CENTRE NATIONAL D'ETUDES SPATIALES

Groupe d'Etudes des Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés

Toulouse, le 29 septembre 1981
N° 236 CT/GEPAN


 

NOTE D'INFORMATION N°4


 

Les études de Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés aux Etats-Unis

3ème Partie : "La fin des recherches officielles"




AVERTISSEMENT

Les Notes d'informations sont généralement constituées de documents et de comptes rendus de travaux auxquels le GEPAN n'a pas participé. Le GEPAN a alors seulement choisi de les publier en raison de leur importance historique ou théorique, pour une bonne connaissance et compréhension du problème des phénomènes aérospatiaux non identifiés. Cependant, cette décision de publication ne signifie en rien que le GEPAN s'associe aux idées, théories ou conclusions présentées dans ces textes. Elles restent sous la responsabilité exclusive de leurs auteurs.
C'est dans les Notes Techniques que le GEPAN fournit les informations relatives à ses propres activités.




TABLE DE MATIERES




LES ÉTUDES DES PHÉNOMÈNES AÉROSPATIAUX NON IDENTIFIÉS AUX ETATS-UNIS

3e PARTIE :
LA FIN DES RECHERCHES OFFICIELLES


 
 

AVANT-PROPOS

Dans la Note d'Information n°2 le lecteur a pu prendre connaissance des circonstances dans lesquelles se sont déroulées les dernières activités officielles de recherche aux U.S.A. Pour compléter l'information, nous publions maintenant le rapport de la commission Blue Book en date du 1er mars 1967, ainsi que les différents documents qui ont marqué le début ( réponse à l'appel d'offre de l'U.S.A.F. en octobre 1966 ), la continuation ( décembre 1967 ) et la fin ( novembre 1968 ) des activités de la Commission Condon. A partir de 1969 toute activité officielle de recherche sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés va cesser aux U.S.A. Bien entendu nous n'avons pas traduit l'ensemble du rapport rédigé par la Commission Condon. Sa taille ( près de mille pages ) aurait rendu cette entreprise impossible à réaliser, malgré la richesse et l'intérêt de tout le document. Les conclusions personnelles du Pr Condon, que nous publions intégralement ne sont pas ( et ne pouvaient pas être ) un compte rendu fidèle et détaillé de tous les résultats, analyses et idées présentés dans le rapport ; la lecture de ces conclusions ne saurait suppléer celle du rapport tout entier. C'est pourquoi nous avons choisi de publier aussi non seulement l'appréciation de l'Académie nationale des sciences, mais aussi une analyse du rapport et des activités de la Commission Condon faite par le Pr Peter Sturrock, astrophysicien, membre de l'A.I.A.A., American Institute of Aeronautics and Astronautics ( association professionnelle privée ), dont une commission dirigée par P. Sturrock, entend continuer les recherches sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés aux Etats-Unis.




PROPOSITION POUR UNE ÉTUDE SCIENTIFIQUE DES OBJETS VOLANTS NON IDENTIFIÉS

adressée à l'AIR FORCE OFFICE OF SCIENTIFIC RESEARCH
(Bureau de Recherche Scientifique de l'Armée de l'Air)

Nom et adresse de l'Établissement : Université du COLORADO
Boulder
COLORADO 80302

Date souhaitée pour le début du projet : 1er novembre 1966

Somme demandée à l'AFOSR : 313 000 US Dollars

Durée pour laquelle est demandée cette aide : 15 mois

Directeur Scientifique : Edward U. CONDON
Professeur
Département de Physique et d'Astrophysique

 

INTRODUCTION

L'Université du Colorado propose d'entreprendre sous la direction scientifique du Dr Edward U. Condon du Département de Physique et Astrophysique, une étude systématique des phénomènes physiques, psychologiques et sociaux liés aux observations signalée d'objets volants, non-identifiés ( conformément aux directives du document AFR 80-17 du 19 septembre 1966 ).

