CENTRE NATIONAL D'ETUDES SPATIALES

Groupe d'Etudes des Phénomènes Aérospatiaux Non-identifiés

Toulouse, le 30 mars 1981
N° 090 CT/GEPAN


 

NOTE TECHNIQUE
N°5


 

Compte rendu de l'enquête
GEPAN n° 79/03

 




SOMMAIRE

1 - RÉSUMÉ DE L'ENQUÊTE DE GENDARMERIE

2 - INTERVENTION DU GEPAN

  • 2.1. QUELQUES ELEMENTS SUR L'ENVIRONNEMENT
  • 2.2. ENQUETE MENEE AUPRES DE LA FAMILLE ARMAND
    • 2.2.1. Témoignage de M. Armand
    • 2.2.2. Témoignage de Mme Armand
    • 2.2.3. Témoignage de Mlle Armand
  • 2.3. ENQUETE MENEE AUPRES DE LA FAMILLE RAOUL
    • 2.3.1. Témoignage de M. Raoul
    • 2.3.2. Témoignage de Mme Raoul
  • 2.4. ENQUETE MENÉE AUPRES DU TÉMOIN M. BERNARD
    • 2.4.1. Récit du témoin
    • 2.4.2. Localisation et position du phénomène
    • 2.4.3. Paramètre temporel
    • 2.4.4. Caractéristiques de la lumière
    • 2.4.5. Anomalies physiques constatées pendant l'observation
    • 2.4.6. Réactions et interprétation immédiates

3 - ANALYSE DE LA CONCORDANCE DES TÉMOIGNAGES

  • 3.1. TABLEAU GÉNÉRAL
  • 3.2. LOCALISATION DU PHENOMENE LUMINEUX
  • 3.3. ANALYSE DE LA CONCORDANCE INTER-TÉMOIGNAGE/ANOMALIES PHYSIQUES
  • 3.4. PREMIERE TENTATIVE D'EXPLICATION

4 - DONNÉES COMPLÉMENTAIRES

  • 4.1. DONNÉES MÉTÉOROLOGIQUES
  • 4.2. DONNÉES RELATIVES A L'ÉLEVAGE DES POISSONS &LES EFFETS CONSTATES
    • 4.2.1. Les étangs
    • 4.2.2. Les poissons
    • 4.2.3. Contrôles et analyses effectuées
  • 4.3. LES LIGNES ÉLECTRIQUES
    • 4.3.1. Topographie du réseau de distribution sur les lieux
    • 4.3.2. Caractéristiques de la ligne moyenne tension
    • 4.3.3. Système de contrôle et de surveillance des lignes
  • 4.4. L'ÉCLAIRAGE PUBLIC
    • 4.4.1. Installation dans V1 du système d'éclairage public
    • 4.4.2. Évaluation du phénomène perçu le 10.03.79
  • 4.5. AUTRES ANOMALIES PHYSIQUES
    • 4.5.1. Le poste de radio
    • 4.5.2. Le bracelet montre
    • 4.5.3. Apparition de boutons signalé par un témoin

5. SYNTHÈSE ET TENTATIVE D'INTERPRÉTATION

  • 5.1. INCIDENTS SUR LES LIGNES ÉLECTRIQUES
  • 5.2. ANOMALIES PHYSIQUES
  • 5.3. SCÉNARIO POSSIBLE DES ÉVÉNEMENTS

ANNEXE
Compte rendu d'enquête effectué par un groupe ufologique privé.

 




 

1. RÉSUMÉ DE L'ENQUÊTE DE GENDARMERIE

Le 13 mars 1979, à 14 h 30, la brigade de V6 est alertée téléphoniquement par M. Raoul qui l'informe des faits suivants :

"observation d'un objet volant non identifié sur l'agglomération V1 dans la nuit du samedi 10 au dimanche 11 mars 1979".

M. Raoul demande s'il y a d'autres témoignages concernant cette observation. Suite à la réponse négative de la Gendarmerie, M. Raoul invite les gendarmes à prendre contact avec M. Bernard, restaurateur à V1 sans autre précision.

En service dans l'agglomération V1, la Gendarmerie se rend au domicile de M. Bernard qui déclare avoir été témoin d'un phénomène extraordinaire : "la lumière de mon bar s'est éteinte et mon local s'est trouvé éclairé comme en plein jour".

