soucoupes volantes" - ma participation à la mêlée OVNI du Michigan devrait suffire à bannir une telle idée - mais je pourrais l'être ... Les signes continuent de mettre en évidence un mystère qui a besoin d'être résolu ; il fit les recommandations suivantes :

  1. Que le Congrès mette en place un bureau d'enquêtes spécifiques sur les OVNI pour étudier les cas qui tombent sous cette définition ( voir chapitre 1 de ce rapport ).

  2. Que les Etats-Unis élargissent la coopération à l'extérieur des Etats-Unis pour se donner les moyens d'échange d'information internationaux sur ce sujet.

PR JAMES E. MACDONALD, DEPARTMENT OF METEOROLOY,
UNIVERSITY OF ARIZONA

Le Professeur MacDonald expliqua que le grand intérêt pour les OVNI débuta avec une visite au Projet Blue Book à la base aérienne de Wright-Patterson en 1966. Dans les deux ans consacrés à cette étude "j'ai interrogé plusieurs centaines de témoins sur des cas choisis, et je suis abasourdi par ce que j'ai trouvé" (92). Il fut appelé par la Commission pour parler de témoins, car c'était son domaine d'expertise, à la fois aux Etats-Unis et à l'étranger.

Il souligna que, contrairement à ce qu'on pense, ceux qui font des rapports sur les OVNI, ne sont généralement pas intéressés par la publicité. Par exemple, en Australie : "Les gens ne consentent absolument pas à vous raconter quoique ce soit au sujet d'une observation d'OVNI, leurs relations seraient effrayées et penseraient "que quelque chose ne tourne pas rond chez eux". Vous rencontrez cela très souvent. Les gens sont très réticents à rapporter ce qu'ils ont vu."(93)

Une autre caractéristique ... est la tendance ... à se tourner tout d'abord, non pas vers l'hypothèse, que ce qu'il est en train de voir est un vaisseau spatial, mais plutôt, qu'il est en train de voir une ambulance ... ou un hélicoptère ... On examine d'abord l'interprétation conventionnelle, c'est alors que le témoin sort ... et réalise que la chose est arrêtée au milieu des airs et qu'elle fait marche arrière. (94)

McDonald fait également référence à la nature fluctuante des observations ou des vagues d'observations, mais suggère que c'est simplement parce que les médias ne donnent que sporadiquement une large diffusion à l'information. Il cite un cas récent où l'observation a été faite par plus de cent témoins et qui n'a reçu qu'une courte colonne dans un journal local. "Le couvercle du ridicule tient l'information hors de vue".

McDonald tourne ensuite son attention vers une théorie récemment épousée par Philip Klass quiest que les OVNI sont en fait de la foudre en boule, phénomène physique. McDonald souligne que, Pendant le Projet Grudge, l'Air Force avait conclu que " de la foudre en boule ne peut pas expliquer ces observations " et tombe d'accord avec cette déclaration :

Un des éléments les plus caractéristiques du plasma est sa très courte durée de vie et son excessive instabilité ... Il est déraisonnable de suggérer que des conditions de temps clair peuvent parfois créer et conserver des plasmas persistants pendant plusieurs minutes, ainsi que tromper des pilotes ayant 18 000 heures de vol, de telle sorte qu'ils arrivent à penser qu'ils voient des disques avec des dômes rouge et blanc... (95).

Il conclut ceci : "Les OVNI sont une réalité et nous ne savons pas ce que c'est... La possibilité que ce soit des engins extra-terrestres que nous devons surveiller de par leur technologie avancée, est une possibilité que je prends au sérieux." Il tombe complètement d'accord avec Hynek pour recommander qu'une large étude soit menée et qu'une coopération internationale soit établie. Dans sa déclaration écrite, il développa son témoignage oral et cita de nombreux cas où il y a eu des contacts radars, de multiples témoins, des observations de jour, etc... Ceci pour contredire certaines théories tendant à démontrer que ces faits ne se sont jamais produits.

DR CARL SAGAN, ASSOCIATE PROFESSOR OF ASTRONOMY,
CENTER FOR RADIOPHYSICS AND SPACE RESEARCH,
CORNELL UNIVERSITY

On demanda au Dr. Sagan de témoigner sur la possibilité d'une vie extra-terrestre ( voir chapitre 3 ). Il est un des principaux partisans de l'existence d'intelligence extra-terrestre, et également, un des principaux sceptiques sur le fait que les OVNI puissent être des vaisseaux spatiaux pilotés par d'autres êtres.

Il expliqua les difficultés qu'il y avait à détecter la vie sur la terre et à communiquer avec d'autres civilisations de l'univers si, en fait, elles existent. ( Pour informations complémentaires sur le sujet, voir possibilité de vie intelligente quelque part dans l'Univers, House Committee on Science and Technology, November 1975 ).

Sagan déclara que rien dans la physique n'interdisait des voyages interstellaires, bien que nous ne pouvons probablement pas connaître tous les problèmes qui s'y rattachent. Il demande cependant : "d'avoir des preuves extrêmement convaincantes d'une technologie avancée dans les OVNI avant de les accepter". Il déclara qu'il avait toujours été sans parti pris, mais qu'il existe de nombreux facteurs émotionnels qui font que les gens sont croyants ou non-croyants.

