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CENTRE NATIONAL D'ETUDES SPATIALES
Groupe d'Etudes des Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés
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Toulouse, le 31 mars 1981 N° 091 CT/GEPAN
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NOTE TECHNIQUE N° 6
Enquête GEPAN n° 79/07
"A propos d'une disparition"
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1ère PARTIE
Compte rendu de l'enquête GEPAN n° 79/07
A. ESTERLE - M. JIMENEZ - JP. ROSPARS - P. TEYSSANDIER
2ème PARTIE
Complément d'informations à l'enquête GEPAN n° 79/07
A. ESTERLE
3ème PARTIE
Fabulation, délire et thèmes ufologiques
D. AUDRERIE
EPILOGUE
COMPLÉMENT D'INFORMATIONS
À L'ENQUÊTE GEPAN N° 79/07
Alain ESTERLE
S O M M A I R E
INTRODUCTION
LE COMPORTEMENT DES TEMOINS
LE LIVRE CONSIGNÉ DES TÉMOINS
A PROPOS DE CERTAINS GROUPEMENTS PRIVÉS
L'ATTITUDE DES MÉDIA
EVOLUTION DE LA FRÉQUENCE DES TÉMOIGNAGES
ANECDOTES
CONCLUSION
- ANNEXE 1 : Articles de presse parus en février 1980
- ANNEXE 2 : Articles de presse à propos du 15 août 1980
- ANNEXE 3 : Siragusa
L'enquête sur la disparition de Nestor a conduit aux conclusions énoncées
dans le compte rendu 79/07. Comme chacun a pu le remarquer, les analyses
ont porté sur les éléments physiques ou psychologiques les plus directement
en rapport avec la disparition et le retour de Nestor. Mais, ce serait se faire
une idée assez fausse de cet événement que de croire que les éléments
étudiés dans le chapitre cité furent les seules informations relatives à cette
époque.
Tout au contraire, cette période fut marquée par une inflation d'informations
ufologiques propagées par des personnes ou des groupements privés, ou par
voie journalistique. Nous n'en avons pratiquement pas tenu compte pour
l'analyse de la disparition puisque celles-ci furent postérieures à cette
disparition, quitte à réviser nos conclusions si des éléments nouveaux
surgissaient.
Or, ni les informations concernant les témoins de la disparition ( Ernest,
Nestor, Albert ) ni les informations relatives à d'autres événements de la même
époque, ne sont venus remettre en cause les conclusions précédemment
tirées et n'ont donc pas nécessité de reprise de l'enquête.
Il est toutefois bien certain que même lorsque le GEPAN ne développe pas
d'enquête en profondeur, il reste un observateur attentif des événements
relevant, a priori, de son domaine d'étude.
Les informations que nous allons maintenant rapporter ne sont pas à
proprement parler le fruit d'enquêtes détaillées. Elles pourraient former
matière à une étude générale, d'ordre psychosociologique par exemple, en
marge des recherches prioritaires du GEPAN.
En raison même de cette marginalité, cette étude n'a pas été vraiment menée.
Nous nous contentons donc de fournir les éléments bruts, parfois sous forme
de simples anecdotes commentées.
2. COMPORTEMENT DES TEMOINS
Après la conférence de presse du mercredi 5 décembre 1979, Nestor nous
déclare : "les journalistes ont eu ce qu'ils voulaient, maintenant c'est fini avec
eux". En fait, loin d'être une fin, c'était un début. Les interviews et les articles
continuent, les hebdomadaires prenant le relais des quotidiens.
Outre la trame générale ( inchangée ) de l'histoire, les témoins développent
quelques thèmes : nous sommes de pauvres victimes, on nous persécute,
nous ne voulons pas d'argent, il n'y aura pas de livre, etc...
Petit à petit, cette position se nuance. Ils reçoivent, semble-t-il, de l'argent d'un
grand hebdomadaire parisien ( au grand scandale des ufologues privés qui
assistent à la scène ) ; ils expliquent qu'ils ont l'intention de faire des dons au
profit d'œuvres à caractère humanitaire, telle que la recherche sur le cancer.
Le soir du 31 décembre, Nestor participe ( rôle muet ) à une grande émission
de variété télévisée où Gilbert Bécaud lui offre une rose tout en chantant
"L'important c'est la rose", puis Nestor, Ernest et Albert finissent la soirée au
"Lido" de Paris.
Les articles parus dans les journaux à l'époque sont loin de montrer une
adhésion totale et sans réserve à l'histoire de l'enlèvement. En particulier,
l'absence d'éléments physiques venant confirmer le récit semble gêner
beaucoup de monde. Mais les intelligences mystérieuses qui manipulent
Nestor ayant, semble-t-il, pris conscience de cet écueil, les trois personnages
sont, à la fin de l'année, capables de produire des photos consécutives a une
nouvelle rencontre.
Toutefois, ces documents posent plus de questions qu'ils n'apportent de
réponses. Selon les différentes déclarations s'y rapportant, la date de cette
rencontre et des prises de vues serait le lundi 24 décembre, à 4 h 20, bien sûr.
Mais les circonstances conduisant à cette rencontre diffèrent : d'après les
journaux parisiens des premiers jours de janvier, Nestor se "serait réveillé, mû
par un pressentiment" ; "A peine couché, j'ai été réveillé par une force
mystérieuse qui me commandait de retourner près des transformateurs
électriques sur les lieux de mon enlèvement. J'ai réveillé Ernest et Albert qui
m'ont dit : On ira avec toi, comme l'autre fois".
Par contre, dans le livre qu'ils devaient cosigner quelques semaines plus tard,
l'épisode devient : "Le 23 décembre 1979, je ne sais pas ce qui m'a pris de
dire aux copains : si vous voulez ce soir on va dans le champ de choux et
vous aurez la preuve que le phénomène peut se manifester à n'importe quel
moment. Ernest, tu pourras apporter ton appareil mais ils ne te laisseront
photographier que ce qu'ils voudront... A 4 h 20 du matin, le 24 décembre, on
se pointe dans le champ de choux. Dans le ciel, on voit arriver une boule de
lumière qui descend ; il en sort deux boules plus petites qui oscillent autour de
la grande, s'y intègrent et finalement disparaissent. Ernest a pris en tout huit
clichés des trois boules".
