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CENTRE NATIONAL D'ETUDES SPATIALES
Groupe d'Etudes des Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés
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Toulouse, le 05 mai 1982 N° 0064 CT/GEPAN
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NOTE TECHNIQUE N° 12
( ENQUÊTE 81/07 et 81/09 )
ISSN : 0750-6694
RAPPORT D'INTERVENTION DU GEPAN
( JJ. VELASCO )
SOMMAIRE
- INTERVENTION DU GEPAN
- PROCES-VERBAL DE LA GENDARMERIE DE V1
- DOCUMENT PHOTOGRAPHIQUE
- INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES
- CONCLUSIONS
1. - INTERVENTION DU GEPAN
Le mercredi 28 octobre 1981, le GEPAN est averti par l'Université de Paris VII (*) de la chute présumée
d'un météorite dans la région de V3 , le 4 octobre 1981. L'université nous fournit les renseignements
sur le lieu de la chute ainsi que divers éléments sur les effets constatés au sol.
* Le GEPAN apporte un soutien technique ( collecte des informations ) à certains laboratoires
étudiant des phénomènes fugitifs, imprévisibles, ... C'est le cas pour la collecte des météorites.
Le GEPAN prend contact avec la brigade de gendarmerie la plus proche ( brigade de V1 ). Le brigadier
confirme les faits et nous précise qu'ils n'ont pas averti directement le GEPAN mais qu'ils ont transmis le cas à la compagnie.
Nous indiquons à la brigade notre intention de tenter la récupération et nous lui demandons de nous mettre en relation
avec le propriétaire du terrain. La gendarmerie se propose de se mettre à notre disposition le lendemain, lors
de l'intervention fixée, dans le champ de l'agriculteur.
A 15 H, nous prenons contact avec le propriétaire ( M. GUILLAUME ). Il nous donne beaucoup plus
d'informations sur l'état de son champ.
M. GUILLAUME nous relate la découverte de chasseurs qui ont été attirés par un cratère profond au milieu d'un champ
de blé dont les semences commençaient à pousser.
M. GUILLAUME est allé ensuite constater ces effets lui même et faire un relevé de quelques dimensions qu'il nous
cite : "Le cratère était de dimension importante puisque le sol était chamboulé sur 7 à 8 mètres
et 1 mètre de profondeur. Le trou central faisait 20 cm de diamètre, de la dimension d'une boîte de
conserve, il était très profond et vertical".
M. GUILLAUME a ensuite averti la brigade de gendarmerie de V1 qui s'est rendue sur les lieux et a dressé un
procès-verbal de l'état des lieux.
M. GUILLAUME a essayé de contacter des "personnes scientifiques" qui, pourraient être intéressées ; c'est
ainsi qu'il alerte l'observatoire d'astrophysique de Paris, de Meudon, etc. C'est par ce canal que le CNRS et l'Université de
Paris VII ont été avertis de ce cas. A la description verbale de M. GUILLAUME, l'hypothèse d'une chute
de météorite a alors été retenue. A la suite de ce bref historique, nous indiquons à M. GUILLAUME que le GEPAN
se rendra chez lui le lendemain en compagnie des spécialistes du CNRS en minéralogie pour tenter la récupération
de ce bolide. Nous lui demandons si nous pouvons effectuer une fouille dans son champ.
Il nous donne son accord mais nous oppose des problèmes d'indemnisation sur le préjudice qu'il subira à la suite
de cette fouille. Nous nous mettons d'accord sur une solution qui tiendrait compte :
Nous demandons également à M. GUILLAUME de nous procurer un moyen mécanique pour faire cette fouille.
Ne disposant pas lui même d'un engin il nous promet de joindre un entrepreneur local qui possède une pelleteuse
pouvant creuser à des profondeurs importantes.
Le jeudi 29 octobre 1981, le GEPAN reprend contact avec le laboratoire de cristallographie de l'Université de Paris.
Le vendredi 30 octobre 1981 :
09 H 00 : départ de Paris, Muséum d'histoire naturelle en compagnie de M. PELLAS ( Laboratoire
de Minéralogie des Poches Profondes et des Météorites du CNRS ) et Mme CHRISTOPHE ( Laboratoire
de Cristallographie Université de Paris VI ).