Il est sorti, "dehors, il faisait clair, une lumière illuminait une partie de l'agglomération et l'éclairage public était éteint". Le phénomène a duré, selon lui, quelques minutes. Il n'a remarqué dans le ciel aucune présence d'objet. M. Bernard précise que cette lumière venait du Nord-est et que sa sœur, Mme Irène, qui se trouvait à l'extérieur au moment des faits, a entendu un bruit sourd et fort comme une sirène. M. Raoul qui avait quitté le restaurant quelques minutes plus tôt à bord de sa voiture, lui a téléphoné pour l'informer de son observation et de la présence d'une boule lumineuse à 250 m environ du centre du village.

Cette masse lumineuse de couleur indéterminée ( bleue, verte, mauve ) éclairait le ciel comme en plein jour. Elle se trouvait à une hauteur de 15 à 20 m du sol et était immobile. La lumière précédait la voiture de M. Raoul, de 2 m environ. Son épouse qui conduisait le véhicule a fait la même observation. Il lui a demandé de s'arrêter. La masse lumineuse, légèrement ovale de 10 à 15 m de longueur, s'est arrêtée. Ils ont pris peur, puis sont repartis. La masse lumineuse s'est éteinte au bout de quelques instants après qu'un feu de couleur orange se soit éclairé en une fraction de secondes de chaque côté de l'emplacement de celle-ci.

Une autre déposition a été faite à la Gendarmerie par un habitant de V1 : M. Armand, pisciculteur, qui a rapporté les faits suivants : "Dans la nuit du samedi 10 au dimanche 11 mars 1979 j'ai été réveillé, ainsi que mon épouse par un bruit sourd, fort saccadé et par une lumière intense bleue ou "ultra-violette". Ce phénomène a duré une minute environ. Les jours suivants, j'ai trouvé des poissons morts dans un étang surplombé par une ligne électrique de 10 KVolt". A la date de cette déposition, le témoin indique qu'il a perdu environ 1 800 kg de poissons, morts anormalement.

Le 16 mars 1979, il remet à la Gendarmerie un poisson. Au cours de la nuit du 14 au 15 mars 1979 un fil électrique de la ligne de 10 KVolts s'est cassé. Le témoin précise que plusieurs fois, les fils électriques ont cassé suite au passage nocturnes de gros oiseaux ( hérons, ... ) qui ont provoqué des court-circuits importants mais sans aucun effet sur les poissons.

Sa femme, réveillée par le bruit fort et sourd, s'est levée la première et a observé de la fenêtre de sa chambre "le feu sur un fil électrique qui traverse l'étang". Elle précise que cette lueur était sur une longueur de 15 m environ et que des boules de feu de 30 cm de diamètre tombaient dans l'eau. Le bruit a duré le temps de la lumière, qui était violette. Son mari s'est levé à son tour et est allé à la fenêtre. Puis il est descendu au rez-de-chaussée chercher une lampe de poche mais actionnant l'interrupteur, il constate que la lumière marche.

Leur fille ( 22 ans ) qui venait passer le week-end chez ses parents, déclare également avoir été réveillé entre 0 h 30 mn et 1 h du matin dans la nuit du 10 au 11 mars 79. C'est le bruit "fort sourd et saccadé" qui l'a réveillé. Les volets de sa chambre étant ouverts, elle aperçoit une lumière violette, aveuglante qu'elle ne peut regarder longtemps. Voulant allumer la lumière de sa chambre, elle constate que l'électricité est coupée. Pendant toute la semaine qui a suivi, elle a eu les yeux irrités. Les jours suivants, un poste de radio qu'elle utilise habituellement sans problème, produisait le même bruit que celui qu'elle avait entendu la nuit du phénomène. Ce bruit ne se produisait que sur les grandes ondes.

La Gendarmerie entend également un autre témoin, Mme Irène, serveuse au restaurant de M. Bernard, son frère. Elle déclare être sortie pour fermer sa voiture garée devant le restaurant et avoir été surprise par l'apparition d'une lumière mauve accompagnée d'un bruit sourd, saccadé. "La lumière est restée toujours à la même intensité et je ne pouvais pas la regarder tellement elle était aveuglante". Choquée, elle ne peut appeler son frère. La lumière s'est éteinte et le bruit a disparu. La durée du phénomène est estimée par le témoin à 1 mn environ. La lumière de l'agglomération est revenue immédiatement après la fin du phénomène.