Il y a des individus qui souhaitent fortement croire que les OVNI sont d'origine intelligente extra-terrestre ... Les choses sont tellement mauvaises ici-bas, que peut-être, quelqu'un là haut souhaiterait venir et nous sauver de nous-mêmes... Il y a également des facteurs émotionnels prédisposant dans d'autres directions : des gens qui souhaitent ardemment ne pas croire que les OVNI sont d'origine extra-terrestre, car ce serait aller à l'encontre de notre conception qui veut que nous soyons le sommet de la création. (96)

Sagan pense que pour justifier une investigation du genre de celle proposée par Hynek, il est nécessaire d'avoir des preuves solides même si ce genre d'étude contribuerait probablement à l'étude de la physique atmosphérique et de la psychologie. Il recommande que si le Congrès est sérieusement intéressé par l'étude de vie extra-terrestre, il devrait soutenir les programmes Mariner et Voyager de la NASA et les programmes de radio-astronomie du National Science Foundation, plutôt que les OVNI.

DR ROBERT L. HALL, DEPARTMENT OF SOCIOLOGY,
UNIVERSITY OF ILLINOIS

S'intéressant aux OVNI pour la partie purement psychologique Hall commença par examiner l'hystérie de masse. Il est intimement convaincu que certains cas proviennent de "l'hystérie collective".

Une fois que les gens sont sensibilisés à l'existence de certaines sortes de phénomènes ... quand il y a une situation ambiguë réclamant une explication, qu'il y avait de l'émotion et de l'anxiété associées à cette situation résultant de son incertitude, se trouvent réunies les conditions que nous avons observées répétitivement comme conduisant à ce que j'appellerai "nouvelles improvisées" (97).

Il cite différents facteurs qui permettent de déterminer si la contagion hystérique est à l'origine : réputation du témoin, qualité et détail du rapport, correction ; s'il existe des motivations de distorsion ou de prévarication ; s'il y a connaissance au préalable des faits rapportés ; s'il y a plusieurs témoins, si l'observation a été faite à travers différents moyens ( visuels en même temps que radar, par exemple ) et ainsi de suite. Il en conclut que l'on peut parfaitement appliquer les critères ci-dessus à un certain nombre de cas, et que par conséquent, toutes les observations d'OVNI ne peuvent être attribuées à l'hystérie collective. Il note également que le phénomène d'assimilation ( essayant d'expliquer l'évènement en termes conventionnels avant d'en tirer la conclusion que c'est un OVNI ) est contraire à l'hystérie collective dans laquelle les gens veulent voir des objets étranges.

Hall conclut que pour les cas ayant une base solide "l'hystérie collective est hautement improbable".

DR JAMES A. HARDER, ASSOCIATE PROFESSOR OF CIVIL ENGINEERING,
UNIVERSITY OF CALIFORNIA AT BERKELEY

Le Docteur Harder fut appelé à témoigner sur les systèmes de propulsion nécessaires pour les voyages interstellaires et sur le type de manœuvre que les témoins étaient supposés avoir vu. Dans l'opinion d'Harder : "Sur la base des données et sur les règles ordinaires d'évidence, telles qu'elles seraient appliquées dans les Tribunaux Civils et Criminels, la réalité physique des OVNI a été prouvée au-delà d'un doute raisonnable." (98)

En partant de cette base, Harder parla des systèmes possibles de propulsion qui pourrait accomplir ces incroyables manœuvres à ces grandes vitesses et sans bruit, car de nombreux rapports ne font pas mention de bruit. Un cas qui se produisit en 1960 en Californie fut utilisé comme exemple. L'OVNI fut observé par deux officiers de police et un chimiste de l'Université de Californie. Lorsqu'il aperçut l'objet à travers ses lunettes polarisées, le chimiste _blank qu'une série d'anneaux apparurent autour de l'objet. Harder conclut que c'était dû à des perturbations atmosphériques d'un champ magnétique du type de celui d'un système de propulsion.

Il fit remarquer qu'à l'heure actuelle, l'utilisation de champs magnétiques pour la propulsion était impossible, car chaque fois que l'on crée un pôle Nord, on crée également un pôle Sud, ce qui a pour, effet de supprimer tout avantage. Il suggéra cependant que les OVNI pourraient utiliser les champs de gravitation d'une manière qui nous était inconnue.
Sa conclusion est que l'étude des OVNI peut apporter quelque chose de valable pour notre civilisation. "Dans les phénomènes OVNI, nous avons la démonstration de secrets scientifiques que nous ne connaissons pas nous-mêmes. Il me semble que ce serait une erreur d'ignorer leur existence."

La discussion s'orienta alors sur ce que pouvait être un morceau d'OVNI, découvert au Brésil. Après de nombreux tests dans ce pays et aux Etats-Unis, le matériau qui la constituait, s'avéra être du magnésium pur peu ordinaire.

Harder pense que si l'on cherchait d'autres pièces de vaisseaux spatiaux, on en trouverait facilement. Cependant, aucun effort concerté n'est entrepris, ce qui limite singulièrement les possibilités de succès. Il suggéra un programme en trois points pour obtenir plus de données scientifiques dans le problème des OVNI :

  1. Constituer un réseau d'avertissement rapide ;
  2. Rassembler tous les instruments qui pourraient être envoyés sur les lieux d'une observation d'OVNI avec un préavis très court ;
  3. Coopérer avec l'Air Force pour la logistique et le transport rapide de ces instruments.