-
12 H 00 : arrivée à la gendarmerie de V1.
Les gendarmes nous montrent des photographies prises le jour de la découverte du trou. Nous constatons que la description
des effets visibles ( cratère, trou ) ne correspond pas aux déclarations des gendarmes et de l'agriculteur.
-
14 H 00 : arrivée chez M. GUILLAUME de l'enquêteur du GEPAN ainsi que M. PELLAS, Mme CHRISTOPHE,
les gendarmes de V1.
Devant la ferme un camion porteur d'une pelleteuse stationne ; un groupe de personnes attend à côté de l'engin,
parmi elles se trouvent des journalistes locaux.
M. GUILLAUME nous explique les conditions de la découverte du trou dans son champ puis les évaluations
dimensionnelles qu'il a réalisées le dimanche matin 25 octobre. Il a ensuite tenté de dégager le trou sur une
profondeur de 1 m environ. M. GUILLAUME nous indique également que les précipitations sur la région
sont très fortes depuis plus d'un mois ( il pleut en moyenne 3 à 4 jours par semaine ).
-
14 H 30 : départ sur les lieux. L'accès à la parcelle de terre est assez difficile, il faut, à partir de la route, emprunter
un chemin de traverse sur environ 300 à 400 mètres, puis traverser le champ sur une distance équivalente.
Au milieu du champ, nous découvrons un endroit où la terre est bouleversée en surface avec un trou central rempli
d'eau ; autour de celui-ci, d'innombrables petits trous semblent être le résultat d'éclaboussures de terre.
Une vingtaine de personnes sont présentes autour du trou : celles directement concernées par cette recherche
mais également de nombreux curieux ( voisins, agriculteurs, journalistes... ).
La pelleteuse arrive en contournant le champ pour détériorer le moins possible la parcelle ensemencée. Elle se positionne
de manière à pénétrer dans le sol sur la plus grande profondeur possible à la verticale du trou. M. PELLAS
dirige la manoeuvre, notamment l'étalement de la terre pour la recherche de la météorite.
Après avoir retiré la terre et l'eau en surface, un premier sondage est effectué, manuellement, avec un morceau
de bois et qui permettra de retrouver le trou de 10 cm de diamètre environ. Toujours à la verticale du point présumé
d'impact. Le sol traversé est homogène, composé d'argile et de silice avec une première couche de rognons
de silex à 2 mètres environ de la surface.
Nous procédons de même en creusant à 3 puis 4 mètres, etc... et nous constatons toujours en sondant manuellement
que le trou est présent mais qu'il y a diminution de son diamètre. Nous notons que la nature du sol est toujours la même
et que nous traversons des couches de silex tous les mètres environ. Nous arrivons après trois heures de fouilles à 6 mètres
de profondeur et aucun objet de type météorite n'est découvert dans la terre étalée. A cette profondeur, nous ne
détectons plus la présence du trou. Nous arrêtons la fouille et la pelleteuse commence à reboucher l'excavation créée.
Durant cette fouille une rapide enquête permet de recueillir des éléments d'information relatifs à la présence de témoins
au moment des faits. Des agriculteurs voisins, habitant à 300 mètres du champ où nous nous trouvons nous
apportent des éléments nouveaux : ils déclarent que dans la nuit du 3 au 4 octobre un orage très court mais
d'une grande intensité à sévi sur le secteur. Ils ont été brusquement réveillés par un coup de tonnerre violent
et bref. Ils se sont aussitôt levés mais il n'y avait plus d'électricité chez eux, le disjoncteur ayant déclenché.
Le lendemain matin ils ont découvert dans leur salle de séjour les fusibles du téléphone par terre, à plusieurs mètres du boîtier.
2. - PROCES-VERBAL DE LA GENDARMERIE DE V1
"Le lundi 5 octobre 1981, en fin de matinée, notre unité reçoit un appel téléphonique de M. GUILLAUME,
demeurant à V2. Celui-ci nous informe de la présence d'un trou dans son champ, sans rentrer dans le détail, ni donner
plus amples explications sur l'importance de ce trou.