AUTRES ELEMENTS DE L'ENQUETE

Un membre d'un groupement ufologique privé, avisé par M. Raoul, s'est présenté à la brigade qui lui a remis un poisson mort à fin d'analyse en laboratoire de l'Ecole Vétérinaire de V3. ( cf. § 4.2 ).

D'autres membres du même groupement sont intervenus prenant des échantillons de terre, d'eau, ainsi qu'un morceau de câble défectueux. Le directeur de l'EDF du secteur nous a indiqué, par ailleurs, que les pulsations électriques ne sont enregistrées que toutes les 10 minutes, et de ce fait, une coupure d'une mn peut ne pas intervenir sur les enregistrements. Aucune anomalie de courant n'avait été enregistrée cette nuit-là.

 

2. INTERVENTION DU GEPAN

Cette enquête concerne un phénomène lumineux non identifié par ses témoins et qui fut observé dans la nuit du 10 au 11 mars 1979, sur le territoire de la commune V1.

Le phénomène fut rapporté au GEPAN par l'intermédiaire du rapport de la Brigade de V2, avec près de quatre mois de retard ( délai d'arrivée du PV ). Cette observation aurait sans doute nécessité une intervention rapide des enquêteurs du GEPAN en raison de ses aspects d'interaction physique très particuliers.

DEROULEMENT DE L'ENQUETE

L'équipe du GEPAN était constituée de trois personnes appartenant aux groupes "intervention rapide" et "traces". L'enquête a duré trois jours : les 17, 18 et 19 juillet 1979.

CHRONOLOGIE DE L'ENQUETE

Le mardi 17 juillet 79 :

  • contact avec la brigade de Gendarmerie,
  • entretien avec les témoins M et Mme Armand,
  • mesures physiques et prises de photographies sur le terrain avec M et Mme Armand,
  • entretien avec la fille de M et Mme Armand.

Mercredi 18 juillet 79 :

  • visite à l'Ecole Vétérinaire de V3,
  • visite à la station de télécommunications de V1,
  • entretien avec un réparateur en électroménager de V1,
  • entretien avec d'autres témoins : M. Bernard et Mme Irène,
  • entretien avec M. Raoul et reconstitution sur le terrain,
  • entretien avec Mme Raoul

Jeudi 19 juillet 79 :

  • retour à la station de télécommunications de V1 pour un entretien avec le Directeur ( cf. figure 1 ),
  • visite à la base militaire de V10, pour obtention de données complémentaires,
  • visite au bureau du syndicat d'électricité ( cf. figure 1, V7 ), Centre de distribution EDF.

 

2.1. QUELQUES ELEMENTS SUR L'ENVIRONNEMENT

Le village de V1 où le phénomène a été perçu se situe dans une région rurale assez vallonnée. Il est traversé par une route nationale importante et se trouve à 25 km d'une grande agglomération, V3, et à une altitude de 300 m.

Points géographiques particuliers :

La figure 1 représente des points particuliers ayant un rôle dans l'enquête. A savoir :

  • la station PTT et d'émission radio GO (V7)
  • la station EDF des villages V7, V8 et V9
  • une station de TDF (V7)
  • une zone militaire (V 10)
  • 2 aéroports (V4 et V5)

La figure 2 représente le village V1 ainsi que la position de la ligne électrique de 10 KVolts.

Lieux d'observation des différents témoins :

  • T1 = famille Armand
  • T2 = M. Bernard et Mme Irène
  • T3 = M. et Mme Raoul

 

2.2. ENQUETE MENEE AUPRES DE LA FAMILLE ARMAND (17.07.79)

La famille Armand se compose de trois personnes ( le père, la mère et leur fille ) qui ont à divers degrés, été témoins du phénomène. De plus, ils subissent la perte d'une grande quantité des poissons de leur étang.

L'entretien a eu lieu chez les témoins ainsi que sur les lieux où s'est faite l'observation.

2.2.1. Témoignage de M. Armand

M. Armand tient à nous faire connaître le cheminement de sa pensée pour tenter de trouver une explication rationnelle au phénomène. Sa déposition à la Gendarmerie n'est intervenue qu'après avoir confronté ses souvenirs avec ceux de son épouse et constaté la mort des poissons.

