CENTRE NATIONAL D'ETUDES SPATIALES

Groupe d'Etudes des Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés

Toulouse, le 08 mars 1982
N° 0034 CT/GEPAN


 

NOTE TECHNIQUE
N° 11


 

ENQUÊTE 81/02 )

 

( PH. BESSE - EBERS - M. JIMENEZ - JJ. VELASCO )

 




SOMMAIRE

  1. - INTERVENTION DE LA GENDARMERIE NATIONALE

  2. - DÉROULEMENT DE L'ENQUÊTE

  3. - RÉCIT DU TÉMOIN

  4. - DESCRIPTION DES LIEUX

  5. - RECONSTITUTION ET ANALYSE

  6. - DONNÉES COMPLÉMENTAIRES

  7. - ANALYSE DU DISCOURS ET DU COMPORTEMENT DU TÉMOIN

  8. - ANALYSE DU VÉHICULE

  9. - CONCLUSION

ANNEXES

 




 

1. - INTERVENTION DE LA GENDARMERIE NATIONALE

 

La Brigade de Gendarmerie de C1 est alertée par la famille de M. BLAISE, le 26 janvier 1981 au soir. Celui-ci avait observé l'après-midi même un phénomène qu'il n'avait pas su reconnaître. La Gendarmerie locale se rend sur les lieux ( M. BLAISE habite V1 ), mais ne peut rencontrer M. BLAISE ce soir-là. L'enquête commence donc le lendemain 27 janvier 1981 vers 9 H 00, et donne lieu au compte-rendu suivant :

  • 27 janvier 1981 :

    Audition de M. BLAISE, né le 15 août 1946, domicilié à V1 ( un plan général et un plan détaillé des lieux se trouvent plus loin).

              

    "Hier vers 16 H 30, je venais de V3 et me dirigeais vers V2, empruntant le CDA puis le CDB.

    Arrivé à une cinquantaine de mètres après le carrefour, j'ai vu à environ 50 ou 100 mètres, sur ma gauche, au-dessus d'un pré, à environ 4 ou 5 mètres du sol, l'avant d'un objet ayant la forme d'un cigare. Celui-ci se dirigeait vers moi. J'ai pensé que ça allait me heurter mais à 4 ou 5 mètres de moi, l'objet a traversé la route et est passé au-dessus de mon véhicule.

    C'est à ce moment que la voiture a eu des ratés et s'est arrêtée.

    Je suis descendu du véhicule et j'ai vu l'objet au-dessus des arbres, à droite derrière moi.

    Il a alors bifurqué sur sa droite pour se diriger vers l'Est. Il a rasé une haie puis un bosquet d'arbres, a traversé un pré puis a disparu sur la ligne de crête. Cette crête sépare la Vallée de l'Orbiel de celle de la Dure.

    Description de l'objet : il est en forme de cigare, long de 5 mètres sur une hauteur de 1,50 m, aucune partie n'est saillante, il est de couleur orange mat, sur la partie latérale droite, trois cercles blancs, genre hublots, d'un diamètre d'environ 0,50 m, la largeur de l'ensemble est d'environ 1,50 m. Il n'y avait aucun bruit, aucune odeur, aucun rayon, aucune fumée, aucune lumière.

    Il n'y avait aucune forme dans l'objet.

    Le temps était clair, le soleil se couchait sur ma droite, il faisait environ 1 à 2 degrés. Il y avait un vent moyen du Nord, rien n'empêchait ma visibilité.

    S.I. L'engin venait du Sud vers le Nord, puis a ensuite fait un angle droit vers l'Est.

    Cet engin allait à environ 30 km/h et je l'ai vu nettement pendant 30 secondes environ. Au total, je l'ai vu pendant une minute.

    De par mon métier, je circule beaucoup dans la région, de nuit comme de jour et c'est la première fois que je vois un tel phénomène.

    Je suis en très bonne santé et je n'ai eu aucune défaillance physique.

    S.I. Je pense que cet objet était en dur.

    J'ai été choqué à l'apparition de cet objet, mais par contre, je n'ai rien ressenti et suis resté dans un état tout à fait normal. Mon véhicule n'a subi aucun dégât apparent mais l'allumage a été endommagé et mon véhicule ne démarre plus.

    S.I. La couleur orange était unie.

    Cet engin malgré ses dimensions, mais vu son évolution, me parait assez léger."

    L'observation a duré 30 secondes environ. Aucun trouble n'a été constaté sur les animaux des fermes environnantes pendant cette apparition. Aucun bruit n'a été perçu, aucun effet sur la nature n'a été remarqué. Plusieurs personnes habitant les environs ont été entendues verbalement. Aucune n'a remarqué l'apparition de l'objet volant signalé par M. BLAISE.

    La relation des faits dans la presse locale dès le 29 janvier n'entraînera aucun nouveau témoignage local.