Le livre nous apprend aussi que seules 3 photos sur les 8 ont été
impressionnées, sur lesquelles on ne voit qu'une boule. Et les 3 photos sont
fournies en preuve dans les pages du livre.
Cependant, dans l'interview faite antérieurement aux journaux parisiens, la
narration diffère : "J'ai pris, dit Ernest, huit clichés. Tous après développement,
étaient noire, sauf celui-ci" et les journaux n'eurent droit en effet qu'à une
seule photo qui ressemble d'ailleurs à l'une des photos du livre mais en diffère
par une symétrie gauche-droite.
Les trois photos sur fond noir intense sont exemptes de tout détail de
référence ( végétation, construction, personnage ) qui permettrait de confirmer
partiellement les conditions dans lesquelles elles ont été prises. Et il est inutile
d'espérer une analyse des originaux car le livre nous apprend que la mère de
Nestor les a détruits ; seules restent des copies.
A la suite de cet épisode, les trois témoins décident de se rendre en province,
en V6, chez Ignace, président d'un groupement privé que nous appellerons
GU1, spécialisé en parapsychologie, géomancie, ufologie, etc... Ils y vont
accompagnés de Théodule, quelques jours après la soirée du 31 décembre à
la télévision et au "Lido". Ils arrivent le 4 janvier et à partir de ce moment, leur
histoire se confond avec celle de "l'enquête" du GU1 sur leur cas.
Dès le 7 janvier 1980, un protocole d'accord est signé entre Nestor, Ernest et
Albert d'une part, et Ignace d'autre part, réservant à ce dernier "l'exclusivité
d'utilisation et de diffusion de leurs récits, sous toutes formes d'adaptation".
Un contrat d'édition est ensuite passé avec l'ensemble des mêmes parties en
date du 21 janvier. Ignace était alors déjà en train de rédiger un livre à paraître
mi-mars, cosigné par les quatre partenaires ( il paraîtra mi-avril ). Enfin, en
février, Ignace vend les droits d'auteur pour une adaptation
cinématographique du livre. Ce même mois, une revue spécialisée publie,
avec un humour bien involontaire, une interview antérieure des trois témoins
où Ernest explique pourquoi il ne veulent aucune publicité ni aucun profit
financier ( voir Annexe 1 ).
Ce livre s'intitule "Contact OVNI en V1" et est signé d'Ignace, Nestor, Ernest et
Albert ( dans l'ordre ). Ignace acheva de le rédiger le 17 février 1980.
Ignace profite de ce livre pour rendre compte de son "enquête" sur le cas
d'une personne qu'il désigne sous le nom de Gamma Delta et sur laquelle le
GEPAN a aussi enquêté ( enquête GEPAN 79/05 ). Nous verrons cf. ( Note
Technique n° 7- Chapitre 1 )* ce qu'on peut penser du cas et des méthodes
d'Ignace :
(*) Dans notre compte rendu, le témoin s'appelle Laurent et non Gamma Delta.
- pratique systématique de la suggestion hypnotique,
- absence totale de vérification sur le terrain,
- déformation des discours pour les faire correspondre aux écrits antérieurs
d'Ignace,
- etc...
Les mêmes caractéristiques se retrouvent dans l'affaire présente et Ignace
réussit même à trouver des similitudes entre le discours d'Ernest sous
"hypnose" et celui de Laurent ( alias Gamma Delta ) après déformation, pour
expliquer qu'ils se confirment l'un l'autre.
Dans ce livre, après avoir signalé que "J. F. Gilles, Docteur ès-Sciences
chargé de recherches au CNRS ( et auteur de l'isocélie - voir Note Technique
n° 3, chapitre 3 - ) est affilié à son groupement"
( p. 10 ), Ignace donne une
version très pervertie des événements survenus en V1 à partir du 26
novembre 1979. Cette version présente des contradictions multiples et
flagrantes avec les témoignages recueillis à l'époque par la Gendarmerie et
avec les résultats d'enquête obtenus par le GEPAN ( horaires, actions des
témoins avant, pendant et après l'observation du phénomène lumineux,
appels téléphoniques aux journalistes, relations entre le GEPAN et les
témoins, etc... ).
A partir du 4 janvier 1980, Ernest devient la vedette du groupe en fournissant
un discours très riche lors de séances pratiquées avec Gaston, hypnotiseur du
GU1 ( Nestor refuse toujours l'hypnose et son discours conscient reste vague
et banal ). Ernest "révèle" ainsi qu'il est en contact avec une entité
"extra-terrestre", Haurrio, qui parle par sa bouche. C'est son ange gardien ;
Nestor, Albert, les membres du GU1 et d'autres personnes choisies et
"programmées" ont aussi le leur.
Au fil des pages, Ignace développe les arguments qui, selon lui, montrent à
l'évidence la valeur de son travail. C'est ainsi qu'il insiste ( p. 100 ) sur les
"trente-deux années d'expériences pratiques" qui, d'après lui valent "tous les
diplômes et titres scientifiques".
Sans revenir sur l'affaire de M. Laurent ( enquête GEPAN 79/05 ), on peut
rappeler qu'Ignace a présenté un certain Siragusa* comme un authentique
contacté alors qu'il ne s'agit que d'un escroc ( voir paragraphe 5 et Annexe 3 ).
De même, dans ce livre, Ignace essaie de rendre l'affaire de Nestor plus
crédible en citant d'autres observations survenues à la même époque, une
disparition de voiture avalée par un OVNI qui n'était en fait que la Lune, ( voir
paragraphe 5 et Annexe 1 ), par exemple.
(*) Il s'agit là de son vrai nom.
