CENTRE NATIONAL D'ETUDES SPATIALES

Groupe d'Etudes des Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés

Toulouse, le 2 avril 1981
N° 097 CT/GEPAN


 

NOTE D'INFORMATION N°2


 

Les études de Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés aux Etats-Unis

1ère Partie : "L'énigme des OVNI"

( M.S. Smith - 9.3.1976 )




TABLE DES MATIÈRES

Présentation

INTRODUCTION

1. QU'EST-CE QU'UN OVNI ?
     A. DÉFINITIONS
     B. DESSINS D'APRÈS LES TÉMOINS
     C. TYPES DE RENCONTRES

2. CRÉDIBILITÉ DES TÉMOINS
     A. FACTEURS SOCIOLOGIQUES ET PSYCHOLOGIQUES
     B. AUTRES FACTEURS LIMITATIFS DES TÉMOINS
     C. COURBE D'ÉTRANGETÉ-PROBABILITÉ

3. POINT - CONTREPOINT
     A. NON VALIDITÉ PROBABLE DE L'HYPOTHÈSE EXTRATERRESTRE
     B. LA SOIT-DISANT DISCRÉTION DE L'AIR FORCE ET LES DISSIMULATIONS
     C. FARCES ET CRÉDIBILITÉ DES TÉMOINS
     D. INTÉRÊTS POSSIBLES POUR LA SCIENCE DE L'ÉTUDE DES OVNI

4. RÉCITS PRÉCÉDANT 1947
     A. OBSERVATIONS BIBLIQUES
     B. AUTRES RAPPORTS ANCIENS
     C. LA VAGUE DE 1896
     D. LA VAGUE EUROPÉENNE D'APRÈS-GUERRE

5. RAPPORTS ET ACTIVITÉS DE 1947 A 1969
     A. Aux ETATS-UNIS
       A1. Kenneth ARNOLD et la vague de 1947
       A2. Implications de l'US AIR FORCE (1948-69)
         a) Projets SIGN et GRUDGE (1948-52)
         b) La commission ROBERTSON et le projet BLUE BOOK (1952-53)
         c) Le rapport spécial n°14 et le rapport O'Brian : projet BLUE BOOK (1953-66)
         d) Le rapport CONDON et la fin de l'intérêt porté par l'US AIR FORCE (1967- 69)
       A3. Intérêt porté par le Congrès
         a) Auditions de la Commission parlementaire des Armées (1966)
         b) Auditions de la Commission parlementaire de la Science et de l'Astronautique (1968)
       A4. Organismes privés
         a) AFRO
         b) NICAP
         c) CUFOS
         d) MUFON
         e) AIAA
     B. RAPPORTS NON AMÉRICAINS 'ET COOPÉRATION INTERNATIONALE
       A1. BRÉSIL
       A2. UNION SOVIÉTIQUE
       A3. Coopération internationale

6. OBSERVATIONS DE 1970 A 1975
     A. LA VAGUE DE 1973
     B. MUTILATIONS ANIMALES
     C. MÉTAMORPHOSES HUMAINES INDIVIDUELLES

7. RESUME

ANNEXES

A - RÉSUMÉS DE CAS CHOISIS
     1. 7 janvier 1948 (MANTELL - Type 1)
     2. 24 juillet 1948 (EASTERN AIRLINES - Type 1)
     3. 10 septembre 1951 (FORT MONMOUTH, New Jersey - Type 1)
     4. 2 juillet 1952 (TREMONTON, Utah - Type 1)
     5. 19-20 juillet et 26 juillet 1952 (WASHINGTON DC - Type 1)
     6. 17 juillet 1954 (RB 47 SOUTH CENTRAL US - Type 1)
     7. 19 septembre 1961 (Rencontre HILL, Zeta Retuculi - Type 3)
     8. 24 avril 1964 (SOCORRO, Nouveau Mexique - Type 2)
     9. 3 mars 1971 (Rentrée de ZOND IV - Type 1)
     10. 2 novembre 1971 (DELPHOS, Kansas - Type 2)

B - ASTRONAUTES DE L'ANTIQUITÉ ET LE TRIANGLE DES BERMUDES
     1. Astronautes de l'antiquité
     2. Le triangle de Bermudes