Son explication première est celle d'un vol d'oiseaux migrateurs se prenant dans les câbles électriques et provoquant un phénomène lumineux de courte durée. Cependant, dans ce cas, ( cela s'est déjà produit ), le câble casse, l'électricité est instantanément coupée et on retrouve alors le corps de l'oiseau au pied des lignes. N'ayant pas constaté d'éléments de ce genre, la seconde explication lui venant à l'esprit est celle d'une météorite chutant dans l'étang. En vidant l'étang ( le 18 mars ), il ne trouva rien de particulier ( cf. § 4.2 ).

M. Armand signale qu'il a découvert la présence des poissons morts uniquement dans le bassin n° 2 ( voir figure 2 ) et seulement trois jours après l'observation du phénomène lumineux. Il n'y avait que quelques silures et tanches flottant à la surface. Ces poissons présentaient des traces de brûlures. La quantité totale estimée est d'environ 1 800 kg. Les poissons des étangs suivants présentaient des signes "de fatigue, d'engourdissement".

Conditions de l'observation :

M. Armand est dans sa chambre à coucher située au 1er étage de sa maison. Il dort. Brusquement, il est réveillé par un bruit et une lumière très intense...

Le témoin donne une direction très vague puisqu'il ne fait que voir cette lueur à travers la fenêtre. Bien entendu, il ne peut préciser ni direction, ni forme, ni dimension. Quant à la disparition du phénomène, elle est "brutale plus de lumière ni de bruit".

Caractéristiques de la lumière :

  • Eclat : très intense, "elle éclairait très très loin, bien plus loin que la lueur diffuse de la grande ville qu'on voit au loin" ( 25 km ) . Cette lumière était tellement intense qu'elle faisait un rideau et qu'on ne pouvait rien voir d'autre.

  • Couleur : le témoin indique une couleur "allant du violet au bleu en passant par l'ultra-violet". Il précise cette couleur par analogie avec la couleur produite par un arc électrique de poste de soudure.
    Echelle Pantone : 518 (violet).

  • Bruit : "crépitement sourd" comme deux fils électriques qui se touchent.

  • Odeur : pas d'odeur particulière détectée.

Anomalies physiques a posteriori constatées sur l'environnement :

Un fil électrique de la ligne traversant les bassins à cassé dans la nuit du 14 au 15 mars 79. Il a été changé dans la journée du 15 mars par l'EDF. "Les techniciens EDF m'ont averti, qu'il avait quelque chose d'anormal dans le bassin ; un grand nombre de poissons flottaient à la surface".

L'étang n°2 vidé, les poissons ( silures, tanches ) sont découverts morts. Ils présentent des traces de brûlures. Aucun objet particulier n'est découvert au fond de l'étang. Le bassin est remis en eau avec les poissons vivants restants. "Ceux-ci sont morts à 80%, présentant les mêmes effets que les précédents''. Les poissons des bassins suivants n'ont guère été touchés, juste un "effet d'engourdissement".

2.2.2. Témoignage de Madame Armand

Mme Armand a relaté les événements survenus dans la nuit du 10 au 11 mars 79 en compagnie de son mari. Elle a fait une description plus précise que ce dernier, mais elle ne fournit pas d'interprétation immédiate liée à l'observation du phénomène.

Mme Armand indique qu'elle était dans leur chambre située au 1er étage de la maison familiale où elle dormait. Elle fut brutalement réveillée par un bruit sourd et une lumière violette très éblouissante. Rapidement, elle se lève et aperçoit à travers la fenêtre cette lueur en direction des étangs.

"Les fils électriques brûlaient sur 15 à 20 mètres . Des boules de feu de la grosseur d'une assiette tombaient dans l'étang, avec une apparence de lourdeur, puis disparaissaient dans l'eau sans fumée, ni bruit''. Une minute après, le phénomène s'est brutalement arrêté : il n'y avait plus de lumière, ni de bruit.

Conditions de l'observation du phénomène :

Même situation que son mari. Seul fait différent, Mme Armand se lève et observe par la fenêtre, son témoignage apporte d'autres éléments. Par exemple, elle désigne un emplacement ( fils électriques qui brûlaient ) et une dimension ( 15 à 20 m ). Quand à la durée, elle est de 1 à 3 mn environ.

Caractéristiques particulières de la lumière :

  • Luminosité : cette lumière était très intense, "elle éclairait dans un rayon de 1 km"

  • Couleur (Échelle Pantone) :

    • 264 (violet très clair) brillant
    • 528 (violet clair mat)

    Ces couleurs correspondent à la lumière émise autour du fil. "Des boules de feu de la grosseur d'une assiette tombaient dans l'eau, très vite, sans fumée sans bruit". La couleur de ces boules incandescentes était identique à la lumière principale.