 

1. But

Les besoins et les buts de l'étude proposée sont doubles. Au niveau le plus immédiat, il s'agit d'explorer la nature physique des objets volants non identifiés. Néanmoins, il serait surprenant qu'une explication physique non équivoque puisse être fournie dans tous les cas ou que l'on puisse mettre en évidence que seuls des facteurs physiques sont en cause. Il est plus raisonnable de penser que ces phénomènes reflètent un certain nombre de processus de la perception et de la connaissance qui s'ajoutent à une série de stimuli physiques. S'il apparait que pour une observation donnée ou une série d'observations, les facteurs physiques sont prédominants, l'enquête sera concentrée sur les aspects physiques du problème. Si des facteurs autres que physiques semblent avoir de l'importance alors une nouvelle catégorie de facteurs sera étudiée, à savoir le rôle de l'individu dans l'observation des OVNI.

Sera-t-il possible d'apprendre suffisamment de choses sur ces phénomènes et sur les réactions humaines qu'ils provoquent pour fonder une théorie générale sur la crédibilité des rapports d'observations d'OVNI ? Dans la mesure où aucune recherche prolongée ou d'envergure sur cet aspect du problème n'a été tentée, il est difficile de se prononcer quant aux développements que l'on peut en attendre. Il est tout à fait possible par exemple, qu'on ne puisse mettre en évidence aucun modèle, ni tirer aucune conclusion d'ordre général. D'autre part, il est possible que l'on découvre qu'il s'agit d'un (?) domaine scientifique nouveau à étudier.

A un niveau plus abstrait, le problème consiste à venir à bout de l'anxiété concernant les OVNI qui semble exister dans certaines catégories de la société. Il faut espérer que cette étude sera le point de départ d'une communauté d'opinion appelée à se développer parmi les citoyens responsables et doués de raison. Les autres cependant maintiendront sans aucun doute que si une enquête est effectuée c'est qu'il doit y avoir un problème, quelque chose que les autorités en place ne peuvent pas expliquer ou comprendre. Certains diront que si l'Air Force fait appel à l'Université, elle doit être troublée, sinon ce genre d'entreprise serait inutile. Et pour répondre par avance à une telle interprétation, il est de notre devoir de dire que sur ce point, l'étude ne contribuera pas nécessairement à la paix des esprits dans la nation.

Les travaux seront menés dans l'objectivité la plus stricte par des chercheurs qui, pour autant qu'on puisse en juger, n'ont pas de prédilection ou d'idées préconçues sur le problème des OVNI. Ceci est fondamental pour que le public, le Congrès, l'Exécutif et la communauté scientifique aient confiance dans cette étude. Il est clair cependant que dans la mesure où il est impossible de prouver une proposition négative, il est hors de question de démontrer de façon convaincante que les OVNI n'existent pas en tant que réalité physique. Ils existent, bien sûr, en tant que phénomènes perceptifs dans tous les cas.

On découvrira peut-être que des objets physiques de nature jusqu'alors inconnue contribuent de façon réelle aux phénomènes observés. Par contre, et peut-être en outre, il se peut qu'on découvre chez les observateurs des déformations de la perception et des systèmes de croyance qui contribuent réellement au fait qu'ont lieu les observations signalées.

 

2. Méthode

La phase initiale des travaux dont la durée approximative est estimée à trois mois va être consacrée à définir les problèmes réels et les méthodes de recherches qui seront utilisées au cours de l'étude. Et cette phase sera d'une importance cruciale, en particulier pour les spécialistes du comportement. Quand on aborde un domaine dans lequel peu de travaux ont été faits, la première démarche est de déterminer en quoi consiste le problème. Puis, l'on trace un plan de travail pour traiter ce problème. Il est sans doute superflu de souligner que ceci est la clef du succès de tout effort de recherche. Dans cette proposition, nous ne traiterons que brièvement des méthodes. Leur développement et leur mise en oeuvre doit être le résultat du projet et non le précéder. Néanmoins, il est possible de dire quelques mots sur la façon dont nous allons traiter cette phase des travaux, c'est à dire la méthode utilisée pour mettre au point les méthodes. Nous examinerons les archives du projet Blue Book ; nous aurons des discussions avec le personnel du projet ; nous consulterons les Autorités et des groupes de citoyens représentatifs ( comme le National investigations Committee of Aerial Phenomena, Comité National d'Enquête des Phénomènes Aériens ) ; nous fabriquerons un formulaire standard pour les enquêtes sur les observations d'OVNI, si possible, nous procéderons à un ou deux interrogatoires de contrôle sur des observations ; nous mettrons à jour les travaux déjà effectués, à la lumière des premières expériences sur le terrain et de l'opinion et des conseils demandés auprès de la communauté scientifique et finalement nous arrêterons une méthode ou un plan de travail ( encore que les résultats obtenus au cours des travaux ultérieurs puissent conduire à des modifications ). Et pendant toute cette durée, nous pensons rester en contact étroit avec le personnel du projet Blue Book et de l'Office of Scientific Research ( Bureau de la Recherche scientifique ).