DR ROBERT M. L. BAKER, JR., SENIOR SCIENTIST,
COMPUTER SCIENCE CORPORATION AND DEPARTMENT OF ENGINEERING,
UNIVERSITY OF CALIFORNIA AT LOS ANGELES

En commençant son témoignage sur un problème de sémantique, le Dr Baker cita sa préférence pour le terme de : "Observation d'un phénomène anomalistique " ( OPA ; en anglais AOP anomalistic observational phenomena ) plutôt que l'appellation : objet volant non identifié, et ce pour un besoin de clarté. Certains "OVNI" n'ont pas été vus du tout en train de voler, et on peut même se poser la question si ce sont ou non des "objets".

Il raconta alors que le début de son intérêt pour les OPA, débuta en 1954 alors qu'il était à Douglas Aircraft Company. Il avait vu plusieurs films envoyés chez Douglas à fin d'analyse par l'Air Technical Intelligence Center, et fut convaincu que les objets photographiés n'étaient pas des phénomènes naturels.

Baker décrivit alors les problèmes rencontrés dans la collecte de données pour pouvoir être analysées sur calculateur, signalant l'insuffisance du matériel de détection. Il travailla uniquement sur des données concrètes, telles que des photographies permanentes plutôt que sur des données moins solides du type observations visuelles. Ainsi, le radar sensible capable de détecter un OPA est fondamental. Dans la liste des moyens de poursuites fournie, Baker n'en considère qu'un seul comme adéquat, mais ne peut en discuter, par suite de sa nature confidentielle.

Bien qu'il pense que le phénomène ne soit pas naturel, il n'est pas enclin à dire que ce sont des extra-terrestres et réclame un programme de recherches.

Personnellement, je pense que pour mon compte, il est prématuré de convenir que ces données pus ou moins consistantes obligeraient la communauté scientifique à accorder une plus-value à l'hypothèse suivant laquelle les observations anomalistiques proviennent de manifestations d'êtres extra-terrestres ... Le bénéfice potentiel pour la science d'un tel projet de recherches ne devrait pas s'appliquer seulement à la détection d'une vie extra-terrestre intelligente, mais devrait se justifier également par la possibilité d'obtenir de nouvelles informations sur des phénomènes mal compris, tels que la foudre en boule... (99).

Il recommanda la mise en place d'un groupe de travail pluridisciplinaire spécial pour obtenir des données concrètes et des données plus flous à partir d'un système de senseurs conçu spécialement pour ce propos, qui pourrait être un radar.

De plus, on devrait mettre en place un système de senseurs de surveillance infra-rouge dans l'espace et utilisant de grandes longueurs d'ondes. Il suggère également que des études "technologiques et de prévision de modèles de comportement" soient entreprises pour évaluer quel genre de vie extra-terrestre pourrait y ressembler, et qu'une étude soit faite sur les problèmes médicaux et psychiatriques afin de déterminer la crédibilité du témoin.

Déclarations écrites

Comme nous l'avons mentionné précédemment, des déclarations écrites ont été fournies par six autres personnes. Ces déclarations ont été faites par les auteurs dont les noms suivent :

Dr. Donald Menzel, Harvard College Observatory

Dr. R. Leo Sprinkle, Division of Counseling and Testing, University of Wyoming

Dr. Garry C. Henderson, Senior Research Scientist, Space Sciences, General Dynamics

Mr. Stanton T. Friedman, Westinghouse Astronuclear Laboratory

Dr. Roger N. Shepard, Department of Psychology, Stanford University

Dr. Frank R. Salisbury, Head, Plant Science Department, Utah State University

4. Organisations privées

Bien que la responsabilité officielle des investigations sur les OVNI fut confiée à l'U.S. Air Force, beaucoup pensèrent que le problème ne recevrait pas toute l'attention sérieuse nécessaire et ils formèrent donc leurs propres organismes. Ils jouèrent un rôle important dans l'étude des OVNI depuis 1952 quand le premier organisme fut créé dans ce pays, et leur importance n'a fait que croître depuis la dissolution du Projet Blue Book en 1969. Il y a maintenant des endroits particuliers où l'on peut faire le compte-rendu d'une observation avec l'espoir de la voir sérieusement étudiée.

Durant des années, un grand nombre de ces groupes se sont constitués et ont été dissous, à la fois aux États-Unis et à l'étranger, mais nous n'en étudierons ici que cinq : les deux groupes principaux américains existent depuis 1950, APRO ( Aerial Phenomena Research Organization ) et NICAP ( National Investigations Committee on Aerial Phenomena ) le groupe récemment constitué CUFOS ( Center for UFO Studies ) ; le MUFON ( Mutual UFO Network ) ; et l'American Institute of Aeronautics and Astronautics, une association professionnelle d'engineering qui a créé des groupes pour étudier le sujet.

a) APRO

L'Aerial Phenomena Research Organization fut le premier groupe OVNI créé aux Etats-Unis. Fondé en 1952 par un couple du Winsconsin, Coral et Jim Lorenzen, l'APRO se trouve maintenant en Arizona et réunit environ 3 000 membres. Il y eut une évolution certaine dans les orientations de ce groupe pendant ces 23 années d'opération, avec un creux qui se produisit juste après la sortie du Rapport Condon. Comme le nombre de ses membres diminuait, l'APRO changea d'orientation passant de la collecte de rapports au traitement des rapports eux-mêmes : mise sur ordinateur, synthèse, et analyse. Pour faciliter cette tâche, ils se dotèrent de consultants scientifiques dans des domaines tels que la métallurgie, la pathologie des plantes et la psychiatrie. Leurs 45 consultants sont catalogués en 4 catégories : science biologique, science médicale, science physique et science sociale.

