CENTRE NATIONAL D'ETUDES SPATIALES
Groupe d'Etudes des Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés
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Toulouse, le 2 avril 1981 N° 097 CT/GEPAN
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NOTE D'INFORMATION N°2
Les études de Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés aux Etats-Unis
1ère Partie : "L'énigme des OVNI"
( M.S. Smith - 9.3.1976 )
Présentation
INTRODUCTION
1. QU'EST-CE QU'UN OVNI ?
A. DÉFINITIONS
B. DESSINS D'APRÈS LES TÉMOINS
C. TYPES DE RENCONTRES
2. CRÉDIBILITÉ DES TÉMOINS
A. FACTEURS SOCIOLOGIQUES ET PSYCHOLOGIQUES
B. AUTRES FACTEURS LIMITATIFS DES TÉMOINS
C. COURBE D'ÉTRANGETÉ-PROBABILITÉ
3. POINT - CONTREPOINT
A. NON VALIDITÉ PROBABLE DE L'HYPOTHÈSE
EXTRATERRESTRE
B. LA SOIT-DISANT DISCRÉTION DE L'AIR FORCE ET LES
DISSIMULATIONS
C. FARCES ET CRÉDIBILITÉ DES TÉMOINS
D. INTÉRÊTS POSSIBLES POUR LA SCIENCE DE L'ÉTUDE DES
OVNI
4. RÉCITS PRÉCÉDANT 1947
A. OBSERVATIONS BIBLIQUES
B. AUTRES RAPPORTS ANCIENS
C. LA VAGUE DE 1896
D. LA VAGUE EUROPÉENNE D'APRÈS-GUERRE
5. RAPPORTS ET ACTIVITÉS DE 1947 A 1969
A. Aux ETATS-UNIS
A1. Kenneth ARNOLD et la vague de 1947
A2. Implications de l'US AIR FORCE (1948-69)
a) Projets SIGN et GRUDGE (1948-52)
b) La commission ROBERTSON et le projet BLUE BOOK
(1952-53)
c) Le rapport spécial n°14 et le rapport O'Brian : projet
BLUE BOOK (1953-66)
d) Le rapport CONDON et la fin de l'intérêt porté par l'US
AIR FORCE (1967- 69)
A3. Intérêt porté par le Congrès
a) Auditions de la Commission parlementaire des Armées
(1966)
b) Auditions de la Commission parlementaire de la
Science et de l'Astronautique (1968)
A4. Organismes privés
a) AFRO
b) NICAP
c) CUFOS
d) MUFON
e) AIAA
B. RAPPORTS NON AMÉRICAINS 'ET COOPÉRATION
INTERNATIONALE
A1. BRÉSIL
A2. UNION SOVIÉTIQUE
A3. Coopération internationale
6. OBSERVATIONS DE 1970 A 1975
A. LA VAGUE DE 1973
B. MUTILATIONS ANIMALES
C. MÉTAMORPHOSES HUMAINES INDIVIDUELLES
7. RESUME
ANNEXES
A - RÉSUMÉS DE CAS CHOISIS
1. 7 janvier 1948 (MANTELL - Type 1)
2. 24 juillet 1948 (EASTERN AIRLINES - Type 1)
3. 10 septembre 1951 (FORT MONMOUTH, New Jersey - Type 1)
4. 2 juillet 1952 (TREMONTON, Utah - Type 1)
5. 19-20 juillet et 26 juillet 1952 (WASHINGTON DC - Type 1)
6. 17 juillet 1954 (RB 47 SOUTH CENTRAL US - Type 1)
7. 19 septembre 1961 (Rencontre HILL, Zeta Retuculi - Type 3)
8. 24 avril 1964 (SOCORRO, Nouveau Mexique - Type 2)
9. 3 mars 1971 (Rentrée de ZOND IV - Type 1)
10. 2 novembre 1971 (DELPHOS, Kansas - Type 2)
B - ASTRONAUTES DE L'ANTIQUITÉ ET LE TRIANGLE DES BERMUDES
1. Astronautes de l'antiquité
2. Le triangle de Bermudes
C - TEXTE DE LA LETTRE DE Robert LOW à E. James ARCHER ET
Thurston E. MANNING CONCERNANT LE RAPPORT OVNI DU COLORADO
CHAPITRE II - CRÉDIBILITÉ DES TÉMOINS
Bien que l'on ait des témoignages sur les OVNI depuis de nombreuses
années, ce n'est que récemment que l'on effectue des études sur les
différents facteurs pouvant avoir un impact sur la crédibilité des témoins. Dans
la plupart des cas, il n'y a aucune sorte de preuve flagrante mais uniquement
des comptes-rendus d'observation visuelle.
