CENTRE NATIONAL D'ETUDES SPATIALES

Groupe d'Etudes des Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés

Toulouse, le 4 novembre 1981
N° 0262 CT/GEPAN


 

NOTE D'INFORMATION N°3


 

Les études de Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés aux Etats-Unis

2ème Partie : "Les premières études officielles"




AVERTISSEMENT

Les Notes d'informations sont généralement constituées de documents et de comptes rendus de travaux auxquels le GEPAN n'a pas participé. Le GEPAN a alors seulement choisi de les publier en raison de leur importance historique ou théorique, pour une bonne connaissance et compréhension du problème des phénomènes aérospatiaux non identifiés. Cependant, cette décision de publication ne signifie en rien que le GEPAN s'associe aux idées, théories ou conclusions présentées dans ces textes. Elles restent sous la responsabilité exclusive de leurs auteurs.
C'est dans les Notes Techniques que le GEPAN fournit les informations relatives à ses propres activités.




TABLE DE MATIERES




AVANT-PROPOS

La Note d'Information N°2 fournissait un aperçu assez détaillé de l'évolution des recherches officielles aux Etats-Unis à propos des phénomènes aérospatiaux non-identifiés. Désireux de compléter cette information, nous présentons maintenant quelques-unes des analyses et conclusions des Commissions qui ont jalonné le début de ces activités officielles de recherche aux Etats-Unis.

Bien entendu, nous n'avons pu traduire la totalité des documents ainsi rédigés dans les années cinquante. Nous avons choisi ceux qui nous ont semblé les plus marquants.

Il faut signaler que le texte du Projet "Soucoupe" ( avril 49 ) est en quelque sorte la version grand public du rapport final du Projet "Sign" ( février 49 ). De plus, les appréciations, évaluations et estimations d'ordre scientifique ( en particulier dans le Projet "Sign" ) doivent être considérées en tenant compte de la date à laquelle elles furent énoncées.

La prochaine Note l'Information contiendra les documents qui, à la fin des années soixante, ont conduit à l'arrêt de ce type de recherches officielles aux USA. Cette Note d'lnformation n°4 achèvera la série commencée avec la Note d'Information n°2.




Rapport Technique N° F-TR-2274-IA

OBJETS AÉRIENS NON IDENTIFIÉS

PROJET "SIGN"

L.H. Truettner

A.R. Deyarmond

Publié par :

Technical Intelligence Division
Intelligence Department, Air Material Command
Wright-Patterson Air Force Base, Dayton, Ohio

Date de parution : Février 1944

PROJET "SIGN"

  • Analyse
    • Analyse des données sur les observations
    • Analyse psychologique
    • Agences extérieures fournissant des informations et analyses
    • Considérations relatives é l'analyse et à l'évaluation des observations
      • Considérations opérationnelles
      • Considérations techniques
    • Analyse technique de diverses configurations
      • Disques volants
      • Fuselages volants
      • Objets ronds
      • Boules de lumière
    • Possibilité de développements scientifiques en avance sur le niveau de la connaissance de ce pays.
  • Annexe A
  • Annexe B
  • Annexe C : quelques considérations sur l'interprétation des rapports sur les Objets Volants Non Identifiés
    • 1ère Partie : Bref résumé des observations
    • 2ème Partie : Explications possibles des observations
    • 3ème Partie : Recommandations
  • Annexe D

RESUME

Ce rapport présente une étude descriptive et analytique des objets aériens non identifiés observés aussi bien aux Etats-Unis que dans des pays étrangers.

Une brève description de cas particuliers est donnée en annexe.

Le traitement analytique du sujet est dans une large mesure de caractère qualitatif et général. On donne cependant des analyses et des résultats détaillés lorsque cette procédure est possible et aide à établir la validité ou la solidité d'une hypothèse générale.

Le projet "Sign" consiste encore essentiellement en une accumulation de données, l'information recueillie n'étant pas suffisante pour permettre d'en tirer des conclusions précises et spécifiques. Nous ne disposons encore d'aucune preuve formelle qui confirme ou infirme l'existence effective des objets volants non-identifiés en tant que types nouveaux et inconnus d'aéronefs.

Un nombre limité d'observations a été identifié comme correspondant à des objets connus.

AVANT-PROPOS

Le projet "Sign" a été lancé par la Technical Intelligence Division ( division des services de renseignement technique ) de l'Air Material Command, et s'est vu attribuer le numéro de projet X 8-304 le 22 janvier 1948 par une lettre du Chef d'Etat Major Adjoint de l'Armée de l'Air, service du matériel USAF. Cette lettre est référencée C/S, USAF, 30 décembre 1947, objet : les "disques volants".

D'autres divisions de l'Air Material Command ont fourni une assistance pour l'analyse des rapports d'observations en accord avec les instructions techniques TI-2185, addendum n°3, datées du 11 février 1948, objet : projet "Sign" Etude des objets volants non identifiés.

L'analyse des rapports d'observations, en tant qu'effort pour identifier les phénomènes astrophysiques est réalisée par l'Université de l'Ohio aux termes d'un contrat avec l'Air Material Command.

Le projet Rand a lancé une étude spéciale en accord avec la lettre de l'Armée de l'Air n°80.10 datée du 21 juillet 1948, destinée à fournir l'information qui servirait à évaluer la possibilité infime que certains des objets observés soient des vaisseaux spatiaux ou des véhicules satellites.

Des membres du Scientific Advisory Board to the Chief of Staff, USAF ( Conseil Scientifique auprès du Chef d'Etat Major de l'Armée de l'Air des Etats Unis ) ont également fourni des services, en tant que consultants.

INTRODUCTION

L'objet de ce rapport est de présenter l'état d'avancement du projet "Sign" et de résumer les données rassemblées sur les observations d'objets aériens non-identifiés, de passer en revue les méthodes et le raisonnement appliqués à l'analyse de ces données et de présenter les résultats obtenus jusqu'ici par l'étude des données disponibles.

Ce rapport n'a pas pour but de faire le point d'une manière définitive sur toutes les observations ayant fait l'objet d'un rapport, les données sont encore étudiées par des spécialistes en astrophysique et en psychologie, et des informations complémentaires sont actuellement collectées pour permettre aux personnes étudiant les cas d'observations du projet "Sign", de déterminer les explications possibles de certains cas. Toutefois, le rapport fournit des informations correspondant à l'état actuel des recherches, à l'intention des membres de l'Etat Major et aux niveaux plus élevés, ainsi qu'à ceux qui ont pour tâche d'examiner la possibilité d'une menace sur la sécurité nationale résultant de l'observation d'un aussi grand nombre d'objets volants non identifiés.

SOMMAIRE

Les résultats de l'étude traitée dans ce document ont été établis à partir d'informations tirées des rapports de 243 observations ayant eu lieu aux Etats Unis et de 30 à l'étranger. Les données concernant ces observations sont actuellement résumées, reproduites et diffusées auprès des organismes et des individus qui coopèrent à leur analyse et leur évaluation. Jusqu'à maintenant la diffusion a été faite pour les résumés de 172 observations et d'autres sont en cours de reproduction à l'heure actuelle.

Un répertoire des éléments devant être notés dans les rapports d'observations a été préparé et distribué aux organismes d'enquête gouvernementaux. Les renseignements obtenus dans les rapports sont étudiés en relation avec de nombreux facteurs tels que les activités de recherche sur les missiles guidés, lancements de ballons météo ou autres, vols d'avions commerciaux et militaires, vols d'oiseaux migrateurs et autres considérations afin de trouver des explications possibles aux observations.

En prenant comme point de départ, la possibilité que les objets soient réellement des aéronefs de types non identifiés et non conventionnels on a procédé à une analyse technique de certains des rapports pour déterminer l'aérodynamisme, le type de propulsion et les éléments de commande qui seraient nécessaires pour que ces objets puissent évoluer de la façon décrite dans les rapports. Les objets observés ont été répartis en quatre catégories en fonction de leur configuration :

  1. disques volants, c'est-à-dire aéronef avec allongement géométrique très faible ;

  2. objets en forme de torpille ou de cigare sans ailes ou ailerons visibles en vol ;

  3. objets sphériques ou en forme de ballons ;

  4. boules de lumière.

Les engins des trois premières catégories sont capables de voler par des moyens aérodynamiques ou aérostatiques et peuvent être mus et commandés par des méthodes connus des ingénieurs aéronautiques. Ceux de la quatrième catégorie ne semblent pas avoir de forme précise mais il est possible que les moyens de support n'aient pas été vus par les observateurs.

Environ 20 % des cas observés ont été identifiés comme étant des objets aériens conventionnels, résultat qui a paru satisfaisant au personnel responsable du projet "Sign". On s'attend à ce qu'une étude des cas observés en relation avec les ballons météo et autres sondes atmosphériques fournisse des solutions dans une même proportion. Les déclarations verbales faites par un astrophysicien de l'Université de l'Ohio et des psychologues du Aero Medical Laboratory ( Laboratoire Aéro Médical ) indiquent qu'il est possible de résoudre une quantité appréciable des observations par les résultats de leurs recherches. L'élimination des cas ayant une explication raisonnablement satisfaisante permettra d'éclaircir le problème posé par un projet de cette nature.

CONCLUSIONS

Il n'existe encore aucune preuve définitive et décisive qui prouverait l'existence ou la non existence de ces objets non identifiés en tant qu'aéronefs réels de configuration inconnue et non conventionnelle. Il est peu probable que la preuve certaine de leur existence puisse être obtenue sans examiner les restes d'objets qui se seraient écrasés au sol. Il est également impossible de fournir la preuve de leur non existence à moins que l'on puisse fournir une explication raisonnable et convaincante à chaque cas d'observation.

Beaucoup d'observations faites par des témoins qualifiés et apparemment dignes de confiance ont fait l'objet de rapports. Néanmoins, chaque cas a certaines caractéristiques qui ne sont pas satisfaisantes, par exemple la durée très brève de l'observation, la distance par rapport à l'observateur, l'imprécision de la description ou des photos, des contradictions entre les témoins, un manque de données descriptives qui font qu'il est impossible de tirer des conclusions définitives. Les explications de certaines observations ont mis en évidence l'existence de causes simples et faciles à comprendre, si bien qu'il est possible que bon nombre des cas puisse être résolu permettant d'éliminer, ou du moins de fortement réduire le mystère qui entoure ces phénomènes.

L'évaluation des rapports d'objets non identifiés est une activité nécessaire des services de renseignements militaires. Ce genre d'observations est inévitable et en cas de guerre des solutions rapides et convaincantes doivent être données pour maintenir le moral des militaires et des civils. C'est dans cette optique que nous considérons que l'établissement de procédures et l'entraînement du personnel justifie l'effort mis en oeuvre pour ce projet.