Pour ce qui est de la valeur de la pratique de l'hypnose dont Ignace affirme
( p. 69 ) la "réalité objective", il explique curieusement que cette valeur objective
a été démontrée à Ernest ( p. 68 ) en lui suggérant de ne plus fumer, plus
s'asseoir, etc... sans que ni l'un ni l'autre ne comprenne, apparemment, qu'on
ne démontre ainsi que la puissance de la suggestivité hypnotique, c'est-à-dire
la dépendance de l'hypnotisé à l'hypnotiseur. Vers la fin du livre, face à
quelques contradictions du discours d'Ernest, Ignace évoque l'éventualité
d'une "part de fantasmes".
Mais cette évocation ne sert qu'à introduire deux arguments clés de la
rhétorique d'Ignace :
d'une part, ( p. 176 ), même s' ü y a des phantasmes, "la trame générale
subsiste, bien réelle, mais dans une autre réalité ... imbriquée dans
notre continuum spatio-temporel mais débouchant sur... Ailleurs". Une
telle idée est ancienne chez Ignace et en science-fiction. Une autre
variante est celle des "lignes de temps" selon laquelle le temps à chaque
instant se déploierait suivant le faisceau de toutes les causalités
possibles et expliquerait ainsi que des personnes "vivent" des
événements incompatibles avec l'environnement physique observable
par tout un chacun : ils auraient simplement changé de ligne de temps ;
d'autre part, ces déraillements dans le discours des "contactés", loin de
remettre en cause leur nature de contactés, sont présentés par Ignare comme
faisant partie de l'influence ( programmation ) associée à leur contact : "des
contactés réels, parfois aussi, ajoutent ici et là des détails de leur cru à leur
extraordinaire aventure. Ce travers pourrait bien résulter d'une induction
( séquelles psychologiques ) consécutive à leur programmation" ( p. 196 ).
Par ailleurs, nous retrouvons dans le discours d'Ernest nombre de thèmes
favoris d'Ignare qu'il a développé dans ses nombreux ouvrages de
science-fiction : téléportation ( transport physique par la pensée ), télépathie
( messages reçus par la pensée ), obsession de la propreté ( ses héros se
douchent à longueur de journées et les contactés qu'il fréquente aussi ),
intervention des M.I.B. ( Men In Black ou Hommes En Noir, mystérieuses
entités, incarnations du mal qui ont pour rôle d'empêcher les témoins de
parler... ), etc... Bien entendu, il faut ici rappeler que, d'une part le frère
d'Ernest était ( avant novembre 1979 ) un passionné d'ufologie et possédait
plusieurs livres sur le sujet, d'autre part qu'Ignace, au début de ses enquêtes,
commence par distribuer à la ronde quelques exemplaires de ses livres. Ainsi,
les trois témoins ont eu tout le loisir, durant le mois de décembre, de parfaire
leurs "connaissances" sur le sujet.
Les idées développées par Ignace et reprises par Ernest sont en fait assez
faciles à analyser car toutes ont un point commun : éliminer le rôle des
observables.
Dans le 2ème chapitre de sa 3ème Note Technique, le GEPAN rappelant que
toute science se délimite par le choix de ses observables, montrait qu'en ce
qui concerne l'étude des phénomènes aérospatiaux non identifiés, ceux-ci
sont au nombre de quatre :
- les témoins,
- les témoignages,
- l'environnement physique,
- l'environnement psychosocial
Avec les hypothèses d'Ignace, ces observables n'ont plus aucun rôle :
si les témoins n'ont pas un comportement ou un discours conforme aux
convictions extra-terrestres, c'est à cause des M.I.B. ( qui ne sont pas
eux-même directement observables car ce ne sont que des "images" et
"ils ne sont présents que si on leur donne existence" ( p. 215 ) ;
si les témoignages sont incohérents, c'est parce que cette incohérence
fait partie de la "programmation" à laquelle les extraterrestres
soumettent les témoins ;
si les discours sont en contradiction avec l'environnement physique,
c'est qu'ils relèvent d'une autre réalité ou que les témoins ont suivi une
autre ligne de temps ( et d'ailleurs signale Ignace ( p. 83 ) : "il n'est pas
rare que les contactés annoncent telle ou telle chose qui ne se vérifie
point dans les faits. A la limite, cela est d'une importance secondaire" ) ;
enfin l'environnement psychosocial est, selon Ignace, sans relation
causale avec les discours des contactés car si des analogies
apparaissent entre ces discours et des écrits antérieurs cela prouve que
l'auteur était sous "induction" extra-terrestre au moment où il écrivait et
est donc à sa manière un contacté ( logique dont Ignace est bien
entendu le premier à bénéficier ).
Pour compléter cette analyse, il suffit de noter que le GU1 ne pratique aucune
vérification des discours de ses "bons" témoins et que les hypnoses ne
servent qu'à produire ( suggérer ) un autre discours ( voir enquête n° 79/05 du
GEPAN ). Pour plus de sûreté, les "extra-terrestres" prendront soin de préciser
( p. 179 ) qu'ils interdisent à Nestor de se faire hypnotiser et que "seul Gaston
est habilité à plonger Ernest en état d'hypnose" car avec un autre hypnotiseur,
"on obtiendrait des déclarations complètement contradictoires".
Faute d'observables, il n'y a pas de démarche scientifique possible et celle
d'Ignace et du GU1, à coup sûr, n'a aucun rapport avec la science sous
quelque forme que ce soit. Les convictions de ces personnes échappent à
toute négation possible par des observables quels qu'ils soient et ne peuvent
donc non plus être confirmées par eux. On retrouve là une démarche de
croyance classique chez certaines sectes religieuses*.
(*) Voir, par exemple
"Approche psychanalytique des phénomènes de croyance"
M.J. SAURET - Thèse de 3ème cycle de psychologie
Université de TOULOUSE-MIRAIL 1978
Il n'est donc pas étonnant de voir le livre évoluer peu à peu vers une
présentation mystique de la conviction extra-terrestre de ses auteurs.