C - TEXTE DE LA LETTRE DE Robert LOW à E. James ARCHER ET Thurston E. MANNING CONCERNANT LE RAPPORT OVNI DU COLORADO




CHAPITRE III
- POINT - CONTREPOINT

Il est très difficile dans ce genre de rapport d'exprimer correctement la large variété d'opinions existant sur le phénomène OVNI. La gamme s'étend de Donald Menzel, qui pense qu'il n'existe aucune possibilité que nous puissions être visités par des extra-terrestres, à Donald Keyhoe qui est persuadé que nous le sommes. Au milieu, on trouve quelqu'un comme J. Allen Hynek qui est tout disposé à considérer qu'il y a intérêt à étudier le phénomène OVNI ne serait-ce que pour en apprendre plus sur les phénomènes atmosphériques, sur la psychologie, et autres domaines scientifiques.

On va présenter dans ce chapitre différentes opinions sur différents aspects du problème OVNI. Si l'on tentait d'obtenir un axe avec les "croyants convaincus" à gauche et les "non-croyants convaincus" à droite, les quatres hommes faisant l'objet de cette étude se présenteraient dans l'ordre suivant :
Donald Keyhoe, J. Allen Hynek, Carl Sagan, et Donald Menzel.
Ce n'est bien sûr qu'une estimation grossière de leur position, mais cela servira de guide. Quatre essais sont fournis, et comme chacun est présenté isolément, il est clair qu'ils ne présenteront qu'un aspect du problème. C'est le but de ce chapitre et c'est pourquoi on n'essaiera pas de controverser leurs opinions.

A. NON-VALIDITÉ PROBABLE DE L'HYPOTHÈSE EXTRA-TERRESTRE

Carl Sagan, astronome et biologiste, actuellement à l'Université Cornell est un des premiers à croire que nombre d'autres civilisations intelligentes existent dans notre galaxie. Après une série de longs calculs ( dont la nature ne relèvent pas directement de ce rapport ), il estime à 1 million le nombre de civilisations techniques, intelligentes au moins aussi avancées que la nôtre. Mais Sagan est par ailleurs un des opposants principaux à la thèse extra-terrestre pour les OVNI. Est-ce une contradiction ?

Pour démontrer ce point, Sagan se sert de "l'hypothèse Père Noël", légende par laquelle, chaque année, dans un créneau d'environ huit heures, un "lutin venu d'ailleurs", se rend dans plus de cent millions d'habitations aux Etats-Unis pour y déposer des présents. Sagan a calculé que si le Père Noël passe seulement une seconde par habitation, il aurait besoin de trois ans simplement pour remplir les souliers, sans compter le temps nécessaire pour se rendre de maison en maison. "C'est un exemple de test de l'hypothèse, indépendant des mécanismes de propulsion du renne ou de la controverse sur l'origine des lutins. On considère l'hypothèse elle-même, en faisant des présomptions honnêtes et on en tire une conclusion non conforme à l'hypothèse et ce d'un facteur important. On conclura alors que l'hypothèse est insoutenable" (32).

En appliquant ce principe aux OVNI et en considérant le nombre "d'endroits intéressants" de notre galaxie, il calcule alors le nombre de lancements que devraient effectuer ce million de civilisations galactiques pour se rendre sur la Terre seulement une fois par an. Chaque civilisation devrait effectuer environ 10 000 lancements par an. Au-delà de l'énorme exploit technique, cela imposerait d'autre part de très grandes ressources matérielles.

Pour ceux qui argueraient que la Terre pourrait présenter un intérêt particulier pour une autre civilisation, Sagan répond qu'au mieux certains spécialistes, comme par exemple les spécialistes d'armes nucléaires, nous rendraient visite. Après tout, si nous découvrions en Afrique une tribu primitive réalisant des filets de pêche, seuls les anthropologues intéressés par le développement des filets de pêche rendraient visite à cette tribu. Il considère que l'idée que nous soyons "spéciaux" vis à vis de la galaxie est incohérente avec la théorie qu'il existe un million d'autres civilisations dans la seule Voie Lactée, sans mentionner le reste de l'Univers ( il y a approximativement 100 milliards d'étoiles dans la Voie Lactée et 100 milliards de galaxies dans l'univers connu ). Par rapport à ce nombre de civilisations que pourrions-nous avoir de si intéressant ?

Sagan ne dément pas complètement la possibilité que nous avons pu être visités dans un lointain passé ou que nous serons visités dans un lointain futur. En se servant toujours de son hypothèse d'un million d'autres civilisations dans notre galaxie, il établit que si chacune d'entre elles lançait un vaisseau spatial par an et que "même si tous atteignaient notre système solaire avec la même facilité, notre système serait en moyenne visité seulement une fois tous les cent mille ans" (33).