On a envisagé la possibilité que certains cas représentent des développements techniques très en avance sur les connaissances actuelles des ingénieurs et des chercheurs de ce pays.

Aucun fait connu du personnel relevant de ce commandement ( Matériel Aérien ) ne permet d'émettre une estimation objective de cette possibilité. Toutes les informations présentées sur l'existence potentielle de vaisseaux spatiaux venus d'une autre planète ou aéronefs propulsés par une centrale nucléaire d'un type avancé sont largement fondées sur des suppositions.

En se référant à l'expérience de ce pays dans le domaine de la recherche sur les centrales nucléaires, l'existence sur terre d'engins suffisamment petits et légers pour avoir servi de sources d'énergie aux objets décrits est très improbable.

Les rapports d'objets volants non identifiés ne sont pas propres à notre époque. Dans "The Books of Charles Fort" ( les livres de Charles Fort ) de Tiffany Taylor édité en 1941 par Richard Holte et Cie, New York, sont décrits des phénomènes identiques ayant eu lieu au cours des siècles précédents.

Au cours de la dernière guerre de nombreuses observations de "boules de lumière" dans l'air ont été signalées par des équipages de bombardiers.

RECOMMANDATIONS

Dans le futur, ce projet devrait être poursuivi au niveau minimum nécessaire pour enregistrer, résumer et analyser les données reçues sur les observations à venir et pour compléter les enquêtes des spécialistes actuellement en cours. Si un nombre suffisant de rapports trouvent une solution indiquant que ces observations ne sont pas une menace pour la sécurité nationale, il pourrait être alors mis un terme à l'attribution du statut de projet spécial à cette activité.

Les enquêtes à venir sur les observations pourraient alors être conduites sur une base routinière comme n'importe quel travail de renseignement.

On devrait insister auprès des agences participant au projet sur la nécessité d'obtenir plus de preuves factuelles sur les observations telles que des photos, des preuves physiques, de détection au radar et des données sur la taille et la forme des objets. Les personnes observant de tels objets devraient demander l'aide d'autres personnes, quand c'est possible, de façon à obtenir des données plus précises. Par exemple, les pilotes militaires devraient signaler par radio aux bases voisines la présence et la direction de vol d'un objet non identifié de façon à ce que d'autres observateurs, en vol ou au sol, puissent aider à son identification.

ANALYSE

ANALYSE DES DONNEES SUR LES OBSERVATIONS

On a fait l'examen jusqu'à présent d'environ 243 observations sur le territoire national. Pour chaque observation, les témoins ont été interrogés par des enquêteurs et les résultats analysés par le personnel technique de l'Armée de l'Air.

On a préparé des résumés condensés de la série d'observations afin de rendre l'information de base facilement accessible aux personnes et aux organismes intéressés ou partie prenante dans le projet ( voir annexe A ).

Un répertoire détaillé indiquant les principaux éléments d'information nécessaires à l'analyse d'une observation donnée a été établi par le personnel technique du projet et distribué aux agences gouvernementales concernées.

Pour identifier les objets courants et conventionnels qui ont probablement été inclus dans la liste d'observations signalées, il a été appliqué des méthodes graphiques de façon à présenter les données de base sous une forme telle qu'elle fasse apparaître les caractéristiques globales implicites dans les données rassemblées ( voir annexe B ).

Les graphiques suivants ont été préparés :

  1. graphiques concernant les objets aériens non identifiés et indiquant :
    1. le type d'objet observé,
    2. l'environnement dans lequel tel type d'objet a été observé,
    3. la direction du déplacement.
  2. localisations des bases de missiles guidés, des centres de recherche etc.,
  3. localisations des lignes aériennes et des terrains d'atterrissage tant militaires que civils,
  4. emplacement des installations de radiobalises,
  5. stations de radar connues ou en projet dont on peut obtenir des rapports et une assistance,
  6. stations météorologiques dont on peut obtenir des informations sur les lancements de ballons et des enregistrements de radiosondes et de théodolites,
  7. phénomènes célestes passés, en cours ou prévus,
  8. zones de passage d'oiseaux migrateurs.

ANALYSE PSYCHOLOGIQUE

Le laboratoire de médecine aérienne ( Aero-Medical Laboratory ) prépare actuellement une analyse psychologique des données dans le but de déterminer les observations qui sont, selon toute probabilité, fondées sur des erreurs d'origine cérébrale ou sensorielle. Selon un rapport verbal préliminaire de psychologues professionnels, un nombre considérable d'observations peuvent s'expliquer comme des phénomènes courants décrits de manière erronée du fait d'erreurs humaines.

On considère que l'état de vertige, bien connu en particulier des pilotes d'avion, joue un rôle important dans certaines des observations rapportées. D'un point de vue médical, le vertige est défini par le dictionnaire Webster comme "un étourdissement ou un flottement cérébral, un trouble qui donne l'impression que les objets, bien que stationnaires, se déplacent dans différentes directions ; la personne affectée ayant des difficultés à se tenir debout, le vertige peut résulter de changements dans l'irrigation sanguine du cerveau ou d'affections du sang, des yeux, des oreilles, de l'estomac ou d'autres organes".

Les accélérations au cours de manœuvres aériennes, ainsi que les difficultés d'orientation dans l'espace, que l'on éprouve la nuit en avion, du fait du manque de références visuelles ou de leur aspect étrange, rend le personnel naviguant plus susceptible d'être sujet au vertige, en vol de nuit que dans des conditions normales.

Le fait que le pilote et le copilote puissent faire état des mêmes impressions n'est pas une preuve absolue d'exactitude dans la mesure où ils ont été soumis tous les deux aux mêmes manœuvres et accélérations et où ils ont vu les mêmes lumières et le même environnement dans des conditions optiques identiques ( y compris à travers le même pare-brise et la même verrière du cockpit ).

Une analyse plus complète des facteurs psychologiques devrait être fournie dans un prochain rapport. Il est tout à fait probable que certaines des observations de "lumières" rapides et très mobiles signalées à la fois par des observateurs en vol et au sol résultent de "vertiges" ou d'illusions d'optiques.

En toute rigueur, on ne devrait pas commencer l'étude scientifique d'une observation avant d'en avoir fait une analyse psychologique qui démontre que cette observation ne peut s'expliquer par des facteurs psychologiques.

AGENCES EXTÉRIEURES A L'AIR MATERIAL COMMAND ( SERVICE DU MATÉRIEL AÉRIEN ) ET FOURNISSANT INFORMATIONS ET ANALYSES

Un certain nombre d'agences procure des services spécialisés complémentaires de ceux fournis par les bureaux techniques de l'Air Material Command.

L'Air Weather Service ( Service de Météorologie Aérienne ) a passé en revue la liste des observations et a indiqué que 24 d'entre elles coïncident, compte tenu à la fois de la localisation et du moment de l'observation avec des largages de ballons-sondes.

L'Université de l'Ohio a passé un contrat avec l'Air Material Command pour la fourniture d'études astronomiques destinées à identifier les météores, les planétoïdes et les phénomènes associés. Le professeur Hynek, astrophysicien à l'Université de l'Ohio et Directeur de l'Observatoire de l'Université, a entrepris l'examen des résumés d'observations. Ce travail n'est pas achevé mais le professeur Hynek a déjà déclaré de vive voix être convaincu qu'un certain nombre de ces observations représentent des phénomènes astrophysiques.

On compte parmi les membres du Scientific Advisory Board to the Chief of Staff, USAF ( Conseil Scientifique auprès du Chef d'Etat Major de l'Armée de l'Air ) consultés en tant qu'experts pour le projet "Sign", le Docteur Irving Langmuir, Directeur du service de recherches de la General Electric et le Docteur G.E Valley du M.I.T..

Durant les premières phases du projet, des entrevues préliminaires ont eu lieu entre le docteur Langmuir et le personnel du projet "Sign". Il est prévu de poursuivre les consultations avec le docteur Langmuir afin de compléter les efforts techniques actuels tendant à l'identification des objets signalés.

Le docteur G.E Valley s'est intéressé activement au projet "Sign", au point d'étudier les observations décrites et de rédiger un modèle d'analyse général dans lequel il regroupe les différents objets, puis analyse chaque groupe du point de vue de la faisabilité scientifique. Cette analyse est fournie en annexe C de ce rapport.

Etant donné les diverses hypothèses selon lesquelles les observations rapportées pourraient représenter des "vaisseaux spatiaux" ou des véhicules satellites, on a entrepris une étude spécifique avec la Rand Corporation, au titre du projet Rand, qui fournira une analyse de ce point de vue et donnera également l'information fondamentale relative à la forme de base et aux caractéristiques de performance qui pourraient caractériser un éventuel "vaisseau spatial".

En guise de préliminaire, le projet Rand a soumis une étude du docteur Lipp qui a pour objet d'explorer la possibilité pour une planète de l'univers connu de se trouver dans un état physique et culturel tel qu'il permet le développement et l'utilisation d'un "vaisseau spatial" ; le rapport concluant cette étude est présenté dans l'annexe D.

La bibliothèque du Bureau météorologique du Département du commerce a fourni de la documentation sur la "foudre en boule" ( certaines personnes croient en effet qu'une partie des objets observés pourraient être de la "foudre en boule" ). Il en ressort que la notion de "foudre en boule" a un statut indéterminé et que les experts ne sont pas du tout convaincus de l'existence concrète d'un tel phénomène.

Le FBI a prêté son concours au projet "Sign" dans un certain nombre de cas, en effectuant des enquêtes sur le caractère et le sérieux des observateurs et en fournissant d'autres services de ce type.

CONSIDÉRATIONS RELATIVES À L'ANALYSE ET À L'ÉVALUATION DES OBSERVATIONS

CONSIDERATIONS OPERATIONELLES

Etant donné qu'il existe clairement une possibilité qu'un certain nombre d'observations correspondent à des projets classifiés de défense nationale, la liste d'observations a été soumise pour examen aux plus hauts échelons.

Comme certaines observations peuvent correspondre à des ballons météorologiques, des dirigeables de reconnaissance, des avions de tailles ou de formes inhabituelles et des engins d'essai de missiles guidés, on a entrepris de collecter l'information concernant les programmes et les vols de ces engins auprès des agences appropriées.

En relation avec les études psychologiques en cours, on a réalisé des enquêtes approfondies sur le caractère et le sérieux des témoins.