  • Bruit : le bruit émis par cette lumière était comme une soudure à l'arc, avec un sifflement sourd mais puissant.

  • Odeur : pas d'odeur particulière.

  • Disparition : brutale de la lumière et du bruit.

Anomalies physiques constatées a posteriori sur l'environnement :

Le témoin a découvert la mort des poissons simultanément avec son mari, les signes que présentent les silures et les tanches lui paraissent anormaux."Les poissons morts étaient en bon état. Je les reconnais à l'œil, si l'œil est enfoncé, c'est que le poisson est malade''.
Ce n'était pas le cas pour ces poissons-là. "C'est donc un signe de mort subite".

Interprétation immédiate :

Le témoin est sur le moment très troublé par le phénomène observé. Mme Armand a un souvenir d'angoisse liée à un incendie, 3 ans auparavant où "une maison brûlait avec deux personnes se jetant par la fenêtre". Mme Armand avait alors fait une dépression nerveuse.

2.2.3. Témoignage de Mlle Armand

La fille de M & Mme Armand a 22 ans. Elle vient habituellement passer le week-end chez ses parents. Dans la nuit du 10 au 11 mars 79, elle est réveillée par un bruit "sourd et saccadé". Sa chambre à coucher se situe au même étage que celle de ses parents et les volets sont également ouverts. Elle aperçoit une lumière très intense, elle se lève mais la lumière est si aveuglante qu'elle ne peut la regarder longtemps.

Elle essaye d'allumer l'interrupteur de la chambre mais sans résultat. Elle retourne à la fenêtre puis, quelques dizaines de secondes après, le phénomène cesse brutalement. Elle se recouche sans émotion particulière. Le lendemain, elle abordera avec ses parents la discussion sur son observation de la nuit.

Conditions de l'observation :

  • Position du témoin : la chambre de Mlle Armand est située en regardant les bassins, beaucoup plus à droite, au 1er étage de la maison. De ce fait elle n'a pas une vision directe sur les bassins. Elle est éblouie par la lumière "très forte, occupant tout le champ de vision", "comme celle de pleins phares de voiture regardés en face la nuit".

  • Durée : estimation personnelle du témoin à quelques dizaines de secondes, 1 mn peut-être.

Caractéristiques de la lumière :

  • Luminosité : le témoin décrit cette intensité, cet éclairement comme très fort ( comparaison avec les phares d'une voiture ) "et même plus fort que le soleil".

  • Couleur : comparaison avec la couleur d'un arc de soudure électrique "bleu de soudure à l'arc".

  • Bruit : ce bruit était "intense, cadencé", "elle ne l'avait jamais entendu avant". C'est ça qui l'a réveillé, pense-t-elle.

  • Odeur : pas d'odeur particulière détectée.

  • Disparition : brutale de la lumière et du bruit simultanément.

Anomalies physiques concomitantes sur l'environnement :

Mlle Armand ne note pas d'anomalies physiques concomitantes à son observation.

Anomalies physiques constatées a posteriori sur l'environnement :

Le témoin indique des éléments qui ont attiré son attention après le déroulement du phénomène :

  • Mlle Armand indique qu'elle a eu des "irritations aux yeux trois à quatre jours après la vision de la lumière''. Ces effets n'ont été associés avec l'observation qu'à partir d'une discussion avec la Gendarmerie. Le témoin fut sujet à ce genre de problème lorsqu'il s'exposa au soleil, ou par grand vent.

  • Mlle Armand a également constaté que son poste de radio à transistor branché sur GO ne fonctionnait plus correctement après ce phénomène : "le bruit entendu était le même que celui produit par la lumière. Il a persisté pendant environ deux mois et demi". Le mauvais fonctionnement a brutalement cessé après cette période sans aucune intervention.

Interprétation immédiate :

Le témoin n'a aucune réaction émotionnelle et se recouche immédiatement.

2.3. ENQUETE MENEE AUPRES DE LA FAMILLE RAOUL (18.07.79)

C'est M. Raoul qui, par ses appels téléphoniques, est à l'origine de l'enquête. La situation des témoins est donnée en figure 2, et référencée en T3.