L'APRO publie un article bi-mensuel, l'APRO Bulletin, et patronne occasionnellement des symposiums et publie leurs délibérations. Les deux plus récents furent le Symposium APRO UFO du 15 juin 1974 à Pottstown, en Pensylvanie et l'Eastern UFO Symposium à Baltimore, le 23 janvier 1971. Les Lorenzens, ont écrit plusieurs livres séparément ou conjointement, et sont en train actuellement d'en corriger un. On peut contacter l'APRO à l'adresse suivante :
3910 R. Kleindale Road, Tuscon, Arizona 85712 ; Tél (602) 793-1825.

b) NICAP

Le National Investigations Committee on Aerial Phenomena fut formé en 1956 par le Major Donald Keyhoe, depuis longtemps un croyant dans l'hypothèse extra-terrestre, et dans une conspiration montée par Air Force : ( conspiration qui, selon les dires, peut être établie dans une certaine mesure ). Installée à l'origine à Washington, D.C., l'organisation s'est depuis déplacée dans la banlieue, dans le Maryland, et en 1973, Keyhoe céda sa place à John Acuff qui dirige actuellement le NICAP.

Comme l'APRO, leur principal but fut de collecter les rapports sur les OVNI et de mener des investigations sur un petit nombre d'entre elles, quoique eux- mêmes n'en tirent pas des conclusions définitives. Leurs buts officiels sont "l'investigation scientifique et la recherche de comptes-rendus sur les objets volants non identifiés et encourager les autorités responsables à rendre compte au public de toutes les informations que le gouvernement a accumulé." Le nombre de ses membres est actuellement de 4 000.

En plus de sa publication mensuelle, l'UFO Investigator, le NICAP a publié différents documents dont The UFO Evidence ( 1964 ) et UFOS's : A New Look ( 1969 ) dans lesquels, il résume et commente les auditions tenues par le House Committee on Science and Astronautics. Parmi leurs dirigeants, on trouve le parlementaire J. Edward Roush, qui organisa ses auditions de la Chambre et, le sénateur Barry Goldwater.

Des informations complémentaires sur le NICAP, peuvent être obtenues à l'adresse suivante :
NICAP, Suite 23, 3535 University Blvd, West, Kensington, Maryland 20785. Tel (301) 949-1267. *

c) CUFOS

Organisé à la fin de 1973, le Center for UFO Studies ( CUFOS ) est très différent des autres organisations ci-dessus. Plutôt qu'un groupe de membres, le CUFOS est un noyau de 26 scientifiques s'intéressant aux OVNI et prêts à dépenser un peu de leur temps pour mener des investigations et discuter de ce sujet. Il fut fondé par J. Allen Hynek, astronome de l'Université du Nord-Ouest, qui figure abondamment dans ce rapport comme quelqu'un qui s'est penché sur le problème OVNI depuis 1948. Il mit en place le CUFOS avec les objectifs suivants : ( 1 ) être un endroit où les gens pourraient venir raconter leurs expériences sur les OVNI, sans crainte du ridicule et en sachant que l'on donnerait à leurs rapports toute l'attention scientifique nécessaire ; ( 2 ) continuer une étude approfondie de ces rapports ; ( 3 ) être une source d'informations digne de confiance pour les écoles, les universités, les organisations scientifiques et pour le public général ( 4 ) participer à et orienter l'étude internationale du phénomène ; et ( 5 ) aider à coordonner les efforts des chercheurs.

Ce bureau est assisté sur le terrain par les enquêteurs du Mutual UFO Network ( voir ci-dessous ). Le CUFOS garde sur calculateur la liste de tous les cas OVNI qui lui ont été soumis, ainsi que les autres cas ayant eu lieu dans le passé, actuellement ce fichier comporte plus de 50 000 cas. Ils ont un libre appel téléphonique avec tous les services de police du pays, de telle sorte qu'une observation d'OVNI puisse être relayée de l'observateur au CUFOS, à travers la police locale pour une investigation éventuelle. Environ 80 % des cas, peuvent être expliqués par un phénomène naturel, mais ceux qui restent non identifiés, font l'objet d'une investigation ultérieure.

CUFOS est une organisation sans but lucratif et exempté de taxes qui travaille à partir de donations individuelles de gens qui sont intéressés par les investigations sur les cas d'OVNI. Les participants reçoivent des copies des publications du Centre, ainsi que des informations sur les livres traitant de ce sujet, qui peuvent être achetés par l'intermédiaire de CUFOS. On peut obtenir des informations complémentaires à l'adresse suivante :
Center for UFO Studies, 924 Chicago Avenue, Illinois 60202 ; Tel (312) 491-1870.

d) MUFON

Le Mutual UFO Network fut fondé le 31 mai 1969 pour répondre à quatre questions sur les OVNI : est-ce que ce sont des vaisseaux extraterrestres, et si oui, quelle est leur méthode de propulsion, d'où viennent-t-ils, et que peut-on apprendre des êtres qui les pilotent ?