CONSIDERATIONS TECHNIQUES

Une certaine proportion des objets observés semblent être en fait des avions, mais de configuration non conventionnelle. Pour étudier cette éventualité il faut prendre en compte dans toute analyse technique les facteurs suivants :

  • AVION : Méthode de sustentation ( portance )
    • ailes
    • portance du fuselage ( sans ailes )
    • rotor
    • réacteur vertical
    • effet Magnus ( cylindre, cône ou sphère en rotation soumis à une vitesse de translation par rapport à l'air )
    • effet aérostatique ( engin plus léger que l'air )
  • Moyen de propulsion ( poussée )
    • combinaison d'une hélice et d'un moteur alternatif
    • avion à réaction, fusée, statoréacteur ( utilisant des comburants et des carburants conventionnels ou éventuellement l'énergie atomique )
    • aérodynamisme ( effet Katzmayer - profils oscillants - développant une traînée négative ( poussée ) ).

Si l'on disposait d'un engin mu par l'énergie atomique, un faible flux de matière à grande vitesse devrait fournir les forces requises pour la portance et la propulsion et la consommation d'énergie élevée n'auraient pas beaucoup d'importance.

Cependant, les conditions d'échange calorifique pour un engin à propulsion atomique semblent exiger des dimensions démesurées qui, à l'heure actuelle, rendraient impossible l'utilisation de cette énergie pour un aéronef. De plus un engin non automatique aurait besoin pour la protection de l'équipage d'écrans représentant un pourcentage excessif de son poids, à moins que l'on utilise des configurations de très grandes dimensions si des engins sans écran protecteur étaient en action, il est probable que leur présence aurait été repérée par les moyens de détection existants.

Les limitations d'ordre métallurgique restreignent à l'heure actuelle le taux de conversion de l'énergie calorifique de la source atomique en force propulsive à un ordre de grandeur si faible qu'un tel système de propulsion semble tout à fait improbable pour des raisons de taille et de poids.

  • Stabilité :
    Aérodynamique ( à la fois statique et dynamique par l'utilisation des surfaces aérodynamiques et de répartition de masses ) servomécanisme ( gyro ou accéléromètre, système servomoteur ).

  • Commande :
    Surfaces mobiles dans un flux d'air ou de gaz de combustion Jet ( réacteur à poussée modulable en intensité ou en direction ).

  • Vaisseaux spatiaux possibles :
    On considère que les connaissances, les techniques et les ressources mondiales sont actuellement suffisantes pour le développement de vaisseaux spatiaux. Le projet Rand doit fournir une étude spécifique des paramètres caractéristiques de conception et de performance.

  • Phénomènes naturels vraisemblables :
    Astrophysiques ( météores, comètes, planétoïdes, etc. ) L'analyse astrophysique doit être fournie par la Research Foundation ( Fondation de Recherche ) de l'Université de l'Ohio.
    Electromagnétiques ( foudre en boule, feu de Saint-Elme, phosphorescence effet couronne, etc. ).

  • Eléments d'artillerie :
    Bien que dans cette analyse nous considérions les objets signalés surtout d'un point de vue aéronautique, c'est-à-dire répondant à des critères de vitesse, d'autonomie et de rayon d'action substantiel, il est tout à fait possible que les objets observés de petite taille soient des munitions très utiles pour remplacer ( ou pour compléter ) des armes de combat terrestre à faible rayon d'action, tels que le mortier de tranchée, la grenade à mains, etc. De petits disques tournoyants en forme de soucoupe conçus, selon certaines informations, en URSS avec l'aide de scientifiques allemands, munis de bords explosifs et lancés par une catapulte à air comprimé ( peut-être comme des pigeons d'argile projetés par un mécanisme de type ball-trap ) pourraient être des éléments d'artillerie.
    De plus, de tels dispositifs pourraient être utilisés par un aéronef pour attaquer une formation d'avions ennemis. Dans ce cas, une vitesse modérée, un court rayon d'action et une durée de vol limitée suffiraient, et par conséquent, l'efficacité aérodynamique de l'engin n'aurait pas grande importance.

  • Information insuffisante même pour la détermination d'un modèle possible ou hypothétique.

  • Rapports douteux.

  • Rapports erronés ( voir annexe : erreurs psychologiques ).

  • Rapports faux.

ANALYSE TECHNIQUE DE DIVERSES CONFIGURATIONS

Le manque critique de données pour chacune des observations rapportées rend actuellement impossible d'identifier avec précision les engins décrits en ce qui concerne leur conception et leurs performances.

Une analyse technique doit être faite en envisageant des possibilités et des éventualités qui ne seront confirmées ou infirmées que lorsque des données complètes ou bien des spécimens physiques ( à la suite d'un accident par exemple ) seront disponibles. Les différents objets aériens non identifiés semblent pouvoir être regroupés comme suit :

  1. disques ( soucoupes ) volants
  2. engins en forme de torpilles ou de cigares ( sans ailes ni ailerons visibles en vol )
  3. objets sphériques ou en forme de ballon ( capables de vol stationnaire, descendant, ascendant ou translationnel à vitesse élevée )
  4. boules de lumière ( sans forme physique apparente associée capable de planer, de descendre, de monter et de se déplacer à grande vitesse )

Les trois premiers groupes d'objets sont capables de voler dans l'atmosphère selon des modèles aérodynamiques et de propulsion ( réalisant la portance et la poussée voulue ) facilement concevables par des ingénieurs en aéronautique. Il est d'autre part concevable que les systèmes de stabilisation et de commande nécessaires, bien que moins évidents à définir, puissent être réalisables. La question se pose cependant de savoir si ces configurations permettent une vitesse élevée, une autonomie suffisante et un rayon d'action adéquat pour être utilisées comme aéronef.

  • DISQUES VOLANTS

    Le disque ou forme plane circulaire n'est pas utilisé d'une manière générale pour les avions militaires ou civils parce que la poussée induite, déterminée par la théorie de la portance de Prandtl, serait apparemment trop élevée ( puisque l'allongement d'une forme plane circulaire est seulement de 1,27 ). Une extension de la théorie de Prandtl a démontré également que pour des formes planes à allongement géométrique aussi faible, le coefficient de portance maximum possible devrait également être médiocre. De plus, la corde aérodynamique moyenne relativement grande poserait de difficiles problèmes de conception pour obtenir une stabilité longitudinale statique dans le cas de profils ayant un déplacement du centre de poussée conséquent, ou pour des profils du type dit "stables" lorsqu'ils sont équipés d'ailerons au bord de fuite.

    Dans la gamme des allongements de très faible valeur, la théorie de Prandtl est probablement très inexacte. Des tests en soufflerie aérodynamique de profils à très faible allongement indiquent une augmentation de la traînée induite très inférieure à celle prévue par la théorie et démontrent également un coefficient de portance maximum très élevé ainsi que des angles de décrochage très importants. Cependant, en général, la traînée induite d'ailes à très faible allongement est beaucoup plus importante que la traînée induite d'ailes d'avions conventionnels, ce qui affecterait défavorablement tous les critères de performances dans des conditions de vol nécessitant des coefficients de portance moyens ou élevés. C'est pourquoi les performances ascensionnelles en altitude et pour de longs rayons d'action seraient relativement mauvaises, bien que les possibilités de vitesse élevée soient peu affectées.

    Malgré les inconvénients aérodynamiques prévus pour des ailes planes circulaires, ce type de configuration a été plus d'une fois expérimenté, et pas seulement par des personnes ignorant tout des principes de l'aérodynamique. Des expériences en soufflerie à la NACA ( 1933 ) ont montré un coefficient de portance maximum et des caractéristiques de décrochage bien plus favorables que ce qui pouvait être prévus.

    Le problème de la stabilité statique longitudinale pourrait peut-être être résolu en utilisant un profil stable du type bord de fuite incurvé, avec des ailerons en bout d'aile, indépendants de l'aile du point de vue aérodynamique ( éventuellement flottants ).

    A des vitesses supersoniques, quand la traînée induite est faible, la forme plane circulaire peut probablement fournir une traînée réduite caractéristique de surfaces portantes à faible allongement dans la gamme supersonique. La forme plane circulaire présente également un bord d'attaque avec flèche arrière ( de flèche variable le long de l'envergure ) qui devrait aboutir à un nombre de Mach effectif réduit avec une faible traînée associée pour une certaine gamme de vitesses supersoniques.

    On ne dispose d'aucune information précise sur les moyens de propulsion utilisés par les disques volants observés. Cependant, du fait des distances impliquées dans les observations, il est tout à fait possible qu'une propulsion à hélices ou à réaction ait été employée sans que l'observateur l'ait remarqué.

  • FUSELAGES VOLANTS ( Engins en forme de torpille ou de cigare )

    Alors qu'un engin en forme de torpille ou de cigare présente une forme adaptée pour le fuselage d'un avion ou pour un missile guidé, cette forme n'a été utilisée dans aucun de ces deux cas comme surface primaire génératrice de portance. Néanmoins, une extension de la théorie de la portance de Prandtl démontre qu'un fuselage ayant les dimensions signalées par les pilotes de l'Eastern Airlines, Whited et Chiles lors de l'observation de Montgomery ( Alabama ) pourrait supporter une charge comparable au poids d'un avion de cette taille à des vitesses subsoniques. La théorie de Prandtl donne probablement des valeurs très sous-évaluées de portance maximum pour des corps de cette taille.

    Une expérience allemande indique que la portance maximum peut être deux fois plus élevée que celle donnée par la théorie.

    Bien que l'engin observé par Whited et Chiles ait été, d'après leur description, dépourvu d'ailes et d'ailerons, il aurait été équipé d'ailes extensibles pour le décollage et l'atterrissage, rentrées à l'intérieur du fuselage en vol de croisière.

    Ce type d'aéronef pourrait aussi être partiellement sustenté au cours du décollage et de l'atterrissage par la composante verticale de la poussée des réacteurs, si, lors du décollage et de l'atterrissage, l'axe du fuselage ou la direction d'éjection des gaz était vertical ou quasi vertical.

    De plus, la possibilité d'utiliser un rotor extensible, dissimulé dans le fuselage, fournit un autre moyen d'atterrissage et de décollage qui permettrait un vol sans ailes à très grande vitesse. Une telle conception pourrait permettre une durée de vol relativement longue et un rayon d'action correspondant.

    Bien que le "fuselage volant" décrit par Whited et Chiles ne comportait pas d'ailerons stabilisateurs apparents, il est possible que des pales à l'intérieur de l'engin, commandées par un système gyro-servo, aient assuré une stabilité statique longitudinale, directionnellement et latéralement. Les pales pourraient également avoir été utilisées pour obtenir l'équilibre ou l'ajustement statiques, ainsi que la commande des manœuvres.

    L'analyse ci-dessus concernant le poids, la commandabilité, la stabilité, etc., n'est pas censée être le résultat de déductions sur la nature exacte des engins en forme de torpille ou de cigare, vus par les pilotes de ligne Whited et Chiles et par d'autres. Il s'agit plutôt de la formulation d'interprétations possibles destinées à montrer qu'un tel type d'engins peut assurer sa sustentation et sa commande par des moyens aérodynamiques.