L'observation s'est déroulée à bord d'un véhicule roulant sur une petite route départementale dans la nuit du 10 au 11 mars 1979. Monsieur et Madame Raoul avaient quitté le restaurant de la localité V1 et se rendaient à leur domicile. Dans leur dos, soudainement, une lueur intense éclaire le paysage. M. Raoul téléphone à la gendarmerie le surlendemain, après avoir confronté son opinion sur l'observation avec celle du restaurateur.

L'enquête effectuée avec le couple Raoul s'est déroulée en partie sur les lieux ( route départementale ) pour le relevé des données physiques et en partie au restaurant pour les récits et entretiens.

2.3.1. Témoignage de M. Raoul

M. et Mme Raoul sortaient du restaurant "la linotte" situé dans le centre de la localité V1. Il était environ 1 heure du matin. Ils montèrent dans leur R5 avec un ami qu'ils accompagnèrent dans une ferme située non loin du village ( 500 m environ ).

Après avoir déposé leur ami, le couple revient en direction du village. Mme Raoul conduit puis, à moitié chemin, bifurque sur sa gauche pour prendre la route les conduisant à leur domicile. "A la sortie du virage de la croix, pris tout doucement puisque la route y fait un angle très aigu... comme en plein jour !, tout d'un coup il faisait jour... on s'est regardé, c'est marrant... la lumière était comme un mur devant la voiture, jusqu'à une distance d'un mètre et au-delà il faisait nuit. Ma femme a continué à rouler et cette lumière avançait en même temps et à la même vitesse que nous. A ce moment, je me suis retourné derrière... j'ai vu donc cette espèce d'appareil et je ne comprenais pas".

200 à 300 m après le carrefour, Mme Raoul s'arrête et revient en marche arrière à une distance d'environ 100 mètres de la croix. Ils observent le phénomène lumineux pendant deux à trois minutes puis ne comprenant pas ce qui se passe, prenant peur, M. Raoul s'écrie : "fous le camp, fous le camp !".

Mme Raoul accélère rapidement. "La lumière nous a suivi 700 ou 800 m et d'un seul coup, elle a fait marche arrière elle est passée sur la voiture et puis cette forme sans lumière sans rien... ce disque dans le ciel qui s'est effacé d'un seul coup et au même moment il est apparu sur les extrémités deux petites boules oranges...".

Conditions de l'observation :

Durant l'observation, M. Raoul était assis à côté de sa femme qui conduisait leur véhicule, une R5. Il a été assez aisé au témoin de se retourner sur son siège pour percevoir par la vitre arrière le phénomène lumineux. La figure 3 indique depuis le siège du témoin l'angle sous lequel il pouvait faire son observation.

FIGURE 3

Position du témoin par rapport au phénomène :

Le champ de vision du témoin n'était limité que par l'encadrement de la vitre arrière de la voiture. La figure 4 indique le chemin parcouru par la R5 ainsi que l'évolution des distances estimées entre les différents points remarquables du trajet.

Relevé de la direction du phénomène lumineux :

Le pointage topographique est effectué au théodolite. L'enquêteur règle les repères de l'instrument ( repérage du Nord, réglages des sites et azimuts initiaux ) et le témoin indique les directions.

Position du phénomène par rapport au Nord : alpha = 38,1° Ouest Largeur angulaire estimée du phénomène alpha = 2,85° ( voir figure 4 ). Oralement, le témoin précise que le diamètre de "l'objet" était environ de 10 m, ce qui sous-entend une distance estimée témoin/phénomène d'environ 200 m.

Situation en site :

Le témoin apprécie la position de "l'objet' lumineux par rapport au sol "entre 8 et 10 m" en direction du village.

Forme du phénomène :

M. Raoul décrit la forme du phénomène lumineux comme étant "un disque, un truc, une espèce d'appareil''. La forme ne varie pas du début à la fin de l'observation, sauf au moment de la disparition où "deux petites boules oranges'' sont apparues sur les extrémités.

Durée de l'observation :

Le phénomène a été perçu par la témoin du début à la fin et il estime cette durée à 4 mn. Lors de la reconstitution, une évaluation chronométrée de la durée totale de l'observation a donné 2' 10".

Caractéristiques de la lumière :

Cet objet lumineux est décrit par le témoin comme présentant un certain nombre d'aspects inhabituels.

  • Luminosité : cette lumière était très forte "comme en plein jour... grand jour". Elle n'était pas directive ( contrairement à un faisceau focalisé ) mais se diffusait très largement dans le ciel. "C'était juste fluorescent, pas lumineux mais tendre".