On a donc maintenant demandé aux sociologues et aux psychologues quelle
était leur opinion sur le genre de personnes effectuant des témoignages sur
des OVNI, d'autant qu'il semble d'une évidence écrasante qu'un très petit
nombre de personnes ayant vu un OVNI en témoigne, et ce par crainte du
ridicule. J. Allen HYNEK raconte que lorsqu'il demande à ses auditoires
combien d'entre eux ont vu un OVNI, plus de dix pour cent lèvent la main. Par
contre, lorsqu'il demande à ceux-ci quels sont ceux qui en témoignent, très
peu d'entre eux, voire personne, ne répond.
Dans ces conditions, quel est alors le portrait-type d'un témoin d'OVNI, et ce
qui est également important, quel est le degré de précision avec lequel la
personne juge ce qu'elle est en train de voir ? La situation est probablement
une situation de tension où toutes les facultés ne sont pas à leur niveau
optimum, et où il n'y a que très peu de points de référence disponibles pour
effectuer une détermination précise de la distance, de la taille, de l'objet ainsi
que de sa vitesse, s'il se déplace.
Apparemment, il semble que l'attention publique fut, pour la première fois,
attirée sur cet aspect des OVNI en 1968, lors des auditions par le "House
Committee on Science on Astronautics" ( réf. Chapitre 5 ). Le Dr. Robert HALL,
chef du département de Sociologie à l'Université d'Illinois, fut entendu en tant
que témoin ; le Dr. Roger N. SHEPARD, du Département de Psychologie de
l'Université de Stanford ainsi que le Dr. R. Leo SPRINKLE, de l'Université du
Wyoming, fournirent des documents pour le procès-verbal. Un an plus tard,
l"'American Association for the Advancement of Science" effectue un
Symposium à Boston, sur le phénomène OVNI, symposium comprenant
quatre personnes de ces différentes spécialités.
Les sociologues et les psychologues sont largement divisés sur les témoins
d'OVNI, au même titre que les autres investigateurs le sont sur le problème
OVNI en général. Par exemple, les Dr. Lester Grinspoon et Alan Persky
semblent considérer que, non seulement les témoins, mais aussi
les scientifiques sérieusement impliqués dans l'étude du phénomène OVNI,
sont victimes du syndrome Freudien classique sein/Pénis, pour ceux qui
font état de formes d'OVNI du type cigare ou soucoupe.(12)
Cet auteur ne put trouver aucun autre document à l'appui de cette hypothèse.
Le Dr. Robert Hall qui était présent aux auditions du Parlement ainsi qu'au
symposium AAAS, rapporte que les gens essaient d'abord d'expliquer
l'OVNI en termes d'objet familier. C'est uniquement lorsque celui-ci ne peut
être classé dans une catégorie connue que le témoin conclut que c'est un
OVNI. Il explique que chacun de nous possède un ensemble de systèmes de
croyances qui nous aide à déterminer nos structures de référence pour la
vie de tous les jours.
Ce à quoi croient les gens est généralement organisé à l'intérieur de systèmes
de croyances élaborés. C'est à dire que chaque personne a une structure de
connaissance constituée de nombreux éléments d'information et de croyance
qui sont interdépendants, et les gens sont organisés en systèmes sociaux
dans lesquels chaque personne prête appui à la croyance des autres à
l'intérieur du système. Une croyance isolée est une croyance inconsistante ...