    Le même jour, à 10 heures, M. BLAISE nous conduit devant son garage où se trouve sa voiture. Il s'agit d'une camionnette Citroën 2CV DYANE. Aucune trace n'est relevée sur le véhicule. Nous constatons que l'avertisseur sonore fonctionne normalement, les projecteurs et les feux de changement de direction également. Bien que le contact puisse être établi en engageant la clé, le voyant du tableau de bord s'allume normalement mais le démarreur ne tourne pas.

    A 11 heures, à l'arrivée d'un mécanicien du garage Citroën de C2, celui-ci engage la clé de contact et réussit à faire tourner le moteur. Le véhicule semble fonctionner normalement.

  • Le 29 janvier 1981, nous nous rendons une nouvelle fois sur les lieux, accompagnés de 4 experts du GEPAN de PARIS et TOULOUSE, afin d'entreprendre des investigations plus approfondies.

  • Le 30 janvier 1981, le garage Citroën de C2 nous fait connaître que le véhicule de M. BLAISE a été vérifié notamment en ce qui concerne le circuit électrique et d'allumage.

  • Le 13 janvier 1981, nous entendons M. RENÉ, mécanicien au garage Citroën C2.

    M. RENÉ, né le 10.10.1945, domicilié à C2.

              

    "J'exerce la profession de mécanicien auprès du garage Citroën situé à C2.

    Vers la fin du mois de janvier 1981, j'ai effectué une réparation sur le véhicule Citroën 2 CV fourgonnette de M. BLAISE demeurant à V1. Sur ce véhicule, j'ai effectué tout d'abord un contrôle des circuits de charge. Lors de celui-ci, notre appareil a détecté une anomalie au pont diode situé dans l'alternateur.

    Nous avons donc déposé l'alternateur et nous l'avons démonté entièrement. Nous avons contrôlé toutes les pièces à l'ohmmètre et il s'est avéré à ce moment-là qu'il n'y avait aucune défectuosité. L'ohmmètre étant un appareil servant à détecter s'il n'y a pas de coupure de courant dans toutes les pièces qui composent les différents organes de l'alternateur.

    N'ayant donc rien constaté d'anormal à l'issue de ce contrôle, j'ai remonté l'alternateur après avoir toutefois remplacé les charbons qui étaient usés. Je dois dire que nous avons profité de ce que l'alternateur était démonté pour les remplacer.

    Une fois remonté, l'alternateur a de nouveau été contrôlé avec le premier appareil qui ne sert seulement qu'à contrôler le circuit de charge et ce dernier a de nouveau indiqué que le pont diode était défectueux.

    A partir de ce moment-là, je n'ai plus touché au véhicule de M. BLAISE. J'ajoute que depuis le jour où son propriétaire l'a conduit à notre garage il a toujours démarré.

    Quelques jours après, alors que j'étais absent, des personnes du GEPAN sont venues et ont effectué des vérifications sur le véhicule. J'ai appris qu'ils avaient démonté l'alternateur et remplacé le pont diode, ils ont emporté cette pièce pour la vérifier en laboratoire.

    En conclusion, pour ma part je n'ai remplacé que les charbons de l'alternateur. Je précise que l'alternateur est une pièce nécessaire pour recharger la batterie, mais que sans elle un véhicule peut démarrer et rouler jusqu'à épuisement complet de la batterie."

 

2. - DEROULEMENT DE L'ENQUETE

 

Prévenu par télex le 28 janvier, le GEPAN se rend sur les lieux de l'observation le 29 janvier 1981.

  • CHRONOLOGIE DE L'ENQUETE DU 29.01.81 :

    • Préparation de l'enquête de 9 H 30 à 11 H 00 au GEPAN, départ à 12 H 17.

    • Arrivée à la gendarmerie de C1 à 13 H 25. Prise de contact avec les gendarmes, lecture de l'audition de M  BLAISE du 27 janvier, recueil d'informations sur la procédure d'enquête et sur le témoin.

    • 14 H 00, arrivée chez le témoin, prise de contact et premier entretien qui se termine à 14 H 28.

    • 14 H 31, arrivée sur les lieux :

      • 1ère reconstitution en temps réel,

      • 2ème reconstitution avec photos Polaroïd prises par le témoin.

    • 15 H 18, retour chez le témoin pour un deuxième entretien avec croquis des lieux et sur les photos polaroïd.

    • 16 H 05, arrivée d'un autre membre du GEPAN pour examen du véhicule. Troisième récit en insistant sur les aspects mécaniques. Nous prenons congé du témoin à 16 H 23.

    • 16 H 38, arrivée au garage Citroën pour prendre connaissance du passé technique de la voiture ainsi que des réparations effectuées suite à l'observation.

    • 18 H 07, départ de C2.

  • LE 30 JANVIER 1981 :

    • 09 H 30, arrivée de l'équipe d'enquête du GEPAN à la brigade locale C1, connaissance d'articles de presse locale où on remarque :

      • un autre cas d'observation mentionné dans un article par un journal local, le lendemain du phénomène observé par M. BLAISE ;

      • un article d'un journal régional relatant l'observation de M. BLAISE, avec les mêmes termes que le télex de la gendarmerie nationale du 28 janvier. Le brigadier pense que l'information a dû être délivrée à la presse par la compagnie de C2.