  • Couleur : un fait important peut perturber l'appréciation précise de la couleur par le témoin. Sa voiture est équipée de vitres teintées en vert. Celles-ci jouant le rôle de filtre correcteur de couleur, on doit ajouter également que cette vitre diminue la luminosité dans une proportion non négligeable ( 20 à 30 % ). La couleur du disque lumineux indiquée sur l'échelle Pantone est un 306, 305 ( bleu/vert ). La couleur des deux boules oranges à l'extinction est un 172 ( rouge/orangé ).

  • Effets lumineux particuliers : le témoin décrit un comportement curieux de cette lumière "elle s'arrêtait net devant la voiture à 1 m, 2m... elle avançait en même temps à la même vitesse...''. Le témoin a employé le terme de frange lumineuse.

Bruit :

M. Raoul, durant toute la séquence d'observation, n'a pas entendu de bruit venant de cette forme lumineuse mais le bruit de son moteur en fonctionnement et les vitres fermées empêchaient l'audition de bruits extérieurs de faible intensité.

Odeur :

Pas d'odeur particulière décelée.

Disparition :

La disparition a été brutale pour la lumière : "d'un seul coup, elle a fait marche arrière elle est passée sur la voiture, ce disque dans le ciel s'est effacé d'un seul coup et au même moment, sont apparues sur les extrémités deux boules oranges''.

Anomalies physiques directement constatées :

La voiture du témoin possédait un système d'allumage déréglé et M. Raoul signale que sa voiture au moment des faits "ne calait plus . . . c' est une coïncidence certainement" . Depuis, M. Raoul a fait réparer sa voiture.

Anomalies constatées a postériori sur l'environnement :

Après la fin de l'observation, pendant une dizaine de km ( 10 mn, 1/4 d'heure ) tout le paysage ainsi que des lapins sur le bord de la route sont apparus verts au témoin. Echelle Pantone : vert 131 pour la couleur des lapins.

Interprétation immédiate :

Sa réaction immédiate pour tenter de trouver une explication rationnelle est celle "d'un éclair de chaleur" mais comme le phénomène durait il ne comprenait plus et ne pouvait donner d'autre explication.

Il explique son départ précipité par le fait qu'il a été très choqué et qu'il a eu peur.

2.3.2. Récit de madame Raoul

L'entretien avec Mme Raoul s'est déroulé au restaurant "La linotte" peu après celui de son mari. Elle confirme qu'elle conduisait leur véhicule R5 et qu'elle a surtout réagi aux directives de son mari.

"Je n'ai, pas vu grand chose, finalement. . . j'ai surtout vu cette lumière, tout de suite dans le rétroviseur intérieur, et après dans le rétroviseur extérieur aussi". Elle a continué d'avancer et s'est arrêtée, puis écoutant son mari elle repart et s'étonne que la voiture ne cale pas. "C'est tout ce que j'ai vu parce que le moteur démarrait et je conduisais... Je ne me suis pas retournée après".

Conditions de l'observation :

Mme Raoul du fait qu'elle conduit le véhicule n'a qu'une vision restreinte du phénomène, vision par les rétroviseurs et diffusion de la lumière dans le ciel. Elle ne fait que confirmer le témoignage de son mari, sans toutefois parler de boule, d'objet ou d'appareil.

Caractéristiques particulières de la lumière :

Peu d'éléments se dégagent du témoignage de Mme Raoul sur les caractéristiques de la lumière.

  • Luminosité : "tout éclairait autour" c'est-à-dire que la source lumineuse était suffisamment forte et diffuse pour éclairer avec une intensité proche de celle de la lumière du jour selon le témoin.

  • Couleur : Mme Raoul définit sur l'échelle Pantone la lumière observée : verte claire 360. Cette couleur n'a pas varié dans le temps et elle est centrée autour de la bande spectrale due à la vitre colorée.

Disparition :

Mme Raoul a constaté comme son mari, que brutalement la lumière a cessé. Aucun autre élément descriptif n'est fourni par Mme Raoul.

Anomalies physiques directement constatées :

Ident. à celles relevées par son mari, notamment par rapport au fonctionnement de la voiture.