L'organisation est divisée en trois niveaux de directeurs le coordinateur général, le Directeur Walter Andrus ; des directeurs d'états ; et des directeurs de section par état. Le recrutement est fait uniquement sur invitation de l'un de ces directeurs, si bien que "seuls des gens qualifiés, compétents et sincères peuvent être admis." Actuellement, il y a 1 000 de ces membres.

Quand J. Allen Hynek créa le CUFOS ( voir ci-dessus ), le MUFON prêta volontairement le service de 800 investigateurs-terrains, pour soutenir les efforts de CUFOS. Il continue actuellement de réaliser cette fonction. Il publie un magazine, Skylook, ainsi que les délibérations du Symposium annuel MUFON. Ils publièrent en 1971, le Manuel de l'Investigateur Terrain pour l'étude des OVNI, qui fut mis à jour en 1975, par Raymond Fowler.

On peut contacter MUFON, à l'adresse suivante :
103 Oldtowne Road, Seguin, Texas 78115 ; Tel (512) 379-9216.
Pour les souscriptions à Skylook, écrire à l'adresse suivante :
Skylook Magazine, 26 Edgewood Drive, Quincy, Illinois 62301.

e) A.I.A.A.

L'American Institute of Aeronautics and Astronautics est une organisation professionnelle d'environ 25 000 membres composés de scientifiques de l'aérospatiale et d'ingénieurs. Parmi leurs nombreuses commissions et sous-commissions techniques, ils ont constitué un groupe s'occupant des OVNI. En 1967, ils créèrent une sous-commission sous la responsabilité du Space and Atmospheric Sciences Committee, pour prospecter ce domaine.
Jusqu'à sa dissolution en 1974, la sous-commission continua d'attirer l'attention de ses membres nationaux sur ce problème à travers des articles dans le magazine : Institute's magazine Astronautics and Aeronautics, mais à aucun instant ils ne tirèrent des conclusions sur la nature réelle des OVNI. En 1970, dans une déclaration des membres de la sous-commission (100), ils constatèrent que le problème le plus insurmontable dans les OVNI est le manque des données tangibles ainsi que le manque d'analyse de ce qui est disponible. Ils considèrent que le Rapport Condon était assez raisonnable dans sa tentative d'appréhender le problème et ils notent que le résumé de Condon reflète plus son impression personnelle de la situation qu'un résumé du Rapport.

Six mois plus tard, la sous-commission publia un autre article (101) présentant l'exemple d'un cas choisi pour lequel les membres pourraient tirer leurs propres conclusions, suivi deux mois plus tard par un deuxième cas. (102). Il n'y eut plus grand chose de publié par la sous-commission après cela, jusqu'à sa dissolution en 1974.

Début 1975, décision fut prise de réorganiser un groupe qui s'occuperait des OVNI, bien qu'il n'eut pas le statut de sous-commission.
C'est ainsi que fut créé le AIAA Study Group on Anomalous Phenomena sous la direction de Peter Sturrock de Standford. A la date de ce rapport, le groupe est toujours en place, mais son chef, le Docteur Sturrock, est très étroitement impliqué dans le problème OVNI. En 1974, il consulta les membres de l'AIAA de la région de SAN FRANCISCO pour déterminer combien d'entre eux avaient vu quelque chose que l'on pourrait appeler OVNI et s'ils considéraient les OVNI comme un évènement scientifiquement significatif. 36 % des questionnaires furent retournés ( 423 sur 1 175 ) mais "les réponses ne montrent aucun consensus concernant la nature d'une importance scientifique du phénomène OVNI" (103).

En août 1974, Sturrock organisa une session sur les civilisations extra-terrestres à Stanford, pour parler non seulement des OVNI, mais encore plus généralement de l'éventualité d'une autre forme de vie quelque part dans l'univers. Il y eut deux camps dans la conférence, le groupe A qui discuta de la possibilité théorique d'intelligence extraterrestre en termes de physique, astronomie et de biologie, et le groupe B qui s'intéressait plus spécifiquement aux OVNI. Les délibérations de cette conférence furent publiées vers 1975 (104) et fit apparaître qu'aucun consensus réel ne fut atteint par les deux groupes ; le groupe A considère traditionnellement les OVNI comme n'étant pas un phénomène.

Sturrock réalisa une évaluation du Rapport Condon en 1974 (105) et en 1975, il organisa un symposium sur les OVNI, à la 13ème Conférence annuelle des Sciences Aérospatiales de l'AIAA à Pasadena, Californie. Les documents présentés à la réunion, furent les suivants : The Emerging Picture of the UFO Phenomenon ( J.A. Hynek ) ; Toward the Identification of UFO Patterns ( C. Poher and J. Vallee ) ; Statistical Analysis of UFO Data ( R.D. Saunders ) ; UFO Photographic Evidence ( F.A. Beckman ) ; UFO Group Trace Analyses ( Ted Phillips ), and UFO and Science--Response and Responsibility ( P.P. Kuettner, qui était le précédent président du Sous Comité OVNI de l'AIAA ).