... Il apparaît que les gens tentent dans de nombreuses circonstances d'avoir
des croyances cohérentes avec celles de leur environnement... Lorsque des
personnes raisonnables rapportent des événements qui ne reçoivent aucun
appui social de la part de leurs amis et qui ne sont pas en harmonie avec leurs
propres croyances antérieures alors là nous devons prendre leur témoignage
au sérieux…(13)
De par ce raisonnement, le rapport d'un témoin devrait être crû, aussi
longtemps que celui-ci a un bon comportement dans la communauté et qu'il
répond aux autres critères définis dans la section B du présent chapitre.
Walter Sullivan, chroniqueur scientifique du New-York Times, souligne
cependant que les OVNI font partie des systèmes de croyance de la plupart
des gens après avoir été introduits dans ces systèmes par les media ( ce sont
eux après tout qui ont inventé le terme de "soucoupe volante" après que
Kenneth Arnold eut rapporté ce qu'il avait vu ).
On prétend que de nombreux témoins de phénomènes OVNI non expliqués
ne croyaient pas aux OVNI avant leur propre expérience. Je soutiens que
nous avons été conditionnés par la presse, la radio et la T. V. -- c'est à dire
par l'accent général de notre société -- à une hiérarchie de croyances qui
comprennent au minimum l'image de l'OVNI pour la plupart de la population.
(14).
Si l'on accepte formellement que les OVNI fassent partie de fait du
vocabulaire de tout un chacun, il faut donc déterminer quels sont les indices
que l'on peut obtenir pour déterminer la fiabilité des témoins. Hall fait
remarquer que notre système légal comporte des critères pour déterminer la
crédibilité d'un témoin appelé devant un tribunal. Ce système prend en compte
au niveau de l'individu : sa réputation dans la communauté ; sa connaissance
antérieure de faits et de personnes impliquées dans la déposition ; ses motifs
apparents de prévarication ou de déformation ainsi que les caractéristiques
propres de la déposition telles que consistance, caractère récent, vérifiabilité
des délais, etc ...(15).
Hynek appelle cela "taux de crédibilité" et pense que "nous n'avons aucun
droit d'ignorer sommairement les dépositions ( des témoins ) et de conclure
qu'ils se sont trompés ou qu'ils sont de simples menteurs.
Traiterions-nous ainsi ces mêmes personnes si elles déposaient sous
serment devant un tribunal, sur des sujets plus concrets ?" (16).
En tant que consultant de l'Air Force depuis des années, Hynek a une bonne
connaissance des témoins et a observé "qu'il y a très peu de témoignages
OVNI effectués par des excentriques, et ce pour de nombreuses raisons dont
la principale est que ces gens sont tout simplement incapables d'effectuer un
compte-rendu articulé, objectif et basé sur des faits" (17). C'est une
considération importante car elle met en évidence un aspect des témoignages
OVNI sur lequel tout le monde tombe généralement d'accord. - Plus il y a de
témoins, plus les rapports sont crédibles -. Hynek constate :
Il est vrai qu'occasionnellement un témoin unique, de faible crédibilité
effectuera un compte-rendu hautement imaginatif sur un phénomène de toute
évidence naturel. Mais ce type de compte-rendu est une mise en garde sur
des témoignages OVNI effectués par un seul témoin... (18).
Philip Morrison en convient : "Je dirais même qu'aucun témoin qui rapporte
une histoire véritablement étrange n'est crédible. Le seul espoir est d'avoir des
déclarations indépendantes avec plusieurs témoins indépendants et alors la
crédibilité est certainement établie" (19).
Il existe cependant un danger dans cette théorie. C'est la situation
psychologique appelée hystérie collective par laquelle un groupe d'individus
peut être amené à croire que tel ou tel événement est en train de se passer.
On le définit de la manière suivante :
…Sa dissémination à travers une population de symptômes dans un contexte
où aucune base concrète à ces symptômes n'a pu être établie et où toute une
gamme de pratiques et comportements, largement empreinte d'un sentiment
de peur d'une force mystérieuse, se répand à travers la collectivité... Ceci est
inexplicable en termes habituels d'effets mécaniques, chimiques ou
physiologiques (20) .
La relation que peut avoir cette situation avec les OVNI est inconnue le
rapport CONDON et le Symposium AAAS ont discuté ce point comme une
possibilité. Deux cas cités dans ces deux mêmes études illustreront ce que
cette situation peut entraîner.