Après une phase étrange de séduction réciproque entre Ernest et Ignace
( Ernest "confirmant" qu'Ignace est bien choisi par les extraterrestres pour
interpréter et diffuser leur message, et Ignace confirmant qu'Ernest est bien
choisi par eux pour le transmettre ) les termes mystiques et religieux
apparaissent dans le discours d'Ernest : "l'incrédule ne demande qu'à te
croire, à toi de lui montrer ta foi" ( p. 121 ). "L'incrédule te fait peur ? Alors
réponds-lui qu'il est écrit depuis longtemps : "C'est parce que tu m'as vu que
tu as cru . Heureux sont ceux qui croient sans m'avoir vu !" ( p. 217 ) "Tant que
tu garderas la foi, nous te donnerons la Force" ( p. 216 )."Marchez vers la
Lumière et vous ne connaîtrez plus l'obscurité" ( p. 216 ). "L'esprit humain n'est
que matière, l'Esprit Cosmique te dirigera dans le chemin de la Vérité"
( p. 217 ), etc...
Ce type de discours n'a rien de nouveau*.
(*) Il se trouvait déjà dans les écrits de nombre de sectes ufologiques connues :
- les "Space Brothers" d'Adamski (USA - 1952)
- la "Fraternité Cosmique" de Siragusa (Sicile - 1968)
- le "Mouvement Raëlien" de C. Vorilhon (France - 1973)
- etc...
Quant à Ignace, il cite par deux fois le célèbre pari de Pascal ( p. 139 et 224 ) à
l'appui de sa foi. Il ne reste plus qu'à signaler à quel point les intelligences
mystérieuses qui parlent à travers Ernest ont su le guider sur le bon chemin :
Ernest rapporte en effet qu'Haurrio approuve la décision de faire un livre ( il la
trouve "réfléchie" et "sage" - p. 212 ) et l'encourage à accepter les propositions
d'articles, de conférences, etc... Quant à la littérature d'Ignace, Haurrio-Ernest
le rassure : "tu aurais pu faire du fric, et même si tu y as pensé, ça ne s'est
pas fait parce que l'heure n'était pas venue dans leurs plans" ( p. 192 ).
Après la sortie du livre, Ernest entreprend donc une série de conférences pour
transmettre la "bonne parole". Il y rencontre une certaine audience, à défaut
d'une audience certaine ( voir Annexe 2 ).
Par ailleurs, les prédictions d'Ernest
concernant des rencontres et des enlèvements à venir ne se réalisent pas :
l'enlèvement d'un membre du GU1, annoncé par Ernest pour le mois de
février 80 ( et non rapporté dans le livre ), n'eut pas lieu ; le grand rendez-vous
du 15 août 80 rassembla des centaines et des centaines de personnes ( 2 000
d'après certains ) venues de partout en France, en Europe et même hors
d'Europe, mais le grand contact prévu pour 21 h n'eut pas lieu ( voir Annexe 2 ).
Bien sûr, comme toujours en pareil cas, ces faits ne perturbèrent pas le
dogme* et une secte se développe maintenant autour d'Ernest**. Une de plus.
(*) cf. le processus de réduction de la dissonance cognitive étudié par JP. POITOU -
Armand Colin
(**) Le secrétaire de cette secte n'est autre que le propre frère d'Ernest. Le bulletin de cette
secte dénigre d'autres sectes françaises ( le Mouvement Raëlien et même le GU1 d'Ignace )
mais vante certaines sectes étrangères ( les "Space Brother" d'Adamski et la "Fraternité
Cosmique" de Siragusa ).
La plupart des groupements privés à vocation "ufologique" sont restés très
sceptiques et prudents face aux témoignages successifs de Nestor, Ernest et
Albert. Certains se sont pourtant laissés aller à dévoiler, bien involontairement
semble-t-il, la nature véritable de leurs "enquêtes". C'est ainsi que dans la
revue d'un de ces groupements, se trouve la narration d'une enquête auprès
de Nestor, Ernest et Albert dont les auteurs adhérent complètement à leur
"aventure peu ordinaire" après avoir multiplié les erreurs monumentales.
Citons par exemple :
la photo d'un "choux atteint après l'observation" alors que notre enquête
a parfaitement expliqué l'état de ces choux sans rapport avec
"l'observation" ( enquête GEPAN 79/07 ) ;
une des photos prises le lundi 24 décembre vers 4 h 30 représente deux
boules distinctes alors qu'Ernest a toujours dit qu'il n'y avait qu'une boule
sur ses photos ( ce qui l'étonnait ) et que, dans le livre, il explique qu'il n'a
obtenu que les trois photos qui y sont publiées, et dont aucune n'est
celle de la revue ;
la narration faite par les enquêteurs de "leur rencontre avec le président
d'un groupement parisien ayant en sa possession une lettre signée du
GEPAN (sic) et stipulant entre autres notes que le taux de cortisol
dans le sang de Nestor avait tout simplement triplé". Un tel document
n'ayant, par la force des choses jamais existé, devrions-nous en
conclure que certains ufologues ne reculent pas devant la fabrication de
faux ?
Plus intéressante que l'analyse de cette mauvaise enquête, est la narration de
la rencontre qu'un enquêteur privé, un certain Robert, fit à Nestor, Ernest et
Albert, le 24 janvier en V1 ( quelques jours après leur séjour en V6 chez
Ignace ). Ernest refit la narration de toute l'histoire en introduisant un élément
en contradiction avec toutes les autres sources d'information : le matin de la
disparition de Nestor, la voiture qui devait amener les témoins au marché était
pré-chargée de la veille, détail qui ne fait que confirmer la fragilité et
l'incohérence des discours d'Ernest.
Ce qui est plus intéressant c'est que Robert raconte qu'Ernest lui dit aussi
qu'avant le mois de novembre, il s'intéressait aux OVNI et qu'il avait déjà fait
une rencontre avec des extra-terrestres. Étonné de cette information, Robert
revint chez lui ( il n'habite pas très loin de V6 ) et accompagna, avec d'autres
personnes, une amie invitée le 27 janvier à un dîner-débat organisé par
Ignace et le GU1, en V7 ( proche de V6 ).
Ce dîner-débat, tenu à l'époque où Ignace rédigeait le livre dont nous avons
parlé, n'a d'intérêt que dans la mesure où, contrairement au livre rédigé à
froid, cette séance laissait une large place à la discussion, donc à
l'improvisation. Commencée par un exposé magistral où Ignace raconte
( comme dans le livre ) sa version des événements survenus en novembre 79,
la réunion voit son ordonnance bousculée au moment où Albert déclare :
- avoir appris d'Ernest qu'il avait fait une rencontre antérieurement,
- avoir l'intention de publier un article à ce sujet.