    • 10 H 00, arrivée des enquêteurs du GEPAN sur les lieux de l'observation :

      • reconstitution du trajet du témoin (estimation de durées),

      • relevé topographique (théodolite et télémètre),

      • photographie des lieux.

    • 13 H 30, visite chez le témoin :

      • entretien d'ordre général avec le témoin,

      • interventions sur le véhicule

        • vérification de la batterie,

        • circuit électrique,

        • changement du pont diode de l'alternateur.

    • 16 H 00, arrivée des gendarmes.

    • 16 H 15, fin de l'enquête.

 

3. - RECIT DU TEMOIN

 

RÉCIT DU TÉMOIN ( 29.01.81 )

La prise de contact avec le témoin a lieu autour de la voiture endommagée, qui constitue l'objet de ses premières paroles. Il nous déclare entre autre que "s'il se peut, ça - la panne - ne venait pas de ça" - le phénomène -.

Ensuite, nous rentrons avec lui dans sa maison. Nous allons dans sa salle à manger où sont présents sa femme, son beau-père ainsi que son fils de deux ans.

Trois enquêteurs du GEPAN et deux gendarmes venus de la brigade de C1 complètent l'assistance.

Après un bref exposé destiné à expliquer au témoin ce que les enquêteurs du GEPAN attendent de lui ( récit, reconstitution, entretien ) M. BLAISE nous raconte les événements qu'il a vécus dans l'après-midi du 26 janvier 1981.

          

"Il était environ 16 H 30, je me rendais à mon travail venant de chez ma tante qui habite à V3. Arrivé au carrefour du CDA et du CDB, lorsque j'ai amorcé le virage, j'ai vu arriver une espèce de cigare, que j'ai comparé à une baguette de pain. Il est venu de ma gauche, c'était comme le devant d'un avion ; j'ai pensé que ça allait me percuter. J'ai eu très peur à ce moment-là. A quatre ou cinq mètres de moi, dans le champ, il a obliqué et il est monté, il est passé au-dessus de la voiture. La voiture a eu des ratés et elle s'est arrêtée. Je suis vite sorti sans garer la voiture pensant que ça s'était mis dans les arbres. Je ne savais pas ce que c'était, je l'ai vu au-dessus des arbres, il a pris la direction du Nord, il a obliqué en direction de l'Est, il était toujours au-dessus des arbres. Il est descendu progressivement sur l'autre pré qu'il y a au-dessous de l'autre départementale. Il a regrimpé au-dessus du bois puis a descendu la vallée. A ce moment, je suis revenu à l'auto parce que je ne voyais plus.

Arrivé à la voiture en courant, j'ai essayé de..., je l'avais mal freinée, à peine je l'avais touchée, elle a bougé ; j'ai essayé un coup de contact, rien ; j'ai fermé, je suis parti en courant. Je me suis dit qu'il faudrait arriver à l'église de V3 si jamais quelqu'un y serait. Arrivé au carrefour, je l'ai aperçu dans le pré du "Domaine des Cabanes", il filait, il ne paraissait pas haut non plus. Quand je suis arrivé à peu près à 100 m de l'église de, V3, c'était trop tard, il avait disparu juste derrière la ligne de crête et je ne l'ai plus revu.

Je suis arrivé chez ma tante, tout blanc, tout tremblant qu'elle a cru que j'avais eu un accident. J'ai téléphoné chez moi, puis de chez moi on a téléphoné à la gendarmerie".

 

4. - DESCRIPTION DES LIEUX

 

La région où a eu lieu cette observation est au coeur d'un massif montagneux de moyenne altitude ( 1 000 m ) comportant de nombreuses vallées encaissées.

De grands plateaux s'étendent aux pieds des sommets, et c'est sur l'un d'entre eux, à l'intersection de deux routes départementales que M. BLAISE situe son observation dans l'après-midi du 26.01.81 vers 16 H 30.

Ce plateau est très caractéristique de cette région, de vastes prairies occupent la moyenne partie de celui-ci mais, également d'importants bois de conifères et de feuillus ( châtaigniers et bouleaux ) recouvrent les pentes et sommets alentour.

La zone considérée sur ce plateau est très peu peuplée, deux petits villages V1 et V3 de quelques dizaines d'habitants distants de plusieurs kilomètres ( voir figure 1 ).

Ces deux villages sont reliés entre eux par le CDA. A l'endroit où le témoin déclare avoir observé ce phénomène, le plateau est très dégagé vers le Nord/Nord-Est.

Au Sud-Est de ce carrefour un champ, de vue dégagée, permet de voir la ligne de crête située à plusieurs kilomètres.

Les habitations les plus proches du carrefour CDA et CDB sont à environ 300 m dans le petit village d'où vient ce dernier ; mais une ferme importante est en contrebas de la route.

Les routes dans cette région sont étroites et sinueuses, de plus la région est boisée sauf sur les plateaux.

 

FIGURE 3 : CROQUIS DU CARREFOUR

trajectoire du phénomène selon M. BLAISE ( voir discussion en 5.4., fig 5 )

 

 




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