Le premier cas est la fameuse émission radio de H.G. Wells. La Guerre des
Mondes, en 1938. Pour les auditeurs de ce programme qui n'avaient pas
entendu le présentateur expliquer que c'était seulement une fiction et non un
fait réel, tout se passa comme si la terre avait été effectivement envahie par
des extra-terrestres venus d'une autre planète. Leur réaction fut une réaction
de panique, certains ayant littéralement "mis le cap sur les collines", et dans
certains cas tentative de suicide. L'émission eut lieu à une époque où il régnait
une grande anxiété causée par le risque de guerre, lorsque Hitler venait juste
d'envahir l'Autriche et que les Japonais marchaient sur la Chine. La population
était conditionnée avec des nouvelles de guerre et de destruction et la
panique s'ensuivit.
Le deuxième cas concerne l'épidémie "June Bug" d'une usine du Sud. En
1942 des ouvriers d'une section d'une usine de textile du Sud firent état de
troubles ayant comme symptômes : nausées, urticaire et évanouissement,
causés par un minuscule insecte. En fait, il n'y avait aucun insecte. Ces
symptômes s'étaient manifestés spontanément et résultaient de tension et de
frustration ressenties par les ouvriers.
Le rapport CONDON conclut simplement que l'on doit tenir compte de ce
phénomène lorsque l'on étudie des cas d'OVNI, mais ne le cite pas comme
une cause effective. Le Dr. Hall au meeting AAAS décida de l'écarter
totalement en tant qu'explication.
On tenta d'assimiler les rapports sur les OVNI à ces cas d'hystérie collective...
mais il est très difficile de faire admettre que les cas "solides" puissent être
expliqués de cette manière. Tout d'abord les témoins d'OVNI, dans la plupart
des cas n'interprètent pas cela comme une menace personnelle sérieuse. Ils
décrivent souvent un OVNI avec embarras mais sans peur. D'autre part,
compte tenu que ces témoignages d'OVNI se succèdent depuis au moins des
décades et qu'ils sont répartis à travers le monde entier ce serait un cas
d'hystérie collective sans précédent. (21).
Dans ces conditions le chercheur doit-il abandonner l'idée de déterminer la
crédibilité d'un témoin ? Le Dr. Roger Shepard, dans sa déclaration au House
Science and Astronautics Committee" * conclut que :
... Une étude scientifique des phénomènes OVNI n'est pas impossible...
simplement plus difficile, car nous avons à faire face, dans la plupart des cas,
à un problème ne pouvant pas être résolu en valeurs physiques, mais par
l'interprétation de comptes-rendus verbaux. En résumé, nous avons à faire
face à un problème relevant plus du domaine du psychologue que du
scientifique. (22).
Le rapport CONDON conclut qu'il serait souhaitable que des sociologues et
des psychologues fassent partie des équipes d'investigateurs sur les rapports
d'OVNI (23). Il semble de toute évidence, que les gens de ces disciplines
pourraient contribuer grandement à l'effort. Mais du fait des divergences
d'opinion existant dans ces professions, il semble douteux qu'ils arrivent à
résoudre la controverse.
Le Dr. Hall déclara au Symposium AAAS que :
Nous trouvâmes quelques scientifiques tenant un raisonnement de ce style :
"Je peux citer des centaines de cas où les gens ont été vivement intrigués par
un av ion ou une étoile et qui l'ont signalé comme étant un OVNI. Je peux
également citer des centaines de cas comiques où des gens déséquilibrés
racontaient des histoires de toute évidence fausses ; par conséquent il est
plausible que le reste des cas soit du même genre".
De ma propre expérience de pilote militaire durant la guerre, je sais que des
aviateurs ont parfois tiré sur Vénus ou sur une île en croyant que c'était un
avion. Il serait néanmoins stupide de ma part d'en conclure qu'il n'existe pas
d'avions dans le ciel (24).