    Le système de propulsion de ce type de véhicule semblerait être un réacteur ou un moteur de fusée. La consommation de carburant spécifique de ce type de moteur serait relativement élevée. Ceci, ajouté au fait que la portance aérodynamique d'un tel engin s'accompagnerait d'une traînée élevée, impose de sérieuses limites au rayon d'action de ces engins pour n'importe quel poids important. Si ce type d'objet aérien non identifié a un rayon d'action très long, il est probable que son moyen de propulsion est très en avance sur les moteurs actuellement connus.

  • OBJETS RONDS ( Objets sphériques ou en forme de ballons )

    On considère habituellement que les objets sphériques ou en forme de ballons ne peuvent pas constituer des aéronefs efficaces. Non seulement la traînée de tels engins serait élevée, mais la consommation d'énergie pour assurer la portance par des moyens aérodynamiques serait excessive. Le seul moyen concevable d'assurer la portance d'un tel engin autrement que par des moyens aérostatiques ( simple flottabilité ), serait une rotation de la sphère accompagnée d'un mouvement de translation par rapport à l'air ; ou bien l'éjection d'un flux d'air verticale vers le bas. Une sphère en rotation pourrait effectuer un vol aérodynamique, à condition que les problèmes de conception, y compris ceux de stabilité et de commande, aient été mis au point dans le détail.

    Les méthodes employant un système de ventilation ou des moteurs à réaction, nécessiteraient des quantités d'énergie relativement plus importantes et, bien qu'utilisables pour des vols de très faible, durée et rayon d'action, elles ne seraient pas en général considérées comme utilisables couramment par les ingénieurs en aéronautique.

    L'explication la plus évidente pour la plupart des objets de forme sphérique, c'est qu'ils représentent en fait des ballons météorologiques ou d'un type similaire. Ceci n'explique pas cependant les comptes rendus selon lesquels ils se déplacent à grande vitesse ou manœuvrent rapidement. Il est possible que le mouvement de ces objets soit une sorte d'illusion d'optique ou bien qu'un mouvement dû à une fuite de gaz dans le ballon pendant une brève période ait été exagéré par les observateurs.

  • BOULES DE LUMIERE

    Aucune hypothèse raisonnable sur la nature des boules de lumière, telles que celles qui ont été observées par le Lieutenant Gorman à Fargo, North Dakota, n'a été avancée pour expliquer le comportement décrit. L'explication la plus raisonnable consiste d supposer que les lumières étaient suspendues à des ballons ou à d'autres supports, invisibles la nuit, et que les manœuvres violentes observées sont dues à une illusion d'optique.

  • POSSIBILITÉ DE DÉVELOPPEMENT SCIENTIFIQUES EN AVANCE SUR LE NIVEAU DES CONNAISSANCES DANS CE PAYS

    On a envisagé l'éventualité que ces engins non identifiés correspondent à des développements scientifiques passant le niveau de connaissances atteint dans ce pays. Etant donné que les États-Unis représentent probablement la nation la plus avancée parmi les pays industrialisés et qu'ils s'intéressent activement aux développements scientifiques dans le reste du monde, il faudrait pour qu'un pays puisse conduire un travail de recherche et développement ayant atteint un tel niveau scientifique sans être soupçonné, que ce travail soit accompli dans le secret le plus total. L'URSS est la seule nation au monde possédant à la fois des ressources techniques étendues et un système de sécurité rigoureux. Si l'on évalue objectivement la capacité de l'Union Soviétique à produire des techniques aussi en avance sur le reste du monde, on aboutit à la conclusion que la probabilité en est extrêmement faible. La plupart des succès aéronautiques soviétiques ont été obtenus en utilisant l'expérience d'autres nations, certaines de leurs réalisations étant de proches copies de modèles étrangers ; il est donc tout à fait improbable qu'ils aient développé les mécanismes de propulsion et de commande nécessaires pour faire fonctionner des objets comme nous l'avons décrit ci-dessus.

    Une autre possibilité serait que ces objets soient des visiteurs d'une autre planète. On connaît mal les probabilités de vie sur d'autres planètes et on ne dispose donc pas de base solide pour évaluer la probabilité que des civilisations très en avance sur la nôtre existent en dehors de la Terre. Dans ses commentaires à ce sujet ( annexe D ), le Dr James Lipp du projet Rand considère que cette solution du mystère des objets volants non identifiés est extrêmement improbable. En attendant l'élimination de toutes les autres solutions ou la preuve formelle de la nature de ces objets, cette possibilité ne sera pas explorée plus avant.


ANNEXE A

DIFFUSION DES RÉSUMÉS D'OBSERVATON

  • Air Material Command ( Direction du Matériel Aérien )
    • Aéro Medical Laboratory ( Laboratoire de médecine aérienne )
    • Weather Liaison ( Services météorologique )
    • Research and Development ( Recherche et Développement )
    • Electronic Plans ( Plans électroniques )
    • Technical Intelligence, Technical Sections ( Services de renseignements techniques, services techniques )
  • Autres agences
    • Directorate of Intelligence, Hq, USAF ( AFOIR ) ( Direction des services de renseignements de l'Etat Major de l'Armée de l'Air )
    • Office of Naval Intelligence ( Bureau des services de renseignements de la Marine )
    • Lambridge Field Station, Lambridge, Mass ( Station de Lambridge, Mass )
    • Air Weather Services ( Services météorologiques de l'Air )
    • Ohio State University ( Université de l'Ohio ), Dr Hynek
    • Rand Inc, Rand Project ( USAF )
    • Scientific Advisory Board ( USAF ) ( Conseil Scientifique de l'Armée de l'Air ), Dr Valley

ANNEXE B


ANNEXE C

QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR L'INTERPRÉTATION DES RAPPORTS SUR LES OBJETS VOLANTS NON IDENTIFIÉS

par G. E. Valley, Member Scientific Advisory Board, Office of the Chief of Staff, United States Air Force ( membre du Conseil Scientifique du bureau du Chef d'État Major de l'Armée de l'Air Américaine ).

L'auteur a étudié les résumés et commentaires sommaires relatifs aux objets volants non identifiés qui lui ont été transmis par l'Air Force Intelligence ( Services de Renseignement de l'Armée de l'Air ). Ses remarques se divisent en trois parties principales : la première partie est un bref résumé des comptes rendus d'observations ; la deuxième partie consiste en une étude générale des différentes possibilités d'explication, la troisième partie contient un certain nombre de recommandations pour la conduite de l'action future.

1ère PARTIE : BREF RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS

Les rapports peuvent être regroupés comme suit :

GROUPE 1 :
La plupart des rapports décrivent l'observation de jour d'objets métalliques ressemblant à des disques dont le diamètre représente environ dix fois l'épaisseur. Il est suggéré que la section efficace est asymétrique et ressemble plutôt à une carapace de tortue. Les rapports s'accordent sur le fait que ces objets sont capables d'accélérations et de vitesses élevées ; ils sont souvent observés en groupes, quelquefois en formation. Parfois, ils oscillent.

GROUPE 2 :
Le second groupe rassemble des observations de lumières la nuit. Elles sont également capables de vitesses et d'accélérations élevées. Elles sont moins fréquemment observées en groupes. Elles apparaissent habituellement comme des objets lumineux nettement définis.

GROUPE 3 :
Le troisième groupe rassemble les observations de différents types de fusées ayant en général une apparence voisine de celle des fusées V 2.

GROUPE 4 :
Le quatrième groupe contient des observations d'engins variés qui, selon l'auteur, sont des ballons sondes de forme inhabituelle tels que ceux qui sont fabriqués par la General Mills Company aux termes d'un contrat avec la Marine Nationale.

GROUPE 5 :
Le cinquième groupe comprend les observations d'objets peu crédibles.

REMARQUES GENERALES

D'une manière générale, on peut noter que très peu de comptes rendus signalent que les objets ont produit du bruit ou des interférences radio. Il n'y a pas non plus d'indications d'effet matériel ou de dommage physique attribuables aux objets observés.

RESUME DE LA 1ère PARTIE

Ce rapport prendra en compte principalement les observations des groupes 1 et 2.

2ème PARTIE : EXPLICATIONS POSSIBLES DES OBSERVATIONS

SECTION A :

Que peut-on déduire d'une seule observation sur la nature d'un objet aérien non identifié ?

On se trouve confronté à deux problèmes :

  1. Que peut-on déduire sur la nature des objets à partir de calculs géométriques uniquement ?

  2. Que peut-on déduire de plus, si l'on admet que les objets obéissent aux lois de la nature telles que nous les connaissons ?

En ce qui concerne le premier problème, on peut affirmer que, seuls les rapports de longueur et les taux de variation de ces rapports peuvent être déterminés avec précision. Par conséquent, la distance et la taille de ces objets ne peuvent être déterminées ; et il est clair que les déclarations sur la taille des objets observés varient considérablement. Cependant, des angles tels que l'angle sous lequel a été vu l'objet, peuvent être observés. En outre, il y a une assez bonne concordance entre les déclarations de plusieurs observateurs selon lesquelles le diamètre des objets du groupe 1 représente à peu près dix fois leur épaisseur. Bien que la vitesse ne puisse être déterminée, la vitesse angulaire peut l'être ; et en particulier, la fréquence d'oscillation pourrait, en principe, être déterminée.

Voici tout ce qu'on peut tirer comme conclusions à partir de considérations géométriques seulement, sur la distance et la taille des objets :

  1. du fait que les tailles estimées varient considérablement, les objets devaient être en fait, soit de différentes tailles, soit plus vraisemblablement suffisamment éloignés des observateurs pour que la vision binoculaire ne produise pas d'effet stéréoscopique ; ce qui signifie simplement qu'ils se trouvaient à une distance supérieure à 30 pieds ( environ 10 mètres ) ;

  2. puisque ces objets ont disparu derrière des arbres, des bâtiments, des nuages, etc., ils étaient suffisamment gros pour être visibles aux distances où se trouvaient ces obstacles reconnaissables.

Il est de toute évidence de première importance d'estimer la taille et la masse des objets observés. Ceci peut être possible si l'on accepte d'admettre qu'ils obéissent aux lois de la physique. Puisque l'on n'a pas observé que les objets produisent un quelconque effet physique ( excepté dans le cas où un nuage s'est évaporé le long de la trajectoire ), il n'est pas certain que les lois de la mécanique, par exemple, soient suffisantes pour expliquer les phénomènes observés.