M. GUILLAUME souhaite notre passage au cours d'un prochain service à V2. Il nous précise toutefois que la terre
est remuée dans un rayon de trois mètres et que ce trou est assez important.
Notre informateur étant resté dans le vague, une relation est faite avec la découverte d'une excavation sur le territoire
d'une commune voisine V5, au cours du dernier trimestre 1980.
A cette époque, un puits, ayant servi voilà plusieurs siècles à extraire la marne de souterrains creusés dans le
sous-sol, s'était affaissé dans un champ bordant un chemin communal, nécessitant un remblai de quelques dizaines
de tonnes de cailloux et de terre.
Aucune explication n'étant donnée par M. GUILLAUME, il en est déduit que le trou découvert doit avoir les mêmes
origines que ci-dessus.
Le mardi 6 octobre 1981, en fin d'après-midi, M. GUILLAUME, nous contacte de nouveau par téléphone et,
nous donne des précisions sur le trou existant dans son champ.
Ce trou, selon lui, a un diamètre de 15 centimètres environ. Il se situe au centre de son champ. La terre a été remuée
et projetée tout autour du trou dans un rayon de 1,70 mètres à 5 mètres, voire plus. Il ne fait aucun doute
qu'un impact important s'est produit à cet endroit.
M. GUILLAUME ajoute avoir constaté la présence de ce trou, le dimanche 4 octobre 1981, dans la matinée au
cours d'une partie de chasse avec d'autres chasseurs. Les lieux n'ont de ce fait pas été protégés. Le trou existant
s'enfonce de 5 à 7 mètres dans le sol ; les parois en sont lisses. Ce phénomène a dû se produire au
cours de la nuit du samedi 3 au dimanche 4 octobre 1981, un grand bruit ayant été perçu par M. GUILLAUME.
L'heure tardive ne permettant plus de faire des constatations, le 6 octobre 1981, un service
est commandé le 7 octobre 1981, à V2, à l'effet d'aller constater sur le terrain. Ce service est assuré par les
gendarmes G1 et G2.
CONSTATATIONS ET MESURES CONSERVATOIRES
ETAT DES LIEUX :
Le champ où a été découvert le trou, de V2, se trouve au nord-ouest de la commune de V2, au lieu dit les Angovals,
en bordure d'un chemin de terre, dit chemin de Wamin ou le Pied Sentre du Lièvre. Il est à 300 mètres de distance
du Chemin Départemental 155, reliant la localité à celle de V5. Un kilomètre à vol d'oiseau sépare les deux localités.
Les premières habitations de V2 sont à une distance de 400 mètres environ du champ qui est entouré d'autres
parcelles, propriétés de cultivateurs de la commune. Ce champ est ensemencé d'escourgeon ou orge d'hiver. Il n'est
constaté aucune trace de roue au autre pouvant laisser croire à une mauvaise plaisanterie.
-
CONSTATATIONS PROPRES AU "TROU" :
A leur arrivée sur les lieux, les gendarmes G1 et G2, constatent à la surface du sol la présence d'un "trou" dont le
diamètre de 15 centimètres n'est pas régulier, en plein milieu du champ. Dans un rayon de 1,70 mètre
à 4 mètres, autour de ce "trou", la terre a été remuée et projetée, faisant penser à un impact d'obus
sans toutefois creuser un cratère. La terre ne semble pas brûlée à proximité immédiate du "trou".
Les lieux ne paraissent pas avoir été modifiés, mais de nombreux curieux, en l'occurrence les chasseurs de la
Société de V2, se sont affairés, nombreux, en cet endroit. Le sol est d'autre part détrempé par les dernières pluies.
Des clichés photographiques des lieux, et en particulier du trou, sont effectués.
La profondeur du "trou" ne peut être déterminée en raison des fortes pluies, celui-ci s'est rempli d'eau. La profondeur visible
à l'oeil nu lors des constatations est évaluée à 1,70 mètre. M. GUILLAUME l'estimait le dimanche
matin à 6 ou 7 mètres.