Nous parlerons plus de méthodes au pluriel que d'une méthode. Ceci est nécessaire car les spécialistes du comportement qui travailleront en proche collaboration avec les physiciens pendant toutes les phases du projet, travailleront seuls pour ce qui est des buts et de la méthodologie.

Dans la mesure où le travail sera effectué par des universitaires dans un cadre universitaire, on peut prévoir que la méthodologie sera orientée vers la quantification et l'expérimentation et éloignée du simple désir d'augmenter l'abondante quantité d'opinions et impressions déjà existantes. Ceci est, bien sûr, plus facile à affirmer dans un projet qu'à réaliser ; mais nous voyons déjà un certain nombre d'expériences fertiles et de situations d'essais dans lesquels nous essaierons de simuler des phénomènes physiques et de faire une évaluation quantitative des réactions humaines qu'ils provoquent. Il existe un grand nombre d'ouvrages sur les tentatives qui ont été faites de reproduire les effets physiques mais il reste encore beaucoup à faire. De nombreuses recherches ont été effectuées par des psychologues dans le domaine de la perception visuelle et des réactions aux stimuli. Ceci sera le point de départ des différentes phases de l'étude du comportement dans ces travaux.

 

3. PERSONNEL ET ETABLISSEMENTS DEVANT COOPERER

Le curriculum vitae du directeur scientifique ( Edward U. Condon ) est joint. C'est lui qui, avec le coordinateur de projet, sera responsable du projet. Le coordinateur sera Robert J. LOW. Condon aura la double fonction d'enquêteur principal et responsable scientifique des enquêtes ( * ) Stuart W. COOK, président, département de Psychologie et Franklin E. ROACH, détaché de l'Environmental Science Services Administration ( Administration des Services des Sciences de l'Environnement ). De plus, David Saunders, William A. Scott et Michael Wertheiner Département de psychologie ont manifesté un vif intérêt pour cette étude et sont prêts à y consacrer du temps.

(*) Nota
En raison de la contribution des activités du Projet Blue Book vis à vis de la saisie des témoignages, nous considérons que l'Université n'a aucune obligation d'étudier des observations autres que celles que l'enquêteur principal aura sélectionné.

Nous comptons beaucoup sur la coopération des Instituts de Recherche sur l'Environnement de l'Environmental Science Services Administration. Leur volonté de nous aider est démontrée par le détachement du Pr Franklin Roach. Il est prévu que nous demandions la coopération de ces établissements pour d'autres aspects des travaux. Le professeur Roach, expert en aurores et en luminescence atmosphérique et spécialiste des instruments permettant d'observer ces phénomènes est tout à fait qualifié pour superviser une grande partie du travail. Il est prévu que plusieurs membres d'autres départements participent, y compris des personnes qui sont dans les domaines d'activités engineering, aérospatial, électrotechnique, astro-géophysique, sociologie et l'Institute of Behavioral Science ( Institut de la Science du Comportement ). Le paiement de ces personnes sera effectué sur une base journalière au prorata du salaire moyen de la faculté pendant une année académique. Un élément essentiel pour que l'Université entreprenne ces recherches est l'engagement par le professeur Walter Orr Roberts des ressources du National Centre For Atmospheric Research ( Centre National de la Recherche Atmosphérique ) pour faire avancer le projet. Ce centre a des hommes ayant de grandes compétences, en particulier, dans le domaine de la météorologie optique, compétences qui sont essentielle ; si nous voulons monter une étude complète et cohérente du sujet. Ces compétences sont introuvables à l'Université et en beaucoup d'autres lieux des USA. L'aide du NCAR est tenue pour acquise lors de la présentation de cette proposition.




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