Il raconte l'histoire des Sumériens, qui sont peut être la première civilisation au sens de ce mot. Certains suggèrent qu'ils ne peuvent avoir appris des techniques évoluées telles que langage écrit, mathématiques, astronomie sans le secours d'un professeur et que ceux-ci venaient d'un autre monde. En se référant à la théorie de Drake et Clarke, Sagan ajoute que ces instructeurs extra-terrestres pourraient avoir laissé "une balise de contrôle technologique" qui les avertiraient lorsque nous aurions atteint un certain niveau technologique. Ce "contrôleur" pourrait par exemple mesurer la radioactivité de l'atmosphère et les instructeurs sauraient alors s'il est temps pour eux de revenir. A ce niveau, Sagan renvoie à ses observations sur les grandes distances mises en jeu dans l'espace ; même si les voyages à la vitesse de la lumière étaient possibles, il leur faudrait des centaines d'années avant d'arriver. "Nous devrions attendre l'an 2 300 ou 2 400 de notre ère pour avoir la réponse" (34).

Cependant, Sagan n'accepte pas la théorie de Von Daniken sur d'anciens astronautes avec des vestiges laissés prétendument derrière eux. Il estime que chaque objet "a une grande variété d'explications différentes plausibles. Les représentations d'êtres humains avec de grandes têtes allongées, supposées ressembler à des casques spatiaux, pourraient aussi bien être appliquées à des représentations artistiques inélégantes ou des représentations de masques de cérémonie ou à l'expression d'hydrocéphales rampants" (35).

Pour répondre à ce que peuvent voir les gens, Sagan cite une de ses propres expériences.

Lorsque j'étais à Harvard, je faisais un cours public sur un sujet quelconque et durant la fin du cours réservé aux questions, il y en eu quelques unes au sujet des OVNI. Je répondis que je pensais qu'au minimum une grande partie d'entre eux étaient dus à une mauvaise interprétation d'un phénomène physique naturel. Pour quelque raison que j'ignorais, des policiers étaient présents à cette audition publique et comme je sortais après la dernière question, deux d'entre eux à l'extérieur de la salle de cours étaient en train de regarder le ciel. Je levais les yeux et aperçus une étrange lumière éclatante se déplaçant lentement au-dessus de nos têtes. Bien entendu je sortis précipitamment avant que la foule ne me demanda ce que cela était. Je rejoignis quelques amis au restaurant et leur dis : "il y a quelque chose de formidable dehors". Tout le monde sortit. Ils appréciaient réellement cela. C'était une grande distraction. L'objet allait, venait, était clairement visible, se déplaçant lentement, s'estompant et brillant de nouveau, sans aucun son. J'allais alors chez moi, pris mes ,jumelles et revins. A l'aide de ces jumelles, je pus résoudre le problème des lumières, la lumière blanche brillante était en réalité deux lumières peu espacées et il y avait de l'autre côté deux autres lumières qui clig_blankient. Quant l'objet devint plus brillant nous pûmes entendre un léger bourdonnement, l'objet devint plus sombre nous n'entendîmes plus rien. En fait cet objet s'avéra être un avion météo de la NASA.

B. LA SOI-DISANTE DISCRÉTION DE l'AIR FORCE ET LES DISSIMULATIONS

Lorsque en 1948 l'Armée de l'Air eu la responsabilité des investigations sur le phénomène OVNI, elle instaura une politique de discrétion qui subit des attaques de plusieurs côtés ; Donald Keyhoe, un major en retraite des Marines fut l'un des premiers à essaye de dévoiler les informations qu'il était certain que l'Armée de l'Air possédait. Quelques-uns des rapports de l'Armée de l'Air sont commentés dans d'autres parties de ce document et bien entendu, la plupart étaient gardés secrets ( par exemple Le Projet Sign, "Estimate of the Situation", la conclusion du Jury Roberston et la plupart des comptes-rendus d'observations d'OVNI ).