A ce moment-là, la belle machine s'emballe et Gaston reconnaît que "lorsqu'ils
( Gaston et Ignace ) ont interrogé Ernest il était clair qu'il avait eu un contact
auparavant, mais il ne s'en souvenait pas et c'est à la suite d'une séance
d'hypnose qu'il a dit ce qui lui était arrivé". Deux minutes plus tard, Ignace
prend la parole et déclare que le contact en question "eut lieu le 7 janvier 80. Il
n'a pas eu lieu avant" ( en fait, il s'agit d'après le livre, d'une séance d'hypnose
le 7 janvier au cours de laquelle Ernest, aidé par Gaston, "raconta" une
rencontre survenue en 1966 ).
La conférence devint alors un peu houleuse et le GU1 eut parfois quelque
peine à contrôler la situation ; dans ce climat tendu, les membres du GU1 en
vinrent à développer une argumentation bien curieuse. Nous n'en donnerons
que quelques exemples comme ces phrases d'Ignace : "Bon, ce monsieur
(Robert)... il a le droit de se taire. C'était Ernest qui n'avait pas le droit de le
recevoir ... et faites moi confiance, ce soir je vais sérieusement sonner les
cloches à Ernest".
Puis un certain Rodolphe du GU1 ( penseur autodidacte à qui Ernest avait
prédit qu'il serait enlevé le mois suivant ) déclare : "avez-vous remarqué que
les contactés physiques sont souvent des gens simples, frustres pour ne pas
dire analphabètes ? ... J'ai posé la question à de nombreuses personnes et
l'une d'elles m'a dit : "mais il est plus facile de remplir un verre vide qu'un verre
plein"". Les extra-terrestres "contactent quelqu'un qui n'est pas un intellectuel,
qui n'est pas très intelligent...alors pourquoi moi, je n'ai pas vu de soucoupes
volantes ? C'est parce que je pense trop !" mais pour ceux qui se demandent
par quelle curieuse logique des messages, des idées sont sciemment
transmis à des personnes qui ne peuvent pas les comprendre, la réponse,
toute prête, est donnée par Ignace : il y a des personnes d'un psychisme
supérieur qui sont choisies ( programmées ) pour décrypter ces données. "Au
stade actuel, nos structures mentales notre psychologie sont quand même
très évoluées" et il ajoute sans aucun humour apparent : "je ne dis pas que
nous sommes des types formidables nous sommes différents" ( il rejoint ainsi
une idée de son ami Rodolphe développée dans son livre "Psycho-mutation et
expérience extra-terrestre" ).
A un autre moment, Rodolphe entreprend de dévoiler au public les dernières
évolutions de la physique fondamentale par un discours dont nous vous
laissons goûter ce passage :
|
"Et bien nous allons dans peu de temps découvrir ce qui est la
transformation de la matière et cela par l'atomistique et la génétique. Par
l'atomistique d'abord, et je vais parler en langage clair, nous allons
découvrir une particule primordiale dans ce qu'on appelle le spin,
c'est-à-dire le champ magnétique d'une particule élémentaire, je veux
dire l'électron ; et je ne nommerai pas encore cette particule, bien que je
la connaisse, parce que je n'ai pas encore le droit de la nommer'' etc... |
Un peu plus tard, un membre du GU1 ( qui n'a pas enquêté sur le cas de
Nestor ) fait un exposé général sur la méthode d'enquête du GU1. Il explique
qu'il faut tout d'abord multiplier les études de témoignages, de corrélations, les
enquêtes et contre-enquêtes, etc... et qu'il faut cinq ou six mois pour se faire
une "idée sommaire" du cas. Jusque là "il ne faut rien publier" puis tout
reprendre à zéro et ce n'est qu'au bout d'un an ou dix huit mois que l'enquête
est terminée. Ignace qui venait de signer le contrat d'édition et rédigeait déjà
le livre* s'empresse de reprendre la parole pour dire, entre autres, que tous
les membres du GU1 n'avaient pas participé à l'enquête sur Nestor.
(*) Deux mois après "l'observation".
Mais le débat resta principalement axé sur la possibilité de fournir des
informations. Ignace demandant explicitement à Robert de ne pas publier les
siennes ( pas avant fin mars lui dit-il après la réunion ce qui était la date prévue
pour la parution du livre ) pour ne pas perturber "l'enquête" du GU1. De même,
Ignace répéta à de multiples reprises qu'il ne pouvait dévoiler toutes les
informations dont il disposait :
- d'une part, parce que l'enquête était en cours ( sic ),
- d'autre part, parce que ses informations étaient si extraordinaires que
ses interlocuteurs ne pouvaient ni les comprendre ni les supporter.
Et Rodolphe de dire : "si je vous fais boire trois bouteilles de cognac d'un
coup, vous allez mourir. Si je vous les fais déguster pendant trois mois, ça va
être très agréable".
Et, citons pour finir cette délicieuse réplique : "Mais, l'ufologie qu'est-ce que
vous en faites, là-dedans, de l'ufologie ! Est-ce que vous y croyez ou pas ? !
C'est ça le problème. Nestor ne compte pas à la limite. Ce qui compte ce sont
les contacts c'est l'avancée de l'humanité c'est de faire avancer un peu nos
caboches qui sont plutôt vides ( sic ), qu'il y a quelque chose qui nous dépasse
et nous devons le transmettre, c'est ce qu'il faut comprendre".
Après la séance, Ignace essaya de dissuader Robert de publier ses
informations allant jusqu'à faire envoyer des lettres d'intimidation par son
avocat ( où il arguait de son contrat d'exclusivité ). Surpris par l'attitude d'Ignace
pendant et après le dîner-débat, Robert et ses amis s'adressèrent au GEPAN.