Mais si l'on suppose que les lois de la mécanique suffisent, l'exemple suivant apporte une preuve qu'une dimension au moins pourrait, en principe, être déterminée :

Supposons qu'on observe un simple pendule suspendu dans le ciel ; après avoir observé sa fréquence d'oscillation, on pourrait en déduire sa longueur avec précision d'après les lois de la mécanique. Ce qui nous amène à suggérer que l'on pourrait déduire quelque chose du mouvement d'oscillation de certains des objets du groupe 1. Supposons que nous connaissions la fréquence angulaire et l'amplitude angulaire de ce mouvement d'oscillation ( on peut les mesurer en principe à partir d'un film ). Pour les besoins du calcul, supposons que l'objet ait un diamètre de 30 pieds, qu'il soit aussi rigide qu'une aile d'avion normale de 30 pieds d'envergure, qu'il soit construit dans un matériau de rapport poids-résistance optimum, et qu'il ait une structure de conception optimale. Il est possible de calculer quel poids doit avoir l'objet tout en étant soumis au mouvement angulaire observé.

Faisons le calcul pour une série de tailles supposées de 1, 2, 4, 8, 16, 32, 64, ... jusqu'à disons, 200 pieds et représentons graphiquement la masse calculée, en fonction de la taille supposée. Le caractère non linéaire de la courbe devrait indiquer une limite supérieure approximative à la taille de l'objet :

Si, de plus, on suppose que l'oscillation est due à des forces aérodynamiques, il est possible qu'on puisse obtenir des informations plus précises.

On peut probablement obtenir des témoins, avec une grande fiabilité, les données angulaires requises en utilisant un modèle de démonstration qu'on peut faire osciller ou vibrer d'une manière connue.

RÉSUME 2ème Partie : Section A

On ne peut calculer la taille des objets observés à partir d'une seule position, uniquement par des calculs géométriques ; on peut utiliser par contre, une observation de ce type ( en admettant que les objets sont essentiellement des aéronefs ) pour fixer des limites de taille raisonnables.

SECTION B :

Possibilité de sustentation et de propulsion d'un objet solide par des moyens inhabituels.

Étant donné que certains observateurs ont de toute évidence enjolivé leurs rapports en parlant de rayons, jets de gaz, faisceaux lumineux, vaisseaux spatiaux et autres, il est bon d'examiner les possibilités existantes dans ce domaine. Ceci est également important étant donné les conclusions de la 2ème partie, section A, de ce rapport.

1ère MÉTHODE :
Propulsions et sustentation par "rayons" ou "faisceaux lumineux"

On entend par "rayons" ou 'faisceaux lumineux", soit des radiations purement électromagnétiques, soit des radiations essentiellement corpusculaires telles que des rayons cathodiques des rayons cosmiques ou des faisceaux cyclotroniques.

Il est évident que tout appareil propulsé ou sustenté par de tels moyens est essentiellement un appareil à réaction. Il est fondamental de savoir que, dans la théorie d'un tel type d'appareils, une quantité d'énergie donnée est dépensée plus efficacement si la quantité de mouvement rejetée vers l'arrière ou vers le bas est importante. Ceci signifie qu'une masse importante devrait recevoir une faible accélération - théorèmes bien compris des constructeurs d'hélicoptères.

Les faisceaux de lumière ou rayons donnent l'effet contraire, une faible masse étant affectée d'une vitesse élevée, et par conséquent, c'est une puissance erronée, supérieure aux réserves énergétiques totales du globe qui serait nécessaire pour sustenter même le plus petit objet par de tels moyens.

2ème MÉTHODE :
Utilisation directe du champ magnétique terrestre.

Un observateur ( observation n°68 ) a remarqué un violent déplacement de l'aiguille d'une boussole qu'il tenait à la main. Si nous admettons, à partir de là, que les objets produisent un champ magnétique, comparable au champ magnétique terrestre, précisément 0,1 gauss, et que l'observateur a noté de son point d'observation que l'objet était vu sous un angle (théta) , le nombre d'ampères-tours de l'électro-aimant requis est donné par :

     où R est la distance de l'objet.

Par exemple, si la distance R est de un kilomètre et si l'objet a un diamètre de 10 mètres, ni est proche de 1 milliard d'ampères-tours.

Maintenant si l'objet était en fait à une distance de 10 mètres seulement et était proportionnellement plus petit, c'est-à-dire, de 10 centimètres de diamètre, il faudrait encore presque 10 millions d'ampères-tours.

Ces chiffres sont légèrement supérieurs à ce qui peut être réalisé sans inconvénient au sol. Cela rend improbable l'observation effective d'un tel phénomène.

D'autre part, le champ magnétique terrestre réagirait sur un tel aimant pour produire non seulement un couple de torsion, mais aussi une force. Cette force ne dépend pas directement de l'intensité du champ magnétique terrestre, mais de son irrégularité ou gradient. Cette force est manifestement infinitésimale puisque les variations du champ sur une distance de dix mètres ( diamètre supposé de l'objet ) sont à peine mesurables ; de plus, le gradient n'est pas prévisible mais varie avec la localisation des gisements de minerais. Ainsi, même si l'effet était suffisamment important pour être utilisé, il serait imprévisible et peu fiable.

3ème MÉTHODE :
Sustentation d'un objet chargé électriquement par un mouvement de cet objet transversalement au champ magnétique terrestre.

Un objet chargé positivement se déplaçant d'Ouest en Est ou un objet chargé négativement se déplaçant d'Est en Ouest serait soumis à une force ascendante due au champ magnétique terrestre.

Une sphère de 10 mètres de diamètre se déplaçant à une vitesse de un kilomètre/seconde serait soumise à une force ascendante de l'ordre d'une livre à l'Équateur, si elle était chargée à un potentiel de 5 x 1012 volts.
Ce qui est évidemment ridicule.

RÉSUME 2ème Partie : Section B

On a envisagé plusieurs moyens non orthodoxes de sustenter ou de propulser un objet solide ; ils sont tous impraticables. Cette constatation confère de la crédibilité à l'hypothèse de départ proposée dans la deuxième partie selon laquelle les objets sont sustentés et propulsés par des méthodes classiques ou bien ce ne sont pas des solides. Aucune analyse du type de celle de la section B de la deuxième partie ne peut bien sûr, en principe être exhaustive.

SECTION C :

Causes possibles des observations.

Catégorie 1 : Phénomènes naturels terrestres

  1. Les observations peuvent être dues à certains phénomènes tels que la foudre en boule. L'auteur n'a pas de suggestion à faire sur ce problème essentiellement météorologique.

  2. Les objets peuvent être une sorte d'animal. Nous pouvons faire cette remarque même pour le cas célèbre de l'observation n°172 où une lumière a été prise en chasse pendant une demi-heure par un P-51 et où le pilote a estimé qu'elle était pilotée de façon intelligente, en considérant qu'il est improbable qu'une intelligence capable de fabriquer un appareil aussi remarquable s'amuse d'une manière aussi futile que celle décrite par le pilote.

    Dans cet ordre d'idées, il pourrait être bon de se demander si certaines des lumières observées la nuit n'étaient pas des lucioles.

  3. Les objets observés peuvent avoir une origine hallucinatoire ou psychologique. L'étude de cette possibilité est d'une importance primordiale car nous pouvons en déduire quelque chose sur les caractéristiques psychologiques de la population : sa réponse à une attaque ; et aussi quelque chose sur la fiabilité de l'observation visuelle.

On aimerait supposer que les positions occupées par un grand nombre des observateurs garantis la qualité de leurs observations. Malheureusement, beaucoup de pilotes ont rapporté des phénomènes curieux pendant la guerre - le cas des chasseurs de boules de feu vient à l'esprit. Dans le même ordre d'idées, les marins rapportent avoir vu des serpents de mer depuis des centaines d'années mais aucun n'a encore pu produire une photographie.

Il serait intéressant d'analyser en tableaux, les comptes rendus d'observations de ballons japonais pendant la guerre de façon à voir jusqu'à quel point ils étaient fiables. Nous avons là un phénomène dont la réalité a été prouvée.

Il est intéressant de constater que les observations atteignent rapidement une fréquence maximum à la fin de juin 1947 puis diminuent lentement. Nous pouvons supposer que ceci est effectivement une indication sur le nombre effectif d'objets, ou bien au contraire, nous pouvons considérer que cette courbe de fréquence donne des indications sur la psychologie de masse.

On peut tester cette hypothèse. Supposons que la population soit momentanément excitée ; comment la fréquence des observations varie-t-elle avec le temps ? Une étude des lettres excentriques envoyées après la récente publicité faite au programme de satellites devrait donner la distribution de fréquence requise.

Il est probablement nécessaire, mais certainement pas suffisant que la courbe des objets non identifiés et la courbe de ces lettres excentriques soient similaires pour classer les disques volants comme des hallucinations.

Une expérience à grande échelle a été réalisée avec l'annonce d'un débarquement martien par Orson Wells à la radio. Il doit subsister des dossiers à ce sujet dans les archives des journaux.

Catégorie 2 : Phénomènes terrestres fabriqués par l'homme

Les objets pourraient être des avions russes. S'il en était ainsi, nos considérations des sections A et B indiquent que nous aurions des raisons d'être inquiets. L'auteur estime que seule une découverte accidentelle d'un degré de nouveauté jamais atteint, pourrait suffire à expliquer de tels engins. Il est douteux par ailleurs qu'un ennemi potentiel éveille notre curiosité d'une manière aussi vaine.

Catégorie 3 : Objets extra-terrestres

  1. Météores :
    Il est intéressant de noter que le physicien britannique Lovell mentionne dans la revue "Physics Today" la découverte par radar d'un nouveau flux diurne de météorites qui atteint son maximum au cours du mois de juin 1947. Les objets observés perdent cependant peu de leur intérêt si ce sont des météores.

  2. Animaux :
    Bien que les objets décrits aient plus un comportement d'animal que de n'importe quoi d'autre, il y a peu de rapports dignes de foi sur des animaux extra-terrestres.

  3. Vaisseaux spatiaux :
    On peut avancer les considérations suivantes :

    1. il existe une civilisation extra-terrestre capable de réaliser des engins tels qu'ils sont décrits, il est des plus probable que son développement est très en avance sur le nôtre. Cet argument peut être défendu par les seuls arguments de probabilité sans recourir à des hypothèses astronomiques,

    2. une telle civilisation pourrait observer que nous avons maintenant sur Terre des bombes atomiques et que nous développons rapidement la technologie des fusées. Elle devrait s'alarmer au vu de l'histoire passée de l'humanité. Nous devrions par conséquent à l'heure actuelle espérer par-dessus tout recevoir de telles visites.