Keyhoe s'est préoccupé de démontrer au public que les OVNI étaient quelque chose de réel. Il trouva dans l'Armée de l'Air une pierre d'achoppement et essaya en de nombreuses occasions d'exposer leurs opérations. Il publia livres et articles pour magazines qui trouvèrent leur couronnement en 1973 avec une perspective complète de ce problème intitulée "Aliens from Space" ( les Etrangers venus de l'espace ). Dans ce livre, il retrace toutes les années de secret de l'Armée de l'Air et ce qu'il appelle "les dissimulations" d'incontestable évidence que la terre a été visitée par des vaisseaux spatiaux venus d'autres mondes.

Keyhoe déclare que, en décembre 1969, lorsque l'Armée annonça que tous les cas d'OVNI étaient résolus et qu'elle referma le dossier Project Blue Book : "A cette période précise, des pilotes d'interception de l'Armée de l'Air ont essayé d'intercepter, sur ordres secrets de l'Aerospace Defense Command., des objets volants inconnus" (36).
Il poursuit en disant que même à l'heure actuelle, l'Armée de l'Air poursuit ses investigations sur ces incidents et ce en dissimulant leurs activités, même vis à vis du Congrès. Quelques uns des premiers rapports de l'Armée de l'Air ont été rendus publics en 1967 & le NICAP ( à l'époque sous la direction de Keyhoe ) publia le Blue Book Report 1-12.
Keyhoe déclare, avec les publications du NICAP à l'appui, que les rapports étaient classifiés SECRET ou CONFIDENTIEL avec un avertissement stipulant que si le contenu des documents étaient communiqués à du personnel non autorisé, c'était un crime d'espionnage.

Keyhoe parle encore de cas inédits dont par exemple des accidents d'avion. Il cite l'un d'eux qui se produisit le 1er juillet 1954. Un avion Starfire F-94 décolla de Griffiss AFB pour intercepter un OVNI. Comme le pilote arrivait près de l'objet "une chaleur de fournaise envahit les deux cockpits. Respirant très difficilement, le pilote éjecta la verrière. A travers le brouillard des vagues de chaleur, il vit l'observateur radar sauter en parachute. Etourdi et sans réfléchir, il s'éjecta de l'avion". Le F-94 s'écrasa sur une ville, tuant quatre personnes et en blessant cinq. Keyhoe déclare que ce rapport est "enterré" dans les documents de l'Armée de l'Air et classifié SECRET (37).

Keyhoe signale également qu'au début des années 1950, la CIA voulut enlever à l'Armée de l'Air la direction des enquêtes sur les OVNI et furent les premiers à organiser une campagne de démentis. Le "Robertson Panel" fut la première étape de ce processus et d'après Keyhoe le Major Dewey Fournet ( Air Force Headquarters Intelligence Unit ) * comptait "rendre public les faits" mais en fut empêché par la CIA. Ils lui ordonnèrent de mettre sur pied un "programme national de démenti" et de faire en sorte que les rapports sur les OVNI passent pour des "canulars". Keyhoe, déclare que des actions de ce type, secrets et dissimulateur se poursuivirent devant le Project Blue Book ( même durant l'étude Condon ) et qu'elles se poursuivent encore de nos jours.

C. FARCES ET CRÉDIBILITÉ DES TÉMOINS

Donald Menzel, un astrophysicien d'Harvard, s'oppose au "mythe" des OVNI depuis le début des années 1950. Parmi les nombreux problèmes auxquels doivent faire face ceux qui enquêtent sur les phénomènes aériens sortant du commun, se trouvent les farces délibérées montées dans un but de publicité et celles réalisées par des adolescents. Il y a vingt deux ans, Menzel parlait de ces canulars et expliquait leur origine de la manière suivante :

L'histoire d'Arnold n'avait probablement pas 24 heures lorsque farceurs, plaisantins et autres amateurs de publicité du pays, se mirent de la partie. Les gens avaient vu des soucoupes dans le ciel. Les gens voulaient en voir d'autres. Ainsi les plaisantins commencèrent à lancer des objets arrondis de toutes sortes depuis le toit des plus hauts immeubles. Les résultats escomptée ne se firent pas attendre. Les femmes hurlèrent comme on pouvait s'y attendre en de pareilles occasions. Les hommes au moins après s'être assure que les objets n'explosaient pas les ramassaient gravement et découvraient alors ce que c'était (38).