Il est difficile de parler de l'attitude des media en général pendant la période
s'étendant de novembre 79 à novembre 80, en raison de l'absence
d'homogénéité du sujet. Ces attitudes ont été très diverses, avec des
motivations apparentes très variables, souvent liées soit à la vocation
générale du journal ou de la chaîne de radio, soit aux choix personnels d'un
journaliste ou d'un rédacteur.
Rappelons que dans ce chapitre, nous ne présentons pas de résultats
d'études à l'échelle de l'ensemble des données disponibles. Nous nous
contentons de fournir des informations prises parmi l'ensemble de ces
données.
Le travail du journaliste diffère souvent de celui de l'homme de science moins
par le choix des sujets que par la manière de les aborder. L'analyse critique, le
soucis de rigueur, le doute systématique qui sont familiers au scientifique
deviennent singulièrement facultatifs pour certains de ceux qui ont pour tâche
de s'adresser à un large public. Si la presse a, dans une large mesure,
exprimé des doutes, voire de l'ironie devant les témoignages de Nestor,
Ernest et Albert, dès qu'Ignace est rentré en scène, il semble que peu de
personnes se soient souciées de savoir pourquoi, pour qui et comment il
travaillait.
L'apothéose de cette attitude fut atteinte lorsque la télévision a entrepris de
présenter l'affaire sur le petit écran. Ces présentations ont consisté a
interviewer les trois personnages accompagnes de leur nouveau mentor
( Ignace ) sans prendre la peine d'introduire les nuances et les réserves qui
s'imposaient a priori ( et nous avons vu ce qu'il en est a posteriori ). En
particulier, les séances d'hypnoses pratiquées par l'équipe du GU1 ont été
simulées devant la caméra et présentées sans le minimum de commentaires
permettant au public de s'interroger, au moins, sur la rigueur du résultat ainsi
obtenu. Sur ce plan, la palme revient indiscutablement aux responsables de
l'émission télévisée dans laquelle les téléspectateurs, après avoir entendu
Ignace, Nestor, Ernest et Albert, purent voir un petit film montrant le retour de
Nestor émergeant d'une sphère lumineuse dans le champ de choux*. La
télévision a purement et simplement cautionné cette fable.
(*) D'après le coup de téléphone reçu à RTL et annonçant le retour de Nestor. Comme
l'enquête l'a montré, c'est Albert qui a donné ce coup de téléphone et inventé ce récit ( voir
enquête GEPAN 79/07 ).
Pour mieux mesurer jusqu'où peuvent aller la complaisance ou la naïveté
journalistique, il faut rappeler l'article qu'un journal du midi publia un jour à
partir d'une interview d'Ignace, en préparation d'une conférence que celui-ci
devait donner dans la région. Dans cette interview, Ignace fort de ses trente
ans d'enquêtes sur le sujet, révélait quelques unes de ses informations ; "il y a
déjà eu des contacts entre les extraterrestres et nous. Les uns ont purement
été accidentels à la suite d'atterrissages ; les autres ont été provoquée par
nos visiteurs qui ont choisi des individus pris dans la masse. En Sicile, par
exemple, leur choix s'est porté sur Eugenio Siragusa, un simple employé des
Douanes qui a fondé "La Fraternité Cosmique""*.
(*) "La Fraternité Cosmique" c'est le groupement dont Théodule est le représentant en
France.
Pour apprécier pleinement ce bon "choix", il faut savoir que la justice italienne
a été amenée à s'intéresser à cette secte à la fin de 1978. A cette époque,
une adepte de la "Fraternité Cosmique", ayant refusé les avances de
Siragusa, avait été violée par le Grand Maître Fraternel. La jeune femme,
d'origine américaine, avait alors porté plainte. En marge de l'enquête, on
identifia le cadavre d'une petite fille de 5 ans dont les parents étaient adeptes
de la secte. Elle était morte de faim, ceux-ci ayant décidé, suivant
l'enseignement du Maître, de ne lui donner que des nourritures spirituelles.
Les parents se suicidèrent en prison"*.
(*) Le Grand Maître Contacté fut condamné pour "extorsion de fonds" et "violence contre
personnes"...
Assez curieusement, cette affaire qui eut un grand retentissement en Italie et
suscita de nombreux articles de presse ( voir Annexe 3 ), ne franchit pas les
frontières. Ignace, partisan de Siragusa, peut encore se présenter à la presse
comme un spécialiste de la question : les colonnes de nombreux journaux lui
restent ouvertes.
A partir de novembre 1979, les exemples abondent de témoignages de
phénomènes étranges dont la presse se fait l'écho sans le moindre
discernement. Nous ne citerons que le cas de la voiture absorbée par un
"OVNI" près du village de S1, le 4 décembre 1979. Le témoin qui rentrait chez
lui en voiture, voit disparaître devant lui un véhicule automobile alors qu'il est
surmonté d'une boule lumineuse rouge/orange. Il continue sa route, va
chercher ses enfants et, revenu sur place, constate avec eux la présence de
cette boule lumineuse qui semble les suivre ; il va témoigner à la Gendarmerie
le soir même. Un calcul astronomique élémentaire montre que la boule en
question n'était que la presque pleine lune à son lever
( Annexe 1 ). Cependant,
la presse et la radio ( y compris une radio nationale ) ne se sont pas privés de
parler de cette "disparition de voiture".
Cette affaire réapparaîtra un peu plus tard dans une interview d'Ernest publiée
en février 80 dans un très remarquable article d'une revue mensuelle
spécialisée ( Annexe 1 ).
Ernest se référant aux informations d'une journaliste,
y raconte l'histoire à sa façon en la mélangeant curieusement à celle de
l'enquête 79/05 faite sur la "rencontre rapprochée" de M. Laurent, alias
Gamma Delta.
Rappelons que M. Laurent avait annoncé le jeudi 22 novembre que quelque
chose allait se passer le 26 novembre sans préciser quoi, ni où. On peut noter
que la journaliste qui a renseigné Ernest est celle qui avait été prévenue par
M. Norbert de cette "prémonition" ( cf. enquête GEPAN n° 79/05 ). C'est
également cette journaliste qui a, semble-t-il, payé Ernest, Nestor et Albert,
pour une interview dans son hebdomadaire parisien dès décembre 1979. Par
la suite, cette journaliste ouvrira aussi ses colonnes à Ignace qu'elle connaît
bien, pour faire valoir le livre qu'il a écrit sur la disparition de Nestor et dont
nous avons déjà parlé.