Ce trou, dont le diamètre de 15 cm est irrégulier en surface, s'enfonce verticalement et uniformément
dans le sol et présente des parois lisses, ressemblant à un travail de forage.
-
MESURES PRISES :
Il est rendu compte par téléphone à notre commandant de compagnie à V6, qui nous prescrit de tenter de déterminer l'origine
de ce "trou".
Le 8 octobre 1981, les gendarmes G3 et G2, retournent sur les lieux, où en leur présence M. GUILLAUME
creuse manuellement jusqu'à une profondeur de 2,00 mètres environ. Il est contraint de cesser tout terrassement
en raison de difficultés rencontrées par suite d'éboulement de terre, et la couche de cailloux ( genre silex )
rencontrés à cette profondeur.
Une perche est introduite aisément à l'emplacement du "trou" dont la descente se prolonge dans le sol.
Les recherches sont poursuivies au cours de différents services. Les personnes contactées font état d'un orage
au cours de la nuit du 3 au 4 octobre 1981. Aucun autre travail de terrassement ne peut être entrepris
en raison des fortes pluies d'octobre.
Ce "trou" aurait pu être occasionné par une roquette inerte tombée d'un avion, mais cette hypothèse étant écartée
avec les travaux effectués fin octobre 1981. Aucun engin semblable n'a d'autre part été signalé perdu.
Le 30 octobre 1981, à 14 Heures, en présence de Monsieur PELLAS, Paul, Directeur de Recherches
au Centre National de Recherche Scientifique et professeur au Muséum d'histoire naturelle 61, rue Buffon à PARIS 75005,
et de Monsieur VELASCO, Jean-Jacques, du Groupe d'Etudes des Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés 18, Avenue
Edouard Belin, à TOULOUSE, un examen des lieux suivi d'une fouille est entrepris.
Le concours d'une pelleteuse a été sollicité par ces services pour procéder à la fouille du terrain.
A l'endroit indiqué par M. GUILLAUME, le sol est creusé sur une profondeur de 5,50 mètres. Aucun objet n'est
découvert ; il est cependant constaté la présence du "trou" de 15 centimètres à la surface allant s'amenuisant jusqu'à
cette profondeur.
Il est procédé à la prise de clichés photographiques des travaux entrepris et des constatations faites.
Deux hypothèses sont émises à la suite de ce résultat négatif par les chercheurs ; il peut s'agir :
soit d'une petite météorite en métal,
soit de la foudre ; rare dans nos contrées en cette saison, mais d'autant plus violente.
A la demande de Monsieur VELASCO du GEPAN, un procès-verbal sera établi conformément à celui prévu dans le
cas de phénomènes OVNI.
Il est rendu compte du résultat à notre commandant de compagnie et de la demande émise par le représentant
du GEPAN du 30.10.1981.
ENQUETE
Le 31 octobre 1981, il est procédé à l'audition de M. GUILLAUME, propriétaire du champ. Le dimanche 4 octobre 1981, il
a remarqué la présence d'un trou de 15 centimètres dans son champ sis sur le territoire de la commune de V2.
La terre était remuée et projetée dans un rayon de 1,50 mètre à 7 mètres. Il estime la profondeur du "trou" de l'ordre
de 6 à 7 mètres. La présence de ce "trou" correspond à un grand bruit entendu au cours de la nuit du 3 au 4 octobre 1981
vers 3 heures du matin. Il n'a perçu selon ses dires qu'un seul coup semblable au tonnerre, mais beaucoup plus intense, et,
comparable au "BANG" d'un avion supersonique. Il n'a pas pensé que ce bruit pouvait être dû à la foudre. Il a, après
examen du "trou" songé à un objet "tombé" du ciel soit d'avion, soit une météorite ou du débris de satellite.
Entendu M. MANUEL, habitant les premières maisons proches des lieux, déclare qu'au cours de la nuit du 3 au 4
octobre 1981, il était éveillé suite à l'orage. Il a d'abord entendu un coup de tonnerre normal suivi d'une averse
de grêle. Aussitôt après, il a vu une lueur immense plus intense que l'éclair normal de l'orage accompagnée
d'un énorme bruit. Ce bruit ne peut être comparable, selon lui, à celui du tonnerre ni à des bombardements,
ayant vécu la dernière guerre mondiale.