    Puisque les actions humaines, les plus facilement observables à distance, sont les explosions de bombes A, nous devrions nous attendre à trouver une certaine relation entre les dates d'explosions de bombes A, les dates auxquelles des vaisseaux spatiaux sont observés et le temps requis pour que de tels vaisseaux viennent de leur base et y retournent.

SECTION D :

Le bouclier anti-gravitationnel

Un certain nombre d'écrivains et peut-être H.G. Wells le premier, ont supposé qu'il serait possible de réaliser un moyen de protéger un corps pesant de l'influence de la pesanteur. Un tel objet flotterait alors. Récemment on a pu lire dans la presse qu'un économiste en vue avait offert de financer une recherche sur ce sujet.

De toute évidence, le principe de la conservation de l'énergie exigerait de fournir une énergie considérable à l'objet sustenté afin de le placer sur le bouclier. Cependant, cette quantité d'énergie n'est en aucune façon prohibitive et, de plus, elle peut être récupérée quand l'objet atterrit.

Outre le fait que nous n'avons aucune suggestion sur la manière de réaliser un tel mécanisme, les différentes théories de la relativité générale sont toutes d'accord pour admettre que la force gravitationnelle et la force due à l'accélération ne peuvent pas être distinguées, et à partir de cette hypothèse, les théories prévoient certains effets qui sont observés dans la pratique. Par conséquent, cette hypothèse est probablement correcte et un de ses corollaires est essentiellement que la gravité ne peut être contrebalancée que par une accélération. Nous pouvons réaliser cela avec succès en fabriquant par exemple un satellite artificiel, mais ce n'est vraisemblablement pas ce qui a été observé.

3ème PARTIE : RECOMMANDATIONS

  1. Le dossier ne devrait pas être clos.

  2. Un météorologiste devrait calculer l'énergie approximative nécessaire pour faire évaporer une masse de nuage telle que sur les photos de l'observation n°26. Avec l'aide d'un spécialiste en aérodynamique, il devrait étudier si un météorite de taille inhabituelle peut se déplacer de la manière décrite.

  3. Les calculs suggérés dans la section A de la 2ème partie devraient être évalués par un spécialiste en aérodynamique avec les modifications que ses connaissances plus approfondies peuvent lui suggérer.

  4. Les études de psychologie de masse proposées dans la 2ème partie section C, catégorie 1, 3, devraient être conduites par une équipe compétente de statisticiens et de spécialistes de la psychologie de masse.

  5. Les enquêteurs devraient transporter avec eux des objets ou des images animées à comparer avec les souvenirs de l'observateur. Les équipements devraient être conçus de manière appropriée par un psychologue qui ait de l'expérience des problèmes relatifs aux avions et à la conception des équipements de commande d'avions de façon à ce qu'il ait quelque idée sur ce qu'il y a à rechercher. Si l'Air Force a des raisons d'être sérieusement intéressée par ces rapports, elle devrait prendre des dispositions immédiates pour interroger les observateurs de manière plus précise.

  6. Une personne compétente en optique de l'œil et de l'atmosphère devrait se pencher sur le point particulier sur lequel s'accordent plusieurs rapports qui décrivent les objets comme étant dix fois plus larges qu'épais ; il s'agirait de voir s'il y a une pluralité de formes réelles qui apparaissent ainsi lorsqu'elles sont vues dans des conditions proches des limites en matière de résolution et de contraste détectable.


ANNEXE D

13 Décembre 1948            AI-1009

Brigadier Général Putt
United States Air Force
Director of Research and Development Office ( Directeur du bureau de la Recherche et du Développement )
Deputy Chief of Staff Material ( Chef du Personnel )
Washington 25, D. C.

Cher Général Putt,

Ceci fait suite à votre lettre du 18 novembre 1948 relative au problème des "objets volants" et à la réponse de M. Collbohm datée du 24 novembre 1948. Dans le paragraphe ( b ) de sa réponse, M. Collbohm promettait ( entre autres choses ) d'envoyer une analyse de "la conception particulière et les caractéristiques de performance qu'on estime spécifiques des vaisseaux spatiaux".

La lettre qui suit donne en termes très généraux une étude de la probabilité d'une visite de la Terre à partir d'autres planètes ( analyse des problèmes d'engineering ) et donne quelques éléments sur l'utilisation de véhicules spatiaux en comparant avec les descriptions d'objets volants. M. Collbohm en donnera des copies au Colonel McCoy à la base aérienne Wright-Patterson à la réunion d'information de la RAND dans quelques jours..

Un bon début serait de rechercher les quelques lieux d'origine possibles de vaisseaux spatiaux. Il y a un accord assez large parmi les astronomes pour estimer qu'une seule planète du système solaire ( à part la Terre ) peut porter des formes supérieures de vie. C'est la planète Mars. Encore semble-t-elle tout à fait désolée et inhospitalière si bien que ses habitants seraient plus occupés par leurs problèmes de survie que nous ne le sommes sur Terre. La référence N°1 donne les descriptions adéquates des conditions naturelles existant sur les différentes planètes et leurs satellites. Nous donnons ici une citation de la référence N°1.

"Se demander si des êtres intelligents existent sur Mars pour apprécier les splendeurs du paysage martien est de la pure spéculation. Si nous avons correctement reconstitué l'histoire de Mars, il y a peu de raisons de croire que les processus de la vie puissent ne pas avoir suivi un cours similaire à l'évolution terrestre. A partir de cette hypothèse émergent trois possibilités générales. Des êtres intelligents peuvent s'être protégés de la perte excessivement rapide d'atmosphère, d'oxygène et d'eau en construisant des maisons et des villes * dans des conditions physiques contrôlées scientifiquement. Une seconde possibilité serait que l'évolution ait développé un être qui puisse résister aux rigueurs du climat martien ou bien encore cette civilisation pourrait avoir péri".

* pas trop grandes sinon elles pourraient être visibles. Peut-être sous terre où la pression atmosphérique serait plus élevée et où les extrêmes de température seraient réduits.

"Ces possibilités ont été suffisamment développées par la littérature pseudo-scientifique pour rendre superflus de plus amples développements. Cependant, il peut exister certaines restrictions intéressantes à l'astronomie et à la physiologie d'un martien. La rareté de l'atmosphère, par exemple, peut rendre nécessaire un système respiratoire complètement transformé pour des créatures à sang chaud. Si la pression atmosphérique est très inférieure à la pression de vapeur de l'eau à la température du corps d'un individu, le processus de la respiration avec notre type de poumons devient impossible. Sur Mars, la pression pour une température du corps de 98,6°F ( 37°C ) devient critique quand une colonne de l'atmosphère contient un sixième de la masse d'une colonne similaire sur la Terre. Pour une température du corps de 77°F ( 25°C ) le rapport de masse critique est réduit à un douzième et pour une température de 60°F ( 15,5°C ) à un vingt-quatrième. Ces valeurs critiques sont du même ordre que les valeurs estimées pour l'atmosphère de Mars. En conséquence, l'anatomie et la physiologie d'un martien peuvent être radicalement différentes des nôtres. Mais tout ceci n'est que conjecture".

"Nous ne connaissons pas les origines de la vie, même sur Terre. Nous sommes incapables d'observer le moindre signe de vie intelligente sur Mars. Le lecteur peut se faire sa propre opinion. S'il croit que la force vitale est universelle et que des êtres intelligents ont pu un jour se développer sur Mars, il n'a qu'à imaginer qu'ils ont survécu pendant d'innombrables générations avec une atmosphère rare, presque dépourvue d'oxygène et d'eau, et sur une planète où les nuits sont beaucoup plus froides que nos hivers arctiques. L'existence d'une vie intelligente sur Mars n'est pas impossible, mais n'est absolument pas prouvée".

Il n'est pas trop déraisonnable de faire un pas de plus et d'envisager la possibilité que Vénus soit habitée par une forme de vie intelligente. Son atmosphère, c'est certain, est apparemment composée essentiellement de dioxyde de carbone avec des nuages épais de gouttelettes de formaldéhyde et il semble qu'il n'y ait que peu ou pas d'eau. Cependant, des organismes vivants pourraient se développer dans des environnements chimiques qui nous sont inconnus : le règne végétal par exemple opère sur un cycle énergétique différent de celui de l'Homme. Des corps pourraient être constitués et mus par des éléments chimiques différents et d'autres principes physiques que ceux des créatures connues. Une chose est évidente : les poissons, les insectes et les mammifères fabriquent tous à l'intérieur de leur propre corps des composés chimiques complexes qui n'existent pas en tant que minéraux Dans cette mesure, la vie est autosuffisante et pourrait bien s'adapter elle-même à n'importe quel environnement à l'intérieur de certaines limites de température ( et de taille des créatures ).

Vénus a deux handicaps par rapport à Mars. Sa masse et sa gravité sont presque aussi grandes que celles de la Terre ( Mars est plus petite ) et son atmosphère nuageuse devrait décourager l'astronomie et donc les voyages spatiaux. Les autres planètes du système solaire offrent si peu de perspective qu'elles peuvent être ignorées.

Dans les quelques paragraphes qui vont suivre, nous parierons de Mars. Il faut signaler que la plupart des remarques que nous ferons, s'appliquent aussi bien à Vénus.

Diverses personnes ont suggéré qu'une civilisation avancée pourrait avoir visité la Terre à partir de Mars ou de Vénus à des intervalles de dizaines ou de milliers d'années. Des rapports sur des objets observés dans le ciel semblent avoir été transmis à travers les générations. Si cela était vrai une civilisation possédant de telles connaissances et un tel pouvoir aurait établi une certaine forme de contact direct. Elle pourrait voir que les habitants de la Terre sont impuissants à causer des dommages interplanétaires. Si elle craignait de ramener chez elle des maladies, elle pourrait au moins essayer de communiquer. Il est difficile de croire qu'une civilisation technologiquement développée viendrait sur Terre, ferait étalage de ses capacités par des voies mystérieuses, puis repartirait tout simplement. L'auteur estime qu'une longue pratique du voyage spatial implique une technologie et une science, des armes et des modes de pensée très avancés. Il n'est pas plausible de mêler ( comme beaucoup d'écrivains le font ) les vaisseaux spatiaux et les épées. De plus, il est peu probable qu'une civilisation qui aurait assez d'initiative pour explorer les planètes, soit trop timide pour conclure quand le travail serait fait.