En plus des activités du groupe Sturrock, une réunion n'ayant pas de rapport avec ce groupe fut tenue par la section AIAA de Los Angeles en Septembre 1975. Comme toutes les réunions tenues par les sections de l'AIAA sur différents sujets et durant toute l'année, une réunion sur les OVNI eut lieu durant une journée provoquant l'intérêt de nombreux membres. Selon les dires, la participation fut bonne avec plus de deux cents participants. Les documents présentés à cette conférence furent : On the Problem of UFO Hypothesis ( J.A. Hynek ) Testing the Extraterrestrial Hypothesis ( Robert Wood, AIAA member and organizer of this meeting ) ; The Psycho-Physical Nature of UFO Reality - A Speculative Framework ( Jacques Vallée ) ; A Scientific Approach to the Flying Saucer Behavior ( Stanton Friedman ) ; Horses Under the Hood ( James McCampbell ) ; Astronomers on UFOs : Reason or Rhetoric ? ( Alvin Lawson ) ; and New Technology Related to UFOs and Their Origins ( Niels Sorenson ).

Le Docteur Sturrock rapporte que des efforts sont actuellement en cours pour finaliser la participation à ce groupe d'étude et que quelques activités ont déjà pris place. Il espère avoir un groupe en pleine opération à l'été 1976. Des informations complémentaires peuvent être obtenues à l'adresse suivante :
Dr. Peter A. Sturrock, Institute for Plasma Research and Applied Physics, Stanford University, Via Crespi, ERL 306, Stanford, California 94305; Tél (415) 497-1438.

B. RAPPORTS NON AMERICAINS ET COOPÉRATION INTERNATIONALE

Ainsi qu'on l'a dit précédemment, la plupart des observations avant 1947, ont été faites en Europe, à l'exception de la vague de dirigeables de 1896 ,qui constitua un chapitre important dans l'histoire OVNI des États-Unis. La première partie de ce chapitre fut consacrée aux observations américaines seulement, mais l'Amérique ne fut certainement pas le seul pays à constater le phénomène. Les OVNI ont été vus dans des pays aussi disséminés que la France, l'Australie, la Scandinavie, l'Espagne la Nouvelle-Guinée. Une étude d'ensemble des OVNI à travers le monde demanderait trop de place dans ce rapport, si bien que nous n'étudierons ci-dessous que le cas de deux pays.
Les deux raisons géographiques choisies le furent pour des raisons différentes. La première, le Brésil, est choisi parce que c'est le seul cas bien documenté de "fragments d'OVNI", ce cas se produisit en 1957, et l'étude se poursuit pour déterminer leur origine.
D'autres cas se sont également produits dans ce pays, et il y existe un intérêt suffisant pour que l'APRO y ait des représentants, et récemment le Docteur Hynek fit un discours devant leurs deux Chambres des Représentant.
L'Union Soviétique est choisie du fait que sa superficie couvre une très grande zone géographique et que, selon les dires, il y a eu beaucoup d'observations. En fait, certains prétendent que le fameux météorite Tunguska était en fait un OVNI.

1. Brésil

De nombreux sceptiques ont dit que la seule, façon de pouvoir accepter l'hypothèse extra-terrestre, serait d'en voir un et de l'examiner morceau par morceau afin de déterminer s'il avait pu être fabriqué sur la Terre. Il se produisit donc une grande excitation en 1957, quand un OVNI supposé explosa au-dessus de Ubatuba, Brésil. On ramassa quelques-uns des fragments et on les donna au représentant de l'APRO, le Docteur Olava Fontes. Il les apporta au Laboratoire de Production Minérale, dépendant du Ministère de l'Agriculture du Brésil et certains morceaux furent ultérieurement envoyés à l'U.S. Air Force pour analyse. Les résultats montrèrent une très forte teneur en magnésium, et les déclarations originales faisaient état d'une pureté telle qu'il n'avait pu être fabriqué sur la Terre et que, par conséquent, il venait de l'espace lointain.

Mais les tests américains montrèrent que, bien que l'échantillon soit véritablement très pur, il n'était pas plus pur que certains échantillons fabriqués par Dow Chemical Company. Le fait le plus intéressant qu'ils trouvèrent, était que les impuretés qui étaient présentes étaient différentes de celles des échantillons de Dow. En particulier, le pourcentage de strontium ( Sr ) était très fort, et Dow déclara qu'il ne mettait jamais de strontium dans leurs échantillons commerciaux. Des investigations ultérieures, réalisées par la Commission Condon révélèrent que depuis 1940, on faisait des expériences avec le magnésium et des échantillons contenant de 0,1 % à 40 % de strontium avaient été produits. Ils en conclurent donc que la technologie de 1957 était capable de fabriquer ce type de magnésium, et qu'il n'y avait aucune raison de croire que cela venait d'un autre monde (106).
Depuis lors deux métallurgistes de l'APRO, les Docteurs Walter Walker et Robert Johnson, trouvèrent que le métal avait été solidifié de telle manière que les grains partaient dans une seule direction. Ils déclarèrent qu'aucune étude dans la direction des grains n'avait eu lieu avant 1957, ce qui fait que l'origine des fragments est toujours en question (107).

Un autre cas d'OVNI eut lieu au Brésil, cinq années plus tôt, près de Rio de Janeiro et il est également rapporté par le Docteur Fontes. Selon le rapport officiel, un photographe et un journaliste du magazine O Cruzerio, étaient de service à 16h 30, le 7 mai 1952 et soudain, ils virent ce qui semblait être un avion volant latéralement. Le photographe prit 5 photos en environ 60 secondes, l'Armée de l'Air analysa les photographies et conclut que, compte tenu des distances et des altitudes, ce ne pouvait pas être une farce.