Le disjoncteur de son habitation ( de cette personne ) s'est déclenché, suite à cette lueur et ce bruit.
Les résistances d'électrodes de sa gazinière électrique ont été détériorées. Il a constaté le lendemain la présence
du trou dans le champ de M. GUILLAUME. Il précise que la foudre serait "tombée" la même nuit derrière l'église
de V2 et les disjoncteurs des habitations de la localité se sont déclenchés.
Madame URSULE demeurant dans un mobile home, ne pouvait trouver le sommeil au cours de la nuit
du 3 au 4 octobre 1981, en raison d'un violent orage. A un moment donné, elle a entendu un bruit important, précédé
d'un éclair très lumineux. Elle ne peut en préciser la couleur ayant eu une très grande peur. L'orage s'est aussitôt tu.
Monsieur le Maire de V2 est entendu le 4.11.1981, à propos de ce phénomène. M. GUILLAUME
ne l'a pas avisé de la découverte de ce trou. Il n'en a eu connaissance que lors de notre intervention. M. LIONEL
précise qu'au cours de la nuit du samedi 3 au dimanche 4 octobre 1981, il a perçu plusieurs fois le bruit du tonnerre,
dans le lointain. Les éclairs de l'orage étaient assez intenses. M. LIONEL a ensuite entendu un coup de tonnerre
plus important que les précédents. Les vitres ont tremblé, la terre et les murs ont vibré, puis le calme est revenu.
M. LIONEL s'étant levé a constaté que son compteur s'était disjoncté.
Il est porté à notre connaissance qu'un orage s'est produit au cours de la nuit du 3 au 4 octobre 1981. Ce fait nous
est confirmé par les habitants des maisons de la rue des Gardes proches du champ de M. GUILLAUME ( à vol
d'oiseau 300 mètres ). Les compteurs des habitations se sont disjonctés.
L'un d'eux a même retrouvé son lustre brisé sur le sol à la suite du violent coup de tonnerre perçu par tous.
La foudre a d'ailleurs frappé un peuplier se trouvant dans une pâture, sise derrière l'église de V2, et proche
de l'habitation des époux RENE. Ces personnes ont en effet constaté le lendemain, soit le dimanche 4 octobre 1981
au matin, que ce peuplier portait une trace noire de 5 centimètres de largeur partant de la cime et rejoignant la base,
l'écorce étant d'ailleurs éclatée. Cette trace reste visible le 31 octobre 1981. Une photographie est prise qui sera jointe
à la planche photo relative à cette affaire ( cf. § 3.1. ). Le témoin RENE non entendu
est affirmatif sur ce fait, son épouse l'a même noté sur un agenda, à la date du 4 octobre 1981.
Au cours de notre enquête, nous apprenons que cette nuit-là, trois boeufs se trouvant dans une pâture et propriété
de M. RAOUL de V7, ont été tués par la foudre.
AUDITION DE M. GUILLAUME (31.10.81)
"Je suis propriétaire d'un champ situé sur la commune de V2, lieu dit Chemin de Wamin, le Pied Sentre du Lièvre au
nord-ouest de Ladite localité.
Ce champ est actuellement ensemencé d'escourgeon ou orge d'hiver. Le dimanche 4 octobre 1981, j'ai constaté
que la terre avait été remuée en plein milieu du champ. A ce moment-là, je chassais, il pouvait être 11 heures. Ma terre
est louée à la Société de chasse de V2. D'autres chasseurs ont constaté que la terre avait été remuée. J'ai pensé que
cette terre avait été remuée par un troupeau de sangliers. Je me suis approché, et j'ai remarqué un trou au milieu de l'endroit
où la terre avait été retournée.