Il faut analyser une autre hypothèse. Les Martiens auraient maintenu une observation de routine de la Terre depuis longtemps et aurait été alarmé à la vue de nos tirs de bombes A prouvant que nous sommes belliqueux et au seuil du voyage spatial ( Vénus est éliminée de cette hypothèse puisque son atmosphère nuageuse rendrait cette surveillance peu pratique ). Les premiers objets volants ont été vus au printemps 1947, après cinq explosions atomiques au total, soit Alamogordo, Hiroshima. Nagasaki, Crossroads A et Crossroads B. Parmi celles-ci, les deux premières étaient en position d'être vues de Mars, la troisième était au bord du disque terrestre à la lumière du jour et il est douteux qu'elle ait pu être aperçue et les deux dernières étaient du mauvais coté dé la Terre. Il est vraisemblable que les astronomes martiens avec leur atmosphère mince pourraient construire des télescopes suffisamment grands pour voir des explosions de bombes A sur la Terre, bien que nous ayons été respectivement à 165 et à 153 millions de miles de Mars aux dates des explosions d'Alamogordo et d'Hiroshima. Le point le plus faible de cette hypothèse consiste à dire qu'une surveillance défensive de la Terre sur de longues périodes ( peut-être des milliers d'années ) serait ennuyeuse et qu'aucune civilisation ressemblant même de loin, à l'Humanité ne l'entreprendrait. Nous n'avons même pas envisagé de le faire pour Vénus ou Mars, par exemple.

En conclusion de cette analyse, si les Martiens nous rendent visite actuellement sans prendre contact avec nous, on peut supposer qu'ils ne se sont lancés que récemment dans le voyage spatial et que leur civilisation est presque au même niveau que la nôtre.

La probabilité que les Martiens dans des conditions aussi différentes de celles de la Terre aient une civilisation ressemblant à la notre est extrêmement faible.

Et il est pratiquement improbable que leur civilisation soit moins d'un demi-siècle en avance sur la nôtre. C'est seulement dans les cinquante dernières années que nous avons commencé à utiliser l'avion et dans les cinquante années à venir, nous allons presque certainement commencer à explorer l'espace.

Il semble donc que le voyage spatial à partir d'une autre planète du système solaire soit possible, mais très improbable. Il n'y a pas plus d'une chance sur mille.

Ce qui laisse la totalité des planètes des autres étoiles de la galaxie comme sources possibles. Beaucoup d'astronomes modernes pensent que les planètes sont des phénomènes normaux et logiques dans l'histoire d'une étoile ( plutôt que des bizarreries cataclysmiques ), si bien que l'on peut s'attendre à l'existence de nombreuses planètes dans l'espace.

Pour restreindre, le champ un petit peu, on peut déterminer des spécifications assez lâches pour l'étoile autour de laquelle la planète d'origine des vaisseaux spatiaux tournerait. Disons que l'étoile devrait avoir une certaine ressemblance avec le soleil qui fait partie de ce qu'on appelle la "série principale" d'étoiles, c'est-à-dire que nous éliminons les naines blanches, les géantes rouges et les super-géantes. Pour la description de ces types d'étoiles, voir la référence 2, chapitre 5. Il n'y a pas de raison précise pour faire cette hypothèse si ce n'est une simplification de la discussion. Nous prenons encore en considération la majorité des étoiles.

Par ailleurs, les véritables étoiles variables peuvent être éliminées puisque les conditions sur une planète attachée à une étoile variable fluctueraient trop pour permettre la vie. Le nombre d'étoiles éliminées pour cette raison est négligeable. Dans la référence 3, pages 76 et, 85, on voit que les types les plus courants sont trop brillants pour être dans l'espace proche de nous sans qu'on les remarque. Enfin, nous éliminerons les étoiles binaires ou multiples puisque les conditions nécessaires pour que les planètes aient des orbites stables dans ce cas sont mal connues. Cette restriction nous permet d'éliminer à peu près un tiers des étoiles.

Nous pouvons prendre l'échantillon d'espace que nous connaissons le mieux, soit un volume qui aurait le soleil pour centre et un rayon de 16 années lumière. Une compilation des 47 étoiles connues, y compris le soleil, à l'intérieur de cet espace, est donnée dans la référence 4, pages 52 à 57. Sont éliminées suivant les critères donnés ci-dessus : 3 naines blanches, 8 binaires, soit 16 étoiles, et deux ternaires, soit 6 étoiles. On considère que les autres, soit 22 étoiles peuvent avoir des planètes habitables.

Si l'on admet que le volume d'espace considéré est typique, on peut déterminer le contenu d'un autre volume raisonnable en faisant varier le nombre d'étoiles proportionnellement au volume avec le cube du rayon :
Se = 22 x (r/16)3
où Se est le nombre d'étoiles pouvant convenir et r le rayon de la sphère en années lumière ( cette formule ne devrait être utilisée que pour des rayons supérieurs à 16 années lumière ). Pour de plus petits échantillons, nous conseillons un pointage ( par exemple, il n'y a qu'une seule étoile envisageable connue autre que le soleil qui soit à moins de 8 années lumière ).

Maintenant que nous avons une estimation du nombre d'étoiles envisageables, il est nécessaire d'évaluer le nombre des planètes habitables. Nous ne disposons que d'un échantillon observé, le système solaire, et l'évaluation doit être faite avec un faible degré de confiance, puisque la vie intelligente peut ne pas être distribuée du tout au hasard. Le soleil a neuf planètes, dont les orbites sont disposées suivant une progression assez régulière ( voir référence 1, annexe I ), ce qui confère de la crédibilité aux théories selon lesquelles beaucoup d'étoiles ont des planètes. Sur les neuf planètes, seule une planète, la Terre, convient parfaitement à la vie. Deux autres ( suivant des orbites adjacentes ) sont proches des conditions requises. Mars présente des conditions de vie extrêmement rigoureuses et Vénus a une atmosphère inadéquate. En envisageant les choses d'une manière très large, cela pourrait signifier que chaque étoile aurait une série de planètes espacées de telle sorte que l'une ou éventuellement deux d'entre elles auraient une température correcte, une teneur en humidité et une atmosphère correctes pour accueillir une civilisation. Admettons qu'il y ait, en moyenne, une planète habitable par étoile retenue.

Il n'y a pas de raisonnement ou de preuve qui puisse indiquer si la vie va se développer effectivement sur une planète où les conditions sont propices. Là encore, la Terre pourrait être unique et non pas un échantillon pris au hasard. L'auteur peut seulement faire part de son intuition personnelle : la vie n'est pas unique sur Terre ni même le résultat d'un hasard de faible probabilité, mais est pratiquement inévitable dans les conditions adéquates. Ce qui revient à dire que le nombre de planètes habitées est égal au nombre de celles qui sont habitables.

Il faut encore prendre en considération un autre point. Etant donné que nous ne savons rien des autres civilisations, nous devons admettre que l'Homme se trouve à un niveau moyen du point de vue de l'avance technologique, des difficultés liées à l'environnement, etc.. C'est-à-dire que la moitié des autres planètes est en retard par rapport à nous et ne pratique pas le voyage spatial, et l'autre moitié est en avance et pratique différents niveaux de voyage spatial. Nous pouvons donc imaginer que dans notre volume échantillon, il y a onze civilisations d'êtres qui ont commencé l'exploration de l'espace. La formule de la page précédente devient maintenant :
R = 11 x (r/16)3 , où R est le nombre de civilisations explorant l'espace dans un volume de rayon r > 16 années lumière.

Des argumentations telles que celles qui sont appliquées aux Martiens ( page 40 ) ne s'appliquent pas nécessairement à des civilisations provenant d'autres systèmes d'étoiles. Au lieu d'être une première escale, il est possible que la Terre ne soit atteinte qu'après de nombreux siècles de développement et d'exploration à l'aide de vaisseaux spatiaux, si bien qu'il faut s'attendre à ce qu'une civilisation qui nous rendrait visite soit très en avance sur l'Homme.

Résumons l'argumentation ci-dessus : les chances pour qu'il existe des voyageurs de l'espace sur des planètes, satellites d'étoiles voisines de nous sont bien plus grandes que les chances pour qu'il y ait des Martiens voyageant dans l'espace.

La première éventualité peut être considérée presque comme une certitude ( si l'on accepte les hypothèses de départ ), tandis que la seconde a vraiment une très faible probabilité.

Afin d'estimer les chances relatives pour que des visiteurs provenant de Mars ou d'une étoile X viennent sur Terre et aient des comportements "d'objets volants", il est nécessaire d'analyser les caractéristiques des vaisseaux spatiaux.

Occupons-nous du cas simple d'abord : un voyage de Mars à la Terre serait propulsé par une fusée. En arrivant, la fusée utiliserait probablement plus de carburant pour freiner à l'atterrissage qu'elle n'en aurait utilisé pour le décollage initial, étant donné la force gravitationnelle plus élevée de la Terre. On peut faire une estimation grossière de la performance pour le voyage aller en additionnant ce qu'on appelle la vitesse de libération de Mars à celle de la Terre, plus la quantité totale d'énergie ( cinétique et potentielle ) utilisée pour passer d'une orbite planétaire à l'autre. Ce qui donne 3,1 + 7,0 + 10,7 miles par seconde, soit une vitesse totale requise de 20,8 miles par seconde pour le vol dans un sens *. Si l'on exclut l'hypothèse d'une mission suicide, le véhicule devrait atterrir pour refaire le plein ou bien transporter une réserve suffisante pour le voyage de retour.

* (soit 4,98 + 11,26 + 17,23 km/s = 33,57 km/s)

Admettons que les Martiens aient développé un véhicule nucléaire propulsé à l'hydrogène ( le système le plus efficace qui ait été conçu sur Terre ) qui utilise la moitié de ses étages pour venir et l'autre moitié pour retourner sur Mars, accomplissant donc un voyage aller-retour sans refaire le plein de carburant, mais ralentissant suffisamment dans notre atmosphère pour être facilement visible ( c'est-à-dire atterrissant pratiquement ). Puisqu'il s'agit de propulsion nucléaire, les températures des gaz seront limitées aux températures maximum d'utilisation que les matériaux peuvent supporter ( la chaleur doit être transférée de la pile aux gaz, si bien qu'on ne peut pas mettre en oeuvre un refroidissement dans la pile ). Le composé d'uranium ayant le point de fusion le plus élevé que nous puissions trouver est le carbure d'uranium. Il a un point de fusion de 4560°F. Supposons que les Martiens soient capables de réaliser une température de gaz de 4500°F ( =2500°K ) et qu'ils aient également des alliages qui rendent économiques les pressions élevées de moteur ; l'impulsion spécifique sera I = 1035 secondes et la vitesse d'échappement des gaz sera C = 33 400 pieds/seconde ( environ 10 km/s ) voir référence 5. Le calcul montre que l'utilisation d'un seul étage pour chaque étape du voyage nécessiterait un rapport carburant/poids brut de 0,96 ( pour chaque étage ) ce qui est trop élevé pour être réalisable dans la pratique.