Lorsque l'équipe Condon se pencha sur le cas ( bien qu'ils dirent qu'ils ne l'examinèrent pas complètement, car ce qu'ils avaient était un rapport de troisième main ), ils trouvèrent une incompatibilité signalée par Donald Menzel et L.G.Boyd. Dans l'une des photos ( pièce n° 20 du Rapport Condon ) le disque est éclairé par la gauche, tandis que le côté de la montagne est éclairé par la droite. Menzel et Boyd cataloguèrent ce cas comme une farce, tandis que le Rapport Condon déclara simplement qu'il existait une incohérence interne, ce qui laisse le cas ouvert.

2. Union Soviétique

Le Docteur Felix Zigel du Moscow Aviation Institute semble être le chef de file des ufologues en URSS. En 1968, il publia un des premiers articles soviétiques sur les OVNI qui parut à l'Ouest, dans Soviet Life, un magazine russe publié à destination des Etats-Unis. Dans cet article il décrit plusieurs observations soviétiques, dont voici un exemple :

Il y eut plus d'un rapport en provenance d'astronomes de la Station d'Astrophysique de Montagne, dépendant de l'Académie des Sciences d'URSS, située à environ 20 kilomètres de Kislovodsk, dans le Caucase.

En juillet 1967 la station reçut des lettres de journaux locaux faisant état du vol d'un étrange croissant rougeâtre à travers le ciel à environ 21h 20 le 17 juillet.

Très tôt, le matin du 18 juillet 1967, l'astronome H. I. Potter ... _blank une étrange formation sur le ciel clair et étoilé à 2h 50, heure de Moscou.. Un nuage blanc apparut dans un site d'environ 20°, son diamètre était le double de celui de la lune mais sa face était beaucoup moins brillante.

Le nuage lui-même était d'une couleur blanc laiteuse avec un noyau rouge-rosé clairement discernable près de son extrémité nord. Le nuage grossit et devint plus pâle. Quelques minutes plus tard, la partie blanche du nuage disparut complètement, mais le noyau rougeâtre subsista ...

A 20h 40, le 8 août 1967, à la même station, l'astronome Anatoli Sazanov observa un objet volant inhabituel. Sa forme était celle d'un croissant assymétrique avec sa face convexe tournée dans la direction de son mouvement. Il observa derrière les pointes du croissant, des rubans étroits légèrement lumineux ressemblant aux traînées de condensation d'un avion à réaction. Le diamètre de l'objet était les deux tiers de celui de la lune, et il était moins brillant que celle-ci. Il était jaune avec une teinte rougeâtre. (108).

Un des évènements les plus fascinants que l'on peut trouver dans l'histoire écrite, est le météorite de Tunguska ( ou encore Tunguski ) qui atterrit en Sibérie en 1908. Bien que beaucoup l'appellent météorite, personne n'est certain de ce que cela était réellement.

En plein jour, le 30 juin 1908, des centaines de personnes virent un objet s'écraser dans les bois de la Sibérie, près de la rivière Tunguska. Les arbres furent rasés dans un rayon de 65 kms, à partir du centre de l'impact "leurs sommets pointant radicalement par rapport à l'épicentre. Les témoins ressentirent une très forte chaleur sur leur peau. Les objets de métal, près du point d'impact, fondirent... Des ondes barométriques entourèrent le globe. Des perturbations magnétiques se produisirent sur de nombreux continents. L'énergie libérée ... est estimée entre 1016 et 1017 joules ( qui est la gamme d'énergie libérée par une bombe à hydrogène )." (109)

On ne découvrit pas de cratère au point d'impact et certains pensent que l'objet explosa à 10 kilomètres du sol bien que d'autres disent qu'un cratère se forma, mais il fut immédiatement rempli avec de l'eau. (110)

Le Rapport Condon suggère cinq explications, deux, ayant trait à l'impact d'une comète, deux ayant trait à l'impact d'un météore, et la cinquième proposant un météorite d'antimatière. Ils en conclurent que c'était probablement une comète bien qu'ils admirent que l'hypothèse de l'antimatière était extrêmement attrayante. En 1968, Zigel suggéra encore une autre hypothèse qui ne fut pas retenue par le groupe Condon : l'explosion d'un engin extra-terrestre. Il déclara que, si c'était une comète, elle aurait dû être remarquée par les astronomes bien longtemps avant son impact sur la Terre il prétend également que l'objet changea de direction peu avant son impact ; une comète ne ferait pas cela. Il en conclut donc que c'était un OVNI mais comme nous l'avons mentionné plus tôt, le dossier n'a jamais été refermé.

Les UFOlogues d'Union Soviétique, eurent à faire face à beaucoup de problèmes rencontrés par leurs homologues américains, mais peut-être encore à un degré plus important. Il n'y a aucune organisation privée du type APRO ou NICAP, et leur Armée de l'Air, pour autant qu'on en sache, n'a rien de similaire à Blue Book, qui avait au moins le mérite de servir de point de rassemblement pour les rapports.