Il y a donc deux solutions possibles :
- soit que les témoins aient observé un phénomène physique particulier, soit
qu'il s'agisse d'une forte projection de leurs phantasmes, d'un phénomène
d'hallucination collective ou de tout autre mécanisme similaire. Etant donné
ces différentes possibilités, je pense qu'il est plus plausible de croire à un
stimulus physique particulier plutôt que de croire que de nombreux témoins se
trompent de telle manière qu'ils arrivent à croire fermement qu'ils sont en train
de voir quelque chose contraire à leurs propres croyances, et qui risque de les
rendre ridicules aux yeux de leurs concitoyens (25).
De même que des professionnels, tels que Grinspoon & Persky pensent que
les OVNI sont des manifestations psychologiques, il y a ceux qui rejoignent le
Dr. Shepard dans sa conviction, après étude de nombreux cas d'OVNI, que la
plupart des observations ne sont pas des aberrations psychologiques et qui
reconnaissent avoir négligé d'étudier sérieusement ces cas, soit à travers la
psychopathologie, soit à travers le phénomène OVNI ..." (26).
B. AUTRES LIMITATIONS AUX TÉMOIGNAGES
En plus de la discussion ci-dessus, il est nécessaire d'identifier d'autres
facteurs pouvant avoir un impact sur le témoin d'un OVNI et étant plus ou
moins liés au portrait psychologique de ce témoin. Le Dr. Frank Drake, au
symposium AAAS, fit le récit d'une expérience qu'il vécut lorsqu'il rendit visite
à un astronome du National Radio Astronomy Observatory à Green Bank,
West Virginia. En 1962, une pluie de météorites se produisit dans cette région
et tandis que ses collègues ramassaient des échantillons de ces météorites,
Drake interrogeait de nombreux témoins de manière à voir quelle avait été leur
perception du phénomène. Il s'aperçut que "sur un événement aussi bizarre la
mémoire du témoin se dégrade très rapidement.
Après 24 heures environ, 50 % des témoignages sont sérieusement erronés,
au bout de deux jours 75 % de ces témoignages sont sérieusement erronés ;
au bout de quatre jours, 10 % seulement sont valables et au bout de cinq
jours, les gens en font un compte-rendu plus imaginatif que réel" (27).
Il y a un bon moyen d'essayer non seulement de se rappeler un certain
nombre de faits mais également de les décrire à un enquêteur. Ceci consiste
à décrire un ami, ou une proche relation, à quelqu'un de telle manière que
celui-ci puisse le reconnaître dans une foule. Ce n'est vraiment pas facile
quoique vous connaissiez bien cet ami ou cette relation depuis nombre
d'années.
D'autre part, le problème fondamental est d'essayer de déterminer la couleur,
la forme la vitesse et la distance d'un objet. Dans l'exemple cité par Drake, les
témoins avaient attribué aux météores à peu près toutes les couleurs du
spectre, du rouge au bleu. Il est possible que l'œil soumis brutalement à une
lumière vive dans un environnement sombre puisse enregistrer n'importe
quelle couleur et que cela rende inutile par conséquent le témoignage de
l'observateur. De même certains témoins pensaient connaître leur position
exacte par rapport à la pluie de météores et donner ainsi une bonne
estimation de la distance et de la position. Cependant, en reconstituant les
faits, il s'avéra qu'ils n'étaient pas sûrs de l'endroit où ils se trouvaient, comme
ce chasseur qui avait dit savoir exactement où était garée sa voiture, mais
après avoir effectué un nouvel examen ( à partir des détritus de son
casse-croûte de la nuit ), on s'aperçut que l'endroit en question était à environ
cent mètres du point qu'il avait précédemment montré aux enquêteurs.
La figure ci-dessous illustre également le fait que ce que l'on voit n'est pas ce
que l'on croit. Bien que la ligne du bas paraisse plus longue, sa mesure
prouve qu'elle est exactement de la même longueur que celle du haut.

En 1968, Sydney Walker III, M.D., suggère qu'une série de tests physiques
soient effectués sur chaque observateur d'OVNI. L'examen proposé
comprendrait : bilan médical et études particulières en laboratoire, examen
neuro-ophtalmologique des yeux pour s'assurer que cornée, lentille, humeur
aqueuse, humeur vitreuse, rétine, nerf optique ( tête et ramifications au
cerveau ) sont en bon état ; examen neurologique détaillé pour s'assurer
qu'une affection neurologique ne soit pas à l'origine d'hallucinations, d'abus,
de distorsions, d'affabulations ; et finalement un examen psychiatrique
(28).