Anomalies constatées a posteriori sur l'environnement et le témoin :

Le témoin signale l'observation "de lapins observés en plus grand nombre que d'habitude et affolés"... pendant quelques temps après la fin du phénomène. "On avait toujours cette lumière dans les yeux tout ce qu'on voyait on le voyait vert".

Mme Raoul a fait état quelques jours après l'observation, de l'apparition d'une irruption de boutons aux jambes. Un dermatologue a été consulté par le témoin qui a confirmé cette apparition mais sans apporter une quelconque liaison avec l'observation.

Notons que Mme Raoul était dans un état physiologique particulier à cette époque, puisqu'elle attendait un enfant et en était à son 7ème mois de grossesse.

Mme Raoul signale aussi que son bracelet de montre en plastique ( marque Hifi et montre Timex ) de couleur noire se serait décoloré peu après. Il est effectivement devenu de couleur verte.

Réaction et interprétation, immédiates :

Dans le cas présent, Mme Raoul n'a pas cherché d'explication particulière et rationnelle à l'apparition de cette lumière ; elle a eu peur, cette peur lui ayant été très rapidement communiquée par son mari.

 

2.4. ENQUETE MENÉE AUPRES DU TÉMOIN M. BERNARD

Nous nous sommes rendus chez M. Bernard, propriétaire du restaurant "La linotte" dans le village V1 chez qui M et Mme Raoul avaient dîné en compagnie d'un ami dans la soirée du dimanche 10 mars 79. M. Bernard et le couple Raoul sont amis de longue date. Aussi quelques jours après le départ de ces derniers, M. Raoul a téléphoné à M. Bernard pour lui faire part de son observation. Au grand étonnement de M. Raoul ce dernier avait lui aussi constaté ce soir-là, avec sa sœur, une lueur qui éclairait une grande partie du village.

L'ensemble des éléments concernant la localisation et l'évaluation des caractéristiques du phénomène observé ont été acquis à l'entrée du restaurant.

2.4.1. Récit du témoin

"Au cours de la nuit du 10 au 11 mars 79, j'étais dans la salle du bar de mon restaurant "La linotte'' quand soudain j'ai constaté que la lumière de la salle était éteinte mais que celle-ci était éclairée par une lumière très forte venant de l'extérieur. Je suis presque immédiatement sorti et j'ai rejoint ma sœur Irène qui était près de sa voiture. Nous avons constaté que cette lueur de la couleur d'un fer à soudure à l'arc venait de la direction des étangs de M. Armand. La lampadaires de la commune étaient éteints et il n'y avait aucun bruit. Le phénomène a duré peu de temps, 1 mn environ et dès qu'il s'est arrêté, l'éclairage public est revenu".

2.4.2. Localisation et position du phénomène

M. Bernard indique sans hésitation la direction de l'origine de la lumière en se référant à une maison du village et précise que c'est la direction des étangs de M. Armand.

Le témoin n'a pas distingué de forme précise et ne donne aucune indication sur une éventuelle appréciation des dimensions.

2.4.3. Paramètre temporel

M. Bernard a regardé l'horloge de la salle de restaurant qui était éclairée par cette lueur intense, au moment de l'apparition du phénomène. L'heure indiquée par cette pendule était 0 h 45 mn. La durée estimée par le témoin est évaluée à 1 mn.

2.4.4. Caractéristiques de la lumière

L'intensité lumineuse n'est pas appréciée quantitativement par le témoin. Il indique seulement que cette lumière était "très forte".

La couleur n'est pas très précisément décrite, elle est comparée à l'échelle Pantone 543 - 548 - bleu/vert. Le témoin signale que le phénomène a disparu brutalement. Il ne rapporte ni bruit, ni odeur.

2.4.5. Anomalies physiques constatées pendant l'observation

M. Bernard constate immédiatement que l'éclairage de son restaurant est coupé, ainsi que l'éclairage public. Dès la fin du phénomène, le réseau électrique est redevenu tout à fait normal ( voir données complémentaires sur le système de distribution électrique et d'éclairage public - cf. § 4.3. et 4.4. ).

2.4.6. Réactions et inter interprétation immédiates

M. Bernard est surtout étonné par les anomalies physiques concomitantes avec le phénomène. Il n'a pas cherché à trouver une explication mystérieuse au phénomène observé. Il fait dans sa description un rapprochement avec un arc électrique. Ses amis, le couple Raoul, l'avertissent quelques jours plus tard de leur observation du phénomène.

 

 




SUITE...




© CNES