Le fait qu'il n'y eut pas en Russie de réactions au sujet jusqu'en 1960 a ses raisons. La première d'entre elles est que, les autorités russes juste après la seconde guerre mondiale ( la période de guerre froide ) pensait que les rapports sur les OVNI en provenance soit de l'étranger soit de chez eux étaient liée à des tactiques de guerre psychologique puisque ces récits mystérieux et sensationnels semblaient n'avoir d'autres buts que de créer de l'inquiétude et de la peur parmi les gens. La seconde cause ... est que les autorités russes, de même que leurs collègues de l'Ouest, ne savaient pas quoi faire pour démystifier ces récits ou faire le silence dessus. Pour cette raison le livre du Docteur Donald Menzel écrit aux Etats-Unis en 1953 fut publié en grande série en version russe seulement en 1962… Le livre de Menzel a été férocement attaqué, encore qu'en Russie il bénéficia de plus de "respect" qu'il n'en inspira dans son propre pays. (111)

Le parallèle entre les réactions officielles soviétiques et américaines est assez amusant. Juste comme cela se produisait pendant la seconde guerre mondiale avec les "foo fighters", guerre pendant laquelle les trois pays principaux firent tous des rapports, dans lesquels ils affirmèrent tous que c'était des armes ennemies, la réaction russe sur les OVNI fut très similaire à la nôtre.

En effet, on peut dire que la situation OVNI en Russie, semble être assez identique à celle qui existe chez nous. La population et quelques scientifiques sont intéressés, mais il n'y a aucun support officiel.
Dans ce domaine, les Etats-Unis sont dans une meilleure position, car la liberté de la presse qui figure dans la Constitution autorise de nombreuses publications sur le sujet. En Russie, sans le support du gouvernement, il y a peu de choses écrites et les publications ne reçoivent pas de publicité.

Les deux parties ont néanmoins droit à la parole, et six mois après le travail de Zigel, qui fut publié dans le Soviet Life, le point de vue opposé fut donné dans Soviet Science in the News.

... trois éminents scientifiques Soviétiques, E. Mustel, D. Martynov et V. Leshkovstev, déclarèrent qu'il n'y avait aucun fait nouveau permettant de soutenir l'existence des OVNI. Les astronomes dirent-ils n'en virent pas, les scientifiques qui étudient l'atmosphère terrestre n'en virent pas, et les forces de défense anti-aérienne n'en virent pas. Tous les objets passant au-dessus du territoire soviétique sont reconnus, soit par les scientifiques, soit par les forces de défense. Ces trois scientifiques continuèrent en disant que, s'il y avait réellement des OVNI, les scientifiques auraient la primeur des informations sur ces objets. Le Bureau de la Division de Physique Générale et Appliquée de l'Académie des Sciences écouta récemment un rapport ... Que la vogue des OVNI avait tous les signes extérieurs de "sensation anti-scientifique" et que ces conjectures n'avaient "aucune base scientifique" et que les objets observés avaient une nature très bien connue. (112)

De nouveau, les similarités sont étonnantes, Zigel cite des cas où les astronomes ont vu des OVNI et la déclaration opposée est que les astronomes n'en ont jamais vu.

3. Coopération internationale

Ainsi qu'on a pu le lire dans les sections précédentes de ce rapport, beaucoup d'UFOlogues américains ont réclamé une coopération internationale et particulièrement, durant les auditions du Congrès, pour fixer des tendances mondiales du problème OVNI. En 1967, le Dr James McDonald porta l'affaire devant le Groupe pour les Affaires sur l'Espace Lointain des Nation-Unies.
Bien que n'étant au courant d'aucune action entreprise Nations -Unies. cette commission des Nations-Unies, Drew Pearson & Jack Anderson remarquèrent l'intervention de McDonald, et particulièrement parce qu'elle se situa au milieu de 1967, pendant la guerre du Moyen-Orient, et ils déclarèrent dans un article intitulé "Les OVNI, un des grands soucis de U Thant" :

Il est intéressant de constater que U Thant a confié à des amis qu'il considère les OVNI comme le problème le plus important auquel ont eu à faire face les Nations-Unies depuis la guerre au Vietnam. U Thant fit cette déclaration avant la guerre au Proche-Orient si bien que l'on ne sait pas comment il apprécia ce dernier incident international vis-à-vis du problème OVNI (113).

Dans son discours devant la Commission des Affaires pour l'Espace Lointain, McDonald insista sur le fait que sa conviction que l'explication des OVNI en termes de véhicules extraterrestres était la plus plausible, ce n'était qu'une hypothèse, et qu'un effort international était nécessaire pour examiner le sujet.
Il cita la nécessité de "supprimer la crainte du ridicule qui, d'une manière évidente, empêchait beaucoup de gens de témoigner de leurs observations."
En résumé, il dit ceci :

''J'exhorte l'organisation des Nations-Unies à engager immédiatement une étude sur le problème OVNI, éventuellement par la Commission des Affaires sur l'Espace Lointain. Je souhaite que tous les membres des Nations-Unies soient encouragés à créer dans leurs propres pays des commissions d'examen et d'études sur les observations OVNI ...

Je ne connais aucun problème scientifique actuel dont le caractère soit plus intrinsèquement international que ce problème sur la nature et l'origine des Objets Volants Non Identifiés. Il paraît donc indispensable de s'assurer de la participation des Nation-Unies dans l'étude de ce problème, dont l'importance globale peut être réellement énorme. (114)




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