Les plus populaires de ces plaisanteries semblent être les photographies car elles sont considérées comme une bonne preuve par les enquêteurs bien que le nombre de faux entame sérieusement la crédibilité d'une telle " preuve". Menzel parle de l'incident de Trindale qui eut lieu en 1958 avec le cas d'un équipage d'un navire brésilien qui avait vu un OVNI et où un civil à bord de ce navire l'avait photographié. Après enquête il s'avéra qu'aucun membre de l'équipage n'avait vu l'OVNI, mais uniquement les photos de celui-ci, qui furent considérées comme frauduleuses. Les trois témoins qui disaient avoir vu l'OVNI rapportaient qu'il était brillant mais les photos montraient seulement une forme grisâtre. Sur la seule photo où l'on distinguait une forme, les montagnes de l'arrière plan étaient très claires alors que l'OVNI était juste une ligne sombre, avec un "début et une fin imprécis et avec une vague suggestion d'arrondi au sommet et au bas". En fait, le photographe n'avait aucun lien avec la Marine Brésilienne et était en réalité un photographe professionnel spécialisé dans la photographie truquée (39).

Les canulars grossissent le problème OVNI. Menzel en fournit un excellent exemple, car il se rattache également à la crédibilité des témoins. En janvier 1968, à Castle Rock, Colorado, petite ville à environ 50 km de Denver, douze témoins virent un OVNI. Voici la gamme de leurs descriptions : "Tout d'un coup environ une douzaine de lumière s'allumèrent devant moi, les phares de la voiture éclairaient comme s'ils étaient recouverts de boue" ; "une grosse lumière brillante. Pas éclatante, mais brillante" qui se déplaçait à différentes vitesses et semblaient avoir une hauteur de 600 pieds et au moins 25 pieds de diamètre ; une bulle en forme d'œuf de 50 pieds de long, 20 pieds de large et 20 pieds de profondeur . Deux jours plus tard, une mère "légèrement embarrassée" vint expliquer que ses fils avaient construit l'OVNI à partir d'un sac de plastique clair utilisé pour emballer les vêtements dans les boutiques de nettoyage à sec. (40).

Selon Menzel, les estimations de taille "ridiculement grandes" sont une des erreurs existant dans de nombreux rapports sur les OVNI, ainsi que pour la plupart des observateurs, les problèmes de perception d'un phénomène étrange et soudain. Menzel fit une communication sur ces problèmes sensoriels en 1968 au "House Science and Astronautics Committee" et en 1969 au "AAAS Symposium". Il cite l'exemple suivant : dans le milieu de la nuit un enfant se leva pour aller à la salle de bains, et alluma la lumière. Un de ses parents qui était réveillé fut ébloui par cette soudaine illumination ; la lumière disparut et il alla jeter un coup d'œil par la fenêtre.

Il commença à voir une tache lumineuse particulière flottant au-dessus des arbres et se déplaçant de manière irrégulière et saccadée. Il regarda l'OVNI Pendant une minute ou deux jusqu'à ce e qu'il disparaisse.

Cet homme ne peut être blâmé de ne pas s'être aperçu que le mouvement erratique et rapide de l'OVNI était la rémanence sensorielle de l'image dont le mouvement était en fait celui de ses propres yeux. (41).

A travers le monde, parmi tous les objets qui sont pris pour des OVNI, Menzel cite les oiseaux, les cerfs-volants, les chapeaux, les papiers, les sacs de plastique, les plumes, les toiles d'araignées et les cosses de graines. Il commente ceci de la manière suivante : "Si vous voulez voir des soucoupes volantes, il suffit de regarder en l'air".

D. INTÉRÊT POSSIBLE POUR LA SCIENCE DE L'ÉTUDE DES OVNI

Le Dr J. Allen Hynek s'occupe d'OVNI depuis longtemps. En tant qu'astronome de l'Université de l'Etat de l'Ohio, l'Air Force lui demanda, parmi les rapports sur les OVNI d'identifier les observations que l'on savait être des objets astronomiques. Quand le Project Blue Book fut créé le Capitaine Ruppelt demanda à Hynek de continuer ce travail. Ses opinions sur ce sujet avaient évoluées au cours des nombreuses années d'investigations sur les OVNI et actuellement beaucoup s'accordent à dire que c'est un "croyant". Un de ses plus forts arguments est de dire que l'étude des OVNI peut grandement contribuer à l'étude d'autres domaines scientifiques tels que la psychologie et la physique, et ce sans préjuger de la réalité des OVNI en tant que vaisseaux spatiaux extra-terrestres.