On peut se demander si des événements tels que ceux intervenus en
novembre 79 sont susceptibles de modifier l'allure des informations sur le
sujet ( fréquence, contenu des témoignages ), de quelle manière et pendant
combien de temps. Il s'agit là de questions très vastes et complexe auxquelles
nous ne prétendons pas apporter de réponse définitive ici. Nous nous
contenterons de présenter quelques graphiques commentés.
Il n'y a pas de critère simple et rigoureux permettant de mesurer la réaction du
public à telle ou telle information. Certains sont cependant bien quantifiés et
en liaison directe avec cette réaction. C'est le cas des télex de la Gendarmerie
que le GEPAN reçoit en cas de témoignage auprès des brigades. Nous
donnons dans les pages suivantes, les graphiques des fréquences de ces
télex, semi-mensuelles et journalières.
Ces graphiques appellent quelques commentaires. Tout d'abord, le total
annuel de novembre 1979 à novembre 1980 ( environ 180 ) est conforme aux
années précédentes ( voir
Note Technique GEPAN n° 2 ) où ce total oscille
entre 120 et 180.
Le graphique semi-mensuel montre cependant une inhomogénéité très forte
qui peut se décrire ainsi :
une forte poussée fin novembre suivie d'une décroissance à peu près
régulière sur deux mois. C'est l'allure classique des vagues dites "de
rumeur"* ;
une poussée isolée début février ;
un accroissement en mars-avril. Ce fait est classique au printemps, et
existait les années antérieures ;
une disparition presque complète de mai à juillet, ce qui est un fait sans
précédent depuis que les Gendarmeries recueillent les témoignages ( i.e.
depuis 1974 ) ;
un redémarrage fin août et le retour à un rythme régulier plus conforme
au schéma des années antérieures.
(*) cf. Saunders. A spatio-temporal invariant for major UFO waves. Proceeding of the 1976
cufos Conference - Chicago -CUFOS.
Le graphique journalier permet de préciser ces quelques éléments :
la vague de fin novembre 79 est en effet très dense et sa décroissance
régulière sur un mois ( 25 novembre au 25 décembre ) ;
il y a deux petites poussées isolées les 25/26 décembre et 1/2 janvier ;
la poussée de février se présente comme une mini-vague "de rumeur"
très ramassée sur 5 ou 6 jours.


Notons que le déclenchement de cette mini-vague correspond à la rentrée
d'une météorite le 8 février vers 18 h 25. Intervenant à très haute altitude ce
phénomène fut observé sur une très large superficie et donna lieu à de très
nombreux témoignages sans qu'aucune description ne contienne de distorsion
flagrante par rapport au stimulus réel.
Il nous faut encore mettre en garde contre une tentation à l'interprétation trop
rapide de ces éléments descriptifs. Un plus grand nombre de témoignages
peut être dû à un plus grand nombre de phénomènes observés, ou à une plus
grande tendance des personnes à en faire état, ou les deux à la fois. Il est très
délicat de trancher avec rigueur entre ces différentes interprétations. Par
exemple, les petites poussées du 25 décembre et du 1er janvier seront tout
naturellement considérées par certains comme la conséquence des libations
nocturnes de Noël et du Jour de l'An. Mais il faut aussi remarquer que ces
deux nuits sont celles où la proportion de personnes en circulation ( donc de
témoins potentiels ) est la plus élevée de toute l'année...
Seule l'analyse fine du contenu permet alors de fonder les interprétations et,
sur ce plan, il est certain que l'on retrouve dans le corpus de cette année une
forte proportion de confusions ( comme à l'habitude ) mais aussi quelques cas
plus difficilement explicables qui ont conduit le GEPAN à enquêter ( traces,
observation radar ) et dont les résultats seront présentés ultérieurement. Cette
situation, finalement très classique, est allée de pair avec quelques données
plus particulières qui, sans avoir de signification statistique, méritent d'être
signalées.
On se rappelle que la fin de l'année 1979 fut marquée sur le plan ufologique,
outre les événements relatifs à Nestor, par la publicité faite autour de la
théorie dite de "l'isocélie".
Après la conférence tenue à Paris au Cercle Républicain, devant la presse
scientifique, l'auteur de cette théorie, paré de tous ses titres, fut invité à une
émission de télévision ( celle-là même qui nous "montra" le retour de Nestor
dans le champ de choux ). Nous avons vu ce qu'il en est de cette théorie ( voir
Note Technique n° 3 - Chapitre 3 ) et nous ne reviendrons pas là-dessus si ce
n'est pour signaler la concomitance avec la vague de novembre/décembre
1979, et rappeler le fait que J.F. Gilles est l'un des membres "scientifiques" du
GU1, le groupement d'Ignace.
Une autre anecdote mérite d'être rapportée. En décembre 1979, un certain
Raoul s'est présenté au GEPAN, muni de photos qu'il nous demanda
d'analyser. Ces photos dont il nous interdit la reproduction représentaient des
tombes, une murette, des arbres et le ciel. La surface plane d'une tombe était
lumineuse, d'un reflet peu intense, et en partait une traînée assez vive qui
cheminait vers le bas de la photo puis obliquait et sortait par le côté gauche de
la prise de vue. Plus haut, une traînée analogue mais plus vive partait du
même côté gauche et suivait un chemin semblable, presque parallèle au
premier, pour venir s'achever sur une tâche lumineuse très intense, diffuse
dans le ciel, à la verticale exacte de la tombe illuminée. La photo suivante
montrait cette même tâche lumineuse intense dans le ciel ainsi qu'une traînée
qui la joignait au bord gauche de la photo, mais aucune tombe n'était plus
illuminée. La troisième et dernière photo, beaucoup plus sombre, ne montrait
qu'une traînée non rectiligne dans le ciel sombrer presque noir.