J'ai constaté que la terre avait été projetée dans un rayon de 1,50 mètre à 7 mètres environ. Cela faisait comme des
vagues et donnait l'impression qu'un objet projeté avec force avait produit cet effet. L'entrée de l'orifice se trouvant au milieu
de ce "remous" de terre avait un diamètre inégal de 15 centimètres maximum et à une profondeur de 15
à 20 centimètres le diamètre était bien régulier. On avait l'impression qu'un objet s'était enfoncé régulièrement
dans le ,sol en cet endroit. Les parois étaient bien lisses. J'ai évalué la profondeur du trou descendant tout droit dans la terre
à environ 6 ou 7 mètres. On voyait bien que le trou s'enfonçait assez profondément dans le sol. Tous les chasseurs
de la société ont vu comme moi la profondeur. Je n'ai averti vos services que le lendemain en signalant la présence de
ce trou dans mon champ sans donner toutefois trop d'explications.
Je peux dire que la présence de ce trou correspond avec un grand bruit comme un coup de tonnerre entendu au cours
de la nuit précédente c'est-à-dire du samedi 3 au dimanche 4 octobre 1981, vers 3 heures du matin. Je n'ai entendu
qu'un seul coup, j'ai pensé à un coup de tonnerre suite à un orage car il faut dire qu'il fait mauvais temps depuis le début
du mois. Cela m'a semblé cependant bizarre car je n'ai entendu qu'un seul coup et je n'ai pas vu d'éclairs, ni perçu
des bruits de tonnerre au loin.
D'autres personnes dans la commune ont perçu ce grand coup de tonnerre le bruit a été très intense plus fort qu'un
coup de tonnerre normal et que le "bang" d'un avion supersonique. Je précise qu'avant le dimanche 4 octobre je n'avais pas
remarqué que la terre avait été remuée. On voyait bien que les projections de terre et le trou étaient très récents.
Je n'ai pas pensé que ce trou avait pu être occasionné par la foudre. J'ai pensé de suite qu'il pouvait s'agir d'un "objet" tombé
du ciel, soit un débris de satellite ou une météorite, ou un objet tombé d'avion.
Quand vous êtes intervenus, nous avons creusé jusqu'à une profondeur de 1,80 mètre, j'ai dû arrêter car cela
devenait impossible. Vos services ont pris des photographies des lieux.
Le 30 octobre 1981, sont intervenus le CNRS et le CNES, qui ont été contactés afin de rechercher ce qui avait provoqué
ce trou. Aucun objet n'a été découvert au cours de cette fouille effectuée par une grue. La fouille a été effectuée jusqu'à
une profondeur de 5,50 mètres environ.
Je n'ai pas entendu dire par les autres habitants de V2 proches de mon domicile qu'il y avait eu de l'orage. Je peux
cependant dite qu'il faisait mauvais temps, il pleuvait et le vent soufflait en tempête. Je n'ai pas constaté non plus à l'entrée
du trou que la terre avait été brûlée.
Comme rien n'a été découvert, lors de la fouille le 30 octobre 1981, je ne puis dire ce qui a causé ce trou dans mon champ.
Je ne vois rien d'autre d ajouter à la présente déclaration."
AUDITION DE M. MANUEL (31.10.81)
"Dans la nuit du samedi 3 octobre 1981 au dimanche 4 octobre 1981, j'étais réveillé suite à un coup de tonnerre normal.
Suite à ce coup de tonnerre est tombée une averse de grêle suivie quelques minutes après d'un autre coup de tonnerre
extrêmement violent. Ce bruit était plus intense et même dépassait de 50 % le Bang d'un avion passant le mur
du son. J'ai aperçu peu avant comme une grande lueur, mais je peux dire qu'à mon avis, il ne s'agissait pas d'un éclair
normal comme étant celui d'un orage.
Ce bruit a été d'une grande répercussion. J'ai eu l'impression que la terre était écrasée par quelque chose. Le sol et la
maison ont vibré. Le bruit a tellement été violent que j'ai crû que la maison allait s'écrouler. Ce bruit a été perçu
dans les localités voisines. Je peux dire que mon compteur a disjoncté. Les électrodes destinées à allumer ma cuisinière
électrique étaient grillées, plus exactement la résistance d'électrodes.
J'ai vécu la guerre 1940, en comparaison les bombardements paraissaient moins violents, je veux dire le bruit causé.
A mon idée, il s'est passé vraiment quelque chose d'anormal.