L'utilisation de deux étages, dans chaque sens ( quatre en tout ) ramène le rapport de carburant requis à 0,91, valeur qui peut être réalisée en pratique.

Si par le développement d'alliages résistants, le poids de base peut être maintenu à 10 % du poids total pour chaque étage, un résidu de 9 % pourrait être utilisé comme charge utile. Un véhicule de quatre étages aurait alors un poids brut de ( 100/9 )4 = 15 000 fois la charge utile ; ainsi, si la charge utile était de 2 000 livres ( environ 1 tonne ), le poids brut serait de 30 millions de livres ( 15 000 tonnes ) au moment du décollage initial ( livres terrestres ).

Bien sûr si nous admettons que les Martiens se ravitaillent en combustible, le vaisseau pourrait n'avoir que deux étages * et son poids serait ( 100/9 )2 = 123 fois la charge utile, c'est-à-dire 123 tonnes. Ceci nécessiterait d'apporter des équipements d'électrolyse et de réfrigération et de stationner au pôle sud suffisamment longtemps pour extraire du combustible pour le voyage de retour puisque nous n'avons pas été sollicités. Nos océans ( électrolyse pour fabriquer H2 ) seraient visibles dans les télescopes des Martiens et il est plausible qu'un tel plan puisse être suivi surtout si ces derniers viennent sans savoir à l'avance que la Terre a une civilisation.

* Trois étages en fait. Lors du voyage vers la Terre, le premier étage serait rempli de combustible, le second serait partiellement rempli, le troisième serait vide. Le premier étage serait éliminé en vol. Lors du retour vers Mars, les deuxième et troisième étages seraient remplis de combustible. Le poids brut du véhicule initial serait de l'ordre de grandeur d'une fusée à deux étages.

De la même manière, nous pouvons calculer les conditions requises pour un voyage à partir d'une planète liée à une étoile autre que le Soleil. Dans ce cas, l'énergie ( ou la vitesse ) requise a plus de composantes :

  1. vitesse de libération de la planète,
  2. vitesse de libération de l'étoile,
  3. une vitesse suffisante pour traverser quelques années lumière d'espace dans un temps raisonnable,
  4. décélération en direction du soleil,
  5. décélération en direction de la Terre.

L'étoile "éligible" la plus proche est un objet appelé Wolf 359 ( cf. réf. 4 p. 52 ) à 8,0 années lumière de distance. Elle est petite, sa magnitude absolue est de 16,6 et c'est un exemple type de "naines rouges" qui constituent plus de la moitié des populations éligibles. Par comparaison avec des étoiles semblables dont la masse est connue, on estime que la masse de cette étoile est de 0,03 fois celle du Soleil. Puisque l'étoile a une faible luminosité ( étant beaucoup plus petite et plus froide que le soleil ) une planète habitable devrait nécessairement se trouver sur une petite orbite pour la chaleur.

Parmi les diverses énergies nécessaires indiquées au paragraphe précédent, le point c) vitesse pour traverser l'espace, est tellement immense qu'il rend les autres totalement négligeables. Si les visiteurs vivaient très longtemps et pouvaient "hiberner" pendant 80 ans à l'aller et au retour, alors 1/10 de la vitesse de la lumière serait nécessaire, c'est-à-dire la vitesse énorme de 30 000 km/s. Ceci est totalement hors de portée de tous les niveaux imaginables de propulsion par fusée.

Si une race était suffisamment avancée pour utiliser de façon vraiment efficace, l'énergie nucléaire, une grande partie de la masse du combustible nucléaire pourrait être convertie en énergie de réaction. Nous ne savons pas comment y parvenir et la référence 6 indique que les matières dont on a besoin pour supporter ces températures, etc. sont peut être fondamentalement impossible à obtenir. Prenons pour départ, un rapport de "combustible propulseur/poids brut" de 4,75. Si le total du matériau utilisé ( nucléaire + combustible propulseur ) constitue 85 % du poids brut, le matériau nucléaire utilisé représente 10 % du poids brut.

Si nous prenons un coefficient de rendement de 0,5 pour convertir l'énergie nucléaire en énergie de réaction et si nous négligeons les modifications de masse dues à la relativité, il serait possible d'obtenir une vitesse de fusée égale à la moitié de la vitesse de la lumière. Ceci impliquerait un temps de transit de 16 ans dans les deux sens entre l'étoile Wolf 359, ou des durées plus longues pour d'autres étoiles éligibles. Essayer d'aller beaucoup plus vite signifierait dépenser beaucoup plus d'énergie pour les modifications de masse dues à la relativité et donc ceci signifierait opérer avec une efficacité moindre.

Pour résumer cette partie de la discussion, nous pouvons dire qu'un voyage depuis Mars implique un progrès logique par rapport à nos propres connaissances techniques actuelles mais qu'un voyage à partir d'un autre système stellaire implique des améliorations de propulsion que nous n'avons pas encore pu concevoir.

En combinant les efforts de tous les auteurs de science-fiction nous pouvons évoquer un grand nombre de méthodes de transport hypothétiques comme les Boucliers gravitationnels, les transferts d'espace, les téléportations, simulateurs, faisceaux d'énergie, etc. Il est possible que parmi les myriades de systèmes stellaires de la galaxie, une ( ou plusieurs ) race ait découvert des méthodes pour se déplacer qui pour nous seraient fantastiques. Cependant, plus nous reculons les limites de l'espace impliqué pour renforcer cette éventualité, plus les chances que la race en question trouve un jour la Terre sont faibles. Notre galaxie a un diamètre d'environ 100 000 années lumière et une masse totale équivalente à environ deux cents milliard de fois celle du soleil ( réf. 4 ). D'autres galaxies ont été photographiées et leur nombre estimé à plusieurs centaines de millions ( réf. 2, p. 4 ) à des distances allant jusqu'à des milliard d'années lumière ( réf. 7, page 158 ). Le nombre des étoiles dans l'univers connu est énorme de même que les distances impliquées. Une super-race ( à moins qu'elles ne soient fréquentes ) aurait peu de chances de tomber sur la planète III ( Terre ) de SOL ( Soleil ), une étoile de magnitude 5 dans les zones raréfiées aux lisières de la galaxie.

Une description des caractéristiques probables de fonctionnement des vaisseaux spatiaux doit partir de l'hypothèse que ces vaisseaux sont des fusées puisque c'est la seule forme de propulsion donc nous savons qu'elle fonctionne dans l'espace. Ci-dessous sont indiqués quelques facteurs importants de la technologie des fusées en relation avec les "objets volants".

  1. maniabilité :

    Une fusée spéciale peut être fabriquée de façon à être aussi maniable que nous le désirons avec des accélérations élevées, soit dans le sens de la trajectoire, soit perpendiculairement à celle-ci.
    Cependant un vaisseau spatial performant, certainement lourd et peu maniable peut difficilement avoir été conçu pour évoluer dans l'atmosphère terrestre. La seule manœuvre économique serait de se poser et de décoller plus ou moins à la verticale.

  2. réserves de combustible :

    Il est difficile d'imaginer comment une fusée seule pourrait transporter suffisamment de combustible pour effectuer plusieurs descentes dans l'atmosphère terrestre. Le grand nombre d'objets volants signalés à bref intervalle les uns des autres ne peut s'expliquer que par un grand nombre de vaisseaux venus en visite. Deux cas sont donc possibles :

    1. un certain nombre de vaisseaux spatiaux pourraient être venus en groupe constitué. Ceci serait fait uniquement s'il était prévu d'établir un contact en grande pompe ;

    2. des petits vaisseaux seraient descendus en nombre d'un vaisseau "mère" qui tourne sur une orbite autour de la terre. Mais ceci impliquerait que les petits vaisseaux soient des fusées avec des performances de satellites et pour pouvoir les contenir, le vaisseau "mère" devrait être véritablement énorme.

  3. apparence :

    Une fusée descendant à la verticale peut très bien être prise pour un disque lumineux, par une personne située directement dessous. Néanmoins, à distance, des observateurs reconnaîtraient la fusée pour ce qu'elle est vraiment. Et il y aurait probablement davantage de rapports de vues de coté que de vues de dessous. Bien sûr, la forme ne doit pas nécessairement être celle de nos fusées ; cependant, l'échappement devrait être facilement visible.

Une ou deux remarques qui peuvent avoir de l'intérêt pour les vaisseaux spatiaux en tant qu' "objets volants". La distribution des objets volants est pour le moins étrange. Pour autant que l'auteur de ce texte le sache, toutes les observations ont eu lieu au-dessus des États Unis alors qu'on pourrait penser que des homes de l'espace venus en visiteurs répartiraient leurs visites plus ou moins uniformément sur toute la terre. Le fait que la zone concernée soit petite pousse fortement à faire penser que les objets volants sont d'origine terrestre, qu'elle soit physique ou psychologique.

L'absence apparente de but au cours des divers épisodes est déconcertante. Un seul motif peut être invoqué : les hommes de l'espace sont en train de "sonder" nos défenses sans vouloir être belligérants. Dans ce cas, ils devraient depuis longtemps se réjouir du fait que nous ne pouvons pas les capturer. Il semble stérile pour eux de répéter les mêmes expériences.

CONCLUSIONS

Bien que des visites de l'espace soient considérées comme possibles, elles semblent tout à fait improbables. En particulier les actions attribuées aux objets volants signalés durant la période 1947 et 1948 semblent incompatibles avec les conditions nécessaires pour un voyage à travers l'espace.

Salutations,

JF Lipp
Missiles Division (division des missiles)

JF. LIPP - BIBLIOGRAPHIE -

  1. "Earth, moon and planets" ( la Terre, la Lune et les planètes ) de F.L. Whipple, Harvard Books on Astronomy, Blakiston 1941.

  2. "Atoms, Stars and Nebulae" ( Atomes, Etoiles et Nébuleuses ) de Goldbers, Alter ; Harvard Books on Astronomy, Blakiston 1943.

  3. "The story of variable stars" ( l'histoire des étoiles variables ) de Campbell et Jacckis, Harvard Books on Astronomy, Blakiston 1945.

  4. "the milky way" ( la voie lactée ) de Bok and Bok, Harvard Books on Astronomy, Blakiston 1941.

  5. Calculated properties of hydrogen propellant at high temperatures ( propriétés de l'hydrogène combustible aux hautes températures ) - Renseignements fournis à la RAND par le Dr Attman puis à JF Lipp - non publié -

  6. "The Use of Atomic Power for Rockets" ( Utilisation de l'énergie atomique pour les fusées ) de R. Serber - Annexe IV, Second quarterly report, RA 1504, Douglas Aircraft Co, Inc, project Rand.

  7. "Galaxies" de Shapley, Harlow Harvard Books on Astronomy, Blakiston 1943.




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