Etant lui-même un scientifique, Hynek est au fait de la méthodologie nécessaire pour aborder le sujet, et des opinions de la communauté scientifique. Pour ce dernier point, il distingue deux classes de scientifiques se penchant sur les problèmes d'OVNI :

(1) Les scientifiques qui traitent le phénomène OVNI par le ridicule et le mépris, se refusant même à l'examiner, le qualifiant de sujet incontrôlable et ( 2 ) ceux des scientifiques qui soutiennent, ou qui sont prêts à admettre après examen qu'il y a une forte possibilité que les OVNI soient un phénomène purement psychologique, c'est-à-dire totalement généré par l'activité cérébrale d'un individu ou d'un groupe d'individus ( aucun scientifique ayant examiné le sujet objectivement ne peut soutenir longtemps que les OVNI sont uniquement le fruit d'une mauvaise identification d'objets ou de phénomènes normaux ). (42).

Il estime que les opinions du deuxième groupe donnent droit à discussion et à débats, ce qui n'est pas le cas pour celles du premier groupe tant que ces scientifiques n'ont pas examiné les données existantes.

La pauvreté de ces données est un autre des problèmes de Hynek. Il estime que parfois ce manque d'informations "solides" est dû au fait que l'investigateur ne pose pas au témoin les questions qui permettraient d'obtenir la bonne information du témoin. Il y a aussi le problème du rapport "signal/bruit" dans lequel l'investigateur doit séparer les vrais rapports d'OVNI ( signal ) des canulars et des mauvaises identifications ( bruit ). Cependant Hynek signale que les astronomes sont très accoutumés, à ce genre de problèmes car ils sont aux prises avec des erreurs instrumentales et la distorsion atmosphérique.

Que tant de rapports d'OVNI soient interprétés comme étant des véhicules extra-terrestres, Hynek pense que "c'est évidemment injustifiable sans étude détaillée du contenu des comptes-rendus sur des choses vues et non identifiées. En effet, les lettres N-I d'OVNI signifient simplement Non Identifiés et peuvent s'appliquer à une large gamme de causes sans liens entre elles" (43).

A travers ses écrits, Hynek se réfère à quelques unes des grandes découvertes scientifiques de notre planète et au fait qu'elles ont paru invraisemblables à l'époque, il cite pa r exemple la découverte du radium par Madame Curie.

Supposons... qu'il y ait eu une rumeur, un conte de bonne femme, ou une histoire d'alchimiste faisant état de l'existence d'un élément inconnu et miraculeux qui pourrait être utilisé pour la transformation des éléments, qui aurait des pouvoirs miraculeux de dégagement de c haleur et d'autres propriétés "exotiques". Y aurait-il eu un scientifique ... pour faire ce qu'a fait Madame Curie, c'est-à-dire extraire le signal du bruit à travers des tonnes de pechblende ?
Presque personne. Madame Curie savait qu'il y avait un signal. Ce n'était pas une rumeur.
(44).

Dans les auditions devant le "House Science and Astronautics Committee", Hynek posait les questions suivantes : "pouvons-nous nous permettre d'ignorer complètement les OVNI ?, pouvons-nous nous permettre de passer éventuellement à côté d'une découverte scientifique très importante ?".
Plus tard, il ajoute que même s'il ne pouvait tirer des conclusions que de données fiables, il pouvait se permettre un pressentiment et que ce pressentiment lui disait qu'il y avait un "intérêt" de scientifique dans le phénomène OVNI, "que ce travail pouvait être extrêmement profitable et qu'en conséquence, un effort scientifique beaucoup plus important que jusqu'alors devait être entrepris pour attaquer ce problème de front." (45).

Pour savoir dans quelle discipline les efforts devaient porter, Hynek suggère une approche pluridisciplinaire, il estime que le champ d'investigations s'apparente plus à l'astronomie qu'à la physique, du fait que les données sont le plus souvent des données d'observation et non des résultats d'expériences et du fait que l'on ne peut prédire quand l'événement va se produire, il suggère que si les OVNI doivent s'avérer être extra-terrestres, les sciences du comportement s'avèreront certainement utiles. Il réclame un effort international pour établir des objectifs mondiaux partant du principe que si des structures définies sont mises en place "la probabilité que de telles corrélations se produisent simplement par chance... deviendra faible, par contre la probabilité que les OVNI représentent quelque chose de réellement nouveau pour la science - de nouvelles observations empiriques - deviendra virtuellement une certitude (46).




SUITE...




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