Le lendemain alors que je participais à une chasse avec la Société de V2, j'ai été le premier à remarquer que la terre
du champ de GUILLAUME avait été retournée. J'ai pensé à une meute de sangliers. Mais quand je me suis approché j'ai pu
constater que la terre semblait "fendillée" dans un rayon de 1,50 mètre à 7 mètres. J'ai également
remarqué le trou fait au centre. C'est moi qui l'ai averti de cette anomalie.
S.I.R. J'ai appris après cela et dans les jours suivants que les compteurs avaient disjoncté et que dans l'instant
précédent les lumières se sont allumées un court instant.
Je voudrais encore préciser que la nuit où s'est produit ce grand bruit nous n'avons plus entendu soit le tonnerre, ni vu les
éclairs. Il a cependant continué de pleuvoir. Le calme s'emblait revenu.
D'après ce que j'ai entendu, la foudre serait tombée la même nuit derrière l'église de V2 sur un arbre.
A mon avis, ce n'était pas la foudre qui a fait ce grand bruit. Je n'ai jamais entendu pareil coup de tonnerre au cours
d'un orage."
AUDITION DE Mme URSULE (31.10.81)
"Je demeure dans une caravane à V2. Durant la nuit du 3 au 4 octobre 1981, vers 2 heures, je ne pouvais dormir
ne trouvant pas le sommeil dû à l'orage qu'il faisait.
Soudain, j'ai entendu un très fort bruit précédé d'un éclair très lumineux. Comme j'avais très peur, vivant seule, je
me trouvais à ce moment-la sous les couvertures. De ce fait, je ne peux vous préciser la couleur de cet éclair mais je
peux vous dire qu'une lumière trés brillante s'est produite. Quant au bruit du "tonnerre", cela a été très bruyant. Suite
à ce fait, l'orage a cessé mais il a continué de pleuvoir.
S.I.- Mon compteur électrique était disjoncté. J'avais fait cette manoeuvre moi même car j'avais
peur de l'orage. C'est tout ce que je peux vous dire sur cette nuit."
AUDITION DE M. LIONEL (4.11.81)
"Monsieur GUILLAUME ne m'avait pas avisé du "trou" dans son champ à V2. Je suis allé sur place quand vos services
sont intervenus. J'ai effectivement constaté qu'un trou d'environ 10 à 15 centimètres de diamètre se trouvait
au centre d'une parcelle de terre de M. GUILLAUME. La terre, autour du trou, était remuée dans un rayon de cinq
mètres ou plus. La terre semblait avoir été soulevée et projetée. On aurait dit que des taupes avaient "travaillé" la terre en
cet endroit. J'ignore le phénomène qui a produit ce trou qui s'enfonçait assez profondément dans le sol ; les parois
étaient lisses.
Dans la nuit du 3 au 4 octobre 1981, nuit du samedi au dimanche, il a fait de l'orage sur la région. J'ai entendu plusieurs
fois le tonnerre dans le lointain. Les éclairs étaient assez intenses par rapport au bruit du tonnerre. Je ne me souviens plus
s'il faisait une tempête, et, s'il y avait du vent. Je ne pense pas. Je me suis même levé pour débrancher la télévision.
J'étais recouché d'un moment, lorsque j'ai entendu un grand bruit, un gros coup de tonnerre. Ce coup était assez puissant.
Les vitres ont tremblé ; la terre et les murs ont vibré. J'ai cru que c'était un tremblement de terre. Après ce coup-là, je
n'ai plus entendu le tonnerre ni vu les éclairs. Un moment après, je me suis levé, et, j'ai pu constater que l'électricité était
coupée. Je pensais à une coupure de courant mais c'était le compteur qui était disjoncté. J'ai apprit par la suite que
de nombreux disjoncteur s'étaient déclenchés dans la commune au cours de la même nuit. Les lumières de mon habitation
ne se sont pas allumées.
Je ne sais pas ce qui a pu produire ce trou dans la terre ; il y a là un phénomène inexpliqué. J'ai su que la foudre était tombée
derrière l'église, mais je ne sais pas si c'était cette nuit-là."
SUITE...
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