Raoul vint nous voir avec sa femme et un ami photographe. Il nous apportait
un certificat d'un laboratoire photographique attestant que la photo n'avait été
truquée ni à la prise de vue ni au développement. Remarquable en quelque
sorte par la banalité de son apparence et son comportement, Raoul nous
expliqua sans hésitation, sans se contredire et d'un ton très naturel et sincère
qu'un certain soir de juillet 79, vers 23 h, il vit depuis la fenêtre de son
appartement, une des tombes du cimetière qui était vivement illuminée. Il
descendit pour la photographier et pendant les 30 à 40 secondes de la prise
de vue, une boule lumineuse sortit de la tombe se dirigea vers lui, obliqua à
gauche, sortit du champ de l'appareil, monta, rentra dans le champ et
s'immobilisa au-dessus de la tombe. Pour les deux prises de vue suivantes,
cette boule lumineuse avait quitté son point de stationnement pour décrire des
trajectoires complexes dans le ciel.
Revenu nous voir un peu plus tard, Raoul répondit sans se troubler aux
remarques que nous lui faisions ( le fait que le point de stationnement soit à la
verticale de la tombe illuminée, que les trajectoires en haut et en bas de la 1ère
photo soient presque parallèles, que les numéros des prises de vue ne se
suivent pas, etc... ). Il nous suggéra que la boule qu'il avait photographiée
sortant d'une tombe pouvait ne pas être sans rapport avec les boules décrites
par Nestor lors de sa disparition...
En fait, une photo du même style peut très facilement être obtenue en
photographiant par exemple la pleine lune avec un temps de pose assez long.
Il suffit, à la fin, de bouger rapidement l'appareil, la source lumineuse très
intense du disque lunaire est alors la seule qui impressionne à ce moment-là
la pellicule en dessinant des arabesques ( et c'est là un type de "faux"
classique en ufologie ). Il ne nous fut pas très difficile de déterminer à l'aide
des données astronomiques et météorologiques, que la source lumineuse
photographiée dans le ciel par Raoul n'était que la lune, et que la tombe
illuminée ne faisait que réfléchir cet astre.
Le seul intérêt de cette histoire est que dans le témoignage de Raoul, il n'y a
pas à proprement parler de distorsion, d'erreur, d'exagération, etc... Il n'y a
qu'un mensonge, une escroquerie intégrale qui n'est apparue que dans le
contenu, et en aucune manière dans la forme ( qui donnait toutes les
apparences de la sincérité ). Et Raoul a poussé l'audace, le "culot" jusqu'à
venir nous la raconter dans les bureaux du GEPAN, essayant de profiter ainsi
de "l'émotion" créée par la "disparition" de Nestor.
La dernière anecdote est intervenue plus tard, au cours du mois de mai 1980,
lorsque le responsable du GEPAN reçu un soir, à son domicile, un coup de
téléphone inattendu. Son interlocuteur se présenta comme étant Haurrio ( ou
Auriau, ou Horiau, l'orthographe n'est pas claire ), c'est-à-dire l'entité
extra-terrestre qui serait en contact avec Ernest et lui transmettrait des
messages sur l'avenir de l'humanité. Il n'y eut pas à proprement parler de
discussion mais plutôt un long monologue assez haché au cours duquel
Haurrio expliqua qu'il parlait à travers son enveloppe terrestre, humaine ; que
la terre avait subi de grands cataclysmes il y a 7 523 ans ( que d'ailleurs il y
était à cette époque ), qu'il fallait absolument aller en V1 le 15 août 1980, qu'il y
aurait de grands scientifiques et que les extraterrestres seraient au
rendez-vous. Haurrio, tout en précisant qu'il connaissait Ignace, raconta que la
terre était en danger, que les hommes faisaient des tas de bêtises et que lui,
Haurrio, était obligé d'intervenir, comme par exemple en 1952, en URSS, lors
de l'explosion de silos nucléaires, mais qu'actuellement, les erreurs et les
accidents se multipliant, il avait peur de ne plus arriver à nous sauver.
Haurrio-Superman insista sur le fait qu'il fallait absolument faire connaître ce
qu'il venait de dire, donner de la publicité à son message. "C'est dommage, lui
répondit le responsable du GEPAN, je n'ai aucun moyen d'enregistrement
chez moi, il faudrait me rappeler au bureau". "C'est ennuyeux, répliqua
Superman, je ne peux pas téléphoner avant six heures du soir...". D'où nous
pûmes conclure que l'enveloppe humaine d'Haurrio devait faire la journée
continue.
Les pages qui précédent ne constituent pas un rapport d'études ni à
proprement parler un compte rendu d'enquête. Elles ne conduisent pas
vraiment à une conclusion générale. Il s'en dégage pourtant quelques idées
qui n'ont pas de valeur d'ensemble mais portent plutôt sur des cas particuliers.
Le GEPAN n'est pas intervenu et est resté volontairement très discret,
pendant toute la période suivant novembre 79. Ceci a permis d'observer à
froid le développement des événements et des réactions des témoins, des
media et du public.
C'est ainsi que nous avons pu voir à quel point les règles générales
couramment observées ( absence d'escroquerie consciente de la part des
témoins et des ufologues, modération de la part des média et du public )
pouvaient soudain se trouver pulvérisées dans certains cas particuliers. Et
cette année-là, toute limite disparut dans le comportement de nombreuses
personnes :
il n'y eut aucune limite chez certains témoins et chez certains ufologues
dans la falsification, la déformation, l'invention des informations qu'ils
énonçaient ;
il n'y eut aucune limite chez certains témoins et certains ufologues dans
le mensonge conscient et l'audace avec lesquels ils l'ont raconté ;
il n'y eut aucune limite chez certains ufologues et certains journalistes
dans leur complaisance à rapporter sans la moindre vérification les
informations les plus extravagantes et les plus erronées ;
il n'y eut aucune limite enfin dans l'avidité avec laquelle certains
essayèrent ( et essayent encore ) de tirer un profit ( financier ) de la
naïveté du public, car il n'y a aucune limite chez un certain public à
croire aux histoires les plus douteuses pourvu qu'elles correspondent à
son désir.
SUITE...
© CNES
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