Mark W. Rhine, dans le Rapport Condon, attache une grande importance à ce
dernier point.
Le témoignage de tout observateur ne montrant aucun caractère médical ou
psychologique pouvant affecter sa perception ou son interprétation devra avoir
un bon facteur de crédibilité.
Je suggérais ... l'utilisation d'un test psychologique ... lorsque le psychiatre le
recommanderait. Un entretien psychiatrique ne serait pas socialement
infâmant s'il faisait partie routinière de l'évaluation d'un observateur
(29).
Ce que ni le Dr. Walker ni Mr. Rhine ne prennent en compte, c'est que les
témoins éventuels d'OVNI seraient peu enclins à témoigner s'ils savaient qu'ils
feraient l'objet de pareils tests. La meilleure preuve en est le nombre de viols
ne faisant l'objet d'aucune plainte de la part de femmes craignant l'humiliante
procédure à laquelle elles seraient soumises dans ce cas de la part de la
police et des médecins ; que "toutes" les victimes de viol soient sujettes au
même traitement, ne diminuerait en rien le stigmate social qu'elles
ressentiraient.
Dans sa déclaration pour le "House Committee on Science and Astronautics",
le Dr. Shepard suggère que l'on demande aux témoins de répéter leurs
histoires suivant une procédure en trois temps. Dans un premier temps, le
témoin rapporterait ce qu'il a vu, avec ses propres mots et sans que
l'investigateur ne cherche à l'influencer. Dans un deuxième temps, on
montrerait au témoin un jeu de représentations et celui-ci choisirait l'objet lui
paraissant le plus proche de ce qu'il a vu. L'étape finale permettrait de
reconstituer l'objet vu le plus exactement possible avec l'aide d'un dessinateur
qualifié. Ces deux dernières procédures sont identiques à celles utilisées par
la police pour effectuer le portrait-robot d'un criminel. Shépard souligne que ce
système aida à résoudre de nombreux cas dont les meurtres de huit
élèves-infirmières par Richard Speck à Chicago dans les années 60.
C. COURBE ÉTRANGETÉ / PROBABILITÉ
Face à tous ces facteurs et au problème posé par leur assimilation, J. Allen
Hynek a établi une courbe, Etrangeté/Probabilité pour déterminer quels cas
ont la plus grande probabilité d'être des cas "solides". Une explication
complète de ses méthodes figure dans son livre : The UFO Experience : A
Scientific Inquiry ( Chicago, Henry Regnery Co, 1972, 22-31 ). En substance, il
définit l'étrangeté en fonction du nombre de points particuliers ou d'éléments
d'informations contenus dans le rapport et suivant la difficulté existant à les
expliquer en faisant l'hypothèse que l'événement a réellement eu lieu. La
crédibilité prend en compte plusieurs facteurs : "s'il y a plusieurs témoins
quelle est leur objectivité collective ? Comment répondent-ils aux tests sur leur
capacité à déterminer une vitesse angulaire ? Quelle est leur vision ? Quelle
est leur réputation générale dans la communauté ? Pour la véracité de leur
témoignage, quelle est leur réputation de "recherche de publicité". Quelle est
leur profession et son niveau de responsabilité ?" (30).
Hynek pointe alors les cas pour déterminer les meilleurs, suivant le tableau
ci-dessous. Les cas se trouvant dans le coin supérieur droit seront
potentiellement les plus importants et, comme on le voit, c'est une partie très
peu peuplée. Cette carte doit cependant constituer un début pour la recherche
des "bons" cas.

Diagramme étrangeté/probabilité d'observations d'OVNI. Pour être considérée
comme importante, une observation doit avoir une probabilité importante de
réalité ainsi qu'une grande étrangeté. Le coin supérieur droit de ce diagramme
est peu peuplé.
* = lumière nocturnes
O = disques vus au jour
R = cas radar.
C = rencontres proches sans réaction sur l'environnement
P = rencontre proche avec effets physiques
( trace d'atterrissage, brûlures, arrêts d'engins, etc.... )
(31)
SUITE...
© CNES
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